Kanpai : quel est son vrai sens et traduction ?

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Le terme kanpai provient du chinois. On trouve donc des termes similaires en mandarin (gan bei), en cantonais (gom bui) et en coréen (geonbae). Au Japon, kanpai (également transcrit en « kampai ») s’écrit avec les caractères chinois 乾杯. Le caractère 乾 signifie « sec » et le caractère 杯 signifie « tasse de saké ». On pourrait ainsi traduire ce mot de façon approximative par « bois ta tasse cul-sec ».

La plupart des amateurs de saké savent que « Kanpai ! » signifie « Santé ! » en japonais. Mais que veut dire le mot lui-même, et quelles sont les traditions qui y sont associées ?

Le "kanpai" est-il réservé au saké ?

Naturellement, « kanpai ! » n’oblige pas nécessairement un consommateur à boire son breuvage à pleines gorgées. Bien que le sake soit souvent bu comme un shot, on peut aussi le siroter. En outre, ce n’est pas limité au saké : le « kanpai » est valable quel que soit le choix de la boisson.

Par ailleurs, une variante cérémoniale permet de porter un toast au défunt lors des funérailles : Kenpai. On l’écrit 献杯, avec le premier caractère qui signifie « offrir/présenter ». Attention à ne pas confondre les deux mots… vos amis ne comprendraient pas que vous souhaitiez trinquer à leur mémoire alors qu’ils sont encore en vie.

L'exception de l'eau

De manière générale, les Japonais font des offrandes d’eau aux morts dans l’espoir qu’ils n’aient pas soif au paradis. Dans le même ordre d’idées, les Japonais pensent que porter un toast avec de l’eau signifie dire au revoir aux personnes décédées. Autrement dit, c’est comme un adieu au défunt.

Si vous prenez part à des soirées alcoolisées avec vos amis ou à un dîner d’affaires avec des clients, mais que vous ne pouvez pas boire d’alcool, assurez-vous de commander des boissons non alcoolisées avant de porter un toast !

Origine du mot kanpai

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Les Japonais ont commencé à porter des toasts à la fin de la période Edo. En 1854, le traité d’amitié anglo-japonais a été conclu entre le Japon et l’Angleterre. Le Comte britannique d’Elgin s’est rendu au Japon pour des négociations supplémentaires sur le traité. Il rencontra son partenaire diplomatique japonais, Kiyonao Inoue, qui est une personne importante dans les origines du « kanpai » au Japon.

Pendant la réception, le comte d’Elgin a demandé à Kiyonao Inoue de porter un toast car les Britanniques le faisaient toujours en Angleterre. Tout à coup, Kiyonao Inoue s’est levé et a dit « kanpai » à voix haute. Les Britanniques ont aimé le mot qu’il a utilisé et tout le monde n’a pas pu s’empêcher de rire. Ce fut un coup de maître.

Mais pourquoi Kiyonao Inoue a-t-il créé le mot « kanpai » pour porter un toast ? Comme il savait déjà comment porter un toast avant de boire en Chine à l’époque, il était capable de réfléchir rapidement et de trouver un nouveau mot.

Comment porter un toast au Japon

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Alors, comment fait-on exactement le kanpai au Japon ? On peut s’imaginer des salariés âgés assis autour d’une table après une longue journée de travail, ou une geisha en kimono versant avec élégance des gorgées de saké. Aussi emblématiques que soient ces images, elles sont légérement démodées.

Si l’acte de trinquer est encore monnaie courante dans les restaurants et les izakaya, le mot kanpai est moins souvent prononcé. C’est notamment le cas chez les jeunes générations qui ont adopté une approche plus décontractée de la consommation d’alcool.

Pour des événements formels (au niveau de la structure, pas forcément du code vestimentaire) comme les repas professionnels officiels, les fêtes du personnel scolaire ou les mariages, le kanpai a toujours sa place. Il y a toute une cérémonie formelle pour ces événements :

Premièrement, il est de coutume de s’abstenir de boire jusqu’à ce que tout le monde, en particulier les personnes à la table d’honneur, soit assis. Il est probable qu’un menu fixe soit proposé et que les boissons soient illimitées pendant la période convenue entre l’organisateur et le lieu de réception.

Habituellement, le personnel de service verse le premier verre – généralement de la bière -, tout le monde se lève et la personne qui est célébrée prononce un petit discours qui se termine par « Kanpai ! ». Ce n’est qu’à ce moment-là que les personnes réunies à ces occasions pourront prendre part à la nourriture et aux boissons proposées.

Attention à ne pas dire tchin-tchin

C’est une erreur commune et qui pourrait bien jeter un frisson de gène chez votre interlocuteur japonais. En France, nous trinquons fréquemment en employant l’expression « tchin tchin ». L’expression, d’après le CNRTL, proviendrait de « tsing tsing » qui signifie « salut » en pidgin de la région de Canton, en Chine.

Il n’empêche qu’au Japon, « tchin-tchin » désigne le pénis ! Imaginez-vous, assis au bistro du coin en entendant votre ami japonais lever son verre en hurlant « pénis ! »…

La journée mondiale du Saké

Saviez-vous que le 1er octobre est la Journée mondiale du saké officielle ?

Le mois d’octobre est le début de la production de saké et le premier du mois marque traditionnellement le début de l’année de production d’une brasserie, d’où le jour férié.

De nombreuses villes du monde entier organisent des événements à l’occasion de la Journée mondiale du saké. Il se peut donc que vous puissiez participer aux festivités là où vous vivez. Autrement, offrez-vous une bouteille de votre saké et célébrez l’événement. Mais pas besoin d’attendre jusque-là pour lever une tasse… Kanpai !

Kanpai ou Kampai ?

L’expression s’écrit かんぱい. On la traduit volontier en kanpai, notamment en utilisant le système Hepburn. Ainsi, la vraie bonne réponse serait Kanpai et non Kampai.

Cependant, vous pouvez essayer chez vous : la prononciation entre les deux est très, très proche ! Cela est valable avec la plupart des mots qui associe un « p » ou un « b » après un « n ». Il est d’ailleurs légèrement plus simple de fermer la bouche et de prononcer Kampai.

Au Japon, personne ne vous tiendra rigueur concernant la prononciation. Vous pouvez utiliser les deux, selon ce qu’il vous plait. En revanche, si l’on doit traduire l’expression à l’écrit, par exemple lors d’une interrogation, on préférera le Kanpai. Cela s’explique surtout par le fait que le syllabaire japonais n’a pas de « m ». Il est toujours combiné avec une voyelle comme ma, mi ou mu. Tout le contraire du « n » !

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