Vous connaissez peut-être le temple Kiyomizudera, l’un des plus célèbres et historiques de la ville de Kyoto. Récemment, son entrée a quelque peu changé d’allure, avec de nouvelles statues ou gardiens. Partons à la découverte du récit de ces deux monstres !
Une poupée Kokeshi géante
Avant d’aborder le sujet des deux gardiens situés à l’entrée de l’établissement, il est important de préciser qu’il ne s’agit pas des seuls ajouts. En effet, on peut aussi retrouver une poupée Kokeshi géante. Celle-ci a la particularité d’être allongée à l’horizontale.
Elle est localisée à côté de la porte principale du temple Kiyomizudera. Cette porte se nomme Nio-mon et elle est plutôt massive avec 10 m de diamètre pour 14 m de hauteur. En comparaison, la poupée située sur son flanc n’a pas à rougir comme on peut le voir sur la photo ci-dessous.
Pour la petite histoire, les kokeshi sont des poupées japonaises en bois, originaires de la région du Tohoku. Elles ont été créées par les kiji-shi (artisans du bois) dans le nord de Honshū. À l’origine, il s’agissait de jouets pour les petites filles. Désormais, elles sont surtout vendues aux touristes étrangers. L’activité a décuplé leur production et on trouve des centaines de modèles de tailles, de formes ou de décorations différentes.
Les deux nouveaux gardiens
Le mystère reste entier et ne fait que s’épaissir puisque ce n’est pas le seul objet étrange à avoir atterri au temple. Une fois que l’on emprunte la porte principale, à droite de la porte ouest (appelée Sai-mon), on ne peut manquer les deux nouveaux gardiens noirs et métalliques.
La porte ouest est considérée comme un passage vers le paradis. Cela s’explique notamment par la vue imprenable qu’elle offre sur le coucher de soleil. Elle est désormais gardée par deux Komainu, ces statues qui tranchent fortement avec le côté traditionnel du temple.
Si vous ne connaissez pas encore ce mot, komainu, il désigne une figure populaire de chien-lion dans le folklore japonais. Ce sont traditionnellement des statues de pierre qui apparaissent par paire à l’entrée des sanctuaires shinto japonais.
Comme toujours, la représentation a une utilité, au minimum dans l’imaginaire nippon. Ici, ces chiens-lions sont censés éloigner les mauvais esprits grâce à leur apparence féroce. En somme, on peut dire que les deux animaux montent la garde !
Une apparence plus futuriste
Comme nous l’avons expliqué ci-dessus, on représente ces chiens habituellement avec de la pierre. Ici, le style est en opposition avec le côté traditionnel du lieu. Les représentations se veulent futuristes et brillantes. Ci-dessous, un exemple de komainu classique.
#北野天満宮狛犬
— makoto (@T81343453) March 2, 2022
阿形…角がなく口を開いている獅子
吽形…角があり口を閉じている狛犬
狛犬は神域に邪気が入り込むのを防ぐ魔除けと云われている
今回は二組しか撮れなかったけど
まだ他にも…
それぞれ雰囲気が違って個性的
この先も永く見護っていてほしい
#今日の切り撮り 📸R4.2.25 pic.twitter.com/GCliWYy3y2
Cela dit, tous les éléments du folklore japonais n’ont pas été oubliés. Généralement, dans une représentation de Komainu (par paire, donc), il y a toujours une statue avec la bouche ouverte et l’autre avec la bouche fermée. Un détail que l’on retrouve ici. Tous deux prononcent « aun » (ohm), la syllabe qui dépeint la trinité primordiale de Brahma, Vishnu et Shiva.
京都の清水寺に「KOMAINU」を設置しました。守護獣は世界の動きに毅然と睨みを利かせているようです。3月13日まで展示します。 pic.twitter.com/mOrnRiyZOE
— ヤノベケンジ (@yanobekenji) March 1, 2022
Une question : pourquoi ?
Maintenant que nous avons passé en revue les nouvelles particularités du temple Kiyomizudera, une question vous traverse l’esprit : qu’est-ce qui a bien pu provoquer tous ces changements ? La réponse, c’est la tenue d’un événement annuel qui utilise des bâtiments d’entreprise et des biens culturels importants de chaque ville comme des centres d’exposition excentrique.
En clair, le festival Artists’ Fair Kyoto 2022 a exploité le temple pour mettre en avant des œuvres d’artistes locaux. Par exemple, la poupée kokeshi géante est une poupée gonflable créée par l’artiste Yotta. On l’avait notamment déjà perçu à Osaka en 2021. On doit les deux Komainu futuristes à Kenji Yanobe ! Ce dernier est un professeur à l’université d’art et de design et de Kyoto. La réalisation date de 2019.
Sources : Soranews