On peut résumer le concept d’inemuri (居眠り) par « dormir au travail ». Cependant, il serait plus juste de dire « dormir en étant présent ». Au Japon, il est beaucoup plus courant de dormir dans les gares, en classe ou sur les marches d’un centre commercial qu’en Amérique ou en Europe. De plus, cette pratique est socialement acceptable.
Pour bon nombre de Japonais, le sens d’inemuri implique que quelqu’un est épuisé par un travail trop dur et qu’il ou elle sacrifie son sommeil la nuit pour accomplir son travail. Dans la culture nippone, le travail est un élément très important, surtout le travail acharné, tant pour les adultes que pour les adolescents. Les Japonais les plus jeunes travaillent davantage dans le domaine de l’éducation qu’au bureau. L’inemuri est l’indicateur ultime de l’ardeur au travail.
Power of Power Nap
— Salman Mansoor (@salmanzit) December 9, 2019
Companies in #Japan Give Their Employees 20 Minutes Time To Sleep in the Office For Better Performance & Their Health & Safety. 😊 pic.twitter.com/ateN5h1NLQ
Le sommeil et les Japonais
Selon une étude, les Japonais ne dorment en moyenne que 6 heures et 35 minutes par nuit. En conséquence, la plupart d’entre eux s’endorment pendant les trajets ou au travail, dans les parcs, les cafés, les librairies, les centres commerciaux et dans tout autre lieu public.
Le miracle économique du Japon dans les années 60, 70 et 80 a vu le pays enregistrer une forte croissance et se hisser au rang des grandes puissances mondiales. Les employés travaillaient de longues heures, puis faisaient la sieste pendant le fameux long trajet du retour à la maison.
Quant aux étudiants, ils se couchaient tard pour bachoter, puis somnolaient durant les cours du lendemain matin. Cette tolérance à s’endormir pendant les réunions, les cours et les rencontres sociales est assez fréquente dans la culture japonaise.
Ainsi, dormir dans le métro ou au bureau est la marque d’un travailleur acharné. Peut-être même que votre patron vous y encouragera. La sieste en classe (bien qu’elle ne soit pas aussi acceptable) évoque tout de même subtilement la bonne intention d’être resté éveillé tard la nuit précédente pour étudier.
Cette notion explique que vous pouvez parfois voir des personnalités japonaises de haut rang qui semblent faire la sieste lors d’événements sociaux et publics. En principe, l’inemuri est un sommeil très peu profond, qui permet au dormeur de se réveiller facilement et de suivre les événements tout en reposant son esprit. On pourrait comparer ses adeptes au sommeil très léger des chats domestiques, capables de se réveiller au moindre bruit ou mouvement !
Ci-dessous : chacun innove pour son confort !
小学校から帰ってきた息子は居眠り中です💤
— 乗る男 @GSX-S125 (@NoChaser2022) March 18, 2022
段ボールで自作したプラネタリウム⭐️
部屋を散らかした挙句、星を眺めながらいい夢を見てるんだろなぁ😅 pic.twitter.com/H3cqit5GsH
Les conditions du inemuri
La pratique du inemuri est soumise à des règles. Globalement, l’inemuri est considéré comme positif et acceptable pour les personnes occupant des postes de haut rang, mais pas pour les personnes de rang inférieur.
Dans un environnement de travail, un supérieur peut se livrer à l’inemuri devant des subordonnés. En revanche, les personnes de rang inférieur ne sont généralement pas censées s’endormir devant leur patron.
Les longues heures de travail et le stress extrême ne sont certes pas bons pour la santé, mais l’inemuri est bénéfique. Des périodes de sommeil brèves revigorent l’esprit, aident à se concentrer et à clarifier les idées.
Pour que les bienfaits de ces micro-siestes se fassent sentir, elles doivent idéalement durer au moins quelques minutes. Les adeptes de la sieste savent que 20 à 30 minutes de sommeil au milieu de la journée constituent une expérience particulièrement bénéfique.
『居眠り幼馴染み』
— あらいどかぎり(新挑限)じいばあ4巻 (@araidokagiri) October 23, 2017
HERO_INシリーズ19番目。 pic.twitter.com/cSjH3KQGfF
Pourquoi le Japon accepte le inemori et pas la France ?
Différentes raisons expliquent pourquoi l’inemuri est plus acceptable au Japon que dans d’autres pays. La plus évidente, c’est les Japonais travaillent bien plus longtemps, en moyenne, que les pays occidentaux. Faire des heures supplémentaires est un élément de la culture du travail et la plupart des employés de bureau travaillent dix heures ou plus par jour. Les supérieurs sont plus enclins à accorder une dizaine de minutes de repos à un employé dans ces conditions.
Au Japon, toute personne qui fait l’effort de participer à une réunion malgré son état d’épuisement ou de maladie fait preuve de diligence, de sens des responsabilités et de sa volonté de faire des sacrifices. Si on surmonte ses faiblesses et ses besoins physiques, on devient moralement et mentalement plus fort et on est rempli d’énergie positive. On considère qu’une telle personne est fiable et elle sera promue.
Pour autant, le Japon n’est pas le seul pays ouvert à l’idée que des personnes puissent dormir dans des lieux publics. On retrouve des pratiques similaires dans d’autres pays, comme la sieste espagnole (une sieste de l’après-midi souvent effectuée après le repas de midi) et le riposo italien (une pause déjeuner prolongée entre midi et 16 heures pour permettre aux gens de rentrer chez eux et de faire une sieste).
Les 100 mots japonais qu’il faut connaître
Sources : Medium.com, TheCultureTrip.com, Wise-geek.com, Amusingplanet.com