Les Japonais sont généralement décrits comme des personnes extrêmement amicales, polies et prévenantes. Elles sont donc gentilles à l’égard du moindre étranger (qui plus est lorsqu’il est Français) qui se rend au Japon et visite l’archipel. Cependant, c’est une généralité qui ne s’applique pas partout. Voyons ensemble dans cet article pourquoi les Japonais sont gentils, ainsi que d’autres éléments à savoir.
Les Japonais, des humains très polis
C’est tout simplement l’une des premières choses que vous découvrirez en visitant le Japon. Les Japonais sont extrêmement polis (trop, d’après certains). Si vous complimentez un Japonais, il va immédiatement vous contredire en disant « non, ce n’est pas vrai, je ne suis pas si bon ». Certains iront même jusqu’à s’excuser si vous les complimentez. On identifie rapidement une culture de l’excuse et la politesse est poussée à l’extrême. Chacun doit bien se comporter en maitrisant de nombreux codes sociaux et hiérarchiques. Nous vous invitons d’ailleurs à consulter nos articles sur les règles de politesse, étiquettes et normes comportementales au Japon.
Cependant, gardons en tête que les Nippons sont des humains, comme nous. La culture locale influence grandement la manière d’aborder des inconnus, qui plus est des Occidentaux. Quand des Japonais s’adressent à des inconnus, ils prennent soin d’accorder toute leur attention. Ils vous font généralement face, quittent leurs appareils portables et hochent régulièrement la tête lorsque vous les remerciez. C’est très appréciable, puisque l’on se sent écouté et compris.
Pour les Japonais, le pays et la famille sont considérés comme plus importants que soi. Cette idée découle des enseignements de Confucius. Pendant des siècles, les Nippons ont appris dès leur plus jeune âge qu’ils devaient être des membres responsables de leur famille et de leur pays. Aujourd’hui encore, c’est vrai, notamment dans les milieux les plus conservateurs. Chacun se doit de servir les besoins des autres avant les siens. En conséquence, les gens sont devenus obéissants et relativement passifs. Ils sont habitués à voir leur vie régie par des règles.
Ce conditionnement sous-jacent profite à un étranger qui va demander des services au Japon. Chacun souhaite aider son prochain en faisant bien attention à son apparence et surtout à l’idée que l’on renvoie. Non seulement on doit représenter de la meilleure façon son clan, sa famille ou son entreprise, mais aussi le Japon ! Il est donc logique que votre interlocuteur japonais soit très serviable et vous aide au-delà de vos attentes…
La jeune génération
Avant de passer à une partie qui critique en règle de tout un pan de la communication au Japon, abordons rapidement le cas des plus jeunes interlocuteurs japonais. Si vous allez visiter le Japon pendant vos vacances ou dans le cas d’un échange universitaire, vous serez majoritairement confronté à des gens de votre âge. Les personnes qui ont entre 20 et 35 ans échangeront avec des Japonais de la « nouvelle génération ».
Cette nouvelle génération de personnes s’oppose aux « anciens » qui ont connu les déboires de l’économie japonaise dans les années 1990. Elle se caractérise par une attitude plus favorable aux étrangers. Elle est aussi moins investie dans la politique nationale. Ces jeunes, à l’image de leurs équivalents français, sont nés dans une période de transition numérique. Ils connaissent par cœur le code des réseaux sociaux et des usages digitaux. Rappelons que le Japon possédait déjà Internet sur les téléphones à clapet !
Cette plus grande connaissance de l’extérieur (comprenez : tout ce qui est externe au Japon) facilite grandement la compréhension et la communication. Les personnes qui fréquentent des universités, des bars pour jeunes, des réseaux sociaux ou des environnements propices auront plus de facilité à se faire des amis. Les jeunes Japonais ont très souvent une forte appétence pour tout ce qui provient de l’étranger. La France est d’ailleurs l’objet de fascination, et ce parmi toutes les couches de la société nipponne.
Pour autant, sont-ils tous plus gentils que les « vieux Japonais » ? Bien sûr que non ! Dans les faits, il n’y a pas de différence. Cependant, la jeune génération est souvent considérée comme plus à même de surmonter les différences culturelles, de faciliter votre intégration au Japon et de se mettre à votre place. C’est avec elle que vous pourrez aborder des sujets sensibles tels que le racisme, la discrimination, les différences ethniques ainsi que les problèmes de fond.
Là encore, ne nous engouffrons pas dans la généralité toute faite. Ce que nous avançons dans les lignes ci-dessus est un ressenti général partagé par des dizaines d’interlocuteurs familiarisés avec le pays du soleil levant. Il y a de fortes chances pour que vous rencontriez des Japonais âgés, tout à fait ouverts d’esprit et agréables avec vous !
Une façade ?
Les Japonais sont très gentils avec les voyageurs occidentaux dans leur grande majorité. Ils sont aimables, vous renseignent avec générosité et font leur possible pour que vous vous sentiez à l’aise. Cela est applicable dans les établissements occidentaux comme dans les milieux plus authentiques (les ryokan, notamment). Toutefois, certains n’hésitent pas à parler de façade pour caractériser et critiquer cet aspect des Nippons. Serait-ce un numéro d’acteur ?
Cela est particulièrement vrai lorsque vous passez du statut de voyageurs de temporaire à un résident permanent (ou de longue durée). Lorsque l’on habite au Japon un peu plus d’un mois, on va lentement être confronté au problème sous-jacent du racisme passif des Japonais et de la xénophobie ambiante. Cela ne concerne évidemment pas tout le monde, et c’est un problème qui s’efface peu à peu avec les nouvelles générations. Cependant, que vous maîtrisiez le japonais de façon courante ou non, vous allez vous retrouver confronté à un mur, une barrière qu’il vous sera impossible de franchir : celle de l’acceptation universelle dans la société japonaise. Vous êtes un étranger à la base, vous resterez un étranger.
Alors bien sûr, les Japonais restent polis dans la majorité et leur xénophobie ne va pas se manifester de manière frontale, avec des critiques et des insultes à haute voix. Cela s’exprime davantage dans la subtilité des manières. L’appréhension face à un gaijin (étranger), les petits regards furtifs sur le côté lorsque vous remarquez que quelqu’un vous fixe, l’obstination avec laquelle certains interlocuteurs font mine de ne pas comprendre votre japonais, le refus pour l’accès à des logements ou à un travail… Les exemples sont courants et peuvent vous ronger le moral à force d’y être confrontés.
Tous les Japonais ne sont pas si désireux que ça de comprendre ou d’apprendre à connaître les étrangers. La plupart sont à l’aise et heureux dans leur environnement natal. Ils ne montrent aucun intérêt à apprendre d’autres cultures. Là encore, c’est une généralité qui est superposable à une bonne partie des personnes entre 35 et 80 ans. Les nouvelles générations y sont moins confrontées, puisque davantage connectées avec le monde via les réseaux sociaux notamment.
Il est difficile de parler de racisme, tant le mot est trop puissant pour qualifier l’attitude des Japonais à l’égard des étrangers. La xénophobie est plus appropriée, mais sa manifestation est moins abrupte que dans nos sociétés occidentales. Les Japonais sont naturellement polis, introvertis et prévenants. Ils n’expriment pas facilement des opinions extrêmes ou du racisme. Le citoyen ordinaire n’ira jamais jusqu’à vous insulter dans la rue ou à vous traiter avec hostilité du fait de votre nationalité étrangère. Mais en même temps, la xénophobie existe à un niveau très profond dans la société japonaise. L’éducation nationaliste qui se renforce d’année en année ne risque pas de faire changer la donne…
🏛️ Est-ce que le Japon est une démocratie ?