Économie du Japon : politiques, ressources, inflation...

rue-japonaise

Le Japon possède la 3e puissance économique mondiale (derrière les États-Unis et la Chine). Son taux de croissance affiche 0,8 % en 2018. L’économie japonaise est principalement une économie de services. Le secteur tertiaire occupe près de 71 % de la population active et assure 69 % de son PIB. Le produit intérieur brut japonais est équivalent à 6 % du PIB planétaire. Sa valeur estimée en 2017 et de 5405 milliards de dollars. Le PIB en parité de pouvoir d’achat par habitant est de 42 700 dollars, le 41e plus élevé au monde. La population nipponne se chiffre à 126 millions d’habitants.

Politique économique

Le gouvernement japonais opère depuis le début des années 2000 sous un seul mot d’ordre : « sans croissance, il ne peut y avoir de rétablissement des finances publiques ». L’État japonais est cependant entré en récession en 2008 après la crise économique mondiale. Il a dû mettre la main au portefeuille national pour alimenter les plans de relance. 3 ans plus tard, la plus grande catastrophe naturelle du XXIe siècle s’abat sur le Japon en 2011, avec un tremblement de terre historique et un tsunami qui n’a rien laissé sur son passage.

C’est donc un pays partiellement en reconstruction qui doit faire face à de nouvelles problématiques financières depuis 2012. Les divers exécutifs, souvent de droite, ont poursuit une politique de réduction des dépenses publiques. Les sociétés sont systématiquement favorisées. En moyenne, on assiste au cours de la dernière décennie à une hausse des salaires, du sentiment de confiance des entreprises et des ménages envers le gouvernement et à une baisse du yen.

Les Abenomics sont une série de dispositifs économiques engagés en 2013. Elle combine l’expansion budgétaire, l’assouplissement monétaire et la réforme structurelle. Son objectif immédiat est de stimuler la demande intérieure et la croissance du produit intérieur brut, tout en portant l’inflation à 2 %. Des mesures de relance économique ont été entamées à partir de 2013. Celle-ci totalisait 20,2 billions de yens, dont une partie était les dépenses publiques directes. Le gouvernement japonais s’est concentré sur la construction de projets d’installations critiques tels que des ponts, des tunnels et des routes parasismiques.

La 2e politique économique du Premier ministre Shinzo Abe a été d’appliquer une politique monétaire non orthodoxe. Le programme d’achat d’actifs sans précédent de la banque du Japon est au cœur des Abenomics. La banque du Japon a simultanément injecté des liquidités dans l’économie et pour la première fois, elle a poussé certains taux d’intérêt dans le négatif.

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Shinzo Abe

La 3e politique consiste en une série de réformes structurelles qui ont longtemps été retardées. Les exemples les plus concrets sont la réduction des réglementations commerciales, la libéralisation du marché du travail et du secteur agricole, la diminution des impôts sur les sociétés et l’augmentation de la diversité de la main-d’œuvre. L’objectif est de relancer la compétitivité du Japon, d’abord en Asie, puis dans le reste du monde.

Le Japon enregistre 4 trimestres de croissance consécutive en 2016, phénomène inédit depuis 2013. La tendance se poursuit jusqu’en 2020. La crise économique mondiale causée par la pandémie de coronavirus a eu un impact significatif. L’économie du Japon a cependant rebondi en 2021, avec une croissance estimée à 2,6 %, selon le FMI. Cela s’explique par la vigueur des exportations et de la consommation, ainsi que des investissements publics.

Avec l’entrée en vigueur de l’accord commercial de partenariat économique régional global, le FMI prévoit une augmentation du PIB de 3,2 % cette année. Elle sera suivie par une hausse de 1,4 % en 2023. La progression de la consommation privée reste modérée compte tenu de l’atonie des salaires.

Ressources naturelles

Le Japon est un pays qui détient de nombreuses ressources naturelles, mais en petite quantité. La qualité de celles extraites est souvent médiocre, à quelques exceptions près. On trouve du charbon, du minerai de fer, du zinc, du plomb, du cuivre, du soufre, de l’or et de l’argent. Quelques filons de cobalt et de manganèse sont aussi disponibles. Le Japon possède surtout d’importants gisements de calcaire.

En revanche, on observe un manque presque total de nickel, de cobalt, de bauxite, de nitrates, de sel gemme, de potasse, de phosphate, de pétrole brut et de gaz naturel. La plupart des réserves de charbon sont concentrées à Hokkaido et Kyushu. Les gisements de pétrole, stratégiquement déterminants, sont malheureusement maigres. La production nationale représente une fraction négligeable de la consommation du pétrole du Japon. L’importante ceinture pétrolifère et gazière s’étend du nord de Honshu sur la mer du Japon jusqu’à Ishikari-Yūfutsu à Hokkaido.

Le minerai de fer japonais est de mauvaise qualité. Il provient surtout du nord de l’ouest de Honshu. Le cuivre a longtemps été le minerai métallique le plus crucial du Japon. Son exploitation répétitive pendant des décennies a presque complètement épuisé les ressources. L’exploitation minière est une branche bien en déclin dans l’économie japonaise. Les mines sont petites, relativement inefficaces et ne se prêtent pas à l’application des méthodes modernes d’exploitation à grande échelle. La seule exception possible est l’or.

kyoto foret

L’exploitation minière du fer et du cuivre a cessé après les années 2000. Le Japon importe maintenant presque tous ses besoins pour la plupart des minerais. En revanche, l’extraction de calcaire, présent en très grande quantité, est répandue dans tout l’archipel japonais. Durant la période industrielle, le charbon était l’une des ressources les plus essentielles qui étaient prélevées. L’industrie charbonnière est actuellement considérée comme non rentable. Elle est confrontée à la concurrence d’un charbon étranger beaucoup moins coûteux. De plus, son usage a largement décru depuis la Seconde Guerre mondiale, qui a généralisé l’utilisation du pétrole.

L’électricité japonaise est, dans sa majeure partie, générée par des centrales thermiques. Le pétrole a été la source de combustible la plus déterminante pendant des décennies. Aujourd’hui, les centrales électriques brûlant du gaz naturel liquéfié se multiplient. Depuis les années 1970, le gouvernement a promu une politique énergétique qui encourage le développement de l’énergie nucléaire. Elle est privilégiée, car il s’agit d’une source d’énergie non polluante et produite localement. La contribution de l’énergie nucléaire a été rapidement portée à environ 1/3 de la capacité totale de production d’électricité installée du pays. Plusieurs dizaines de centrales sont à présent en activité dans tout le pays.

Environ 68,2 % des terres japonaises sont couvertes de forêts. C’est le 4e pourcentage le plus élevé au monde après le Laos, la Finlande et le Bhoutan. Le Japon a la possibilité d’exporter la majeure partie de son bois vers la Chine, qui ne peut satisfaire pleinement sa demande par ses ressources forestières nationales. En 2015, l’industrie forestière au Japon a produit environ 20 millions de mètres cubes de bois. Cela se traduit par un chiffre d’affaires de quelque 436 milliards de yens. L’industrie représente 0,04 % du PIB du pays. Les forêts nipponnes ont l’avantage de proposer une variété d’arbres de haute qualité et de bonne dimension. 40 % des forêts du pays sont plantées. Cela s’explique par une volonté de reconstruction rapide après la guerre du Pacifique et les bombardements américains qui ont ravagé le pays. Toutefois, cette immense quantité de bois n’a jamais vraiment été utilisée, car les architectes japonais sont vite passés du bois au béton.

La principale ressource naturelle du Japon est le poisson. Les eaux territoriales du pays du soleil levant sont conséquentes. Sa zone économique exclusive est la 6e plus grande au monde, elle couvre environ 4,5 millions de kilomètres carrés. La pêche a toujours été une activité économique majeure de la société japonaise. Le pays est connu pour la pêche hauturière ainsi que la chasse à la baleine. La pêche intérieure au Japon a constamment été centrée sur le marché aux poissons de Tsukiji à Tokyo. C’est l’un des plus gros au monde, en particulier pour le poisson congelé et frais. Le Japon compte plus de 2000 ports de pêche, dont ceux de Nagasaki, Otaru et Abashiri.

Agriculture

riz

Le riz est de loin la culture la plus importante au Japon. Elle est implantée sur les meilleures terres agricoles possibles. Le ministère japonais de l’Agriculture a estimé la superficie rizicole de 2012 et de 2013 à 1,55 million d’hectares. Cela représente 120 000 ha de moins qu’en 2007 et 2008. Les autres cultures entretenues au Japon comprennent le soja, le blé, l’orge et une grande diversité de fruits et de légumes.

Le pays s’appuie sur un climat varié : les régions du nord sont principalement tempérées alors que le sud affiche un climat semi-tropical. Les précipitations sont abondantes (de même que les typhons sont fréquents). Les étés sont chauds et les hivers relativement doux. Hokkaido, l’île la plus septentrionale du Japon, fait figure d’exception avec des hivers redoutables.

Les terres agricoles sont rares au Japon. Elle représente seulement 12 % de la superficie totale du pays. Les efforts sont sans cesse entrepris pour déployer et allonger les superficies cultivables. Des côtes sont artificiellement créées avec du sable et de la terre. Les combats sont continuels pour panser les dégâts des phénomènes climatiques et géologiques. Les séismes sont quotidiens et détruisent souvent des cultures.

Le déclin démographique des paysans au Japon et du manque d’intérêt pour l’agriculture chez les plus jeunes adultes est largement reconnu par les autorités. Les statistiques gouvernementales se penchent depuis une décenie sur le problème. De façon plus globale, l’arrière-pays du Japon se vide progressivement au profit des grandes villes qui concentrent les offres d’emploi. Des dizaines d’écoles ferment chaque année dans les régions rurales.

Tourisme

L’activité touristique est en développement quasi constant depuis deux décennies. La crise économique de 2009 a réduit le nombre de voyageurs étrangers. La catastrophe du 11 mars 2011 (tremblement de terre et tsunami) a amorcé un contrecoup considérable. Le pays s’est ensuite hermétiquement fermé lorsque la pandémie de coronavirus a été annoncée début 2020. Les premières mesures d’ouverture pour les étudiants et les travailleurs ont été entamées à la fin de l’année 2021. Les voyageurs ne sont toujours pas admis pleinement en juillet 2022.

Le total des dépenses effectuées par les touristes au cours de leur séjour en 2015 a dépassé pour la première fois les 3000 milliards de yens. Les vacanciers qui visitent l’archipel sont en grande partie originaires d’Asie, avec plus de 70 % d’entre eux qui proviennent de Corée-du-Sud et de Chine. Les Français, souvent amoureux de la culture du pays du soleil levant, sont un peu plus de 200 000 à débarquer dans les aéroports (en 2015).

La culture populaire du Japon, qui se manifeste surtout à travers les jeux vidéo, les mangas et les dessins animés japonais jouent un rôle majeur dans le développement du tourisme. Selon des sondages menés par Statista entre 2019 et 2020, près d’un quart des touristes américains ont déclaré être motivé à visiter le pays en raison de la culture populaire. Le gouvernement japonais espérait recevoir 40 millions de touristes étrangers chaque année d’ici 2020, ce qui a été balayé par la pandémie de COVID-19.

Année Nombre de touristes étrangers (en million)
2003 5,2
2004 6,1
2005 6,7
2006 7,3
2007 8,3
2008 8,4
2009 6,8
2010 8,6
2011 6,2
2012 8,4
2013 10,4
2014 13,4
2015 19,7
2016 24
2017 28,7

Enjeux actuels

Le Japon possède le ratio dette/PIB le plus élevé au monde. Il est estimé à 256,9 % en 2021. Il devrait suivre une tendance baissière sur l’horizon de prévision, avec 252,3 % en 2022 et 250,8 % à la fin de l’année 2023, selon le FMI. Les finances publiques ont été largement affectées par des dispositifs pris pour contenir la crise du COVID. Le gouvernement a entrepris plusieurs mesures de subventions d’ajustement à l’emploi, des prestations en espèces pour les PME ainsi que des prêts concessionnaires. Le déficit des administrations publiques s’est établi à 8 % en 2021, au-delà d’un niveau record de 9,2 % un an plus tôt. Puis, à la fin de 2021, le Premier ministre Kishida a approuvé un plan de relance budgétaire plus important que prévu, de 55,7 billions de yens.

L’assainissement budgétaire reste un problème clé pour le pays alors qu’il tente de maîtriser son niveau d’endettement. Les problèmes démographiques auxquels le Japon est confronté s’aggravent. La société est très vieillissante, ce qui représente un défi de taille pour le pays. Les dépenses prévues du gouvernement en matière de retraite et de soins de santé devraient exploser d’ici une dizaine d’années.

Il faut ajouter à cela la baisse préoccupante du taux de natalité qui entraîne une réduction significative de la population. Les finances en seront impactées, avec de moins en moins de contribuables. De même, la population nipponne en âge de travailler diminue depuis plusieurs décennies. Cela a été partiellement compensé par une participation croissante, concourante au développement de l’emploi et au maintien d’un faible taux de chômage. Mais les niveaux d’endettement de la plupart des entreprises pourraient bientôt limiter la capacité des employeurs à embaucher davantage.

Inflation

Année Taux d'inflation PIB (en milliard de dollars) Croissance du PIB Dette gouvernementale
1980 7,8 % 1 068,1 3,2 % 47,8 %
1981 4,9 % 1 218,4 4,2 % 52,9 %
1982 2,7 % 1 336,5 3,3 % 57,8 %
1983 1,9 % 1 437,8 3,5 % 63,6 %
1984 2,3 % 1 556,7 4,5 % 65,6 %
1985 2,0 % 1 690,0 5,2 % 68,3 %
1986 0,6 % 1 781,4 3,3 % 74,0 %
1987 0,1 % 1 911,8 4,7 % 75,7 %
1988 0,7 % 2 113,5 6,8 % 71,8 %
1989 2,3 % 2 303,0 4,9 % 65,5 %
1990 3,1 % 2 506,1 4,9 % 63,0 %
1991 3,3 % 2 679,4 3,4 % 62,2 %
1992 1,7 % 2 763,7 0,8 % 66,6 %
1993 1,3 % 2 814,6 -0.5% 72,7 %
1994 0,7 % 2 899,9 0,9 % 84,4 %
1995 -0,10% 3 038,6 2,6 % 92,5 %
1996 0,1 % 3 191,2 3,1 % 98,1 %
1997 1,7 % 3 278,1 1,0 % 105,0 %
1998 0,7 % 3 272,8 -1,30% 116,0 %
1999 -0,30% 3 307,9 -0,30% 129,5 %
2000 -0,70% 3 476,3 2,8 % 135,6 %
2001 -0,70% 3 568,4 0,4 % 145,1 %
2002 -0,90% 3 625,5 0,0 % 154,1 %
2003 -0,30% 3 753,8 1,5 % 160,0 %
2004 0,0 % 3 938,9 2,2 % 169,5 %
2005 -0,30% 4 135,7 1,8 % 174,3 %
2006 0,3 % 4 321,8 1,4 % 174,0 %
2007 0,0 % 4 504,5 1,5 % 172,8 %
2008 1,4 % 4 534,6 -1,20% 180,7 %
2009 -1,30% 4 303,9 -5,70% 198,7 %
2010 -0,70% 4 534,1 4,1 % 205,7 %
2011 -0,30% 4 629,4 0,0 % 219,1 %
2012 0,0 % 4 799,6 1,4 % 226,1 %
2013 0,3 % 5 021,6 2,0 % 229,6 %
2014 2,8 % 5 034,5 0,3 % 233,5 %
2015 0,8 % 5 200,9 1,6 % 228,4 %
2016 -0,10% 5 159,7 0,8 % 232,5 %
2017 0,5 % 5 248,4 1,7 % 231,4 %
2018 1,0 % 5 403,8 0,6 % 232,5 %
2019 0,5 % 5 501,3 0,0 % 235,4 %
2020 0,0 % 5 312,3 -4,60% 254,1 %
2021 -0,20% 5 633,5 2,4 % 256,9 %
2022 0,5 % 5 973,7 3,2 % 252,3 %
2023 0,7 % 6 199,6 1,4 % 250,8 %
2024 0,8 % 6 393,3 0,8 % 251,0 %
2025 1,0 % 6 569,3 0,6 % 251,3 %
2026 1,0 % 6 738,6 0,5 % 251,9 %

Secteur d'activité

Primaire Secondaire Tertiaire
1950 48,5 % 21,8 % 29,6 %
1955 41,1 % 23,4 % 35,5 %
1960 32,7 % 29,1 % 38,2 %
1965 24,7 % 31,5 % 43,7 %
1970 19,3 % 34,0 % 46,6 %
1975 13,8 % 34,1 % 51,8 %
1980 10,9 % 33,6 % 55,4 %
1985 9,3 % 33,1 % 57,3 %
1990 7,1 % 33,3 % 59,0 %
1995 6,0 % 31,6 % 61,8 %
2000 5,1 % 29,2 % 64,5 %
2005 4,8 % 26,1 % 67,2 %
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