Nara est une ville japonaise, chef-lieu du département de Nara (Nara-ken). Elle est principalement connue pour avoir été l’ancienne capitale impériale du Japon. Elle compte aujourd’hui plus de 371 000 habitants et reste une destination touristique de choix pour les locaux et les touristes étrangers.
Une histoire mouvementée
La ville de Heijo-kyo a été édifiée sur le plateau de Yamato en 710. Elle se renommera Nara bien des siècles plus tard. Les premières fondations reprenaient les plans de la ville des Tang en Chine : un carré d’environ 4,5 km de côté et divisé en plusieurs damiers, des blocs.
La croyance shinto estimait que la disparition d’un empereur dans une ville souillait définitivement cette dernière. Cela explique que le Japon ne disposait pas de capitale fixe pour sa cour impériale jusqu’au VIIIe siècle ! Les mentalités évoluent finalement avec l’arrivée du bouddhisme et son adoption par la population.
Les rites bouddhiques sont progressivement adaptés et, surtout, l’empereur se fait désormais incinérer. L’impératrice Gemmei (662-722) décide alors de transférer la capitale à Nara depuis Fujiwara. Baptisée Heijo-kyo, pour « capitale de la paix », elle devient la première capitale impériale permanente.
Au regard de l’histoire, elle ne le restera que 14 ans, de 710 à 724, contrairement à ce que l’on peut parfois lire sur internet. En effet, l’idée de capitale permanente demeure volatile au Japon et c’est ainsi que plusieurs tranferts sont succinctement orchestrés : à Shgaragi, Yugi, Nagaoka et finalement à Heian-kyo (Kyoto).
Le déménagement de capitale ne correspondait pas systématiquement à une passation de pouvoir. Il est arrivé que cela se produise sous le même empereur. Cela dépendait essentiellement des clans créés et de l’influence de certains monastères bouddhistes du pays. Le monarchisme de cette même foi a d’ailleurs rapidement pris le pouvoir politique à Nara.
Des édifices majestueux et emblématiques comme le Horyo-ji suffisaient à contrôler la cour impériale et donc les grandes décisions. Il est cependant intéressant de marquer plusieurs différences entre la cour impériale japonaise et son équivalent chinois. Au pays du soleil levant, sa population n’était constituée que de fonctionnaires (de la cour) et de moines. Il n’y a aucun remparts physiques et les classes populaires vivent dans les campagnes. Leurs seuls représentants dans la capitale sont une poignée d’artisans et certains domestiques.
En dépit d’un statut de capitale somme toute éphémère, Nara marque les balbutiements d’un développement pluriel de diverses disciplines artistiques : littérature, sculpture, peinture, architecture… La puissance du bouddhisme se développe rapidement et s’exalte comme il le fait si bien en Chine et en Corée. C’est dans cette optique que le Grand Bouddha de bronze est acté en 743 par l’empereur Shomu. Dans la foulée, il entreprend la construction du majestueux Todai-ji pour l’abriter.
Les cerfs et les daims de Nara
Nous sommes nombreux en Occident à connaitre la ville de Nara pour ses daims, devenus célèbres au fil des années. Ils sont situés dans le parc de Nara, un immense complexe qui s’étend sur plus de 500 hectares. Véritable havre de paix (et destination touristique), il serait habité par plus d’un millier de cerfs sika, les shika.
Alors, des cerfs ou des daims ? Nara n’abrite que des petits cerfs… qui ressemblent fortement à des daims ! Au point que beaucoup font l’erreur à l’oral et que désormais, il n’est pas ridicule de parler de « daims de Nara ».
Chacun peut approcher sans crainte ces animaux, habitués à l’homme et qui viendront d’ailleurs vous réclamer une petite friandise. Attention toutefois à ne leur donner que des aliments vendus localement, des crackers de riz, dans le parc !
Les cerfs sont très bien vus dans la mythologie japonaise, ce qui explique certainement leur protection ainsi que leur nature sacrée. La divinité du tonnerre, Takemikazuchi-no-mikoto, est arrivée à Nara en chevauchant un cerf blanc. Il ne fallait alors pas s’aviser de lever la main sur l’un de ces animaux. Jusqu’en 1637, tuer un daim de Nara était passible de peine de mort.
Après la venue des Américains et surtout la nouvelle vision japonaise des suites des traumatismes de la Seconde Guerre mondiale, les mentalités changent. Les cerfs ne sont plus sacrés à proprement parler, mais sont désormais considérés comme des trésors naturels nationaux. Cela suffit à garantir leur protection… jusqu’à ce que de récents scandales éclatent, alors que la pollution plastique engendrée par la multiplication des touristes occasionnent des morts chez les daims.
Terminons tout de même sur une bonne note : les cerfs sont bien traités, sont appréciés et sont de plus en plus protégés par les autorités locales. Il est expressément demandé de ne leur donner que de la nourriture vendue (des galettes de riz) à proximité, dans des échoppes spécialisées. Les daims sont très habitués aux humains et ont repris leurs habitudes : ils savent traverser au passage piéton en attendant le passage des voitures et savent même incliner la tête !
Que faut-il visiter ?
Si Nara n’est pas autant peuplée que d’autres grandes villes japonaises, elle n’en demeure pas moins riche en divertissements et visites culturelles. La plupart des voyageurs en passage à Nara n’y reste qu’une journée, mais il peut être très intéressant d’y séjourner plusieurs nuits. Voici quelques recommandations à ne pas manquer.
Le temple Todaiji
Le Todaiji est l’un des temples les plus célèbres, les plus anciens et les plus importants de l’archipel. Il a été édifié en 752 en tant que temple principal de l’ensemble des temples bouddhistes provinciaux du Japon. Son importance était telle que la capitale impériale a été déplacée de Nara à Nagaoka en 784 pour réduire son influence sur les affaires de l’Etat.
Comme beaucoup d’édifices japonais, il a été détruit au cours de son histoire. Il a été reconstruit en 1692 selon des plans d’origines, même s’il ne représente que les deux tiers des proportions pour sa salle principale : le Daibutsuden.
Cette salle du Grand Bouddha détenait pendant des années le record atypique de plus grand bâtiment en bois du monde. Les visiteurs apprécient toujours prendre en photo le Bouddha assis de 15 mètres de haut en bronze (Daibutsu) en son sein. Il représente Vairocana et il est flanqué de deux Bodhisattvas.
Le musée national de Nara
Le musée national de Nara vous présente une alchimie judicieuse au sein d’un bâtiment s’articulant autour d’une aile ancienne et d’une contemporaine. L’art bouddhique y est, sans surprise, largement représenté et la présentation convient aux voyageurs internationaux. Un billet pour le musée vous donne accès aux deux ailes ainsi qu’à des explications (en japonais ou en anglais), disponibles un peu partout dans le musée.
Plus de 1800 pièces sont conservées depuis 1889, dont 13 trésors nationaux. À cela s’ajoute plusieurs milliers de pièces prêtées, dont d’autres trésors nationaux.
- L’aile ancienne vous présente divers sarcophages remontant à l’époque Kofun (IIIe au VIIIe siècle). On y trouve un style atypique, notamment les haniwa, ces figurines de terre cuite non vernissée.
- L’aile contemporaine n’est pas en reste et présente des statues de l’époque Heian (794-1192). Les plus importantes sont Sonja Binzuru et Gien. La visite se poursuit naturellement avec d’autres créations subjugantes comme le Kannon Senju, le Shaka Nyorai ou la statue couchée de Bouddha.
En plus des collections permanentes du musée, on peut assister à des expositions temporaires. Chaque automne, des évènements sont organisés pour mettre en avant les nombreuses créations impressionnantes du temple Todaiji en exposant ses trésors inestimables.
Le temple Horyu-ji
Le temple Horyuji est sacré dans la confession bouddhiste japonaise, car il a été fondé très tôt, en 607, sur demande du prince Shotoku. Il a joué un rôle de premier plan dans la diffusion de la foi au Japon et reste l’un des plus anciens temples du pays. Surtout, sa structure en bois est l’une des plus âgées du monde. Il a été sacré site du patrimoine mondial en 1993.
Les touristes aiment visiter le quartier ouest qui abrite les plus anciennes structures en bois du monde, dont la porte centrale Chumon, le hall principal Kondo ainsi qu’une pagode à cinq étages. Cela nous fait remonter à l’époque Asuka (538-710). C’est essentiellement une rareté au Japon, car les bâtiments d’origines sont toujours debout, dans un pays où les guerres et les catastrophes naturelles sont récurrentes. Bien sûr, plusieurs rénovations nécessaires ont été réalisées au fil des années.
Nous vous suggérons de ne pas manquer la superbe galerie des trésors du temple, construite en 1998. Elle expose la vaste collection d’art du temple : des statues de Bouddha, des reliques, des œuvres d’art, des peintures…
Omizutori
Chaque année (sauf conditions sanitaires exceptionnelles), il est possible d’assister au Shunie, une série d’événements organisés du 1er au 14 mars temple Todaiji. Les visiteurs bien placés ont la chance de découvrir une collection de rituels de repentance bouddhistes traditionnels depuis 1250 ans.
Rendez-vous donc dans le hall de Nigatsudo, non loin de la salle principale. Le plus célèbre des évènements organisés est sans conteste le Otaimatsu. Il se déroule tous les soirs après le coucher du soleil. Des torches géantes (on parle de longueur entre six et huit mètres) sont portées jusqu’au balcon de Nigatsudo et tenues au-dessus de la foule. La croyance veut que les braises brûlantes, tombant des balcons, offrent aux spectateurs une année sans danger.
Une célébration de seulement vingt minutes, mais qui est, selon nous, à faire au moins une fois si vous en avez la chance. Le moment le plus opportun reste le 14 (le dernier jour) car l’ensemble des torches sont allumées en même temps, encore plus impressionnant ! Certains préféreront le 12, parce qu’il y a plus de torches et la cérémonie s’étend sur 45 minutes…
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