C’était il y a 11 ans, déjà. Le tremblement de terre et le tsunami du Japon de 2011, dit aussi Grand tremblement de terre de Sendai ou Grand tremblement de terre de Tōhoku a été une grave catastrophe naturelle qui s’est produite dans le nord-est du Japon le 11 mars 2011.
Cette triste journée a commencé par un puissant tremblement de terre au large de la côte nord-est de Honshu, l’île principale du Japon. Il a provoqué de vastes dégâts sur terre et a déclenché une série de tsunamis de grande ampleur qui ont dévasté de nombreuses zones côtières du pays, notamment dans la région de Tōhoku (nord-est de Honshu). Il a également provoqué un accident nucléaire majeur dans une centrale électrique située le long de la côte.
Aujourd’hui, cela fait 11 ans et la rédaction de FuransuJapon a décidé de vous proposer un article récapitulatif. Il comprend les dernières analyses factuelles et les chiffres les plus actualisés.
Le séisme
La principale île du Japon, Honshu, se trouve à l’intersection de trois plaques tectoniques : la plaque eurasienne, la plaque philippine et la plaque nord-américaine. Tandis que la géométrie des plaques au Japon est assez complexe, de manière générale, la croûte océanique de la plaque Pacifique converge vers les plaques Eurasienne et Philippine et s’enfonce sous la croûte continentale du Japon.
Comme ces plaques convergent et se bousculent pour se positionner aux frontières, une tension de compression s’accumule le long des frontières des plaques en mouvement, et c’est la libération de cette tension qui provoque les tremblements de terre au Japon. Le taux d’activité sismique de la région est élevé et le potentiel de tsunamis est important. Par le passé, des tremblements de terre ont engendré des tsunamis dans la région, dont les épisodes meurtriers de 1611, 1896 et 1933.
Le choc d’une incroyable magnitude de 9,0 a eu lieu à 14h46. L’épicentre était situé à environ 130 km à l’est de la ville de Sendai, dans la préfecture de Miyagi (voir carte ci-dessous), et le foyer s’est produit à une profondeur de 30 km sous le plancher de l’océan Pacifique occidental. Ce tremblement de terre a été provoqué par la rupture d’une partie de la zone de subduction associée à la fosse du Japon, qui sépare la plaque eurasienne de la plaque pacifique en subduction.
Une minute avant que les fortes secousses ne frappent la ville, les habitants de Tokyo ont été prévenus grâce au système d’alerte sismique du Japon. La rigueur des codes de construction sismiques du pays et le système d’alerte précoce ont permis d’éviter de nombreux décès dus au tremblement de terre. Par exemple, la circulation des trains à grande vitesse et le fonctionnement des chaînes de montage des usines ont été interrompus. La population nippone a également régulièrement reçu des alertes au séisme et au tsunami par SMS sur son téléphone portable.
Fort heureusement, les Japonais sont rodés aux exercices d’évacuation et beaucoup ont pu réagir pour sauver leur vie. Nous vous invitons d’ailleurs à consulter notre guide pour réagir en cas de séisme.
Le 11 mars, la secousse a été ressentie jusqu’à Petropavlovsk-Kamchatsky, en Russie, Kao-hsiung, à Taïwan, et Beijing (Pékin), en Chine. Elle a été précédée de plusieurs répliques, dont une de magnitude 7,2 centrée à environ 40 km de l’épicentre du séisme principal. Dans les jours et les semaines qui ont suivi le premier séisme, des centaines de répliques, dont des dizaines de magnitude 6,0 ou plus et deux de magnitude 7,0 ou plus, ont suivi.
Un tel tremblement de terre de magnitude 9 est très violent. Les données GPS de la Geospatial Information Authority of Japan révèlent que la côte nord-est du Japon s’est déplacée vers l’est de près de 4 mètres. Au même moment, le littoral s’est affaissé d’environ 0,5 mètre.
On estime qu’il s’agit de l’un des séismes les plus puissants jamais recensés. Par la suite, il a été signalé qu’un satellite en orbite à la limite extérieure de l’atmosphère terrestre ce jour-là avait détecté des infrasons (ondes sonores de très basse fréquence) provenant du tremblement de terre.
Pour information, le tremblement de terre et le tsunami de 1960 à Valdivia (en espagnol : Terremoto de Valdivia) ou le Grand tremblement de terre du Chili (Gran terremoto de Chile), le 22 mai 1960, est le plus puissant tremblement de terre jamais enregistré. Selon diverses études, il se situe entre 9,4 et 9,6 sur l’échelle de magnitude du moment.
Vient ensuite le tremblement de terre de 1964 en Alaska (également connu sous le nom de tremblement de terre du Vendredi saint). D’une durée d’environ 4,5 minutes, il s’agit du plus puissant tremblement de terre (9,2) enregistré dans l’histoire des États-Unis. Il a entraîné un tsunami de 8,2 mètres qui a détruit le village de Chenega, tuant 23 des 68 personnes qui y vivaient. Les rescapés ont surmonté la vague en se hissant sur les hauteurs.
Comme vous pouvez le constater dans la vidéo ci-dessous, le sol est « éventré » par la puissance du tremblement de terre.
Le tsunami
La subite poussée horizontale et verticale de la plaque Pacifique, qui avançait lentement sous la plaque Eurasienne près du Japon, a déplacé l’eau au-dessus et a engendré une série de vagues de tsunami hautement destructrices.
Une de ces vagues, d’une hauteur d’environ 10 mètres, a submergé la côte et inondé une partie de la ville de Sendai, y compris son aéroport et la campagne environnante. Toujours selon certains rapports, une vague a pénétré à environ 10 km à l’intérieur des terres après avoir fait déborder la rivière Natori, qui sépare Sendai de la ville de Natori au sud.
De violentes vagues se sont abattues sur les côtes de la préfecture d’Iwate, juste au nord de la préfecture de Miyagi, et sur celles de Fukushima, Ibaraki et Chiba, les préfectures qui s’étendent le long de la côte Pacifique au sud de Miyagi. En regagnant la mer, les inondations ont emporté avec elles d’énormes quantités de débris, ainsi que des milliers de victimes prises dans le déluge. De longues étendues de terre ont été submergées par l’eau de mer, en particulier dans les zones de basse altitude.
Avec une telle catastrophe naturelle, il est logique que le séisme ait déclenché des alertes au tsunami dans tout le bassin du Pacifique. Depuis l’épicentre, le tsunami s’est propagé à une vitesse proche de 800 km par heure. Il a créé des vagues de 11 à 12 pieds (3,3 à 3,6 mètres) de haut le long des côtes de Kauai et d’Hawaii, dans la chaîne des îles Hawaii, et des vagues de 5 pieds (1,5 mètre) le long de l’île de Shemya, dans la chaîne des îles Aléoutiennes.
En Amérique du Nord, plusieurs heures plus tard, des vagues de tsunami de 2,7 mètres ont frappé les côtes de la Californie et de l’Oregon. Par ailleurs, 18 heures après le séisme, des vagues d’environ 0,3 mètre de haut ont atteint la côte de l’Antarctique et ont provoqué la rupture d’une partie de la plate-forme glaciaire de Sulzberger.
Ci-dessous, vous pouvez visionner une vidéo montrant l’avancée inéluctable du tsunami sur les côtes. Rien ne résiste à la vague qui va tout engloutir sur son passage. Les habitants qui filment ont pu se réfugier sur les hauteurs.
L'incident nucléaire de Fukushima
Le raz de marée a provoqué une défaillance du système de refroidissement de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. Celle-ci a déclenché une fusion nucléaire de niveau 7 et un rejet de matières radioactives. Les générateurs électriques et de secours ont été submergés par le tsunami, et la centrale a perdu ses capacités de refroidissement.
Plus précisément, suite au séisme, les réacteurs 1 et 3 ont été automatiquement désactivés et laissés refroidir par des générateurs de secours. Les inondations provoquées par le tsunami ont toutefois entraîné la coupure de l’alimentation électrique des réacteurs 1 et 5, ce qui a perturbé le système de refroidissement.
Sur place, les réacteurs quatre et six étaient hors service au moment du séisme pour cause de maintenance. Du fait de la surchauffe, des fusions successives du cœur des réacteurs un et trois se sont produites.
Le 12 mars, des explosions d’hydrogène se sont produites dans les bâtiments où se trouvait le réacteur un, le 14 mars, le réacteur trois et le 15 mars, le réacteur quatre. Le jour-même du séisme, le gouvernement a déclaré l’état d’urgence nucléaire et ordonné l’évacuation des personnes vivant dans un rayon de trois kilomètres autour de l’installation.
Le 13 mars, ce sont 450 000 personnes qui ont été évacuées. Enfin, le 21 décembre 2011, le gouvernement et l’exploitant de la centrale, TEPCO, ont annoncé un plan visant à fermer les réacteurs un et quatre de la centrale d’ici à 40 ans.
Des concentrations très faibles de produits chimiques radioactifs qui ont fui de Fukushima ont été détectées le long de la côte nord-américaine, au large du Canada et de la Californie. En 2014 et 2015, des traces de césium-134 et de césium-137 (isotopes radioactifs) ont été trouvées dans de l’eau de mer prélevée en 2014 et 2015, rapportait alors Live Science.
Bilan
Le bilan humain de la triple catastrophe constitue le rappel le plus émouvant de la dévastation du 11 mars. Selon les données de l’Agence de reconstruction, le bilan de la catastrophe s’élève à 19 747 morts, y compris les décès par suicide et par maladie liés à la catastrophe, et 2 556 personnes sont toujours portées disparues.
Si le nombre d’évacués n’a cessé de diminuer au cours des 11 dernières années, en février 2022, 38 139 personnes se trouvaient encore dans des hébergements temporaires à Tōhoku, Kantō et dans d’autres régions. La plupart, soit environ 27 000 personnes évacuées, proviennent de la préfecture de Fukushima.
Les communautés situées à proximité de l’installation nucléaire accidentée sont les principales victimes. Il faut aussi compter 3 400 personnes évacuées de la préfecture de Miyagi et 770 de la préfecture d’Iwate.
Les logements publics destinés aux sinistrés, soit quelque 30 000 unités de logement public et 18 000 parcelles surélevées pour des habitations privées, sont pour la plupart achevés. Des programmes de réutilisation des terres abandonnées après le 11 mars ont également progressé, mais les données de l’Agence de reconstruction montrent qu’un tiers de ces terres publiques restent inutilisées, ce qui constitue un nouvel obstacle au processus de reconstruction.
La reconstruction des infrastructures de transport est en grande partie terminée, y compris l’autoroute Sanriku, longue de 359 kilomètres, qui a été inaugurée le 18 décembre 2021. Elle relie Sendai (Miyagi) à Hachinohe (préfecture d’Aomori). Concernant la dernière section sinistrée de la ligne JR Jōban, le service ferroviaire entre la gare de Tomioka et la gare de Namie à Fukushima a repris en mars 2020.
Le gouvernement a intensifié la décontamination et d’autres projets de reconstruction dans les quartiers spéciaux à l’intérieur des zones interdites d’habitation pour une durée indéterminée. Son objectif est de permettre aux personnes évacuées de revenir définitivement à partir de la première partie de 2022. Par ailleurs, les autorités ont assoupli les restrictions dans les zones de Ōkuma et de Namie, notamment en autorisant les habitants à passer la nuit chez eux en prévision de la levée des ordres d’évacuation.
Dans les environs de la centrale sinistrée de Fukushima, une vaste opération de décontamination a été menée et, cette année, cinq anciens habitants de Futaba, la dernière ville inhabitée de la région, sont retournés y vivre à titre d’essai. Près de 12 % du territoire de Fukushima ont été déclarés dangereux, mais les zones interdites ne couvrent plus que 2,4 % de la préfecture.
Dernière problématique pour TEPCO, exploitant de la centrale : que faire de l’eau usée stockée ? L’entreprise souhaite rejeter dans l’océan plus d’un million de tonnes d’eau provenant du site, traitée pour éliminer la plupart des éléments radioactifs. Le gouvernement japonais a fait savoir que le rejet sur plusieurs décennies ne présentait aucun danger, mais certains pays voisins et des communautés de pêcheurs locales s’inquiètent de la contamination résiduelle de l’eau.
Sources : Britannica.com, Nippon.com, France24.com, Livescience.com, AA.com, Geolsoc.org.uk