La période paléolithique japonaise (旧石器時代, kyūsekki jidai) est la période d’habitation humaine au Japon précédant le développement de la poterie, généralement avant 10 000 av. J.-C. Les datations à partir desquelles cette période débute couramment sont de l’ordre de 40 000 av. J.-C.
Il faut toutefois noter que toute datation de la présence humaine avant 35 000 av. J.-C. est controversée : les artefacts appuyant cette présence humaine sur l’archipel avant 35 000 av. J.-C. sont d’une authenticité contestable. Cette époque s’est étendue jusqu’au début de la période mésolithique Jōmon, soit environ 14 000 ou 12 000 avant notre ère.
On divise traditionnellement les débuts de l’histoire du Japon en cinq grandes périodes :
- le paléolithique (environ 50 000 av. J.-C. – environ 12 000 av. J.-C.)
- la période Jomon (environ 11 000 av. J.-C. à 300 av. J.-C.)
- la période Yayoi (9 000 av. J.-C. – 250 ap. J.-C.)
- la période Kofun (300 ap. J.-C. – 552 ap. J.-C.)
- la période Yamato (552-710 ap. J.-C.)
Bien que la datation de ces périodes soit complexe et que les cultures aient de toute façon eu tendance à se chevaucher, il est clair que le Japon primitif a subi de profonds changements à chacune de ces périodes importantes.
Période paléolithique (50 000 av. J.-C. - 12 000 av. J.-C.)
Les premières personnes à habiter les îles que nous connaissons sous le nom de Japon semblent avoir été des chasseurs de l’âge de pierre venus d’Asie du Nord-Est. Ces chasseurs, qui se déplaçaient en petits groupes et utilisaient des armes en pierre, suivaient des troupeaux d’animaux sauvages, dont des mammouths, des éléphants et des cerfs, à travers des ponts terrestres qui s’étaient formés lors du retrait des mers pendant les périodes glaciaires. Nombreux sont ceux qui pensent qu’ils sont arrivés plus tôt, mais nous savons avec certitude que ces chasseurs sont arrivés au Japon au moins 35 000 ans avant Jésus-Christ.
Les objets qui subsistent de la fin du paléolithique comprennent des outils à lame finement fabriqués, semblables à ceux des groupes de Sibérie et du reste de l’Eurasie, et des haches en pierre moulue. Par contre, comme aucune poterie n’a encore été découverte, la période paléolithique au Japon est aussi parfois appelée période « pré-céramique » (sendoki). Cela nous permet de distinguer ses habitants de ceux des époques suivantes.
En 2000, la réputation de l’archéologie japonaise du paléolithique a été fortement entachée par un scandale, connu sous le nom de canular du paléolithique japonais. Le quotidien Mainichi Shimbun a rapporté les photos dans lesquelles Shinichi Fujimura, un archéologue de la préfecture de Miyagi, avait déposé des artefacts sur le site de Kamitakamori, où il a « trouvé » les artefacts le lendemain. Il a admis la fabrication dans une interview avec le journal. L’Association japonaise d’archéologie a désaffilié Fujimura de ses membres. Une équipe d’enquête spéciale de l’Association a révélé que presque tous les objets qu’il avait trouvés étaient de sa fabrication.
Depuis la découverte du canular, seuls quelques sites permettent de dater provisoirement l’activité humaine au Japon à 40 000-50 000 avant J.-C., et la première date largement acceptée de présence humaine sur l’archipel peut être datée de manière fiable vers 35 000 avant J.-C. Le délit de Fujimura reflétait non seulement son propre désir de devenir célèbre, mais aussi une fascination japonaise pour les origines du peuple japonais et de la société japonaise.
Le Japon met l’accent sur le fait que « plus c’est vieux, mieux c’est », surtout si les origines japonaises, dans quelque domaine que ce soit, sont antérieures aux développements chinois ou coréens. Les « découvertes » de Fujimura ont donc alimenté un boom du « paléolithique précoce » qui a fait vendre des journaux et des livres et a créé un émoi autosatisfait parmi les personnes ordinaires. On comprend mieux pourquoi ni les médias (au début) ni les spécialistes de l’archéologie n’ont perçu la supercherie. Autrement dit, en perpétuant sa supercherie, Fujimura répondait au sentiment de narcissisme et d’exceptionnalisme japonais (nihonjin-ron) qui n’est pas très loin sous la surface de l’opinion publique japonaise contemporaine.
Une géographie différente
Durant une grande partie de cette période, le Japon était relié au continent asiatique par des ponts terrestres en raison de l’abaissement du niveau des mers. Des caractéristiques squelettiques révèlent de nombreuses similitudes avec d’autres peuples autochtones du continent asiatique. La structure dentaire est distincte mais généralement plus proche du groupe Sundadont que du groupe Sinodont, ce qui indique une origine parmi les groupes d’Asie du Sud-Est ou des îles au sud du continent.
À en croire Mitsuru Sakitani, le peuple Jōmon était un mélange de deux groupes ethniques distincts : Un groupe plus ancien (porteurs du chromosome Y D1a) qui était présent au Japon depuis plus de 30 000 ans et un groupe plus récent (porteurs du chromosome Y C1a) qui a migré au Japon il y a environ 13 000 ans (Jomon).
Les analyses génétiques sur les populations actuelles ne sont pas tranchées et tendent à indiquer un brassage génétique assez important entre les populations les plus anciennes du Japon et les arrivées ultérieures (Cavalli-Sforza). On estime que les Japonais modernes ont environ 10 % d’ascendance Jōmon.