Un manga est une bande dessinée japonaise. Depuis quelques années, il existe des mangas internationaux que l’on a l’habitude de regrouper sous des termes spécifiques comme le manfra (manga français) ou manwha (manga coréen). Ces BD se différencient très nettement de ce que l’on trouve en France et Belgique ou encore par rapport aux comics américains. Faisons ensemble le tour dans cet article didactique qui vous expliquera tous les secrets du manga.
Un manga, c'est en noir et blanc ?
La plupart des mangas que vous trouverez au Japon, en France ou ailleurs se composent de la quasi-intégralité des pages en noir et blanc. Il y a quelques exceptions, comme la première de couverture qui est toujours en couleur, et parfois une à quatre pages au sein du volume qui profitent d’une coloration exceptionnelle pour marquer un événement (anniversaire, 100e tome) ou qui est le résultat d’une volonté de la maison d’édition.
Cela dit, le fait qu’un manga soit en noir et blanc relève davantage de l’habitude et de plusieurs consignes économiques plutôt que d’une véritable tradition. Il existe aujourd’hui des éditions, qu’il s’agisse de maisons d’éditions japonaises ou françaises, entièrement colorisées. Pour autant, ce sont toujours des mangas, malgré un travail supplémentaire apporté en amont.
Dans l’atelier d’un mangaka, nom que l’on donne aux auteurs de mangas, on retrouve ce dernier ainsi que plusieurs assistants. Dans la plupart des cas de figure, le mangaka dessine les personnages principaux ainsi que l’action, et va laisser à ses acolytes la longue et fastidieuse tâche de dessiner les arrière-plans ainsi que de retravailler son premier passage.
Contrairement aux comics américains et aux bandes dessinées franco-belges, il n’y a pas de coloristes ou de personnel dédié à cette postproduction. De par la diffusion du manga depuis la deuxième moitié du XXe siècle au Japon, l’imprimerie a toujours pris pour consigne de ne pas colorier les pages. Cela s’explique essentiellement par des raisons économiques. Chaque tome comprend environ 200 pages et les bénéfices financiers sont très importants si l’on se limite aux noir et blanc. Le nombre de tirages est également bien plus important, car la production se fait plus rapidement de la part du mangaka et de son équipe.
Pour en savoir plus, nous avons rédigé un article spécifique à ce sujet. On vous donne également un exemple avec Eiichiro Oda, l’auteur de One Piece et son emploi du temps. C’est l’œuvre la plus vendue à ce jour, en France comme à l’international. Vous verrez la terrible journée et l’emploi du temps drastique d’un auteur de manga au Japon, l’un des métiers les plus exigeants qui existent.
Pourquoi un manga est en noir et blanc ?
Un manga se lit de droite à gauche
Vous n’êtes peut-être pas sans savoir qu’au Japon, la lecture se fait de droite à gauche, contrairement à la lecture française qui est de gauche à droite. Ainsi, si vous feuilletez une bande dessinée japonaise, il faut d’abord placer vos yeux sur les bulles de texte et les bruitages qui se situent à droite avant de passer à gauche. Les pages, là encore, se tournent vers la gauche. Les éditions françaises de la plupart des mangas proposent un rapide guide didactique en début de volume afin de s’y retrouver.
Cela n’est pas une particularité des mangas, puisque les romans ou encore les journaux se consultent de la même façon au Japon. Mais lorsqu’il s’agit d’une traduction, il y a eu plusieurs décisions en France. D’une part, certaines maisons d’édition avaient décidé d’adapter intégralement le sens de lecture pour le rendre occidental (de la gauche vers la droite, à la manière d’un roman de Victor Hugo, par exemple). Cependant, pour préserver une plus grande justesse, la plupart des maisons d’édition ont décidé de rester un sens de lecture japonaise afin de respecter la volonté des auteurs et d’offrir une authentique expérience au lecteur.
Ainsi, mis à part les textes et onomatopées qui sont traduits en français, un lecteur de mangas français aura la même expérience qu’au Japon : la découpe des cases ne sera pas altérée, le sens est le même et cela pose moins de problèmes de retouche pour les éditeurs. Petit exemple avec le manga Parasyte : le nom de l’extraterrestre qui a remplacé la main droite du héros est Migi, ce qui signifie droite. Si l’on inversait le sens de lecture, il aurait totalement fallu modifier le nom du personnage (par Hidari, signifiant gauche), ce qui ne correspondrait alors plus du tout à ce que le lecteur a en face des yeux.
Quel est l'inventeur du manga ?
Il est difficile de donner un seul artiste qui soit considéré comme l’inventeur du manga, puisque les origines d’un récit découpé en plusieurs cases remontent au XIIe siècle. Cela dit, Yasuji Kitazawa est le premier qui a repris le terme de mangas pour désigner ses dessins. On peut donc considérer que c’est lui, le véritable inventeur du manga contemporain tel qu’on l’entend de nos jours.
Par ailleurs, si vous souhaitez découvrir la vie d’un mangaka de façon très ludique et amusante, on vous recommande chaudement la lecture ou le visionnage du manga Bakuman. Il suit les péripéties d’un duo de scénariste et de mangaka qui lancent leur carrière alors qu’ils sont encore très jeunes. L’œuvre a la particularité de dépeindre l’industrie de l’intérieur, les difficultés du quotidien, le tissu relationnel que l’on doit se créer ainsi que la concurrence avec les autres auteurs de bandes dessinées japonaises.
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Les différents types de mangas
Le manga est un terme générique qui désigne, nous l’avons vu, la bande dessinée nipponne. Celle-ci est subdivisée en bien des catégories distinctes, qui s’adressent généralement à un public bien spécifique. Cela dit, beaucoup ne respectent pas ces consignes et il est tout à fait possible pour un garçon de regarder un manga destiné à un public plutôt féminin.
- Le kodomo est un type de mangas exclusivement pour les enfants.
- Le shonen s’adresse à un public adolescent masculin. Il s’adresse aux écoliers, aux collégiens et aux lycéens. C’est le genre le plus populaire.
- Le shojo est son équivalent féminin, pour les mêmes tranches d’âge. C’est également l’un des genres les plus populaires de l’industrie.
- Le seinen est la version supérieure du shonen, c’est-à-dire qu’il s’adresse à un public masculin, mais pour de jeunes adultes. Les thématiques sont légèrement plus matures et l’œuvre peut contenir de la violence ou de la nudité.
- Le Josei est l’équivalent féminin du seinen. Il est particulièrement apprécié des jeunes femmes ou des dames mariées puisque les histoires tournent habituellement autour du travail, du partenaire idéal ou du célibat.
- Le hentai est la version pornographique des mangas. Ici, il y a également toute une catégorie et un lexique spécifique, mais pour des raisons évidentes, nous n’allons pas les développer aujourd’hui. Sachez juste qu’il y a des œuvres originales et des parodies de mangas.
Découvrez notre article complet pour en savoir plus : Manga : description des catégories et des genres
La différence entre un manga et un anime
On entend souvent des personnes dire « je regarde un manga à la télévision ». C’est une grossière erreur de langage qui, malheureusement, est beaucoup trop répandue. Il faut dire que le terme manga a été galvaudé à de nombreuses reprises par des journalistes lors de reportages sur les grandes chaines. Toutefois, la différence est très simple : un manga est une bande dessinée, en format papier ou en e-book.
De son côté, un anime vient du terme animation. Il s’agit d’une série d’animation de plusieurs épisodes. Le plus souvent, c’est une adaptation d’un manga en version télévision. Ainsi, c’est le même principe que la bande dessinée Batman qui a été adaptée en cartoon à de nombreuses reprises. On peut également désigner par anime un film d’animation japonais, qui est là encore bien souvent le fruit d’une adaptation d’un manga.
Désormais, vous avez toutes les clés en main pour différencier un anime d’un manga. Reste à savoir que l’orthographe de « anime » est sujette à débat : techniquement, il faut écrire « des anime ». Mais puisque le mot est de plus en plus utilisé en France et qu’il pourrait bien apparaître dans un dictionnaire prochainement, la plupart des personnes, nous y compris, accordent au pluriel pour une meilleure logique dans le texte.
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Comment le manga est arrivé en France ?
Le manga est une spécificité du Japon et c’est via son exportation que nous l’avons découvert en Occident, et plus particulièrement en France. Si vous ne le saviez pas, notre pays est le deuxième plus grand consommateur de mangas au monde, derrière le Japon. Chaque année, ce sont des centaines de milliers de tomes qui sont vendus et qui figurent désormais en tête du classement des bandes dessinées (qui regroupent les BD, les comics et les mangas).
Chose amusante, il a fallu attendre les animes en France pour que les mangas se fassent connaître. Ainsi, nous avons d’abord découvert l’adaptation en série télévisée avant la source physique en bandes dessinées. Il faut dire qu’il était bien plus aisé de diffuser un ou plusieurs épisodes de 24 minutes plutôt que de se lancer dans l’édition papier d’un nouveau format qui pouvait rebuter les lecteurs français.
Les premières retransmissions à la télévision française se sont faites dans les années 70, à la même période qu’en Italie pour ce qui concerne l’Europe. En ce sens, on peut dire que la France est un pays précurseur en Occident, puisque l’Espagne, le Portugal ou encore l’Angleterre ont dû attendre quelques années supplémentaires. Mais c’est véritablement durant la décennie des années 90 que la popularité des animes, et donc des mangas a explosé. Des émissions comme le Club Dorothée ont poussé sur le devant de la scène des dizaines de franchises différentes et ont formé des milliers de jeunes lecteurs à la culture japonaise.
Durant cette période, des œuvres ont particulièrement marqué les esprits : Ghost in the Shell, Dragon Ball, GTO, Pokémon, Nikki Larson… vous connaissez probablement au moins l’une de ces productions qui font, pour certaines, partie de la culture pop et qui sont universelles. C’est surtout le style shonen qui s’est imposé, car il correspondait particulièrement bien à une jeune génération d’adolescent masculin en quête d’aventures et de nouveautés dans le fantastique.
Les particularités du manga
Bien que chaque manga soit différent et que chaque année, le style se renouvelle avec de nouveaux auteurs talentueux, on note évidemment des différences majeures entre le style d’un manga et celui d’une bande dessinée occidentale. Les œuvres nipponnes répondent à un certain code visuel qui est devenu une tradition au fil des décennies de production. Par exemple, le style artistique nous offre souvent (mais pas tout le temps) de grands yeux sur le personnage, des coupes de cheveux démesurés ou encore des formes physiques anormalement sexy.
Il faudrait consacrer un article entier sur cette caractéristique pour bien traiter le sujet. Mais pour abréger, cela correspond bien souvent à une volonté d’accentuation pour davantage mettre en avant les émotions des personnages auprès du public. Concernant les formes physiques, notamment la poitrine qui est souvent bien trop accentuée, la raison évidente est de charmer un public qui appréciera des personnages jugés séduisants. On note également une épaisse dichotomie entre un certain nombre de complexes japonais (les yeux bridés, poitrine plate, attitude réservée) et leur représentation dans les mangas ! Bien heureusement, tous les Japonais et les Européens n’ont pas une telle conception des choses, mais force est de constater que cela est devenu une norme dans les œuvres que nous pouvons lire chaque année.
Comme dit précédemment, le manga est également un style unique et particulier, car les œuvres sont essentiellement en noir et blanc, ce qui le distingue de ses concurrents occidentaux. Le sens de la lecture est de droite à gauche, des onomatopées et un lexique sont spécialement créés et désormais connus par le lecteur. Les mots japonais comme Kanpai (Santé !), Kokoro (cœur) sont connus du public et ne sont parfois tout simplement pas traduits (ou alors, dans une note en bas de page via un astérisque).
Quels sont les mangas à lire ?
Nous avons de la chance en France, puisque la plupart des grandes œuvres japonaises sont traduites, éditées et parfois même rééditées dans des dizaines de volumes physiques. L’industrie du manga est particulièrement développée en métropole, et cela nous permet de bénéficier d’une très bonne qualité d’impression (avec des pages suffisamment épaisses pour ne pas se fissurer au moindre geste brusque comme en Italie). Ainsi, vous pouvez accéder, dans les médiathèques, dans les librairies, chez les principaux marchands comme la Fnac à des dizaines de séries différentes sans vous ruiner (un tome coûte entre 7 et 10 euros selon l’édition).
Si vous débutez et que vous souhaitez vous lancer dans les mangas, nous vous recommandons de lire les œuvres suivantes : Berserk (pour un public mature et essentiellement masculin), Vagabond (une histoire de samouraï adapté d’un roman très connu au Japon : la pierre et le sabre), Fruits Basket (une œuvre fantastique et romantique destinée à un public féminin qui peut se lire par des hommes), One Piece (le manga le plus vendu de tous les temps, toujours en cours de publication), Naruto (le concurrent de One Piece en France durant les années 2000 et 2010), Dragon Ball (une œuvre intemporelle que vous connaissez probablement, marrante avec de l’action et fondamentale dans l’industrie du manga), Death Note (une œuvre mettant en scène un protagoniste étudiant qui accède à un cahier permettant de tuer n’importe qui et qui remet en question notre vision de la mort) ou encore l’Attaque des Titans (une œuvre d’aventures sanglantes avec de nombreux retournements de situation).
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Les mangas sont-ils adaptés aux enfants ?
L’une des plus grandes erreurs que les gens commettent en ce qui concerne les mangas japonais, et qui s’applique même à toutes les bandes dessinées, c’est de penser qu’ils sont uniquement destinés à des enfants. Ne perdons pas de vue qu’il s’agit d’une forme de fiction. Les titres de mangas sont très vastes, et il existe des dizaines de genres différents qui abordent des thématiques distinctes. On peut y trouver des récits tout à fait adaptés à des petits en bas âge, mais aussi des propos réservés à des adultes ou même quelques aventures taillées pour un adolescent. Il faut garder à l’esprit que ce n’est pas parce qu’un manga comportait des illustrations ou des personnages enfantins et mignons qu’il convient forcément à des enfants.
Les mangas nippons sont commercialisés, pour la plupart, selon un public bien établi : on identifie une cible grâce à son sexe et son genre. Ainsi, il y a des compositions pour les jeunes adolescentes ou les seniors masculins. Les collégiens se situent en général quelque part dans les mangas classés shonen et shojo. On appelle cela un manga kodomomuke, mais cette appellation n’est pas vraiment utilisée en France. Le manga shonen s’adresse surtout aux jeunes garçons et vous pouvez normalement faire lire n’importe quelle œuvre de ce répertoire à un jeune adolescent ou à une personne de moins de 16 ans. L’équivalent pour les filles est le shojo.
Voici quelques références de mangas qui conviennent tout à fait à des enfants âgés de 6 à 11 ans :
- Tohu-Bohu
- Chi, une vie de chat
- Nekojima, l’île des chats
- Kamisama
- Momo et le messager du soleil
- Choubi-choubi, mon chat tout petit
- Roji !
- Princesse Kilala
- Ichiko et Niko
- Yô-kai Watch
- Lilli la fillette qui murmurait à l’oreille des animaux
- Happy Clover
- Globule – Une vie de lapin
- Une vie en douceur – Pan’Pan Panda
- Nyanpire
- The Gothic World of Nyanpire
- Le paradis des chiens
- Plum : Un amour de chat
- Chat malgré moi.
Voici quelques références de mangas qui conviennent tout à fait à des adolescents :
- Dragon Ball
- Hunter X Hunter
- One Piece
- Fullmetal Alchemist
- Beastars
- Ranma 1/2
- L’Attaque des Titans
- Mob Psycho 100
- My Hero Academia
- Magi : The Labyrinth of Magic
- Tokyo Revengers
- Bleach
- Kenshin le vagabond
- Silver Spoon, la cuillère d’argent
- Seven Deadly Sins
- Dr. Stone
- Demon Slayer
- Pokémon : La Grande Aventure
- Samurai Deeper Kyo
- Death Note
- Naruto
- Fire Punch.
Voici quelques références de mangas qui conviennent tout à fait à une jeune fille de 10 ans :
- Nausicaä de la vallée du vent
- Fullmetal Alchemist
- Yotsuba&
- Yanaka, histoires de chats
- Animal Kingdom
- Doraemon
- La balade de Yaya
- Pan Pan Panda.
Quel est le manga le préféré des Français ?
La France est aujourd’hui encore unanimement considérée comme le deuxième pays du manga. Le premier reste sans surprise le Japon, mais nous sommes désormais talonnés par les États-Unis. Le marché américain grossit sans cesse au point qu’il nous a déjà dépassés d’un point de vue de l’animation. Mais pour ce qui est des mangas et du tirage des ouvrages, des maisons d’édition, de la structure même les points de vente, la France reste devant. Il y a donc tout lieu de se demander quel est le manga préféré des Français, dans la mesure où il y a énormément de lecteurs.
La dernière étude en date remonte au mois de mars 2022. L’œuvre la plus connue pour les Français et certainement la plus aimée reste Dragon Ball, qui a bercé l’enfance de plusieurs générations des années 90 et 2000. Le taux de notoriété atteint 68 %, ce qui est devant Naruto en deuxième position qui est connue par plus d’un Français sur deux (55 %). Nous retrouvons ensuite One Piece en troisième place avec un taux de 44 %.
Ces statistiques sont bien sûr à prendre avec des pincettes, mais elles illustrent bien le trio de tête qui se détache nettement dans le cœur des lecteurs francophones. Il apparaît que les Français préfèrent toujours Naruto à One Piece, ce qui constitue une exception par rapport au reste du monde. La popularité des réalisations nipponnes en France touche aussi bien les hommes que les femmes. Dragon Ball, par exemple, et surtout très prisé par 60 % des hommes entre 35 et 49 ans, contrairement à 40 % des femmes. Naruto atteint presque la parité avec 54 % pour les hommes et 46 % pour les femmes.
Les autres œuvres très appréciées des Français sont L’Attaque des Titans en quatrième position (37 %), Death Note et Fairy Tale (25 %), My Hero Academia (24 %) et Demon Slayer (21 %). Ne perdons pas de vue que ces sondages reflètent le sentiment d’une petite partie des lecteurs qui se veut représentative à un moment T. Il y a donc tout lieu de songer que la plupart de ce qui ressort dans cette enquête de 2022 ne seront pas présents dans le même type d’études en 2032. Mais l’on ne peut s’empêcher de penser que Dragon Ball réussit un véritable tour de force, dans la mesure où la publication s’est arrêtée il y a presque 30 ans.