Criminalité

police-japon

La criminalité au Japon est l’une des plus faibles parmi les pays développés. Le taux d’homicide volontaire au Japon était l’un des plus bas au monde en 2013, à raison de 0,3 pour 100 000 habitants. La délinquance est enregistrée depuis les années 1800 et a progressivement varié au fil des époques.

Statistiques

Le gouvernement japonais comptait 1,3 vol et 1,1 meurtre pour 100 000 habitants en 1989. Les autorités japonaises ont résolu 75,9 % des vols et 95,9 % des homicides. Un an plus tard, la police a recensé plus de 2,2 millions d’infractions au Code pénal. Le vol et et les homicides et blessures par négligence à la suite d’accidents représentent plus de 90 % des infractions pénales. Le nombre de crimes enregistrés était de 2,8 millions en 2000 : il a chuté à 915 000 crimes enregistrés en 2017. En 2013, le taux de criminalité générale au Japon a baissé pour la 11e année consécutive. Les tentatives de meurtre et les homicides volontaires sont tombés à leur niveau le plus bas d’après-guerre.

Le Japon s’est retrouvé en récession économique à la fin des années 1990 suite à l’éclatement de la bulle spéculative. Le pays a aussi été touché par la crise financière asiatique de 1997 et 1998. Pendant cette période, on a observé pour la première fois une forte hausse de la criminalité. Le nombre de tous les crimes enregistrés en vertu du Code pénal en 2002 a constitué une augmentation de 160 % par comparaison au nombre constaté en 1996. La police japonaise a rapidement pris des mesures fortes pour limiter la criminalité. Un plan d’action pour créer une société résistant au crime a été appliqué à partir de 2003. En 5 ans, elle a permis de réduire de 33 % le taux de criminalité par rapport à 2000 : cela représente une baisse de plus d’un million de crimes enregistrés en vertu du Code pénal.

L’édition 2021 du livre blanc sur la criminalité, publié par l’institut de recherche juridique du ministère de la justice japonais, nous renseigne sur les statistiques relatifs à la criminalité. En 2020, 614 231 infractions pénales ont été reconnues. Il faut ajouter à cela 279 185 arrestations effectuées. Dans le détail :

  • Vols (67,9 %)
  • Dégâts à des biens (10,4 %)
  • Arnaque (5 %)
  • Agression (4,5 %)
  • Autre (4,1 %)
  • Blessure (3,1 %)
  • Détournement de fond (2,5 %)
  • Intrusion de domicile (1,8 %)
  • Obscénité forcée (0,7%)

Le ministère public indique avoir traité 807 480 affaires en 2020. 79 483 d’entre elles ont fait l’objet d’un procès. C’est une baisse de 1703 par rapport à l’année précédente. Cela peut s’expliquer avec la pandémie mondiale de coronavirus qui a paralysé la société et les affaires courantes.

La population carcérale a constamment augmenté chaque année entre 2004 et 2016. Elle est stable depuis : la proportion de rentrants par rapport à la population carcérale s’établit à 58 % en 2020. C’est même une baisse de 0,3 % si l’on compare à 2019. Dans ces circonstances, la dissuasion de la récidive est devenue une question importante. De nombreux efforts sont déployés pour y parvenir, y compris le soutien à la réinsertion professionnelle dans la société.

Taux de condamnation

Le taux de condamnation au Japon est de 99,9 % lors d’un procès pénal. C’est un montant encore plus élevé que celui des régimes autoritaires contemporains. Un procès pénal est un procès dans lequel une personne suspectée d’avoir perpétré un crime est jugée par le pouvoir de l’État. La personne poursuivie est soupçonnée d’avoir commis le crime. L’accusé est une personne morale. Dans la majorité des cas, on parle d’un particulier, une société peut être concernée.

Environ 70 % des infractions pénales que la police détecte sont des vols. Ensuite, les dommages aux biens incarnent la plus grande proportion, à hauteur de 10 %. Les affaires graves telles que les meurtres sont remarquables, car elles font souvent l’actualité. Cela dit, elles représentent bien moins de 1 % de toutes les affaires pénales japonaises. Les vols les plus courants sont ceux à l’étalage et à l’arrachage.

Les procureurs au Japon ont énormément d’autorité. La plupart du temps, ils ne vont pas engager de poursuites mêmes s’ils ont beaucoup de preuves. Ainsi, les affaires qui se terminent au tribunal sont celles qui sont déjà réglées d’avance. Selon Ryo Ogiso, professeur à l’université Chuo, les procureurs suspendent les poursuites pour 60% des affaires qu’ils reçoivent, et mettent fin aux actions pour les 30% restants par le biais d’une procédure judiciaire simplifiée. Seuls 8 % des affaires sont effectivement poursuivies.

Yakuza

Les yakuzas désignent les adhérents d’un groupe du crime organisé au Japon (mafia). Ils sont connus pour leur code de conduite stricte, leur organisation hiérarchique et leurs multiples pratiques rituelles non conventionnelles, comme l’amputation de l’auriculaire gauche. Les membres sont souvent dépeints comme des héritiers des samouraïs. Ils portent généralement des costumes et arborent de nombreux tatouages, en particulier sur le dos.

Les yakuzas seraient environ 12 000 à l’heure actuelle. À leur apogée en 1960, ils étaient omniprésents dans les médias japonais. Ils opéraient également à l’internationale. Cette dimension est encore d’actualité aujourd’hui (aux États-Unis et en Allemagne, notamment), mais à une échelle bien plus petite. La police estimait leur effectif à plus de 200 000 membres il y a 60 ans. Les développements sociaux du Japon ainsi que les lois rigoureuses sur la criminalité ont peu à peu conduit au déclin des principales familles.

Principaux clans

Le Yamaguchi-gumi (山口組) est la plus grande famille Yakuza. Il représente 45% du total au Japon, avec plus de 11 800 membres répartis dans 750 clans. Son siège est à Kobe.
Le Sumiyoshi-rengō (住吉連合) est la seconde organisation majeure de Yakuza au Japon. Elle compte 9500 membres en 2013, dans 177 clans. Les pouvoirs sont plus partagés, à la manière d'une confédération.
Le Inagawa-kaï (稲川会) est le troisième grand groupe de Yakuza. Il compte 5000 membres répartis dans 313 clans. Il est basé dans la région de Tokyo et Yokohama.
Le Tōa Yuai Jigyō Kummiai (東亜友愛事業組合) est le quatrième grand groupe de Yakuza au Japon. Il compte environ 1000 membres issus de 6 clans. Il est singulier dans la mesure où la majorité de ses membres sont d'origine coréenne.

Activités principales

  • Racket (de particulier ou d’entreprises)
  • Paris clandestin (en particulier dans la lutte et le MMA)
  • Trafic d’armes (illégal au Japon)
  • Trafic de drogues (illégal au Japon)
  • Assassinat
  • Manipulation des marchés financiers
  • Pachinko
  • Love hotel
  • Prêt usuraire
  • Recouvrement de dette
  • Industrie du sexe
  • Prostitution
  • Pornographie sur Internet

Arme

Le contrôle des armes à feu et des épées a commencé au Japon dès la fin du XVIe siècle sous Toyotomi Hideyoshi. L’idée était de désarmer les paysans pour mieux contrôler les soulèvements. Le contrôle de l’autorité centrale s’est progressivement développé et est devenu de plus en plus strict pour les civils. Depuis, il y a eu de nombreuses révisions et de nouvelles lois pendant la restauration de Meiji, puis après la Seconde Guerre mondiale. En 1958, la loi sur le contrôle de la détention d’épées et d’armes à feu est promulguée. Elle s’applique à la fois aux armes à feu et aux armes blanches. Elle a récemment été révisée en 2008.

Aujourd’hui, en raison de la surveillance rigoureuse des armes à feu, très peu de personnes au Japon possèdent une arme à feu. Les crémiers à ces armes sont donc extrêmement faibles. La pire année est 2001 avec 39 décès liés aux armes à feu. En 2009, le chiffre était tombé à 4. La régulation stricte est certes à l’opposé de ce qui se fait aux États-Unis, mais cela n’empêche pas les yakuzas de détenir des quantités de pistolets et même de mitrailleuses.

Les postes de police contiennent des armes à feu. Les agents municipaux les utilisent très rarement et préfèrent les conserver dans des étuis verrouillés. Même pendant les émeutes étudiantes impliquant des cocktails Molotov, la police n’a pas eu recours à leur arme de service. Les policiers privilégient plutôt la matraque quand cela est nécessaire.

Le 8 juillet 2022, l’ancien premier ministre Shinzo Abe s’est fait abattre par un fusil de fabrication manuelle. Les imprimantes 3D sont un sujet de préoccupation : il n’y a pas besoin d’avoir de grandes connaissances en artisanat pour mettre au point une arme à feu ou un objet mortel.

Risque pour le tourisme

Roppongi est un quartier de divertissements à Tokyo. Il s’adresse à une clientèle étrangère. Il est aujourd’hui considéré comme une zone à haut risque pour la criminalité. Le détournement de carte de crédit dans les bars pour effectuer des frais frauduleux est pointé du doigt par les autorités. Les autres zones à haut risque pour la délinquance dans la région de Tokyo sont Shinjuku (en particulier la zone Kabuki-cho), Shibuya et Ikebukuro. Il convient de faire preuve de prudence lorsque vous sortez en pleine nuit au Japon, même si cela reste un pays très sûr.

La plupart des incidents impliquant des touristes internationaux ont pour origine un abus d’alcool dans les bars et les lieux de divertissement. Cela peut entraîner des agressions physiques et sexuelles. Dans la plupart des cas de dopage, la victime boit sans le savoir une boisson qui a été mélangée à une drogue et qui rend la victime inconsciente ou étourdie durant plusieurs heures. Certaines victimes vont alors reprendre connaissance dans le bar où le club, quand d’autres peuvent se réveiller dans la rue ou dans un emplacement indéterminé.

En tant que touriste, la criminalité la plus courante à laquelle on peut être victime est l’arnaque à la carte. Des établissements peu scrupuleux ou soumis à des yakuzas peuvent essayer de vous soutirer l’argent par tous les moyens. On vous conduit dans un endroit qui semble plaisant et abordable, puis à mesure que les minutes passent, les services font grimper l’addition. C’est pour cela qu’il ne faut pas suivre les racoleurs dans la rue ou des personnes inconnues. Il y a eu plusieurs rapports de citoyens américains qui ont en particulier été emmenés de force à un guichet automatique. Ils sont contraints de retirer une importante somme d’argent après avoir été incapables de payer des factures exorbitantes dans un établissement.

De temps en temps, des règlements de comptes violents entre des bandes rivales ou les organisations criminelles japonaises ont lieu. En 2012 notamment, un membre a été battu à mort dans un bar de Roppongi par plusieurs hommes masqués. Il ne faut jamais interférer dans ces cas-là.

Système de réception vidéo

Le 1er octobre 2022, un système permettant aux personnes appelant en urgence d’envoyer des vidéos à la police par l’intermédiaire de smartphone ou de tablette a été introduit au Japon. Il propose un support linguistique en anglais, chinois, coréen en plus du japonais. L’objectif est de simplifier l’intervention initiale des policiers en offrant aux témoins d’incident ou d’accident de fournir des séquences vidéo de la scène.

L’agence nationale de la police (NPA) salue cette initiative. Lorsqu’un appel d’urgence est reçu en utilisant le numéro « 110 », le responsable du centre d’opérations de chaque quartier général de la police envoie au smartphone ou à la tablette en l’appelant une URL unique. Si l’on clique dessus, on peut se connecter à un site Web dédié qui accepte l’enregistrement vidéo. Une fois que l’appelant accepte quelques conditions, notamment la renonciation au droit d’auteur sur la vidéo, l’envoi peut commencer. La vidéo est ensuite immédiatement envoyée à divers agents de police qui se rendre sur les lieux.

S’abonner
Notifier de
guest

0 Commentaires
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires