Big 3 Manga / Anime : que désigne VRAIMENT cette appellation ?

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Le Big 3 (également orthographié Big Three) est une expression employée pour décrire les trois séries de manga les plus populaires à l’époque de leur âge d’or, au milieu des années 2000, à savoir One Piece, Naruto et Bleach. Ce surnom leur a été attribué en raison de leur immense notoriété planétaire et de leur longueur qui a permis de combler le vide laissé par la fin de parution de Dragon Ball et de Slam Dunk. Elles ont systématiquement figuré en tête des couvertures partagées du magazine Weekly Shonen Jump et ont largement contribué à relancer les ventes de ce dernier. Leurs héros sont leur mascotte attitrée : Luffy pour One Piece, Ichigo pour Bleach et Naruto pour l’œuvre du même nom.

Le Big Three (ou Big 3) du manga porte ainsi sur trois séries de type Shonen qui sont publiées dans le magazine Weekly Shonen Jump. C’est un genre à destination des jeunes adolescents masculins qui se concentrent généralement sur des sujets tels que l’aventure, l’évolution et l’action. On trouve fréquemment dans les chapitres beaucoup d’intrigues secondaires et une trame principale. La quête du héros consiste souvent à s’élever à la plus haute position qui existe : Luffy en Roi des Pirates ou Naruto en Hokage. Les protagonistes jouissent presque toujours d’un pouvoir extraordinaire.

Il est cependant intéressant de noter que les trois séries ne sont pas forcément les plus vendues dans le magazine. Par exemple, Hunter x Hunter a commercialisé plus de volumes que Bleach. Les trois mangas ont progressivement reçu des adaptations animées de longue durée : Bleach compte 366 épisodes, Naruto (et sa suite Shippuden) 720 épisodes et One Piece est aujourd’hui au-delà des 1000 épisodes. Ce sont des statistiques impressionnantes qui montrent bien l’empire que ces trois grandes séries de mangas shonen ont construit. De plus, cela n’inclut pas les suites, les épisodes spéciaux hors-série, les films et les événements temporaires comme des expositions.

Pourquoi Dragon Ball n’est pas dans le Big 3 ?

Dragon Ball

Dragon Ball est un manga et une série d’animation considérée comme le papa du Big 3 de par ses influences scénaristiques et surtout le contexte du magazine Weekly Shonen Jump. En effet, la dénomination Big 3 porte uniquement sur Naruto, Bleach et One Piece, trois œuvres qui ont commencé leur publication dans les années 2000. Par conséquent, Dragon Ball n’est pas concerné, dans la mesure où le manga était déjà achevé à ce moment. Il n’a donc jamais été question d’inclure Dragon Ball dans l’appellation Big 3, qui fait plutôt référence à un instant précis qu’à trois grandes séries en parution simultanée.

Maintenant, si l’on s’éloigne de cette conception d’héritage et de commercialisations, on peut essayer de trouver d’anciens trios de mangas qui se sont extrêmement bien vendus. Par exemple, la période avant les années 2000 était marquée par Dragon Ball, Slam Dunk et Yuu Yuu Hakusho. En réalité, c’est une époque peut-être plus déterminante encore pour le magazine Weekly Shonen Jump que celle de la trinité Naruto, One Piece et Bleach. À la fin des années 1990, on peut également se positionner sur de nouvelles œuvres très populaires comme One Piece, Rurouni Kenshin et Hunter x Hunter. On peut enfin évoquer des réalisations monumentales et très appréciées comme Saint Seiya, Jojo’s Bizarre Adventure, Ken le Survivant et Fullmetal Alchemist. Cependant, tout le monde s’accorde pour dire qu’aucun de ces titres n’a dominé pendant aussi longtemps que les trois membres du Big 3.

Le Big 3 comme argument commercial face aux ventes

Il est nécessaire de s’intéresser à l’histoire du magazine Shonen Jump pour mesurer toute l’importance symbolique, mais aussi concrète du Big 3. L’âge d’or du Shonen Jump est l’époque du milieu des années 1980 jusqu’à 1995. L’hebdomadaire est alors à son apogée, avec des ventes qui explosent. Le tirage le plus élevé enregistré pour le Shonen Jump est de 6,53 millions en 1995. Les montants n’ont jamais été autant colossaux depuis. Goto Hiroki est nommé rédacteur en chef du magazine et l’on observe périodiquement l’émergence de titres aujourd’hui considérés comme cultes : Ken le Survivant en 1983, Dragon Ball en 1984, Nicky Larson en 1985, Saint Seiya en 1986 et Jojo’s Bizarre Adventure en 1987. Rapidement après, Yu Yu Hakusho et Slam Dunk débarquent en 1990, pour finir avec Kenshin le vagabond en 1994.

Ce succès monumental du magazine se tarit à mesure que les grandes séries achèvent leur publication. Les distributions hebdomadaires chutent peu à peu et cela s’est particulièrement ressenti avec le dénouement de Dragon Ball et Slam Dunk. Le nombre de tirages a sombré et un énorme vide s’est créé. Le magazine se doit de trouver une solution pour relancer les ventes et insuffler un nouveau souffle hebdomadaire. Le vide est enfin comblé par trois immenses mangas de la fin des années 1990 et début 2000 : One Piece (1997), Naruto (1997) et Bleach (2001).

Graphique des ventes du Big 3 et d'autres mangas contemporains

Leur arrivée a vu un regain d’intérêt pour le Weekly Shonen Jump. Le magazine a beaucoup axé sa communication autour de ces trois grandes œuvres qui passionnaient les Japonais. Des contrats ont aussitôt été noués par des maisons d’édition en Europe et en Amérique. En France, le succès a été presque immédiat, mais il a changé de dimension lors de la parution des adaptations en série animée. L’hebdomadaire japonais leur a régulièrement offert des premières de couverture pour les pousser sur le devant de la scène. Ce sont trois poids lourds qui ont été les porte-étendards du magazine pendant plus d’une décennie.

Pour les directeurs de publication du Shonen Jump, il fallait élever Naruto, Bleach et One Piece comme des produits de consommation dans le monde entier. La survie du magazine en dépendait sur le court terme (mais aussi sur le long terme, car ce sont des séries en plusieurs dizaines de volumes) et c’est précisément dans cette optique que de nombreux efforts ont été consentis pour les maintenir en tête d’affiche.

C’est pourquoi l’expression de Big 3 désigne uniquement la trinité des sauveurs du magazine Shonen Jump. Ils sont arrivés après que l’intérêt pour ce dernier a chuté à tel point qu’il aurait pu conduire à la fin de la domination du Shonen Jump comme le magazine le plus distribué au Japon. Ces trois grandes compositions ont porté secours à l’hebdomadaire, du moins en ce qui concerne les ventes et la diffusion. 

Mais contrairement à ce que l’on peut parfois entendre, le trio de mangas n’a pas suffi à inverser la tendance. Il a grandement contribué à freiner le déclin du magazine, mais les chiffres ont continué de chuter tout au long des années 2000. Les responsables ont dû procéder à des hausses successives du tarif et à des aménagements. Voici un tableau des ventes du Weekly Shonen Jump et des revenus afin d’y voir plus clair.

Ventes annuelles du Shonen Jump

Année Tirage hebdomadaire Ventes du magazine Recettes des ventes Prix
1968 105 1 050 000 ¥94 500 000 ¥90
1969 240 6 240 000 ¥561 600 000 ¥90
1971 1 158 000 60 216 000 ¥2 709 720 000 ¥90
1974 1 650 000 85 800 000 ¥8 580 000 000 ¥100
1977 1 880 000 97 760 000 ¥14 664 000 000 ¥150
1978 2 100 000 109 200 000 ¥18 564 000 000 ¥170
1979 2 800 000 145 600 000 ¥24 752 000 000 ¥170
1980 3 045 000 158 340 000 ¥26 917 800 000 ¥170
1981 3 080 000 160 160 000 ¥27 227 200 000 ¥170
1982 3 420 000 177 840 000 ¥30 232 800 000 ¥170
1983 3 710 000 192 920 000 ¥34 725 600 000 ¥180
1984 3 900 000 202 800 000 ¥36 504 000 000 ¥180
1985 4 500 000 234 000 000 ¥42 120 000 000 ¥180
1986 4 355 000 226 460 000 ¥40 762 800 000 ¥180
1987 4 500 000 234 000 000 ¥42 120 000 000 ¥180
1988 4 850 000 252 200 000 ¥45 396 000 000 ¥180
1989 5 000 000 260 000 000 ¥46 800 000 000 ¥180
1990 5 300 000 275 600 000 ¥49 608 000 000 ¥180
1991 6 020 000 313 040 000 ¥56 347 200 000 ¥180
1992 6 180 000 321 360 000 ¥61 058 400 000 ¥190
1993 6 380 000 331 760 000 ¥63 034 400 000 ¥190
1994 6 480 000 336 960 000 ¥70 761 600 000 ¥210
1995 6 530 000 339 560 000 ¥71 307 600 000 ¥210
1996 5 880 000 305 760 000 ¥64 209 600 000 ¥210
1997 4 050 000 210 600 000 ¥44 226 000 000 ¥210
1998 3 600 000 187 200 000 ¥39 312 000 000 ¥210
1999 3 630 000 188 760 000 ¥39 639 600 000 ¥210
2000 3 630 000 188 760 000 ¥39 639 600 000 ¥210
2001 3 400 000 176 800 000 ¥37 128 000 000 ¥210
2002 3 200 000 166 400 000 ¥34 944 000 000 ¥210
2003 3 000 000 156 000 000 ¥32 760 000 000 ¥210
2004 3 000 000 156 000 000 ¥32 760 000 000 ¥210
2005 2 950 000 153 400 000 ¥36 816 000 000 ¥240
2006 2 953 750 153 595 000 ¥36 862 800 000 ¥240
2007 2 778 750 144 495 000 ¥34 678 800 000 ¥240
Janvier 2008 à septembre 2008 2 788 334 108 745 026 ¥26 098 806 240 ¥240
Octobre 2008 à septembre 2009 2 809 362 146 086 824 ¥35 060 837 760 ¥240
Octobre 2009 à septembre 2010 2 876 459 149 575 868 ¥35 898 208 320 ¥240
Octobre 2010 à septembre 2011 2 890 000 150 280 000 ¥36 067 200 000 ¥240
Octobre 2011 à septembre 2012 2 838 000 147 576 000 ¥35 418 240 000 ¥240
Octobre 2012 à septembre 2013 2 812 041 146 226 132 ¥36 556 533 000 ¥250
Octobre 2013 à septembre 2014 2 701 042 140 454 184 ¥35 113 546 000 ¥250
Octobre 2014 à septembre 2015 2 449 792 127 389 184 ¥33 121 187 840 ¥260
Octobre 2015 à septembre 2016 2 220 000 115 440 000 ¥30 014 400 000 ¥260
Octobre 2016 à septembre 2017 1 903 542 98 984 184 ¥25 735 887 840 ¥260
Octobre 2017 à septembre 2018 1 773 125 92 202 500 ¥23 972 650 000 ¥260
Octobre 2018 à septembre 2019 1 670 245 86 852 740 ¥22 581 712 400 ¥260
Ces données proviennent de Wikipédia. Elles se fondent essentiellement sur un rapport financier publié sur le site japonais Exlight.net en 2006.

Le Big 3, c’est aussi toute une influence sur la pop culture japonaise, puis internationale. En effet, c’est essentiellement lors de la décennie des années 2000 que le manga japonais part à la conquête du monde. Il s’appuie sur des bases solides fondées dans les années 1990 pour séduire tous les types de public : les jeunes adolescents bien entendus, mais aussi les femmes mariées, les adultes et même les personnes du troisième âge.

Un Big 3 actuel (2022) ?

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Le Big 3 reste une expression qui consacre uniquement les trois mangas les plus populaires du début des années 2000. Elle est intimement liée au contexte économique du Weekly Shonen Jump et ne désigne qu’une période dominée par trois grandes parutions. Il est donc insensé de chercher à appliquer cette identique désignation sur des œuvres plus contemporaines. À l’inverse aux 3 shonens, les créations récentes ne se livrent pas une compétition et une rivalité dans leur adaptation en série animée ou sur les dates de sortie des volumes. Toutefois, il n’est interdit à personne de se mettre en quête d’un trio de mangas populaires qui « guideraient » l’industrie au Japon. Il y a effectivement quelques séries qui se détachent du reste et qui peuvent composer un nouveau trio de tête.

Tout d’abord, il ne faut pas oublier que One Piece est encore en cours de publication. C’est la seule œuvre du Big 3 qui est toujours en activité. Elle est même au sommet de son art, puisqu’elle figure en tête du classement des ventes. Plus de 500 millions d’exemplaires ont été commercialisés dans le monde, ce qui en constitue un record historique. Les tomes sont distribués sur tous les continents et sont dévorés par des millions de lecteurs. Si l’on devait composer un Big 3 actuel, One Piece serait le plus grand représentant.

Mais qui viendrait compléter les élèves de marche du podium ? Si l’on se fie aux diffusions existantes dans le milieu du manga, il faut compter sur My Hero Academia, Demon Slayer, Jujutsu Kaisen, L’Attaque des Titans, Chainsaw Man, Tokyo Revengers et Spy x Family. Ce sont des réalisations récentes dont certaines sont déjà terminées (SNK et Kimetsu no Yaiba). My Hero Academia est sans aucun doute le plus gros favori pour être le deuxième membre du Big 3 contemporain des mangas. Ensuite, la troisième position se joue vraisemblablement entre Jujutsu Kaisen et Chainsaw Man.

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