Religions
La composante religieuse au Japon est bien différente de celle présente en France. On ne parle pas de christianisme, mais surtout de shintoïsme et de bouddhisme, les deux principales religions japonaises. Elles coexistent et se complètent de manière harmonieuse au sein de nombreux foyers et édifices. C’est ainsi que la plupart des habitants japonais se considèrent bouddhistes, shintoïstes ou les deux.
Contrairement à certaines sociétés occidentales, la religion ne joue pas un rôle majeur dans la vie quotidienne de la plupart des Japonais. Ce fut le cas autrefois, mais depuis plus d’un siècle, on ne suit les rituels religieux que lors des cérémonies importantes (naissances, mariages, funérailles, visiter un sanctuaire au Nouvel An, etc.).
La religion shintoïste
Le Shinto (神道 « la voix des dieux ») désigne la religion indigène et polythéiste du Japon et de la plupart des habitants de l’archipel. Selon certaines études, le shintoïsme est pratiqué par près de 80 % de la population. En revanche, seule une petite fraction d’entre eux s’identifient comme shintoïstes dans les enquêtes. Cela s’explique notamment par le fait qu’il n’y a pas de baptême ou de rituels formels pour devenir membre du shinto. Il existe plus de 100 000 sanctuaires et 78 990 prêtres dans le pays.
La religion shintoïste est sans surprise la foi la plus ancienne du pays, antérieure à sa formation en tant qu’entité politique. Contrairement à la religion chrétienne qui possède des écritures sacrées comme la Bible, le Shinto n’en dispose pas, de même qu’il n’a pas de fondateur.
Ainsi, le shintoïsme primitif se transmettait par des rituels communautaires. Leur but était de maintenir ou de rétablir l’harmonie entre les humains, les dieux et la nature. Les premiers Japonais en ont fait leur norme et ont progressivement commencé à adopter l’agriculture vers le troisième siècle avant notre ère. C’est ainsi que l’on a noté de nombreuses associations entre plusieurs rituels shintos et des événements liés à l’année agricole. Par exemple, certaines fêtes étaient organisées au moment de la plantation de la récolte.
Le plus souvent, un rituel s’articulait autour de quatre parties : la purification, les offrandes, les récitations et un repas de clôture. Il n’y avait pas nécessairement de distinction entre les membres de la communauté, et tout le monde était invité à prendre part à l’événement. Cela était particulièrement vrai pour le dernier repas, qui signifiait un rétablissement de l’harmonie dans la relation entre les humains et les divinités.
Il existe toutefois des dieux, les « kami ». Ils sont fondamentaux dans la compréhension et la pratique des différents rites du shintoïsme. Ce sont des esprits sacrés qui prennent la forme de choses ou de concepts importants de la vie. Ainsi, on peut retrouver des dieux du vent, de la pluie, mais aussi des montagnes, des arbres, ou encore de la fertilité.
On trouve également un certain nombre de kami humains. Ils le deviennent après leur mort et sont vénérés par leur famille en tant que Kami ancestraux. Dans certains sanctuaires, on peut consacrer certaines personnes extraordinaires qui ont œuvré pour le bien du pays ou une communauté locale.
Le kami le plus important est une femme : la déesse du soleil Amaterasu. C’est elle qui est la plus honorée. Le drapeau du Japon contemporain la représente par le biais de son disque solaire, qui peut être accompagné ou non de nombreux rayons. La tradition veut que l’ensemble des empereurs japonais soit ses descendants. C’est aussi grâce à elle que la riziculture, c’est-à-dire la culture du blé ainsi que des vers à soie existent, toujours selon la légende.
Le shintoïsme est une religion qui se distingue des autres cultes monothéistes, car il n’y a pas d’absolu. La distinction entre le mal et le bien n’est pas aussi claire, et personne n’est parfait. En revanche, le shinto se veut très optimiste : les humains sont considérés comme fondamentalement bons. Au contraire, le mal est l’engeance de plusieurs esprits maléfiques qui peuvent s’immiscer dans le quotidien de chacun. C’est pourquoi la mission des rituels shinto est d’éloigner les mauvais esprits par des pratiques de purification, d’offrande aux kami ou des prières.
Les lieux de culte shintoïstes sont des sanctuaires. On trouve également des maisons de kami. Aujourd’hui, la grande majorité des sanctuaires sert à célèbrer des fêtes (matsuri). L’idée est de montrer aux dieux du monde extérieur que les humains continuent de croire en eux. La religion shinto comprend des prêtres qui exécutent des rituels et qui vivent souvent sur le terrain du sanctuaire.
À la différence du christianisme, ces derniers sont autorisés à se marier et avoir des enfants. Le plus souvent, ils sont aidés par des femmes plus jeunes (miko) quand des rituels ou des célébrations sont organisés dans leur sanctuaire. Ces jeunes femmes portent toujours un kimono blanc, sont fréquemment la fille des prêtres et il leur est demandé d’être des femmes célibataires pour participer à ces processions.
Après la Restauration de Meiji en 1868 et la formation d’un Japon plus moderne, le shinto a été restructuré en tant que religion soutenue officiellement par l’État. Cependant, cette institution a été rapidement abolie à la suite de la Seconde Guerre mondiale et la rédaction d’une nouvelle constitution dictée par les États-Unis.
Les sanctuaires shintos
La principale particularité de la religion shinto repose sur l’architecture des sanctuaires (神社). Les Japonais ont commencé à construire des sanctuaires qui abritaient des représentations symboliques des kami lors des VIe et VIIe siècles de notre ère. En plus d’être un lieu de culte, ce sont donc des habitations pour les dieux shintoïstes. Les objets qui représentent ces derniers sont stockés dans la chambre la plus intérieure du sanctuaire et ils ne peuvent, la plupart du temps, pas être vus par personne. Il est cependant à noter que dans certains cas, l’objet d’un culte peut être désigné comme étant une montagne, une cascade ou un rocher derrière le bâtiment !
La plupart des Japonais visitent les sanctuaires afin de rendre hommage à la divinité locale ou pour prier la bonne fortune. Il est également possible de les parcourir en tant que simple touriste sans but précis. De nombreux événements spéciaux sont organisés dans les sanctuaires, comme le Nouvel An, Setsubun, Shichigosan et d’autres festivals. Il est aussi de coutume que les nouveau-nés soient amenés dans un sanctuaire quelques semaines après la naissance. Enfin, il n’est pas rare de voir des couples organiser leur cérémonie de mariage.
On trouve des dizaines de milliers de sanctuaires à travers le Japon. Certains sont regroupés dans certaines catégories :
- Les sanctuaires impériaux sont ceux qui ont été financés et administrés par le gouvernement à l’époque de l’État shintoïste. On les reconnaît par la crête du chrysanthème de la famille impériale et par le fait qu’ils sont souvent nommés « jingu » plutôt que « jinja ». Les sanctuaires très populaires d’Ise et Atsuta sont des exemples parlants. Cette catégorie comprend également des sanctuaires plus récents datant de la période de Meiji comme le sanctuaire Meiji de Tokyo ou le sanctuaire Heian de Kyoto.
- Les sanctuaires Inari sont ceux qui sont dédiés à Inari, le dieu (kami) du riz. Ils se distinguent par des statuts de renard (le messager d’Inari) et il existe des milliers de sanctuaires à travers le Japon. Le plus connu est le Fushimi Inari de Kyoto.
- Les sanctuaires Hachiman sont dédiés à Hachiman, le kami de la guerre. On trouve des milliers de sanctuaires de ce type au Japon, particulièrement des anciens, car ce dieu était très populaire au sein des clans militaires du passé. Les lieux de culte les plus connus sont le Tsurugaoka Hachimangu de Kamakura et le sanctuaire Usa à Kyushu.
- Les sanctuaires Sengen sont dédiés à la princesse Konohanasakuya. C’est la divinité du mont Fuji et il n’est pas surprenant de trouver plus d’un millier de sanctuaires à son image à travers le Japon. Les principaux lieux de culte se tiennent au pied de la montagne sacrée, mais aussi au sommet du volcan.
- Les sanctuaires de personnalités historiques sont dédiés à celles et ceux qui ont marqué l’histoire du Japon. On trouve principalement les anciens chefs de clan militaires tels que Tokugawa Ieyasu (sanctuaire Toshogu) ou encore Oda Nobunaga.
- Les sanctuaires locaux concernent des milliers d’entités plus ou moins petites qui n’ont aucune association avec d’autres sanctuaires. Ils mettent en avant des kamis locaux qui sont propres à une région, une localité ou un élément topographique.
La composition d’un sanctuaire shinto est extrêmement variable. On reconnaît de nombreuses caractéristiques possibles, parfois fréquentes, mais aucune n’est nécessairement présente dans un sanctuaire. Ils sont généralement entourés d’une clôture en pierre ou en bois (tamagaki). L’accès se fait par le biais d’une approche (sando).
Enfin, la plupart des sanctuaires possèdent une porte qui chevauche l’entrée (torii). Il peut y avoir une ou plusieurs portes torii qui marquent l’entrée d’un sanctuaire. Ces dernières sont déclinées en de multiples couleurs et les matériaux sont divers et variés. Cependant, la plupart des torii sont en bois et peints en orange et en noir.
Un bon nombre de sanctuaires shinto placent une paire de statues représentant des chiens ou des lions gardiens (komainu). Ils sont positionnés de chaque côté de l’entrée d’un sanctuaire. Il existe quelques particularités dans certains endroits du Japon, comme dans le sanctuaire d’Inari où les chiens sont remplacés par des renards.
On trouve souvent une ou plusieurs auges d’épuration. Ces fontaines sont utilisées pour la purification et sont généralement situées près de l’entrée. Même si vous êtes un touriste, vous êtes censé vous laver les mains et la bouche avant de vous approcher du hall principal.
La quasi-totalité des sanctuaires shinto se compose d’une salle principale (honden) et d’une salle d’offrande (haiden). Elles peuvent toutefois être combinées en un seul bâtiment ou se séparer. La chambre la plus intérieure de la salle principale contient toujours l’objet sacré du sanctuaire. Les visiteurs effectuent leur prière ainsi que leurs offrandes dans le haiden.
Enfin, on trouve fréquemment des pancartes en bois (Ema) qui offrent la possibilité aux visiteurs du sanctuaire d’écrire leurs souhaits dans l’espoir qu’ils se réalisent prochainement. Les messages les plus courants sont, sans surprise, la bonne santé, la réussite dans les examens scolaires, la découverte de l’amour ou la richesse.
Sauf en de rares exceptions, les cimetières ne se trouvent presque jamais dans les sanctuaires. En effet, la mort est considérée comme une cause d’impureté dans le shintoïsme. Les cérémonies funéraires sont ainsi majoritairement bouddhistes !
Dans le Japon contemporain, les gens sont toujours des pratiquants du shintoïsme sans pour autant que cela relève de l’exercice spirituel quotidien. Il n’est pas rare de posséder un autel familial ou de visiter des sanctuaires afin de plaider pour une cause. Les sanctuaires proposent aussi toute une gamme de talismans dédiés à la sécurité routière, le succès dans les affaires, l’accouchement en toute sécurité, la bonne performance aux examens ou encore la bonne santé.
La religion bouddhiste
Le bouddhisme est la seconde croyance religieuse du Japon en termes de nombre de pratiquants. Il a été introduit au Japon au sixième siècle, lors des années 538 ou 552 depuis le royaume de Baekje en Corée. Son roi avait notamment envoyé à l’empereur japonais une image de bouddha ainsi que quelques sutras. Près des deux tiers de la population japonaise se considèrent comme bouddhistes. À l’instar du shintoïsme, cette religion n’affecte pas directement la vie quotidienne du japonais moyen. La grande influence bouddhiste sur la vie de chacun concerne essentiellement les funérailles qui sont réalisées selon la manière bouddhiste. Il n’est cependant pas rare de trouver un petit autel de maison, que les familles entretiennent pour rendre hommage à leurs ancêtres.
En 2018, un recensement a fait état de 355 000 moines, prêtres et dirigeants bouddhistes au Japon. Cela représente une forte augmentation de plus de 40 000 par rapport au précédent décompte de 2000.
Lors des premiers échanges, le conservatisme japonais a empêché toute émancipation du bouddhisme à travers les couches nobles et populaires de la population. Cependant, en 587, il fut officiellement accepté par la cour nipponne. Ce n’est pas anodin puisque la période correspondait à une immigration massive en provenance de la Corée, de l’influence culturelle croissante de la Chine sur le Japon ainsi que des cavaliers venant du nord-est de l’Asie. En adoptant le bouddhisme, le Japon a pu façonner sa position dans la culture de l’Asie du Sud-Est et, petit à petit, ce sont les aristocrates japonais qui ont décidé la construction de plusieurs temples bouddhistes.
La plupart de ces temples se situaient dans la capitale de l’époque, Nara. On pense notamment à de grands monastères comme le Todaiji. Par la suite, lorsque la capitale est déplacée en 794 à Kyoto, la ville reçoit des dizaines de chantiers pour mettre sur pied des temples bouddhistes. En raison des théories complexes du bouddhisme, il n’a pas immédiatement été répandu au sein des couches populaires.
Certains des fidèles du shintoïsme ne comprenaient pas comment cumuler les deux religions. Cependant, au fil des époques, les croyances ont pu coexister et même se compléter dans certaines coutumes (par exemple, les rites funéraires sont essentiellement bouddhistes).
Petit à petit, des monastères politiquement ambitieux et militants se sont positionnés sur l’échiquier politique japonais. Ils sont restés pendant de nombreux siècles une épine dans le pied du fait de leur puissance militaire ainsi que de leur nombre.
L’histoire du bouddhisme au Japon est très riche, et jalonnée par ce que l’on appelle des sectes. Lors de la période Heian, deux d’entre elles ont été introduites en provenance de Chine : la secte Tendai en 805 par Saicho et la secte Shingon en 806 par Kukai. Ces deux instances sont fondamentales pour comprendre les conséquences politiques et militaires du développement du bouddhisme au Japon.
Au fil des années, de multiples sectes plus ou moins puissantes et impressionnantes se sont formées. Voici les plus emblématiques :
- Secte Jodo, fondée en 1175 par Honen
- Secte Jodo-Shin, fondée en 1224 par Shinran, un élève de Honen
- Secte Zen, introduite en 1191 en provenance de Chine
- Secte Nichiren, fondée en 1253 par Nichiren
Chacune de ces sectes pratiquait sa propre version du bouddhisme. Il y avait de nombreuses différences, notamment les méthodes d’enseignement. Par exemple, la secte Jodo propose des théories simples et est basée sur le principe que tout le monde peut obtenir le statut en croyant fermement au bouddha Amida. La secte Zen était surtout populaire parmi les membres de la classe militaire et estimait qu’il était possible d’atteindre l’illumination de soi par la méditation ainsi que la discipline. Enfin, la secte Nichiren est emblématique, car elle adoptait une position très intolérante envers les autres sectes bouddhistes.
Certaines de ces sectes existent encore ! La secte Jodo du bouddhisme au Japon compte des millions d’adeptes aujourd’hui. Il en va de même pour celles de Nichiren qui a aussi été déclinée en plusieurs « nouvelles religions ».
Au XVe siècle, l’influence de certaines sectes et armées bouddhistes devenait problématique pour le pouvoir. Les seigneurs de guerre qui régnaient sur la plupart des régions du Japon rencontraient des rébellions, des conflits armés ou des embuscades. Pour cette raison, les trois grands unificateurs du Japon et notamment les deux premiers, Oda Nobunaga ainsi que Toyotomi Hideyoshi ont activement combattu les monastères bouddhistes militants à la fin du XVIe siècle. Ils ont graduellement accumulé les victoires, si bien que l’influence bouddhiste sur le domaine politique a été complètement éteinte.
À l’époque de la restauration de Meiji, les institutions bouddhistes ont encore une fois été attaquées afin de mettre en avant la croyance shintoïste, devenue religion d’État. Un « ordre d’élimination de l’influence mutuelle du shintoïsme et du bouddhisme » a été promulgué au Japon. Il a rapidement été suivi d’un mouvement visant à éradiquer entièrement le bouddhisme du Japon (haibutsu kishaku). Ce courant de pensée a accouché de la destruction de nombreux temples (une estimation de 40 000 est avancée), des images et des textes bouddhistes et d’un retour forcé à la vie séculière de bon nombre de moines. Dans certaines régions nipponnes comme Satsuma, le pourcentage de temples bouddhistes détruits a atteint 80 % à 100%.
La religion chrétienne
Bien que le Japon soit dominé par deux religions majeures, on trouve des adeptes d’autres confessions comme le christianisme. Il y a entre 1,9 et 3 millions de chrétiens au Japon aujourd’hui, essentiellement regroupés dans la partie occidentale du pays. Cela correspond aux localités où les activités des missionnaires étaient les plus importantes au cours du XVIe siècle. La palme revient à la région de Nagasaki qui dénombre environ 5,1 % de chrétiens en 1996.
Une enquête datant de l’année 2007 rapporte qu’il y aurait plus de 32 000 prêtres et pasteurs chrétiens au Japon. Enfin, selon un sondage mené par l’organisation Gallup en 2006, la pratique du christianisme a considérablement augmenté ces dernières années : les jeunes, notamment, sont de plus en plus séduits à l’idée de se convertir au catholicisme.
L’influence du christianisme au Japon se mesure au quotidien. De nombreuses coutumes occidentales comme les mariages, la Saint-Valentin et la fête de Noël sont devenues très populaires parmi les Japonais. On considère par exemple qu’il y a entre 60 à 70 % des mariages célébrés au Japon qui sont de style chrétien.
Il faut remonter à l’année 1549 pour retrouver la première trace du christianisme, alors sous la forme de catholicisme, au Japon. Son introduction a été réalisée par les missions jésuites à partir de la moitié du XVIe siècle. Ce sont surtout les trois jésuites François-Xavier, Juan Fernandez et Côme de Torres qui en sont les auteurs. Ils ont débarqué le 15 août 1549 sur les côtes de Kagoshima (Kyushu).
Le lieu était connu des Occidentaux puisque des commerçants portugais étaient actifs sur le port depuis 1543. Les jésuites ont rapidement été accueillis par les seigneurs locaux (daimyo), car ils apportaient de la poudre à canon. Pour les autorités locales, cela représentait une nouvelle arme qu’il fallait maîtriser à tout prix en vue des futurs conflits. Le dialogue entre les premiers chrétiens arrivés et les Japonais ont été facilités notamment par Anjiro, un japonais converti. C’est lui qui a notamment traduit le premier catéchisme japonais de l’histoire.
Petit à petit, de nombreuses missions ont été menées pour convertir le maximum de personnes possibles sur l’île de Kyushu. Le succès était d’ailleurs au rendez-vous, surtout parmi les paysans, mais pas seulement : on trouve des anciens moines bouddhistes ou encore des membres de la classe guerrière qui ont été séduits par cette nouvelle confession. Une mission est même lancée dans la capitale de l’époque, Kyoto en 1559. Moins de 12 mois plus tard, on dénombrait d’ores et déjà neuf églises au Japon et une communauté chrétienne en pleine ébullition.
En 1569, le nombre d’églises avait été porté à 40 et on ne recensait pas moins de 30 000 chrétiens. Certains seigneurs de Kyushu se sont même laissés tenter par la conversion et les missionnaires ont relaté des baptêmes de masse des populations locales dans les années 1570. C’est durant cette période que le nombre de chrétiens explose à plus de 100 000 personnes.
La pratique de catholicisme au Japon a cependant basculé à partir de la fin du XVIe siècle. Le seigneur de l’époque, Toyotomi Hideyoshi, avait émis une interdiction : les missionnaires n’avaient pas le droit d’approcher la capitale Kyoto. Quelques missionnaires franciscains vont cependant décider de ne pas tenir compte de cet avertissement. Très vite, en 1597, un édit met en garde les pratiquants du catholicisme. Un total de 26 franciscains seront exécutés à Nagasaki en guise d’avertissement.
Les pouvoirs suivants vont peu à peu s’attaquer au catholicisme qui est de moins en moins populaire. La confession va ainsi être progressivement interdite avec plusieurs autres édits comme celui qui est proclamé après la rébellion de Shimabara dans les années 1630. Malgré l’interdiction, les historiens rapportent que bon nombre de chrétiens ont continué à pratiquer en secret.
Alors que les chrétiens sont déclarés ennemis de l’État, les identités ou icônes chrétiennes sont désormais la propriété exclusive de l’État japonais. L’interdiction du christianisme sera finalement levée en 1873 avec la restauration de Meiji. Se voulant plus moderne, le Japon décrète la liberté de religion. À cette époque, les missionnaires protestants sont particulièrement virulents dans la région, avec un succès très important en Corée. Ils ont essayé de s’implanter au Japon, et n’ont pas rencontré la même réussite.
L’Islam
L’histoire de l’islam au Japon est relativement brève. Son introduction a été très récente, et cela explique pourquoi c’est l’une des plus petites religions minoritaires au Japon aujourd’hui. Selon l’institut national de recherche sur la population et la sécurité sociale, il y aurait environ 70 000 musulmans au Japon, dont 90 % qui sont des résidents étrangers. Les Indonésiens, les Indiens, les Pakistanais et les Bangladais sont les communautés musulmanes principales au pays du soleil levant. D’autres estimations, à l’image de celle du Pew Research Center rapportent qu’il y a 185 000 musulmans au Japon en 2010 ; 230 000 en 2019.
Selon une étude en 2009, il y avait entre 30 à 40 mosquées à un étage au Japon et plus de 200 appartements réservés aux prières en l’absence d’installations plus appropriées. La quasi-totalité de ces mosquées utilise le deuxième étage pour des activités religieuses.
Le premier étage sert essentiellement de magasins halal, nourriture qui est surtout importée de pays musulmans voisins comme l’Indonésie ou la Malaisie. La capacité d’accueil des mosquées japonaises est très souvent limitée à 30 à 50 personnes.
Il semble cependant que les choses avancent au fur et à mesure des polémiques. En 2016, la toute première mosquée conçue pour des fidèles natifs japonais a été ouverte. Jusqu’à présent, il y avait essentiellement des services en langues étrangères, ce qui pouvait freiner à l’adoption de l’islam par des pratiquants ne maîtrisant pas l’anglais ou l’arabe.
La plus grande mosquée du Japon est celle de Tokyo. Elle est affiliée à l’islam sunnite et est aussi nommée Tokyo Camii (prononcé Jamii). Elle se situe dans le quartier de Shibuya dans la capitale et a été conçue par Hikmi Senalp dans un style inspiré de l’architecture ottomane. Le bâtiment a été édifié en 1938, mais le modèle actuel a été achevé en 2000. Elle a une superficie de 734 m² et comprend un sous-sol et trois étages pour une surface totale de 1477 m².
Les premiers contacts entre l’islam et le Japon remontent aux années 1700, soit avant l’ouverture du pays en 1853. Il y a cependant eu quelques musulmans qui sont arrivés au Japon, mais le plus souvent, il s’agissait d’un incident isolé. Dans les faits, le Japon avait découvert la culture de l’islam à travers des sources chinoises et sud asiatiques. Ce n’est qu’à la fin des années 1870 que, par exemple, la biographie du prophète Mohammed a été traduite en français. C’est ainsi que certains Japonais, qui étudiaient alors l’histoire des cultures, ont peu à peu pris connaissance des richesses de l’Islam.
En 1890, le sultan et calife Abdul Hamid II de l’Empire ottoman envoie un navire de la marine au Japon afin de saluer la visite du prince japonais Komatsu Akihito dans la capitale de Constantinople plusieurs années auparavant. Malheureusement, la frégate a été détruite lors d’une tempête sur le chemin du retour à proximité de la préfecture de Wakayama, le 16 septembre 1890. C’est pour cela que l’on trouve aujourd’hui un mémorial et un musée turc de Kushimoto.
Un an plus tard, un autre équipage ottoman qui avait fait naufrage sur les côtes japonaises a été rapatrié par la marine impériale nipponne. L’un des journalistes qui accompagnaient l’armée, Shotaro Noda, s’est alors officiellement converti lors de son séjour dans la capitale ottomane.
La Geisha, symbole culturel du Japon