Les Japonais utilisent les termes 同性愛者 dōseiaisha et ホモセクシャル homosekusharu pour qualifier les homosexuels. En dépit d’une nouvelle tendance qui suggère un fort niveau de tolérance, le Japon demeure en retard sur les questions d’orientation sexuelle. Selon l’agence de publicité Dentsu, 8% de la population se considère membre des communautés LGBT. Ces derniers dissimulent bien souvent leur sexualité. L’activité gay n’est cependant pas un crime comme c’est le cas dans certains États africains.
Les rapports sexuels consensuels entre adultes du même sexe sont légaux. Les personnes gays disposent de certaines protections juridiques. Elles se révèlent très limitées dans la pratique, surtout en comparaison d’un couple hétérosexuel. Plusieurs préfectures fixent un âge de consentement plus élevé pour les relations sexuelles entre des individus de même sexe que pour l’équivalent de sexes opposés.
Droits et principes LGBTQ+ au Japon
Principe | Situation |
---|---|
Dépénalisation de l’homosexualité | ● Depuis 1880 |
Mariage civil | ● Non, mais une décision de justice de 2021 a reconnu que l'interdiction du mariage entre personnes de même sexe était inconstitutionnelle, ce qui augmente la pression pour une réforme législative. |
Majorité sexuelle identique à celle des hétérosexuels | ● Depuis 1880, sauf dans certaines préfectures où l'âge de consentement est plus élevé pour les relations homosexuelles. |
Partenariat civil | ● Non, mais des certificats symboliques sont donnés par certaines localités. |
Droit pour les gays de servir dans l’armée | ● Oui |
Droit de changer légalement de sexe | ● Oui, depuis 2003, mais une opération est nécessaire et les personnes transgenres doivent subir une stérilisation forcée. |
Gestation pour autrui pour les gays | ● Non, la GPA est illégale au Japon pour tous les couples. |
Accès aux fécondations in vitro pour les lesbiennes | ● Non, les fécondations in vitro ne sont autorisées que pour les couples hétérosexuels mariés. |
Autorisation du don de sang pour les homosexuels | ● Oui, mais les hommes ayant eu des relations sexuelles avec d'autres hommes doivent attendre 12 mois avant de donner leur sang. |
Adoption conjointe dans les couples de personnes de même sexe | ● Non, l'adoption conjointe n'est pas autorisée pour les couples de même sexe, mais une personne peut adopter l'enfant de son partenaire. |
Interdictions des discriminations liées à l'identité de genre | ● Non, il n'y a pas de lois anti-discrimination spécifiques pour l'identité de genre, bien que la discrimination fondée sur le sexe soit interdite. |
Interdiction des discriminations liées à l'orientation sexuelle | ● Non, il n'y a pas de lois anti-discrimination spécifiques pour l'orientation sexuelle, bien que la discrimination fondée sur les caractéristiques personnelles soit illégale. |
Aucune censure de l'homosexualité | ● Oui |
Interdiction des thérapies de conversion | ● Non |
Reconnaissance du genre non-binaire | ● Non |
Interdiction de la chirurgie de changement de sexe à la naissance pour les enfants intersexués | ● Non |
Une affaire privée
La sexualité, qu’elle soit hétéro ou homo, est considérée comme une affaire privée au Japon. La société accorde davantage d’importance à l’identité et aux valeurs du groupe qu’à l’expression intime. L’homosexualité est légale au Japon. Les personnes gays, lesbiennes et transgenres peuvent profiter de certaines protections juridiques. Cependant, le mariage n’est pas accessible à tous. Il ne peut avoir lieu « qu’avec le consentement mutuel des deux sexes », selon la Constitution.
Hors du cadre familial, il est inhabituel que des Japonais vous imputent votre homosexualité. Le Japon est un pays très sûr où le risque de vous faire agresser verbalement ou physiquement est quasi inexistant. Les vacanciers homosexuels n’ont donc pas de tracas à se faire. Les grandes villes comme Tokyo ou Osaka (Doyama-cho) comportent des dizaines de bars LGBT-friendly. Le quartier gay de la capitale est 新宿二丁目, Shinjuku ni-chōme depuis les années 1960. Son offre est vaste :
- 400 bars pour hommes ;
- 10-20 pour femmes ;
- des restaurants (dont le Cocoro Café) ;
- des magasins de location de DVD pornographiques ;
- des saunas ;
- des hôtels et love-hotel ;
- des boites de nuit ;
- des salons de massage ;
- des magasins avec des mensuels spécialisés.
La pratique du coming out reste très rare au Japon, surtout en raison de la structure familiale que nous développerons dans la section suivante. Une étude de 2015 estime à 7,7 % le nombre d’adultes LGBT dans l’archipel.
Une exception ?
Le Japon est le seul pays du G7 qui ne reconnaît pas les unions de même sexe. Les associations LGBT s’attachent à dynamiser ce front politique pour l’obtention de nouveaux droits juridiques. Plus de 200 municipalités ont pris des mesures pour accorder des alliances entre personnes de même sexe. Un certificat symbolique de concubinage peut être reçu depuis 2015 dans quelques circonscriptions nipponnes (arrondissements de Shibuya, Nakano, Setagaya, capitales des préfectures comme Osaka, Fukuoka, Naha et certaines villes à l’instar de Iga et Takarazuka).
Un tel titre octroie moins de droit qu’un PACS en France ou qu’un mariage civil au Japon. La reconnaissance d’une union homosexuelle confère à un couple l’acquisition de droits fondamentaux. Par exemple, la possibilité de rendre visite à son partenaire quand il est hospitalisé. La faculté de louer une propriété ensemble ou d’avoir accès à des logements gérés par Tokyo. La non-reconnaissance du mariage du même sexe au Japon a été annoncée anticonstitutionnelle par le tribunal de Sapporo en 2021. Selon la juge Tomoka Takede, cela contrevient à l’article 14 de la Constitution japonaise qui consacre l’égalité absolue des droits pour tout citoyen.
Le tribunal d’Osaka a rejeté lundi 20 juin 2022 une action en dommages et intérêts affirmant que l’interdiction du mariage homosexuel par le gouvernement était inconstitutionnelle. La décision de l’année passée à Sapporo, qui l’avait reconnu comme une violation du droit de l’égalité, est ainsi complètement bafouée.
La préfecture japonaise de Shizuoka a décidé le 26 mai 2022 de supprimer les marqueurs de genre de 233 documents officiels. Les options étaient limitées à « féminin » et « masculin ». Cela englobe notamment un formulaire permettant aux stagiaires étrangers de postuler pour une formation en japonais !
Tokyo comme ville pionière
Le gouvernement métropolitain de Tokyo a déclaré le 11 mai 2022 qu’il allait admettre les unions de même sexe à partir de novembre. C’est une avancée décisive qui se traduira par des certificats de « partenariat ». La majorité des Japonais est favorable au mariage pour tous depuis une décennie. Certaines grandes entreprises ont choisi d’accorder à leurs salariés gays en couple les mêmes droits que ceux qui sont mariés. Pour autant, le Premier ministre nippon se montre prudent sur d’éventuelles modifications constitutionnelles. Nul doute qu’il faudra patienter plusieurs années pour que le sujet soit définitivement sur la table. Taiwan est le seul pays asiatique qui reconnaît les unions de même sexe.
Le gouvernement métropolitain de Tokyo commence à accepter les candidatures des minorités sexuelles pour faire reconnaître publiquement leur partenariat à partir du 11 octobre 2022. Un programme est en second lieu lancé le 1er novembre de la même année. Les couples qui obtiennent un certificat dans le cadre de ce système peuvent demander un logement municipal et être informés de l’état de santé de leur partenaire dans les hôpitaux municipaux.
Les modalités pour remplir une telle requête sont les suivantes : l’un des partenaires doit appartenir à une minorité sexuelle et résider, travailler ou fréquenter une école à Tokyo. Le ménage doit en outre se composer de deux adultes légaux. Ce mode de fonctionnement n’est pas limité par la nationalité tant que les conditions sont remplies. Celles et ceux qui possèdent un enfant ont aussi la possibilité d’inclure le nom de leur progéniture sur le certificat.
En octobre 2022, seules neuf préfectures du Japon ont instauré une forme de système d’union pour les personnes LGBT : Aomori, Akita, Ibaraki, Tochigi, Gunma, Mie, Osaka, Fukuoka et Saga. La communauté internationale, via l’OCDE, admet que le Japon est parmi les pays les moins performants au sein de l’organisation de coopération et de développement économique en termes de mise en œuvre de loi concernant les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres ou intersexuées.
Mise en route à Tokyo
Le système de partenariat homosexuel de Tokyo entre en vigueur le mardi 1er novembre 2022. C’est une initiative d’ampleur, car il offre aux minorités sexuelles de la capitale d’être traitées de la même manière que les couples hétérosexuels mariés. Chacun peut ensuite accéder à des services du quotidien dans les meilleures conditions (logement, soins de la santé, éducation des enfants, etc.).
Ce nouveau partenariat a été salué par la plupart des membres de la communauté et le LGBT. C’est une étape franchie pour parvenir à l’égalité des droits pour les minorités sexuelles au Japon. Tokyo est la neuvième préfecture du pays à mettre pleinement en œuvre le système de partenariat. Il faut dire que les quartiers de Shibuya et Setagata de la capitale ont déjà introduit leur propre modèle en 2015. Aujourd’hui, quelque 200 municipalités disposent d’un système équivalent. Son application à Tokyo signifie que plus de 60 % de la population japonaise sont désormais couverts.
Rappelons que les couples dont au moins une personne s’identifie comme une minorité sexuelle peuvent dorénavant demander la reconnaissance officielle de leur partenariat. Il faut que l’une des personnes du couple vit, étudie ou travaille à Tokyo ou prévoie de s’installer dans la préfecture dans les trois prochains mois. Ce sont des conditions plutôt abordables qui ont dû rentrer en compte pour faire passer une pareille loi.
Pour le groupe de recherches des droits de l’homme du gouvernement métropolitain de Tokyo, ce système a été créé afin de produire un environnement où les minorités sexuelles peuvent vivre confortablement. L’objectif est de supprimer les principaux obstacles administratifs dans la vie quotidienne. On ne peut que se féliciter d’une telle progression juridique en la matière, surtout dans une administration nipponne terriblement engorgée. Aussi, tout habitant de la capitale japonaise pourra approfondir sa compréhension générale de la diversité des sexes. Sur le long terme, peut-être pourra-t-on jeter les bases d’une société dans laquelle chacun peut jouer un rôle actif à sa manière.
Une fois que le couple souscrit à un système de partenariat, il reçoit un certificat d’acceptation qui peut être utilisée comme preuve de leur union pour accéder à des services publics et privés qui étaient auparavant inaccessibles. Les personnes peuvent recourir aux services publics de logement familial, donner leur consentement pour une opération chirurgicale, être considérées comme une famille lorsqu’elle demande un prêt au logement ou une assurance. Les deux partenaires ont aussi le droit de se rendre et de visiter l’un et l’autre à l’hôpital.
Il y a cependant quelques limites : le système de partenariat reste distinct du système de mariage. Ce dernier est un acte juridique défini dans le Code civil. L’union pour les personnes homosexuelles apparaît davantage comme un serment non juridiquement contraignant qui ne nécessite aucune modification du registre de la famille. Il y a donc une poignée de droits essentiels accordés aux couples hétérosexuels mariés qui ne le sont pas pour les homosexuels profitant de ce certificat. Par exemple, les questions de l’héritage, de la garde conjointe des enfants ou des déductions fiscales pour le mari ou la mariée
La cause LGBT en politique
Les diverses positions entretenues des partis politiques sont pour la plupart conservatrices. Le parti libéral-démocrate, longtemps mené par Shinzo Abe (l’ancien premier ministre japonais), ne se prononce presque jamais en faveur des droits LGBTQ+. Les dérapages sont fréquents : le député Kazuo Yana a affirmé que le fait d’être lesbienne, gay, bisexuel ou transgenre « allait à l’encontre de la préservation de l’espèce » en pleine réunion du parti. La députée Mio Sugita a soutenu que les personnes LGBTQ+ ne doivent pas bénéficier de l’argent des contribuables. Elles seraient incapables d’avoir des enfants et, de facto, non productives.
Les parties à gauche (Parti de l’Aube) paraissent plus favorables à la démocratisation des orientations sexuelles. Cela se mesure avec les députés présentés. Le parti communiste japonais a complètement métamorphosé son discours par rapport aux années 70. À l’époque, le ton et les paroles étaient ouvertement homophobes.
La première personne transgenre à remporter une élection officielle au Japon est Aya Kamikawa en 2003. Elle est désignée conseillère municipale. Il faudra attendre 14 années pour un équivalent masculin, Tomoya Hosoda. Une poignée de personnalités politiques s’avisent de faire leur coming out comme Kanako Otsuji, députée d’Osaka. Les Marches des fiertés ont débuté en 1994 au Japon.
Taiga Ishikawa est, en octobre 2022, le politicien LGBT le plus haut placé au Japon. C’est le seul à siéger actuellement à la Chambre des conseillers, la chambre haute du parlement japonais que l’on nomme Diète. Il a été élu en 2019 et est membre du parti démocrate constitutionnel, soit le plus grand parti d’opposition du pays.
C’est le deuxième membre LGBT à être élu au Parlement. Celui-ci compte près de 700 membres et est d’ordinaire conservateur. Avant Ishikawa, Kanako Otsuji avait été élu en tant que lesbienne à seulement 47 ans. Elle a siégé au parlement entre 2017 et 2021. Puis, lors des dernières élections, quatre candidats LGBTQ se sont présentés, mais n’ont pas été nommés. Shinzo Abe, l’ancien Premier ministre du Japon dans la décennie 2010 s’était ouvertement opposé à la légalisation du mariage homosexuel.
L'enfermement dans la famille traditionnelle
Le Japon est un pays très conservateur. L’idée de fonder une famille LGBT relève encore de l’utopie en 2022. Les ménages sont emprisonnés dans l’idéologie d’un clan traditionnel codifié. Celle-ci remonte à la constitution de Meiji en 1890. Elle a déterminé le système familial japonais comme une unité de base de la société nipponne. Celle-ci repose sur un dispositif hiérarchisé qui soumet des responsabilités domestiques en fonction du sexe et de l’ancienneté. La cohésion familiale s’établirait ainsi par le prisme d’une mère, d’un père et d’un enfant.
La nouvelle constitution du Japon en 1947, fortement influencée par les États-Unis, ne précisait pas le système familial traditionnel. Dans la pratique, rien n’avait changé. L’outil d’enregistrement des ménages (koseki) se poursuit. L’intégralité des foyers japonais doit déclarer aux autorités locales diverses informations privées concernant les membres de la famille : chef de famille, fils, etc.
Il est requis que chaque membre d’un ménage adopte le même nom de famille. Cela contribue à l’idéologie qu’il s’agit de l’unité de base de la société nipponne. À cela se greffe l’idée d’hétéronormativité contemporaine. Elle contraint les hommes à trouver un emploi et à travailler vigoureusement pour l’entreprise. On attend des salariés masculins qu’ils se marient un jour, qu’ils aient des enfants et qu’ils subviennent aux besoins de leur ménage. Ils se métamorphosent alors en hommes à part entière (ichininmae no otoko).
De son côté, une femme japonaise est supposée se marier, porter et élever des enfants. On espère d’elle qu’elle remplisse le rôle folklorique de la mère nipponne en s’occupant du foyer : éduquer les petits, piloter leur enseignement, opérer les corvées de nettoyage… L’influence confucéenne subsiste : la perpétuation de la famille est estimée comme l’une des facettes les plus importantes des ménages nippons.
La famille traditionnelle japonaise n’est donc pas, par nature, favorable à l’homosexualité. Certains parents exigent que leurs progénitures conduisent une vie hétéronormative en se mariant au plus vite et en ayant des enfants (qui auront des petits-enfants). S’écarter de ce destin tout tracé pourrait altérer le regard des autres (sekentei), grande phobie des Japonais.
L'homophobie dans le Japon contemporain
Les 10 dernières années ont été l’occasion d’observer de réelles avancées dans la perception et la tolérance des citoyens japonais. Cependant, force est de constater que l’homophobie reste systématique au pays du soleil levant. On en distingue deux types :
- l’homophobie silencieuse (otonashii) : la suppression de ses sentiments intérieurs pour se confondre à une norme socialement acceptée. L’idéologie hétéronormative étant bien sûr dominante dans tous les coins de la société japonaise ;
- l’homophobie familiale (uchi) : la famille est estimée comme unité de base de la société japonaise. C’est un terrain fertile pour l’expression de convictions homophobes, souvent par crainte de la non-poursuite de la lignée ; ou pour ne pas transformer le ménage en « maison de fous » selon le spécialiste Gorman-Murray. Une étude par Sankei News en 2015 établit que plus de 40 % des parents japonais trouveraient « désagréable » d’apprendre que leur enfant est gay. Entre 10 et 20 % d’entre eux répliqueraient de la même approche s’il s’agissait de leur voisin ou d’un collègue de travail homosexuel.
Une recherche conduite par le World Value Survey entre 2010 et 2014 met en évidence que l’écart générationnel dans les attitudes envers l’homosexualité au Japon est le plus important parmi 57 États développés du monde. On remarque à cet effet que les jeunes Japonais (dans la vingtaine) sont autant, si ce n’est plus, favorables à l’homosexualité que dans certains pays où le mariage est légalisé. Les seniors (plus de 60 ans) se montrent bien moins tolérants.
Les aînés nippons furent éduqués dans une époque qui n’était pas réputée pour son ouverture sociale. Le dictionnaire standard Kōjien définissait l’homosexualité en tant que « désir sexuel anormal » jusqu’en 1991. Elle était traitée comme une « maladie mentale » par la Société japonaise de psychiatrie et de neurologie jusqu’en 1995.
Le site Nippon.com se montre encore plus critique en dénonçant des « préjugés profondément enracinés et la discrimination contre les minorités sexuelles » au Japon. De sérieux problèmes qui sont maquillés sous une acceptation superficielle dans les divertissements populaires. Des étudiants « démasqués » comme gays se sont donnés la mort, par exemple en 2015. Ils avaient subi d’innombrables marginalisations et moqueries, en particulier sur les réseaux sociaux. Le manque de réaction de la part des établissements et des institutions est pointé du doigt.
Comment expliquer une telle hétérogénéité ? Il est indéniable que les nouveaux médias ont influencé l’enfance des jeunes générations. En un sens, ils normalisent les différentes sexualités et orientations sexuelles. Les mangas en sont un bon exemple : les yaoi (relations entre deux hommes) et yaoi (relations entre deux femmes) sont très en vogue au Japon comme en France. D’autres thèmes adultes comme le futanari (représentation d’une femme avec un organe génital masculin, ou hermaphrodite) sont l’objet de fantasmes pour un nombre considérable de personnes.
Des traitements qui poussent au suicide
Dans une nouvelle enquête (menée par ReBit) publiée le 24 octobre 2022, près de la moitié des enfants et des jeunes LGBT ont songé au suicide au cours de l’année 2022. On apprend aussi qu’un jeune LGBTQ sur 7 âgé de 12 à 19 ans a tenté de se suicider au cours de l’année écoulée. L’analyse révèle que les personnes concernées sont systématiquement blessées dans les conversations quotidiennes, notamment lorsque leurs parents se réfèrent aux minorités sexuelles. Elles se sentent isolées, car elles ne peuvent consulter de soutien émotionnel ou psychologique.
Les résultats témoignent également que 40,4 % de l’ensemble des répondants ont pensé au suicide au cours de l’année écoulée. Quelque 48,1 % des sondés de moins de 20 ans ont songé à se suicider au cours de cette même période. On peut souligner aussi que 14 % sont passés à l’acte (tentative de suicide) et 38,1 % se sont fait du mal (violence physique).
Un peu plus de la moitié des personnes interrogées (52,5 %) affirme avoir souffert de problèmes de santé ou de troubles mentaux au cours de l’année écoulée. Quelque 56 % des répondants de moins de 20 ans ont ressenti une détresse psychologique au Japon, à égalité avec des troubles de l’humeur ou des troubles anxieux au cours du mois précédent. Enfin, près de la moitié des répondants dans la vingtaine et dans la trentaine ont affirmé avoir ressenti de la détresse.
Quoi qu’il en soit, les résultats de l’enquête pointent vers un évident manque de sentiment de sécurité chez les répondants, que ce soit à la maison, au travail ou à l’école. Au total, près de 92 % ont soutenu qu’ils ne pouvaient pas converser de leur sexualité à leurs tuteurs ou leur famille. Dans le même temps, 89 % ont affronté des difficultés telles que leurs parents opérant des remarques négatives ou dépeignant un comportement terriblement négatif envers les personnes LGBTQ.
Tous les milieux sont concernés, en particulier l’école qui est catalyseur de friction et de malaise. La période scolaire est vécue comme un épisode douloureux pour 70,7 % des élèves du collège, du lycée et de l’université qui rapportent avoir vécu des expériences désagréables. Pas moins de 33,6 % des élèves affirment avoir été victimes d’expériences très négatives causées par le personnel de l’école et les enseignants qui exécutaient des remarques orales ou qui adoptaient un comportement non adéquat.
La double vie
Les Japonais craignent le jugement. Encore plus celui à travers le prisme de leur sexualité. Chacun désire être apprécié pour son travail. Dévoiler une différence dans l’orientation sexuelle pourrait remettre en cause le fragile équilibre d’une relation professionnelle ou familiale. Beaucoup de Japonais se réclamant de la communauté LGBT optent pour ne pas divulguer leur préférence sexuelle. Certains font le choix de se marier avec le sexe opposé.
Une étude publiée en 2020 révèle que moins d’un cinquième (17,6 %) des membres de la communauté LGBT ont décidé de faire leur coming out à leurs collègues de profession. La première inquiétude est le traitement possiblement différent une fois l’aveu fini. Cela suppose une discrimination dans les entreprises. En pratique, ce sont surtout des bavardages et des mauvaises blagues que des sentiments homophobes.
La crainte d’un ostracisme ou d’un isolement social reste bien concrète. Un nombre important de résidents nippons LGBT fait le choix de se comporter comme célibataire. Au pire, on se fera tancer pour ne pas avoir trouvé de compagnon lorsque l’on atteint un âge vénérable. Dans un excellent article du Monde (payant), un père de famille de 40 ans estime que « révéler mon attirance pour les hommes, c’est bousiller ma famille et me créer des problèmes au travail ».
Même les associations LGBT+ ne préconisent pas toujours le coming out. Celui-ci peut générer plus de difficultés que de solutions. Tout le contraire de l’Occident qui le considère comme un cheminement vers la liberté. L’option retenue par bon nombre de Nippons est de vivre en cloisonnant les trois cercles de vie : familial, privé, professionnel.
Le manquement de l'éducation sexuelle
L’éducation sexuelle dans les écoles japonaises est en retard sur la plupart des pays développés du monde. Elle demeure superficielle lorsqu’elle est dispensée. Les représentations du corps humain qui servent à illustrer le changement de morphologie à l’âge adulte sont souvent habillées ! Au-delà de la question du développement du corps, il est nécessaire d’évoquer les relations sexuelles, les droits de diversité et l’égalité des sexes. Le Japon ne le fait pas.
Contrairement à la France, le Japon n’enseigne rien sur les phénomènes biologiques et scientifiques de la reproduction humaine. Les écoliers japonais n’ont aucune notion du rôle des chromosomes dans la détermination du sexe d’un fœtus. Les relations humaines ne sont pas traitées. Encore moins la démarche pour enfiler un préservatif. Bref, rien qui ne permette d’apprendre à se protéger et de comprendre l’autre.
La situation était pourtant différente dans les années 90. L’éducation sexuelle japonaise figurait comme l’une des plus avancées d’Asie. Les politiques étaient poussées par la peur du sida en 1985 (qui stigmatisa les gays comme des vecteurs de transmission). Les collégiens s’instruisaient à cerner les pulsions sexuelles, les bons comportements, les rapports sexuels, les maladies sexuellement transmissibles. La régression s’explique par une campagne conduite en 2003 qui souhaitait en finir avec l’éducation sexuelle.
Les responsables, une poignée de membres de l’assemblée métropolitaine de Tokyo, avait été scandalisée d’apprendre que l’école enseignait la sexualité à des enfants handicapés mentaux. Ce genre d’affaires publiques s’est reproduit à de nombreuses reprises et cela a mené à une refonte des programmes.
La charge de vulgarisation de la sexualité incombe alors aux parents. Ces derniers n’abordent presque jamais le sujet, considéré comme tabou et ultrasecret. Un jeune garçon homosexuel n’osera bien souvent pas se confier à son cercle familial. Il risquerait de déstabiliser l’équilibre et de ne pas être accepté. Beaucoup intériorisent et se cachent dans la solitude.
La surprenante acceptation homosexuelle dans l'histoire japonaise
Les relations homosexuelles ont existé pendant des millénaires au Japon. Les archives attestent de rapports entre deux hommes dès l’Antiquité. Les pratiques homosexuelles étaient qualifiées de différentes façons :
- 衆道 shudo (abréviation de 若衆道 wakashudō), « la voie de l’éveil du jeune homme » désigne les relations homosexuelles dans les œuvres anciennes.
- 男色 nanshoku (qui peut être lu danshoku), « couleurs masculines », utilisé pour nommer le sexe entre deux hommes à une époque prémoderne.
Quand religions et homosexualité sont compatibles
Le Japon est un pays qui s’est structuré autour de la religion shintoïste. Celle-ci ne conditionnait pas les adeptes à un code de moralité spécifique. Le sexe était alors estimé comme un phénomène naturel dont il faut profiter, certes avec peu d’inhibition. L’homosexualité n’était pas réprouvée. C’est ainsi que l’on identifie d’innombrables références littéraires qui mentionnent l’amour homosexuel. Cependant, rien n’est explicite, tout est subtil.
Le très célèbre roman Le Dit du Genji en est une bonne illustration. Il a été écrit au début du XIe siècle. On constate que les hommes sont souvent émus par le charme des plus néophytes. Une scène détaille le rejet d’une femme au profit d’un jeune amant.
Les journaux intimes rédigés pendant l’ère 平安時代 Heian (794-1185) sont plus évidents. Les pratiques homosexuelles sont explicitées. Les empereurs sont même impliqués dans certains actes gays avec « des beaux garçons retenus à des fins sexuelles ».
Le bouddhisme, second courant religieux japonais, a été le théâtre de nombreuses relations pédérastes homosexuelles. Les scènes se déroulaient dans un monastère bouddhiste. Il s’agissait d’une liaison structurée par âge où le partenaire le plus jeune nommé 稚児 chigo n’était pas encore estimé comme un adulte. Le plus âgé était un prêtre, un abbé ou un moine qui faisait office de 念者 nenja (amant, admirateur).
L’affaire devait être menée dignement et avec sérieux. Le nenja pouvait formuler un vœu de fidélité. Les moines bouddhistes japonais étaient considérés comme particulièrement amateurs de prostitués masculins (陰間, kagema) en dehors des monastères.
Samouraï
La caste des samouraïs, les guerriers japonais, a par la suite développé une liaison similaire. Il s’agit aussi d’une association d’un nenja plus âgé et d’un chigo plus jeune. Si le garçon était consentant, l’homme était autorisé à le prendre comme amant jusqu’à ce qu’il atteigne la majorité. Cela adoptait la forme d’un contrat de fraternité exclusif : les deux personnes étaient contraintes de se jurer de n’avoir aucun autre compagnon masculin.
L’activité sexuelle avec une femme n’était pas prohibée. Lorsque le garçon atteint sa majorité, la relation devait se terminer. Idéalement, elle se transforme en une « amitié à vie ». Chacun est alors libre de partir à la recherche d’un nouvel amant.
L'homosexualité exhibée dans l'art nippon
Les représentations de l’homosexualité sont nombreuses dans les ouvrages littéraires ainsi que dans les estampes.
- le poète Ihara Saikaku crée un personnage principal bisexuel dans son Kōshoku Ichidai Otoko ;
- l’écrivain Jippensha Ikku met en scène une relation gay ;
- l’auteur Ueda Akinari développe un moine bouddhiste homosexuel dans Ugetsu Monogatari ;
- les artistes Hokusai ou Hiroshige documentent de tels amours dans des estampes érotiques 春画, shunga « images du printemps ».
L’homosexualité au Japon n’écartait pas systématiquement l’hétérosexualité. Les représentations dans les estampes érotiques exposent régulièrement des images de jeunes femmes rattachées à des travestis masculins et de jeunes adolescents homosexuels. On considérait les demoiselles attirées à la fois par l’homosexualité et le travestissement. Il semble que l’inverse soit tout aussi vrai.
Il y avait donc, dans les faits, un grand nombre de personnes bisexuelles au sens moderne de la terminologie. Les hommes strictement homosexuels sont parfois désignés 女嫌い, onna-girai, littéralement les « haïsseurs de femmes ». Le terme est néanmoins galvaudé, car il porte la connotation d’un dégoût non dissimulé des femmes, dans tous les contextes sociaux. Cela ne relève pas de la simple préférence pour des partenaires sexuels masculins.
Modernisation du Japon
La restauration de Meiji équivaut à une période de modernisation du Japon. Le pays du soleil levant veut paraître civilisé aux yeux de l’Occident. On remarque dès lors une animosité croissante envers les pratiques homosexuelles. Elles ont cependant continué, parfois sous de nouvelles formes. La caste des samouraïs est devenue l’expression dominante de l’homosexualité durant cette époque.
La tolérance a graduellement décliné. Le code judiciaire 鶏姦 keikan de 1873 criminalisait les comportements homosexuels et surtout la sodomie. Le domaine de la sexologie était en plein essor. Il était très critique à l’égard de l’homosexualité en se calquant sur les doctrines occidentales.
Les sexologues japonais ont alors soutenu que des hommes s’engageant dans une relation homosexuelle adopteraient toujours des particularités féminines. Ils développeraient même une personnalité psychique caractéristique d’une femme. Plus invraisemblable encore, ils ont affirmé que l’homosexualité allait dégénérer en androgynie : le corps s’apparenterait progressivement à celui d’une femme (timbre de la voix, texture des cheveux, composition musculaire, croissance des poils, mammaire…).
Finalement, les unions homosexuelles seront dépénalisées rapidement, en 1880. Un code pénal façonné sur le code napoléonien entre en vigueur. La plupart des préfectures nipponnes reconnaissent que la majorité sexuelle est identique, que l’on soit homosexuel ou hétérosexuel.
La transidentité
La Diète (parlement japonais) a promulgué en 2003 la première loi traitant de la dysphorie de genre. Une personne peut changer légalement de genre sur le livret de famille (koseki) en remplissant diverses modalités jugées humiliantes par la World Professional Association for Transgender Health (WPATH) :
- un avis médical délivré par au moins deux médecins diagnostiquant une dysphorie de genre ;
- l’obligation d’être opéré et stérilisé ;
- l’interdiction de se marier ;
- l’interdiction d’avoir un enfant mineur (qui sera amendée par une loi de 2008).
Ces conditions posaient de nombreux dilemmes aux personnes qui s’identifiaient comme d’un genre différent du sexe qui leur était attribué à la naissance. La loi définissait la transidentité comme un individu forcément opéré, accroissant ainsi le sentiment d’isolement et d’illégitimité qui accablait des milliers d’êtres humains au Japon.
Le 25 octobre 2023, un tournant majeur a été atteint lorsque la Cour suprême du Japon a déclaré inconstitutionnelle l’exigence d’une chirurgie pour le changement de genre. Cette décision a été accueillie avec soulagement par de nombreux défenseurs des droits des personnes transgenres et a marqué une étape importante vers la reconnaissance et le respect des droits des personnes trans au Japon.
Une enquête pilotée par Katsuki Harima, le directeur de la clinique Harima dresse un constat effrayant : plus de 60% des personnes transgenres interrogées ont pensé au suicide. Environ 10 % d’entre elles sont déjà passées à l’acte.
Une étude de l’Université de Waseda en 2019 mentionne que 65% des personnes transgenres ont éprouvé des difficultés à l’embauche liée à leur dysphorie du genre. Le monde du divertissement est plus inclusif. On trouve des individus transgenres parmi les hôtesses femmes des bars huppés de Ginza !
La vie quotidienne n’est pas de tout repos, au travail, à l’école ou en milieu familial. On est contraint de se conformer aux codes vestimentaires, définis en fonction du genre inscrit sur le livret de famille. Une personne qui naît femme doit revêtir un tailleur lors d’un entretien. Il en va de même pour les toilettes.
Les grandes villes sont considérées comme des refuges par ces personnes marginalisées. Les réseaux sociaux permettent des rassemblements et des mouvements d’entraide (comme Stonewall Japan). Sont notamment mentionnées les entreprises qui adoptent une politique d’inclusion de la diversité, les recours juridiques ou des recommandations en matière de santé.
Face à l’inaction alarmante du gouvernement japonais, les firmes ont décidé de prendre les devants. Des modalités spécialisées sont embrassées pour encourager la différence et le bien-être des employés. Beaucoup font le choix de promouvoir des événements à l’instar de la Tokyo Rainbow Pride. Certaines interdisent les discriminations envers les personnes se rattachant à la communauté LGBT comme Kirin Holdings.
Un nombre croissant de personnalités dévoilent leur transidentité :
- Tomoya Hosoda, élu au conseil municipal d’Iruma en 2017 ;
- Toshimi Tanio, présentatrice du programme News Zero ;
- Genking, actrice et modèle ;
- Ai Haruna, chanteuse du concours Miss International Queen.
Plus de 950 individus ont réalisé une demande pour réviser leur État civil en 2019. Leur chiffre ne cesse de grimper au fil des années (97 en 2004, 800 en 2014…). Le total cumulatif englobe 9625 personnes en 2019 et dépasse sans surprise les 10 000 en 2022. Depuis 2014, entre 800 et 1000 âmes se lancent annuellement dans les démarches.
Décision historique en juillet 2023
Dans une décision historique, la Cour suprême du Japon a déclaré illégal de restreindre l’utilisation des salles de bains par une femme transgenre travaillant au ministère de l’Économie, annulant ainsi une décision de justice inférieure. Il s’agit de la première décision de la plus haute juridiction du pays concernant l’utilisation des salles de bains par les minorités sexuelles.
La décision, prise à l’unanimité par les cinq juges de la Cour, marque une avancée significative pour les conditions de travail des personnes transgenres et pourrait avoir des répercussions sur la manière dont les entreprises et les ministères gouvernementaux gèrent des affaires similaires à l’avenir. Cette décision met en évidence la nécessité de créer une société diversifiée et critique le fait que les inquiétudes des collègues de la plaignante n’ont pas été prises en compte de manière légitime pour continuer à restreindre son accès aux salles de bains. Le gouvernement devra maintenant reconsidérer sa position après le rejet de son argumentaire.
Cette décision est une victoire importante pour les droits des personnes transgenres au Japon et pourrait contribuer à sensibiliser davantage la société à leurs problématiques. Cela soulève également des questions sur la manière dont les entreprises et les institutions devraient aborder les questions de genre et de diversité, et pourrait inciter à l’élaboration de directives plus claires sur l’utilisation des salles de bains par les personnes transgenres. Cette décision intervient dans le contexte de l’adoption récente d’une loi controversée visant à lutter contre la discrimination envers les personnes LGBTQ+ au Japon, et témoigne d’une évolution progressive vers une plus grande reconnaissance et protection des droits des minorités sexuelles dans le pays.
Les rencontres LGBT
Faire des rencontres LGBT au Japon relève du même déroulement qu’en Occident. Les applications Internet de « match » comme Tinder, Grindr ou 9monsters sont les plus célèbres. On rencontre facilement des partenaires, qu’ils soient éphémères ou non. Il existe de nombreuses applications de réunion dédiées aux lesbiennes comme HER, LMap et LBT Chat.
Les démonstrations publiques d’affection sont impopulaires au Japon. Cela s’étend à la fois aux couples homosexuels et hétérosexuels. Il n’est cependant pas rare de voir deux femmes se tenir la main en pleine rue. Le Japon incarne une formidable destination pour des voyageurs LGBTQ+. Il s’agit d’un pays sûr avec une majorité d’habitants favorables aux différentes orientations sexuelles.
Il est tout à fait possible de faire des rencontres amicales avec des personnes hétérosexuelles. Beaucoup de Japonais ne réagiront pas (négativement ou positivement) si un couple homosexuel se présente à eux. Ils considéreront plutôt que cela ne les regarde pas. La courtoisie est de mise. Les mentalités nipponnes soutiennent plusieurs mouvements faisant fi des genres : cosplay, mode unisexe, métrosexualité… Les nombreux médias contemporains en font régulièrement l’éloge public.
Les grandes villes (Tokyo et Osaka en tête) sont les plus développées en matière d’inclusion. Des dizaines de bars LGBT friendly sont éparpillés dans les quartiers où se regroupent ces communautés de genre. Pour autant, il subsiste certains interdits : les love-hotels refoulent presque toujours les couples de même sexe.
L’arrière-pays japonais est certes moins au fait des différentes orientations sexuelles, mais il n’est pas non plus à bannir pour des visiteurs LGBT. Les Japonais sont traditionnellement accueillants et ouverts aux minorités. Des dizaines de blogs tenus par des ménages gays comme onceuponajrny en sont les meilleurs exemples : il est tout à fait possible de faire du stop dans les campagnes nipponnes, réaliser des rencontres à tous les âges et ne jamais se sentir persécuté.
Voici les principaux événements LGBT célébrés au Japon :
- レインボー・リール東京 Rainbow Reel Tokyo, chaque année en juillet depuis 1992 ;
- レインボーフェスタ Kansai Rainbow Festa, chaque année en octobre depuis 2006 ;
東京レインボープライド Tokyo Rainbow Pride, chaque année en avril ou mai depuis 2012 ; - 九州レインボープライド Kyushu Rainbow Pride, chaque année en novembre depuis 2014 ;
- さっぽろレインボープライド Sapporo Rainbow Pride, chaque année en septembre depuis 2017.
Voyager au Japon en étant transgenre ?
Voyager en tant que personne transgenre peut être une expérience stressante, indépendamment de la destination. Au Japon, malgré des avancées significatives dans la reconnaissance des droits des personnes transgenres, des défis demeurent. Voici quelques éléments à prendre en compte :
Respect de la culture locale : Les Japonais sont généralement polis et discrets. Toutefois, en dehors des grandes villes, la compréhension et l’acceptation de la transidentité peuvent être limitées. Il est donc recommandé de se montrer respectueux des traditions et coutumes locales.
Toilettes publiques : Les toilettes sont souvent séparées par genre. Certaines grandes villes offrent des toilettes mixtes ou « tout genre », mais elles ne sont pas courantes. Il peut être préférable pour une personne transgenre de repérer à l’avance les établissements offrant de telles installations.
Onsen (bains thermaux) : Les onsens sont une partie essentielle de la culture japonaise. Cependant, ils sont généralement séparés par genre et nécessitent de se dévêtir complètement. Il est conseillé aux personnes transgenres de rechercher des onsens privés ou des établissements spécifiquement inclusifs.
Hébergement : Bien que la discrimination soit illégale, certaines auberges ou hôtels pourraient ne pas être aussi accueillants que d’autres. Il peut être utile de vérifier les avis en ligne ou de réserver dans des lieux réputés pour être LGBTQ+ friendly.
Carte d’identité et documents de voyage : Assurez-vous que vos documents de voyage correspondent à votre présentation de genre pour éviter tout malentendu ou complication lors de contrôles.
Réseaux et soutien : Il existe plusieurs organisations et groupes de soutien pour les personnes LGBTQ+ au Japon. Avant votre voyage, renseignez-vous sur ces ressources qui pourraient vous être utiles en cas de besoin.
Langue : Avoir quelques phrases clés en japonais peut faciliter la communication, surtout si vous vous trouvez dans une situation délicate ou si vous devez expliquer votre identité.
Qu’en penser, donc ? Eh bien, le Japon est un pays bien particulier. Comme dans de nombreuses sociétés, les normes de genre y sont fortement ancrées. Bien que le pays avance à grands pas vers une plus grande inclusivité, il reste des défis pour la communauté transgenre. Les voyageurs transgenres sont invités à aborder le Japon avec ouverture d’esprit, tout en étant préparés et informés. Malgré les obstacles possibles, avec une planification attentive et une compréhension des ressources disponibles, le Japon peut offrir une expérience de voyage inoubliable et profondément enrichissante.
Vocabulaire LGBT
Voici un lexique non exhaustif des principaux termes employés dans les communautés LGBT au Japon. Nous indiquons le mot en français, le romaji (lecture du japonais en lettres latines), les kanji (idéogrammes japonais) ou les kana (syllabaires japonais, utiles pour les mots d’origines étrangères).
Français | Romaji | Japonais |
---|---|---|
Homosexuel | homo | ホモ |
Gay | gei | ゲイ |
Hétérosexuel | nonke | ノンケ |
Amour homosexuel (romantique et/ou sexuel) | dousei ai | 同性愛 |
Lesbiennes | 'bian | ビアン |
Lesbiennes | rezubian | レズビアン |
Abréviation de l'anglais "sexual minority" = LGBTQ+ | sekumai | セクマイ |
Mariage entre personnes de même sexe | dousei kon | 同性婚 |
Une femme lesbienne masculine, un travesti ou un homme trans | onabe | おなべ |
Un homme gay efféminé, un travesti ou une femme trans | okama | おかま |
Bisexuel | bisekusharu | バイセクシャル |
Bi | bi | バイ |
Transgenre | toransujenda | トランスジェンダー |
Trans' | toransu | トランス |
Transgenre (terme plus médical) | seidoitsuseishogai | 性同一性障害 |
Femme à homme (s'identifie comme homme, né femme) | efu tsu emu | FTM |
Homme à femme (s'identifie comme femme, née homme) | emu tsu efu | MTF |
Queer | qia | クィア |
Genderqueer | ekusu jenda | X ジェンダー |
Intersexe | intasekusu | インターセックス |
Androgyne | chusei | 中性 |
Asexuel | asekushuaru | アセクシュアル |
Asexuel | museiai | 無性愛 |
Cacher son orientation sexuelle | kuroozetto | クローゼット |
Coming out | kamingu auto | カミングアウト |
Toute chirurgie liée au transgenre | kouji | 工事 |
Crossdressing | iseisou | 異性装 |
Crossdressing homme-femme | josou | 女装 |
Crossdressing femme-homme | dansou | 男装 |
Travesti masculin | josoko | 女装子 |
Travesti féminin | dansouko | 男装子 |
Orientation sexuelle | seiteki shikou | 性的指向 |
Dysphorie de genre | seibetsu iwa | 性別違和 |
Transition de genre | seibetsu ikou | 性別移行 |
Hermaphrodite | futanari | 二成 |
Discrimination | sabetsu | 差別 |
Sexisme | seisabetsu | 性差別 |
Transphobie | toransufobia | トランスフォビア |
Gay Pride | gei puraido | ゲイ・プライド |
LGBTQ+ Pride | LGBTQ+ puraido | LGBTQ+プライド |