Population et démographie au Japon : 2024 est inquiétante

Population japonaise

La population du Japon désigne l’ensemble des personnes japonaises, qu’elles soient situées géographiquement au Japon ou à l’étranger. Cet article vise à traiter de leur cas d’un point de vue démographique, afin d’aborder les thèmes suivants : la densité de la population, les origines ethniques, les niveaux d’éducation, l’état de santé des Japonais et surtout sa décroissance, la préoccupation majeure de cette dernière décennie.

Le Japon a connu une période de forte croissance démographique dans la deuxième moitié du XXè siècle, suite à un baby-boom post Seconde Guerre mondiale. La croissance a donné lieu à une population de plus de 128 millions d’habitants dans les années 2000 (2005 étant la plus haute donnée), mais depuis, il y a trop de décès par rapport au nombre de naissances. On assiste donc à une situation dans laquelle la population décline chaque année, avec de moins en moins de Japonais. Les proportions sont désormais alarmantes, avec plus de 831 000 personnes en moins, rien qu’en 2023 (données de 2024) !

Évolution de la population

La population japonaise occupe la 11e place et représente 1,6 % du total mondial. En 2015, la densité de population du Japon était de 340,8 personnes par kilomètre carré, ce qui le plaçait au 11e rang des pays ou régions comptant 10 millions d’habitants ou plus.

Entre le XVIIIe siècle et la première moitié du XIXe siècle, la population du Japon est restée stable à environ 30 millions d’habitants. Depuis la restauration Meiji en 1868, le pays a commencé à se développer en parallèle avec la volonté de construire un État-nation moderne. Cette augmentation est directement liée à une croissance urbaine lente mais régulière, au développement de Hokkaido, Tōhoku, et du sud de Kyushu, et à l’introduction de l’agriculture commerciale.

La population a atteint 50 millions d’habitants en 1912, et a dépassé la barre des 100 millions en 1967. Mais la croissance démographique du Japon s’est ensuite ralentie, avec un taux de changement démographique d’environ 1 % entre les années 1960 et 1970.

Elle a ensuite fortement diminué depuis les années 80. Selon le recensement de la population de 2015, la population totale du Japon était de 127,09 millions d’habitants. Il s’agit d’une diminution de 962 607 personnes par rapport au recensement précédent (2010), ce qui indique le premier déclin de la population depuis le début du recensement en 1920. Pour 2019, elle était de 126,17 millions, soit une baisse de 0,28 million par rapport à l’année précédente.

Après la Seconde Guerre mondiale, la caractéristique démographique frappante du Japon était la baisse des taux de natalité et de mortalité, conséquence de la diminution du nombre d’enfants dans les familles et de l’amélioration sensible des conditions de santé. Le rythme d’accroissement de la population japonaise s’est considérablement ralenti à la fin du XXe siècle et a essentiellement stagné au cours de la première décennie du XXIe siècle. Au terme de cette décennie, le Japon, dont le taux de natalité est l’un des plus faibles du monde, enregistrait une perte nette de population chaque année, malgré une espérance de vie parmi les plus élevées du monde.

Année Population du Japon Variation Taux de natalité Taux de mortalité
1961 94,06 millions 0,90 % 17,0 ‰ 7,4 ‰
1962 94,93 millions 0,93 % 17,1 ‰ 7,5 ‰
1963 95,90 millions 1,02 % 17,4 ‰ 7,0 ‰
1964 96,90 millions 1,05 % 17,8 ‰ 6,9 ‰
1965 97,95 millions 1,08 % 18,7 ‰ 7,1 ‰
1966 98,85 millions 0,92 % 13,8 ‰ 6,8 ‰
1967 99,88 millions 1,04 % 19,4 ‰ 6,7 ‰
1968 101,01 millions 1,13 % 18,7 ‰ 6,8 ‰
1969 102,22 millions 1,20 % 18,5 ‰ 6,8 ‰
1970 103,40 millions 1,16 % 18,7 ‰ 6,9 ‰
1971 105,70 millions 2,22 % 19,1 ‰ 6,5 ‰
1972 107,19 millions 1,41 % 19,2 ‰ 6,4 ‰
1973 108,71 millions 1,42 % 19,4 ‰ 6,6 ‰
1974 110,16 millions 1,34 % 18,4 ‰ 6,4 ‰
1975 111,57 millions 1,28 % 17,0 ‰ 6,2 ‰
1976 112,78 millions 1,08 % 16,2 ‰ 6,2 ‰
1977 113,87 millions 0,97 % 15,4 ‰ 6,0 ‰
1978 114,91 millions 0,91 % 14,8 ‰ 6,0 ‰
1979 115,89 millions 0,85 % 14,1 ‰ 5,9 ‰
1980 116,81 millions 0,79 % 13,5 ‰ 6,1 ‰
1981 117,66 millions 0,73 % 13,0 ‰ 6,1 ‰
1982 118,48 millions 0,70 % 12,8 ‰ 6,0 ‰
1983 119,31 millions 0,70 % 12,7 ‰ 6,2 ‰
1984 120,08 millions 0,65 % 12,5 ‰ 6,2 ‰
1985 120,84 millions 0,63 % 11,9 ‰ 6,2 ‰
1986 121,48 millions 0,53 % 11,4 ‰ 6,2 ‰
1987 122,07 millions 0,48 % 11,1 ‰ 6,7 ‰
1988 122,58 millions 0,42 % 10,8 ‰ 6,5 ‰
1989 123,07 millions 0,40 % 10,2 ‰ 6,4 ‰
1990 123,48 millions 0,33 % 10,0 ‰ 6,7 ‰
1991 123,96 millions 0,39 % 9,9 ‰ 6,7 ‰
1992 124,43 millions 0,37 % 9,8 ‰ 6,9 ‰
1993 124,83 millions 0,32 % 9,6 ‰ 7,1 ‰
1994 125,18 millions 0,28 % 10,0 ‰ 7,1 ‰
1995 125,47 millions 0,23 % 9,5 ‰ 7,4 ‰
1996 125,76 millions 0,23 % 9,6 ‰ 7,1 ‰
1997 126,06 millions 0,24 % 9,5 ‰ 7,3 ‰
1998 126,40 millions 0,27 % 9,6 ‰ 7,5 ‰
1999 126,63 millions 0,18 % 9,3 ‰ 7,8 ‰
2000 126,84 millions 0,17 % 9,4 ‰ 7,7 ‰
2001 127,15 millions 0,24 % 9,3 ‰ 7,7 ‰
2002 127,45 millions 0,23 % 9,3 ‰ 8,1 ‰
2003 127,72 millions 0,21 % 9,2 ‰ 8,4 ‰
2004 127,76 millions 0,03 % 8,7 ‰ 8,1 ‰
2005 127,77 millions 0,01 % 8,4 ‰ 8,5 ‰
2006 127,85 millions 0,06 % 8,7 ‰ 8,5 ‰
2007 128,00 millions 0,11 % 8,6 ‰ 8,7 ‰
2008 128,06 millions 0,05 % 8,7 ‰ 9,1 ‰
2009 128,05 millions -0,01 % 8,5 ‰ 9,1 ‰
2010 128,07 millions 0,02 % 8,5 ‰ 9,5 ‰
2011 127,83 millions -0,19 % 8,3 ‰ 9,9 ‰
2012 127,63 millions -0,16 % 8,2 ‰ 10,0 ‰
2013 127,45 millions -0,14 % 8,2 ‰ 10,1 ‰
2014 127,28 millions -0,13 % 8,0 ‰ 10,1 ‰
2015 127,14 millions -0,11 % 8,0 ‰ 10,3 ‰
2016 127,08 millions -0,05 % 7,8 ‰ 10,5 ‰
2017 126,97 millions -0,08 % 7,6 ‰ 10,8 ‰
2018 126,81 millions -0,13 % 7,4 ‰ 11,0 ‰
2019 126,63 millions -0,14 % 7,0 ‰ 11,0 ‰
2020 126,26 millions -0,29 % 6,8 ‰ 11,1 ‰
2021 125,68 millions -0,46 %

Les statistiques sont issus du site Donneesmondiales.com.

Classement des villes par population

Ville Population
Tokyo 8,336,599
Yokohama 3,574,443
Osaka 2,592,413
Nagoya 2,191,279
Sapporo 1,883,027
Kobe 1,528,478
Kyoto 1,459,640
Fukuoka 1,392,289
Kawasaki 1,306,785
Saitama 1,193,350
Hiroshima 1,143,841
Yono 1,077,730
Sendai 1,063,103
Kitakyushu 997,536
Chiba 919,729
Sakai 782,339
Shizuoka 701,561
Kumamoto 680,423
Okayama 639,652
Hamamatsu 605,098

La fertilité au Japon et dans sa population

Après avoir connu plus de 40 ans de taux de natalité très bas, la population japonaise est aujourd’hui l’une des plus âgées au monde. La faiblesse persistante des taux de natalité se traduit par un faible nombre d’enfants dans la population et, en fin de compte, par peu d’adultes en âge de travailler pour stimuler la croissance économique et soutenir la proportion relativement importante de personnes âgées, nées à une époque où la fécondité était plus élevée. Mais comment se fait-il que les jeunes Japonais aient si peu d’enfants ?

Depuis la moitié des années 1970, le niveau de fécondité du Japon est tombé à un niveau bien inférieur de remplacement, atteignant l’ISF d’environ 1,5 enfant par femme en au début des années 1990. Depuis cette date, l’ISF a n’a jamais retrouvé le niveau de 1,50, en diminuant même entre 1,3 à 1,4 enfant par femme – le niveau le plus bas selon Kohler, Billari et Ortega (2002).

Ce faible taux de natalité a provoqué un vieillissement extrême de la population, voire son déclin. À compter de 2015, 27 % de la population japonaise était âgée de 65 ans et plus, et les projections indiquent que d’ici 2060, environ 40 % de la population japonaise sera âgée. En période de prospérité et de paix, le Japon est en outre le premier grand pays au monde dont la population globale diminue. Selon les projections, elle diminuera régulièrement au cours des prochaines décennies, passant de 128 millions d’habitants en 2010 à environ 87 millions en 2060. À cette échelle, le vieillissement et le déclin de la population posent de graves problèmes pour l’économie japonaise et le bien-être des Japonais.

Les chiffres de 2022

Les statistiques de l’année 2021 sont tombées le 15 avril 2022. La population du Japon s’élevait à 125 502 000 personnes au 1er octobre 2021. Si l’on rapporte cela avec l’année passée, cela représente une baisse de 644 000 personnes par rapport à l’année précédente. Les données gouvernementales nous prouvent ainsi que c’est la plus forte baisse jamais enregistrée, ce qui met en doute toutes les mesures portées par le gouvernement au sein des ménages.

Les autorités se défendent en expliquant que cette diminution extrême se produit en raison des restrictions frontalières. En effet, le décompte comprend également les ressortissants étrangers, qui reviendront, pour ceux qui ne sont pas déjà de retour à Tokyo et dans les villes nipponnes, dès que les frontières seront de nouveau ouvertes.

Les statistiques nous montrent que la baisse démographique concerne toutes les parties du Japon. En effet, la population de Tokyo a décliné pour la première fois en 26 ans. Elle a régressé pour la première fois depuis 1995 de plus de 38 000 habitants. Elle atteint un chiffre de 14,01 millions. C’est un signal très puissant qui vient compléter les 46 autres préfectures du Japon (à l’exception d’Okinawa) qui ont relevé une réduction du nombre de résidents en 2021.

Les chiffres de 2023

Le déclin démographique du Japon s’accentue d’année en année. Selon de nouvelles données publiées par le Ministère japonais des Affaires intérieures, le nombre de résidents japonais a diminué de plus de 800 000 l’année dernière, ce qui représente une première chute démographique ressentie dans toutes les préfectures du pays. Cela fait de 2022 la quatorzième année consécutive de baisse du nombre de résidents japonais depuis le pic atteint en 2009. La population totale s’élève désormais à 125,4 millions d’individus, soit une baisse de plus de 500 000 par rapport à l’année précédente.

La situation est aggravée par le fait que le nombre de décès a atteint un record de plus de 1,56 million, tandis que le nombre de naissances est tombé à un creux historique de 771 000. C’est la première fois que le nombre de naissances descend en dessous de 800 000 depuis que les statistiques existent, perpétuant la tendance de la dernière décennie où les décès dépassent les naissances. Comme on peut l’imaginer, cela laisse le Japon avec une population qui vieillit rapidement. Malgré l’un des taux de longévité les plus élevés au monde, le pays est confronté à l’un des taux de fertilité les plus faibles, un problème commun à de nombreux autres pays d’Asie de l’Est, dont la Corée du Sud et la Chine.

La crise démographique a des conséquences préoccupantes sur la vie quotidienne au Japon. Depuis l’année dernière, plus de la moitié des municipalités japonaises ont été classées comme des « zones dépeuplées » par le ministère des Affaires intérieures. Les écoles, surtout dans les zones rurales, ferment à un rythme alarmant de 450 par an. Plus de 1,2 million de petites entreprises sont dirigées par des propriétaires septuagénaires sans successeur, et même la Yakuza peine à recruter des jeunes. Face à cette situation, le gouvernement japonais a créé la nouvelle Agence des enfants et des familles en avril pour surveiller la crise du taux de natalité et de l’éducation des enfants. Cependant, inverser une tendance qui s’est installée sur plusieurs décennies ne sera pas une tâche facile.

Les chiffres de 2024

En 2024, le déclin de la démographie japonaise se confirme, et s’accélère. En effet, le gouvernement a annoncé le 27 février 2024 que la population nippone avait diminué de 831 872 personnes en 2023, du jamais vu. Rendez-vous compte, on approche dangereusement du million ! La statistique donne le vertige puisqu’il s’agit d’un niveau record, et elle est à cumuler avec le nombre de naissances : en baisse de 5,1% par rapport à l’année précédente avec 758 631 naissances (qui était déjà alarmante avec 799 728 naissances). Malgré les campagnes de communication et les actions entreprises pour relancer le « renouvellement de la population » (minimum de 2,05 enfants par femme, soit 205 enfants pour 100 femmes), les résultats ne sont pas là. C’est un nouveau coup dur pour le gouvernement qui n’arrive pas à endiguer cette décroissance.

La nouvelle étude souligne quelques causes que nous connaissons déjà, et qui sont abordées dans cet article. En premier lieu, les gens qui ont tendance à se marier et à accoucher plus tard dans leur vie. Cela engendre, en moyenne, moins de naissances à l’échelle d’un couple, avec essentiellement un enfant par foyer. Mais ce n’est pas tout : le coronavirus aurait grandement affecté les unions, en bouleversant les habitudes et les priorités. Désormais, avoir deux travails et du temps libre, c’est pour beaucoup la base, et les enfants passent après.

Quoi qu’il en soit, le gouvernement ne s’avoue pas vaincu. Un projet de loi a été adopté début février 2024 afin que les mesures visant à lutter contre la baisse du taux de natalité soient renforcées. Mais les estimations sont catastrophiques : selon l’Institut national de recherche sur la population et la sécurité sociale, la population nippone tombera en dessous de 100 millions d’habitants en 2053, et à 88,08 millions en 2065… Rappelons qu’en 2005, elle était de 127,8 millions !

Un sondage relayé le 25 mars 2024 nous informe que plus de la moitié des Japonais célibataires de 18 à 29 ans (hommes et femmes) déclare ne pas vouloir d’enfant. Le taux atteint les 55,2 %, une première, en 2024. Dans le détail, les hommes sont plus de 60 % à ne pas vouloir d’enfant, alors que les femmes qui ont répondu par la négative sont 25,5 % à « souhaiter garder ouverte la possibilité d’avoir des enfants ». De plus, une femme sur 5 exprime un certain intérêt pour la congélation des ovules. Plus que jamais, la situation de la natalité au Japon est très inquiétante, y compris pour les générations à venir…

Le problème contemporain de naissance au Japon

Pour la première fois depuis que le gouvernement a commencé à en tenir le compte il y a plus d’un siècle, il y a eu moins d’un million de naissances en 2017, alors que la population du pays a diminué de plus de 300 000 personnes. La responsabilité en a longtemps été attribuée aux jeunes Japonais, accusés de ne pas avoir assez de relations sexuelles, et aux femmes, qui, selon l’histoire, font passer leur carrière avant de penser à se marier et à fonder une famille.

La réticence à se marier ou à avoir des enfants au Japon s’explique très probablement, du moins en partie, par la diminution des possibilités d’emploi pour les jeunes hommes. Si en 1960, 97 % des hommes âgés de 25 à 29 ans avaient un emploi, ce pourcentage était tombé à 86 % en 2010. Sur la même période, le taux d’emploi des jeunes femmes a augmenté de façon spectaculaire, passant de 50 % en 1960 à 72 % en 2010.

Autre élément encore plus significatif que les taux d’emploi globaux, une proportion importante des jeunes hommes qui travaillent aujourd’hui occupent des emplois provisoires, ce qui compromet sans doute leurs perspectives de mariage. Si les possibilités d’emploi limitées et précaires des hommes font d’eux de mauvais candidats au mariage, la fécondité du Japon risque de rester très faible pendant un certain temps encore.

En dehors des efforts visant à améliorer les relations hommes-femmes au sein du foyer, la solution la plus prometteuse pour inverser la tendance à la baisse du mariage et de la procréation semble être la mise en place de programmes gouvernementaux qui rendent le mariage et la parentalité plus attrayants. Ces derniers aident les couples à équilibrer leurs obligations professionnelles et domestiques. La pression publique pour lancer et étendre de tels programmes est forte au Japon.

Le Japon a consigné un triste record de 811.604 naissances en 2021. Le nombre de bébés nés au pays du soleil levant n’a jamais été aussi bas. Le ministère de la Santé recueille ces informations depuis 1899. Le total de 2021 (publié en 2022) constitue une diminution de 29 231 par rapport à l’année dernière. C’est une catastrophe pour le Japon qui ne parvient pas à juguler le déclin de sa population.

Le nombre d’enfants moyens qu’une femme aura au cours de sa vie a décru de 0,03. Il se fixe à présent à 1,30. Le seuil de renouvellement des générations (nombre moyen d’enfants par femme nécessaire pour que chaque génération en engendre une suivante de même effectif) se situe à 2,05.

Le ministère de la Santé et du Travail a aussi constaté un déclin de la quantité de mariages. Il y en a eu 24 391 de moins, pour un total de 501.116. C’est le nombre le plus faible de l’après-guerre. La pandémie y est sûrement pour quelque chose. Mais dans un pays où la natalité a toujours rimé avec mariage, cela suscite des interrogations.

Des polémiques récurrentes

Bien que le problème de natalité soit national, le Japon reste la troisième puissance économique du monde. Le statut en déclin de l’archipel ne manque pas faire réagir les observateurs, de tous les bords. Le 9 mai 2022, Elon Musk avance que le Japon disparaîtrait. Tout simplement. Il répliquait à un tweet de Kyodo News qui précisait que le nombre de naissances en 2021 était historiquement bas.

Les enquêtes sur l’égalité des sexes mettent en lumière les problématiques contemporaines. Les Japonais ne se fréquentent pas assez. Les liaisons sont plutôt rares. Une analyse officielle du gouvernement indique le 16 juin 2022 que près de 40 % des hommes célibataires dans la vingtaine n’ont jamais eu de rendez-vous ! La statistique recule à 25 % chez les femmes.

On ne peut se contenter de clamer la timidité culturelle japonaise pour expliquer de tels chiffres. Les facteurs sociologiques sont cruciaux. La société est trop axée sur le groupe. Cela s’étend à la vie sociale des étudiants. C’est dans cette dernière que l’on passe la majeure partie de notre vie jusqu’à la fin de la vingtaine.

Ce n’est pas le gokon, cette institution sociale qui se définit en un dîner de groupe pour célibataire organisée de manière informelle qui suffit à « caser » les Japonais. On commence par « tester sa compatibilité », juger et jauger l’autre avant de convenir d’un rendez-vous officiel. Des procédures qui ne vous étonneront pas si vous avez été en contact des Japonais !

L'espérance de vie au Japon

La baisse de la mortalité, en particulier la baisse de la mortalité des personnes âgées, est le deuxième facteur démographique du vieillissement et du déclin de la population du pays. Pour le dire autrement, l’allongement de l’espérance de vie dans la vieillesse est l’une des principales causes du vieillissement rapide et extrême du Japon.

En 1985, le pourcentage de personnes âgées de 65 ans et plus dépassait 10 % au Japon, mais en 1950, ce pourcentage était déjà de 11,4 % en France et de 10,2 % en Suède. En 1955 en Allemagne, en 1965 en Italie et en 1970 aux États-Unis, le pourcentage dépassait 10 %, et ce, plus tôt qu’au Japon. Mais en 2015, le pourcentage de la population âgée de 65 ans et plus au Japon était de 26,6 %, dépassant les États-Unis (14,6 %), la France (18,9 %), la Suède (19,6 %), l’Allemagne (21,2 %) et l’Italie (21,9 %), ce qui indique que le vieillissement de la société au Japon progresse assez rapidement par rapport aux États-Unis et aux pays européens.

Les centenaires

Personne-agee-japon

Dans un nouvel article publié le 1er septembre 2022, on apprend que le nombre de centenaires au Japon a atteint 90 526 individus. Cela constitue une augmentation de 4016 par rapport à l’année précédente. Les données sont officielles puisqu’elles émanent de l’enregistrement des résidents. Il s’agit de la 52e hausse annuelle des personnes âgées de 100 ans ou plus. Rappelons que le Japon est connu pour sa longue espérance de vie et que les femmes représentent la grande majorité des personnes centenaires, avec un ratio de plus de 89 %.

En octobre 2022, la femme la plus âgée du Japon est Tatsumi Fusa. Elle est âgée de 115 ans et elle vit à Kashiwara dans la préfecture d’Osaka. Pour ce qui est des hommes, l’individu le plus âgé du Japon est Nakamura Shigeru, avec ses 111 ans. Il vit à Jinsekikogen, dans la préfecture d’Hiroshima. La préfecture présentant le ratio le plus élevé de centenaires pour 100 000 habitants et celle de Shimane avec quelque 142,4 personnes. Il s’agit du triple de la préfecture la plus faible en la matière : Saitama.

Le gouvernement japonais a promulgué pour la première fois une loi sur la protection sociale des personnes âgées en 1963. Outre son objectif explicite, elle permettait de comptabiliser pour la première fois le nombre de centenaires de façon officielle. Lors de cette année, il n’y avait que 153 centenaires vivants. Le chiffre a rapidement évolué au fil des décennies, tandis que le Japon devenait une puissance financière mondiale. La barre des 1000 centenaires a été dépassée en 1981 alors que la barre des 10 000 a été franchie en 1998. Depuis, elle n’a jamais cessé d’augmenter.

Le rôle de l'homme

Les hommes sont encore largement considérés comme les principaux gagne-pain et soutiens de famille, mais le manque de bons emplois peut créer une catégorie d’hommes qui ne se marient pas et n’ont pas d’enfants parce qu’ils savent, tout comme leurs partenaires éventuelles, qu’ils n’en ont pas les moyens.

Cette situation peut être surprenante au Japon, un pays où l’économie se porte plutôt bien (sauf cette année en raison du coronavirus) et où le taux de chômage est inférieur à 3 %. Mais les opportunités économiques en baisse résultent d’une tendance plus large qui est de nature mondiale : l’augmentation de l’emploi instable.

Depuis la période de l’après-guerre, le Japon a une longue histoire de  » l’emploi régulier « , comme l’appellent communément les spécialistes du travail. En effet, les hommes commencent leur carrière en occupant des emplois qui leur donnent de bons avantages sociaux, des augmentations de salaire fiables et en sachant que s’ils travaillent dur, ils peuvent garder leur emploi jusqu’à la retraite. Mais aujourd’hui, selon Jeff Kingston, professeur au campus japonais de l’université Temple et auteur de plusieurs livres sur le Japon, environ 40 % de la main-d’œuvre japonaise est « irrégulière ».

Les jeunes ne se sentent pas adultes

La moitié des jeunes de 18 ans ne se sentent pas adultes malgré l’abaissement de l’âge de la majorité au Japon. Depuis avril 2022, l’âge officiel de l’âge adulte a été abaissé à 18 ans au pays du soleil levant, dans le but d’encourager les jeunes à participer à la société. Selon une enquête menée fin janvier par la Nippon Foundation auprès de jeunes de 18 ans, moins de la moitié des personnes interrogées, soit 47,9 %, ont déclaré qu’elles pensaient devoir être considérées comme des « adultes », même si l’âge officiel de l’âge adulte prévu par le code civil a été abaissé au Japon de 20 à 18 ans. Environ 60 % des femmes interrogées ont notamment déclaré qu’elles se considéraient toujours comme des enfants ou, du moins, qu’elles ne se sentaient pas tellement adultes.

Le sondage comportait d’autres questions visant à donner une image plus réaliste des jeunes de 18 ans d’aujourd’hui. Interrogés sur le média par lequel ils ont obtenu le plus d’informations au cours de la semaine écoulée, 45,3 % ont désigné les chaînes de télévision commerciales, ce qui suggère que même pour une génération élevée dans le monde numérique, la télévision reste une source d’information pratique. Par contraste, peu de personnes interrogées consomment régulièrement des médias imprimés, puisque seulement 7,9 % d’entre elles obtiennent des informations dans des journaux, 1,7 % dans des livres et 0,4 % dans des magazines. Toujours selon l’enquête, aucun de ces supports imprimés ne figure parmi les dix principales sources d’information.

Emigration et immigration

Les Japonais vivant à l’étranger étaient environ 663 100, dont environ 75 000 avaient le statut de résident permanent à l’étranger, soit plus de six fois le nombre de ceux qui avaient ce statut en 1975. En 1990, plus de 200 000 Japonais sont partis à l’étranger pour des périodes prolongées d’études, de recherche ou de missions commerciales. Alors que le gouvernement et les entreprises privées ont mis l’accent sur l’internationalisation, un plus grand nombre d’individus ont été directement touchés, ce qui a réduit l’insularité historique du Japon.

Bien qu’il soit avantageux de vivre à l’étranger, les personnes qui ont vécu hors du Japon pendant de longues périodes ont souvent été confrontées à des problèmes de discrimination à leur retour, car les autres ne les considèrent plus comme des Japonais à part entière. Vers la fin des années 1980, ces problèmes, en particulier les brimades des enfants de retour dans les écoles, sont devenus un problème public majeur au Japon et dans les communautés japonaises à l’étranger.

Reprise du tourisme en 2022

Le Japon a complètement fermé ses frontières au tourisme extérieur et plus généralement à l’immigration entre 2020 et 2022. Cela s’expliquait par les dispositifs de prévention pris pour contenir la pandémie de coronavirus. L’assouplissement des mesures aux frontières a été décrété au milieu de l’année 2022, avec un début d’effet en septembre de la même année.

C’est ainsi que le nombre estimé de visiteurs étrangers au Japon en septembre a été multiplié par 11,7 par rapport à l’année précédente. Il atteint 206 500 individus, ce qui montre, d’après les informations gouvernementales, un chiffre en nette progression. Le montant a dépassé les 200 000 pour la première fois depuis février 2020, mais il constitue tout de même une diminution de 90,9 % par rapport à septembre de l’année prépandémie de 2019, selon les données de l’organisation nationale du tourisme au Japon.

Il faut dire que les visiteurs du mois, septembre 2022, étaient principalement des hommes d’affaires, des stagiaires techniques et des étudiants internationaux. Il y avait certes des touristes, mais il fallait mettre en œuvre des voyages organisés accompagnés par des guides touristiques. Cela explique que cette partie des visiteurs étrangers ne concerne que 19 013 personnes, ce qui est ridicule par rapport aux quantités habituelles de vacanciers.

Le gouvernement supprime le plafond des arrivées quotidiennes et l’interdiction des voyages individuels non organisés à partir du 11 octobre 2022. Son objectif est de relancer le secteur du tourisme qui est en nette difficulté. Désormais, les visiteurs ne sont plus tenus de voyager dans le cadre de voyages à forfait. Il n’y a plus besoin d’obtenir un visa s’ils sont citoyens de l’un des 68 pays et régions avec lequel le Japon a un accord d’exemption avant la pandémie, ce qui inclut la France. Pour résumer, si vous allez au Japon pour une visite de moins de trois mois, alors vous n’avez pas besoin de visa.

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