Gyaru : une culture et une mode unique au Japon

Des femmes gyaru au Japon
Des femmes gyaru au Japon / Source : TokyoFashion.com

Au Japon, le terme Gyaru est une translittération japonaise du mot anglais « gal », aujourd’hui lié à « girl » (fille). Le mot est désormais largement employé pour désigner un mouvement culturel et un phénomène de mode encore entretenu par certains groupes de personnes, en particulier dans les zones urbaines. On peut décrire une fille gyaru comme très branchée, avec un tempérament extraverti et qui porte des vêtements clinquants ou sexy.

La plupart des styles gyaru sont nés à la fin des années 1970. La tendance est considérée comme non-conformiste ou rebelle aux normes japonaises. Les jeunes filles de style gyaru luttaient, à l’époque du moins, contre les standards de la société nipponne qui attendaient que la femme convienne aux règles de beauté asiatique de la peau pâle ou des cheveux noirs. Elle se devait souvent d’être une femme au foyer.

La popularité du style gyaru a culminé dans les années 1990 et au début des années 2000. Le phénomène de mode se mesurait surtout dans les grandes agglomérations et en particulier dans les quartiers de Tokyo. Visuellement, cela se caractérise en général par les cheveux fortement décolorés ou teints, des ongles très décorés et un maquillage spectaculaire. La peau est bronzée, et le maquillage se compose d’un eye-liner foncé, de faux cils et d’un contour du visage avec effet amincissant.

Histoire

Envie d’en savoir un peu plus sur la naissance du phénomène gyaru ? Vous êtes dans la bonne section. Comme nous l’avons indiqué ci-dessus, la plupart des styles germent à la fin des années 1970, mais il faut attendre la fin des années 1980 pour que le terme gyaru désigne officiellement une mode vestimentaire nipponne.

L'avènement de Shibuya

Le quartier Shibuya à Tokyo

Shibuya est un quartier très branché de Tokyo dans la deuxième moitié du XXe siècle. Il est en train de devenir la destination préférée de la plupart des jeunes élèves urbains. Les élites, les universitaires et les lycéens se retrouvent dans plusieurs soirées et clubs. Les organisateurs sont appelés « chiimaa ». Ils finissent par ne plus étudier, et ils vont passer leur nuit en boîte, ainsi que leurs journées à traîner dans les rues de Shibuya, ceinturés de femmes. Ils plongent peu à peu dans la délinquance et entreprennent de se disputer des territoires.

La police ne tarde pas à réagir et devient très répressive. Les soirées commencent à avoir mauvaise réputation, et les forces de l’ordre choisissent de les interdire progressivement, de les fermer aussitôt la nuit. Le mouvement des chiimaa perd de l’influence et décline rapidement. Il s’éteint quelques années plus tard.

Les jeunes femmes qui gravitaient autour des chiimaa prennent cependant le relais. Ces dernières sont accoutumées à faire la fête et adorent dépenser leur argent à tout va. La plupart du temps, elles se rendent dans les boutiques de luxe, mais aussi dans les prêts-à-porter qui ont l’avantage de proposer des tenues excentriques qui contrastent avec ce qui se fait dans la société japonaise. Ces femmes ont l’habitude de se démarquer avec des cheveux légèrement décolorés, des accessoires de style ou un teint hâlé. Elles se font surnommer les paragyaru : le terme Para désigne « paradise » (paradis), car on a l’idée de vouloir ressembler au phénomène de mode des surfeuses de Los Angeles.

Une paragyaru au Japon

La naissance des Gyaru

Certains considèrent donc ces paragyaru comme les premières gyaru tel qu’on les conçoit aujourd’hui. Les kogyaru sont de jeunes filles de 16 ans, qui déambulent dans les rues de Tokyo en tenue d’écolière retouchée. On les découvre sous une apparence volontairement provocatrice, avec parfois une cigarette au bec, des jupes très courtes, des « loose socks » (les fameuses chaussettes à plis), des cheveux décolorés et un teint bronzé.

Soit dit au passage, le terme kogyaru n’est pas employé par les Japonaises pour se décrire entre elles. Il aurait été inventé par les videurs de boîte de nuit, afin de qualifier les jeunes filles mineures qui s’efforçaient de se faufiler en douce dans l’établissement alors qu’elles n’avaient pas le droit.

À cette époque cependant, les jeunes filles qui se livrent à cette mode et cette culture ne sont pas vraiment en vogue. Ce sont essentiellement des personnes de milieux aisés qui ne voient pas l’intérêt d’aller travailler à l’école alors qu’elles ont un avenir tout tracé du fait des relations de leurs parents.

Vous l’aurez compris, l’idée était d’exprimer une forme d’insurrection contre un système ultrastructuré et des normes trop traditionalistes.

Le phénomène de l'enjo kosai

Le développement et la démocratisation de la culture gyaru se sont malheureusement opérés en parallèle de celui du enjo kosai. C’est un terme nippon qui sert à évoquer une forme de prostitution des jeunes étudiantes. Une partie des kogyaru vendent leur corps et leur compagnie pour s’acheter des vêtements et des accessoires de luxe, en tout cas selon les quotidiens. Le fait est que cela s’est peu à peu popularisé et même répandu au fur et à mesure que les tabloïdes et les magazines en parlaient.

Aujourd’hui, les évaluations sont variées, mais on estime que plus de 80 % des lycéennes s’adonnent au enjo kosai. Attention, cela ne signifie pas forcément qu’il y a un rapport charnel au terme de la relation. Officiellement, la prostitution est illégale par une loi du 1er avril 1957. Cependant, il faut préciser que cette loi ne prohibe que la tarification du coït vaginal. Ainsi, les autres pratiques sexuelles ou érotiques ne sont pas concernées.

Les témoignages que nous pouvons récolter au pays du soleil levant sur ce phénomène sont contrastés. Certains n’y voient pas de problème, puisque dans la grande majorité des cas, il n’y a pas d’échange de baisers, de tenue de main ou de comportements érotiques. Pour d’autres, c’est un usage à abolir, d’autant plus que la majorité sexuelle est de seulement 13 ans au Japon. Cela encourage certaines personnes à abuser de leur autorité et de leur influence pour obtenir des faveurs.

La mode se met au service du phénomène

L’apparence très typée des gyaru n’est pas sans conséquence dans les années 70 et 80. On les remarque facilement, elles détonnent avec les Japonaises académiques. Très vite, beaucoup d’hommes d’affaires et de personnes plus âgées les sollicitent dans la rue. Les kogyaru doivent donc repousser les demandes et on se met à les qualifier de jeunes filles bourrues.

Pendant la journée, les jeunes filles n’ont pas perdu leurs bonnes habitudes de la décennie passée. Elles continuent d’arborer les boutiques des quartiers branchés de Tokyo, et notamment Shibuya. Le magasin Me Jane qui se situe dans les étages du Shibuya 109 est l’endroit de rendez-vous tout trouvé. Celui-ci est parvenu à s’adapter aux évolutions et à définir toute une garde-robe dédiée aux kogyaru.

Le magasin Shibuya 109 à Tokyo

Le bâtiment a ouvert dans les années 1979, mais il ne devient populaire qu’au milieu des années 1990. Tokyu, le propriétaire des lieux, essaie d’insuffler un nouvel élan en ramenant la plupart des grosses marques appréciées par les kogyaru. Ce phénomène de concentration attire tous les adeptes gyaru et engendre une grande notoriété pour l’établissement.

C’est donc pendant la décennie des années 1990 que les kogyaru vont peu à peu troquer l’uniforme d’écolière retouché pour d’autres tenues. La nouvelle mode est d’abord articulée autour d’une minijupe, d’un T-shirt court et de chaussures à plate-forme. On parle désormais des gyaru (ギャル).

Des gyaru en salle de classe

D’autres marques vestimentaires populaires décident d’embrasser le phénomène en sortant une gamme d’habits compatibles, du maquillage spécialisé, des crèmes autobronzantes ou des guides pour devenir gyaru. La démocratisation est enclenchée, mais les nouveaux adeptes ne sont pas toujours au fait des valeurs initiales que la mode espérait mettre en avant (critique de la société, etc.).

Quoi qu’il en soit, des chanteuses de J-pop surfent sur le mouvement et adoptent le même aspect. La première à se lancer est sans doute Namie Amuro, qui vient d’Okinawa. Cette origine géographique lui offre un teint naturellement plus mat. Elle décide de se décolorer les cheveux, ce qui n’est pas sans conséquence sur sa communauté de supporters.

Les codes sont bousculés

Un Purikura au Japon

La décennie des années 1990, mais aussi la première partie des années 2000, est largement considérée comme une période de changement au sein de la société nipponne. Le phénomène gyaru y est sans aucun doute pour quelque chose. Il a par exemple provoqué l’arrivée des Purikura, ces types de photographies de divertissements qui sont immortalisées en cabine. Elles sont désormais très répandues au Japon et à Taiwan. Elles adoptent grossièrement l’apparence d’un photomaton classique, bien qu’elles soient souvent plus grandes.

Elles offrent de nombreuses options de photographies. Leur nom est la contraction de print club (プリント倶楽部, purinto kurabu). Elles ont été développées par Atlus et Sega, et le premier modèle a été vendu en 1995 au Japon. Dès leur arrivée sur le marché, elles ont été prises d’assaut par les adolescentes qui se confectionnaient des albums de photos purikura pour les montrer et les échanger avec leurs amis.

Un album de photos prises dans des purikura au Japon

Le style gyaru est à son apogée durant l’année 1996. Selon certaines sources, le phénomène concerne quasiment 1 adolescente sur 3 à Tokyo ! Les médias n’ont cependant pas su s’adapter en conséquence et le premier vrai magazine sur le phénomène germe en avril 1997 sous le nom Egg. En réalité, il existait déjà, mais il était dédié à une population masculine. Il change radicalement pour se concentrer sur le phénomène gyaru et y décrypter les avancées culturelles, vestimentaires et sociales.

La multiplication des genres

Vous l’aurez compris, à cette époque, le phénomène gyaru est omniprésent dans les rues de la capitale japonaise. Les jeunes filles sont séduites et on observe deux grandes catégories de gyaru. La première prend ses origines dans la mode des paragyru et des kogyaru. Le style se veut féminin, sexy et assez raffiné. On s’équipe d’habits d’importantes marques, de produits de luxe et on « sait se tenir en société ».

L’autre branche se revendique plus occidentale. On cherche à faire « yankii », à provoquer, à ressembler aux idoles américaines. Dans cette optique, on adopte une peau bien plus basanée, des cheveux encore plus déteints et des costumes de prêt-à-porter. Les filles déploient des vêtements plus farfelus, un maquillage que l’on peut juger plus vulgaire et des lentilles de contacts aux couleurs totalement extravagantes. Les magazines nomment cette partie de gyaru les gyaru-yankii, et plus tard les ganguro.

Des gyaru dans le magazine Egg
Des gyaru dans le magazine Egg

Subséquemment, quelques hommes n’hésitent pas à embrasser ce phénomène de mode. Ils vont récupérer la plupart des codes des ganguro pour se forger leur propre style : le gyaru-o. Ils sont certes sous-représentés, mais ils ne sont pas à omettre dans le paysage des gyaru qui n’est donc pas strictement féminin. De plus, ces dernières années, les représentations de nouveaux genres et de nouvelles sexualités (LGBT) sont beaucoup débattues au sein de la communauté gyaru, qui plaide pour un épanouissement personnel.

Quoi qu’il en soit, une autre variété débarque en 1999, avec les yamamba. Ces femmes ambitionnent d’aller encore plus loin avec un teint très noir, au point de devoir souvent employer du maquillage blanc pour faire ressortir certaines parties du visage comme les yeux. L’attirail complet du yamamba se compose de nombreux strass, de faux cils, d’autocollants en tout genre, généralement de plusieurs teintures de cheveux et toujours énormément de couleurs. Les cheveux sont aussi très souvent ébouriffés, cendrés ou colorés. On peut dire sans risque que le style vestimentaire ne cherche plus à être épuré, mais dans la provocation et le dépassement des normes sociétales.

Déclin

Une gyaru yamamba au Japon

Les yamamba cherchent à choquer la société japonaise et à gagner en visibilité. Elles ne tardent pas à réussir, puisque même les journaux traditionnels abordent le phénomène dans des revues souvent critiques. Les Japonais ne sont pas vraiment friands de ce style vestimentaire qui est très mal accueilli. Cela engendre un essoufflement général de toutes les catégories de la mode gyaru. Le début des années 2000 manifeste un désintéressement de la plupart des étudiantes pour ce phénomène de mode.

La culture du mignon, le kawaii, prend le pas. Les jeunes sont plus sensibles à une attitude et à un style vestimentaire d’innocence, bien plus conforme aux normes sociétales. Les gyaru ne disparaissent pas pour autant, puisqu’elles vont se réadapter dans un style un peu plus classique. Les exubérances les plus marquées comme la peau mate ou les décolorations extrêmes se font de plus en plus rares. Le teint se veut un brin plus naturel, quoique bronzé, le maquillage est plus subtil et les cheveux sont mieux peignés et souvent moins colorés. Les tenues vestimentaires sont toujours très féminines (légèrement plus que les normes), mais moins provocantes.

Evolution de la mode gyaru

Cette réinvention du style permet de maintenir une certaine communauté soudée qui flâne constamment dans les quartiers branchés de Tokyo, en journée comme de nuit. En 2011, il y a même une nouvelle vague de gyaru qui fait du shopping avec leur enfant. C’est une véritable originalité qui est à contre-courant. Ces femmes sont surnommées les gyaru-mama.

Aujourd’hui, les Japonais sont en général très traditionalistes à l’égard de l’allure vestimentaire et des valeurs que cela dégage, selon eux. Il est quasiment impossible de trouver un travail dans une société pour une personne avec un style gyaru. On attend d’une Japonaise qu’elle ait des cheveux noir naturel, une apparence soignée et simple, et peu (ou pas) de maquillage. Toutefois, la plupart des habitants jugent actuellement la mode gyaru comme un style à part entière, de même que le style gothique ou le style punk en France.

Il existe aussi des filles adhérentes au mouvement gyaru dans le reste du monde, et même en France. Elles se font appeler les gaijin-gyaru (gyaru étrangères). Un magazine est apparu à ce propos sous le nom de Papillon en 2020. Le cercle des Black Diamond a récemment vu le jour au Japon. Ce sont des kuronba gyaru, un style inédit qui se veut à mi-chemin entre le style ganguro et yamamba.

Les sous-genres et les catégories

Le secret pour bien comprendre les filles gyaru au Japon est de bien assimiler les multiples catégories complexes qui en relèvent. Il existe plusieurs dizaines de sous-cultures qui composent l’ensemble du phénomène gyaru. La principale reste le gyaru-kei, considéré par beaucoup comme le style gyaru « par défaut ». C’est le plus généraliste, et on l’associe aux débutantes dans le style.

La culture et le style ont beaucoup évolué au fil des décennies, et le terme « gyaru girl » a été réellement inventé dans les années 1990. Ce style japonais a connu de nombreux changements de mode, de caractéristiques physiques ou de tendances capillaires. Il demeure quelques standards plus ou moins suivis par les pratiquantes : une chevelure habituellement blonde, du maquillage et une peau bronzée.

Voici une liste de styles :

  • Gyaru-kei (ギャル系) : Nom donné aux filles qui adoptent le style standard d’un gyaru.
  • Bibinba (ビビンバ) : implique le port de grandes quantités d’or, de bijoux et d’accessoires ;
  • Ganguro (ガングロギャル) : Inventé dans les années 90, des filles au bronzage artificiel, aux cheveux bruns ou décolorés ;
  • Banba (バンバ) : porte beaucoup de paillettes, des types de faux cils plus extrêmes et des lentilles de contact colorées, porte moins de maquillage ;
  • Hime gyaru ou hime kei : L’un des styles les plus chers, on s’habille comme des princesses occidentales, on porte des robes roses avec beaucoup de dentelle, des nœuds, des perles, des couronnes et on décore la maison ;
  • Gyaruo (ギャル男) : C’est le terme utilisé pour les hommes qui suivent cette mode ;
  • Kogyaru : Généralement une étudiante du lycée ;
  • JK gyaru : terme récent pour Kogyaru, ou gyaru encore en uniforme scolaire.
  • Onee Gyaru (Onee : plus âgé) : avec un style plus mature et sophistiqué ;
  • B-gals : Retour au monde du Hip Hop ;
  • HaadyGyaru : Inspiré par les années 80, avec beaucoup de couleurs et de paillettes ;
  • Kigurumi : Animal ou anime fantastique ;
  • Ane gyaru : Un style plus rebelle, comme les gangs de motards ;
  • Kogal : sous-genre du gyaru, également connu sous le nom de gyaru jeune ou bébé (d’après les uniformes scolaires) ;
  • Gyaru mama (ギャルマママ) : Mères avec enfants qui suivent ce mode de vie.
Groupe de femmes gyaru à Tokyo

Le hime gyaru (ou gyaru hime) est la deuxième plus grosse sous-culture. C’est un style singulier où les filles adorent s’habiller comme des princesses. L’idée n’est pas forcément d’arborer la plus belle robe longue du dernier Disney, mais plutôt de revêtir des robes aux couleurs pastel avec des talons et des bijoux. On se rapproche de la culture kawaii.

On peut aussi évoquer le style kogyaru qui fait référence aux lycéennes qui portent toujours un uniforme japonais, mais qui l’ont personnalisé avec plusieurs artifices. L’idée derrière cet acte revendicateur est de mettre en avant sa propre vision de la mode et de la société. On observe très souvent des inspirations marquées du style occidental. La peau est faussement basanée, tout comme les cheveux blonds qui sont acquis avec une coloration.

Le style ganguro est peut-être le plus populaire des années 1990. On se rendait dans les salons de bronzage pour obtenir une teinte très profonde, très accentuée, qui semblait totalement artificielle. Cela était imité de la culture occidentale qui permettait à chacune de se différencier nettement de leurs semblables. Rappelons qu’au sein de la croyance nipponne, on estime que le blanc est la couleur de la pureté. Certaines femmes vont même jusqu’à éviter les terrasses et porter des ombrelles pour ne pas se faire atteindre par le soleil ! Au contraire, adopter une peau bronzée allait à contre-courant.

Gyaru

Enfin, les styles yamamba, mamba, et bamba sont peut-être les plus extrêmes. Certains les considèrent comme allant trop loin, d’autres comme ridicules, mais gardons-nous d’employer des qualificatifs pour un phénomène que nous ne connaissons pas vraiment. L’idée ici est de revêtir énormément de maquillage blanc sur l’ensemble du visage. Le style peut paraître criard, mais il est associé à différents éléments vestimentaires (des vêtements hawaïens, des fleurs, les couleurs pastels, etc.) qui offrent une apparence détonante !

Le style bamba est un peu plus subtil, où l’on ne va pas utiliser de maquillage à outrance. On se concentre plutôt sur les vêtements qui se doivent d’être très colorés. Au milieu des deux est parfois inséré le style manba. Attention à ne pas se tromper dans les termes, comme vous l’aurez compris, cela se ressemble !

Apparence

La mode gyaru est typiquement caractérisé par une peau bronzée, car elle est considérée comme un incontournable dans certains sous style du genre. Le plus souvent, on retrouve aussi des ongles artificiels très allongés décorés.

Le maquillage dramatique est presque indispensable dans l’apparence d’une jeune fille : il est composé d’un eye-liner noir, de faux cils et parfois d’un fard à paupières blanc. Une touche de cette couleur est souvent appliquée, soit sur les coins intérieurs des yeux, soit sur les coins extérieurs près de la ligne inférieure des cils des yeux. L’objectif est de les faire paraître plus importants, ou bien de les contourner pour allonger visuellement le regard.

Récemment, avec la considérable notoriété de la Corée du Sud qui se diffuse à travers la culture populaire et notamment les séries télévisées, les jeunes filles japonaises apprécient employer certaines techniques de maquillage sud-coréennes. Il est par exemple possible d’augmenter ou de créer une allure plus grande du sous-œil en appliquant du maquillage, de modeler le pli de l’œil pour jouer avec la poche. Cette technique est nommée aegyo sal en coréen.

Concernant la coiffure gyaru, cela va dépendre du sous-style et de la sous-culture que l’on va décider d’appliquer et de suivre. De nombreux facteurs s’en retrouvent impactés : la texture capillaire, la couleur ou le style différé. Les cheveux fortement décolorés ou teints sont le plus souvent observés. On peut aussi apercevoir des nuances allant du brun foncé aux nuances de brun plus clair ou même du blond. Quoi qu’il en soit, les coupes de cheveux sont principalement coiffées en les bouclant avec un fer à friser, ou en les lissant à l’aide d’un fer à lisser.

Au niveau des vêtements, le sous-style gyaru va déterminer la garde-robe. Le choix de marque peut indiquer de quel sous-genre on est issu ou auquel on participe. Les plus grandes marques de mode de rue japonaise ou les marques de mode rapide occidentales avec une esthétique générale gyaru sont très appréciés par les gyaru. Toujours est-il que la plupart des habits que l’on peut observer dans les rues de Tokyo proviennent de Shibuya 109. Certaines influenceuses n’hésitent pas à se rendre dans des magasins de luxe pour agrémenter leur apparat.

Gyaru

Enfin, les ongles sont très importants. Cela a toujours été le cas au fil des années. La pratique est nommée « nail art« . Elle est considérée au Japon comme une forme d’expression d’un style personnel. On peut dessiner tout un tas de choses sur des ongles. Les gyaru adorent y représenter des motifs floraux. Elles n’emploient d’ailleurs pas que le vernis, puisqu’on peut aussi découvrir de vraies fleurs qui ont séché et sont associées à de petites pierres et des perles pour les compléter de façon chic.

Attention, cela n’est pas à confondre avec le « nuance nails« . Ce dernier est une véritable nuance de motifs ou de couleurs. L’idée est de ne pas de retrouver de design uniforme. On va appliquer un style par ongles ! La créativité des Japonaises n’a pas de limite et les possibilités sont presque infinies…

L'impact des saisons

Comme vous vous en doutez sans doute, les styles évoluent en fonction des températures, des précipitations et des saisons. Au Japon, cela est d’autant plus vrai qu’on attache une importance particulière à ces dernières.

Les tenues sont très légères en été, pour la plupart des styles gyaru. On aime revêtir de courtes jupes, des débardeurs, des petites robes, avec ou sans collant. Ensuite, on utilise souvent de longs ourlets ou des vêtements amples. Les habits de prêt-à-porter que l’on peut acquérir du style gyaru se rapprochent parfois du look kawaii, tantôt d’un style plus américain. On peut aussi retrouver de longs cardigans.

Les températures froides de l’hiver japonais provoquent évidemment un grand changement. Du moins, sur les habits ! On enfile une doudoune flashy ou non, on remonte les chaussettes et peut aussi opter pour des collants chauds. Mais on conserve toujours son côté coquette, avec des pastels, des autocollants, des variances de couleurs surprenantes. Le visage persiste avec son maquillage singulier et les chevelures conviennent souvent à des originalités bienvenues.

Où voir des gyaru aujourd'hui ?

Même si les filles gyaru sont beaucoup moins répandues qu’à une certaine époque, il en existe toujours, que l’on peut rencontrer relativement facilement. Ces « gal » se promènent surtout dans les quartiers tendance des importantes villes nipponnes comme Shibuya à Tokyo. On en croise souvent dans les grands magasins de vêtements comme la tour 109, mais aussi dans certains établissements le soir, en particulier des izakaya ou des karaokés branchés.

Gardons cependant à l’esprit que le style a largement évolué au fil des années. L’idée que vous vous faites d’une personne gyaru est peut être dépassée, puisque les standards et les canons sont aujourd’hui différents. À l’époque de la fin des années 1990 et du début des années 2000, les passionnés recherchaient une coiffure excentrique, un maquillage très intense et une exagération assumée sur le mascara, le fond de teint, le gloss, le fard à paupières, les paillettes, le rouge à lèvres ainsi que la crème autobronzante.

Désormais, ce n’est plus réellement véridique, du moins chez la majorité des adeptes. Le maquillage employé tire encore vers le bronzage, mais on va plutôt essayer d’imiter une peau naturelle. Les Japonais comme les Sud-Coréens sont vraiment obsédés par les crèmes solaires, et la marque Biore est très convoitée.

De même, la couleur des cheveux est moins affirmée qu’à l’époque. Le blond détonnant a été peu à peu remplacé par des couleurs un peu plus tamisées comme un blond cendré, un brun clair, ou un brun aux reflets orangés. Cela dit, on peut toujours tomber sur des perruques, des cheveux blonds bien prononcés, ce qui ne manque pas de contraster avec le noir pur des Japonaises « naturelles ».

Culture populaire

Ikumi Mito dans l'anime Food Wars

Il n’est pas surprenant que le genre gyaru, un phénomène culturel et un style de mode vestimentaire qui a tellement fait couler d’encre au Japon, se retrouve retransmis dans tout un tas de médias au fil des années. Il existe de multiples influenceuses spécialisées au Japon que l’on peut découvrir sur YouTube. Certaines sont devenues de véritables vedettes que l’on se plaît à rejoindre dans les quartiers branchés de Tokyo en certaines occasions.

Les réseaux sociaux sont prisés pour la diffusion de ce style. On trouve de nombreux modèles célèbres dans le domaine, comme Tsubasa Masuwaka, Kumiko Funayama, Rie Matsuoka (Okarie), Hikari Shiina (Pikarin), Satomi Yakuwa (Satomin), Sayoko Ozaki, Rina Sakurai et la blogueuse Jenny Franz (It Girl J).

On trouve aussi tout un tas de dessins animés japonais et de mangas qui mettent en scène des personnages associés à la culture gyaru. Vous en connaissez probablement, comme Ikumi Mito de Food Wars ! Des œuvres plus spécialisées ont aussi été mises au point, même si elles restent moins populaires en France. C’est le cas du fameux Gal Gohan, qui met en scène une héroïne décrite comme étant une gyaru assumée. Elle est très bronzée, elle porte tout un tas d’artifices qui la placent dans une telle démarche. C’est donc une lecture à réaliser si vous souhaitez en apprendre plus sur la représentation japonaise des filles gyaru !

S’abonner
Notifier de
guest

0 Commentaires
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires

Nos derniers articles