Japon : pour avoir voulu revoir ses enfants, ce journaliste a été emprisonné

Triste histoire que celle de Scott McIntyre. Cet ancien journaliste sportif d’un réseau australien basé à Tokyo a été condamné après avoir été reconnu coupable d’intrusion. L’homme avait tenté de localiser ses enfants, qu’il n’avait pas pu voir depuis plus de huit mois. Six mois de prison, avec un sursis de trois ans, voilà ce à quoi l’a condamné le tribunal de Tokyo.

Une introduction illégale dans une résidence

Le journaliste australien a donc fait 45 jours de détention dans la prison de Kosuge. Concrètement, il s’est introduit, illégalement, au sein de la résidence de ses beaux-parents. Lui, privé de nouvelles alors que le typhon Hagibis avait frappé la zone, souhaitait voir ses enfants, ce qui lui a été refusé durant plus de huit mois.

Cela soulève un problème très important au Japon, et plus que répandu. On assiste à des ménages déchirés par des kidnappings d’enfants, alors même que le Japon est un pays ayant ratifié la Convention de La Haye en 2013. La majorité des cas se produisent durant un divorce, où l’un des parents hérite de la charge des petits. Malheureusement pour l’autre, la séparation est nette, brutale, et le simple fait de chercher à prendre contact avec les enfants constitue une infraction sérieuse.

Le problème est récurrent, et touche tout autant des ménages japonais que les familles composées d’un parent étranger. Dans ce dernier cas, les procédures se révèlent encore moins justes, avec une préférence nette pour la personne nippone. C’est le cas de ce journaliste australien, qui est aujourd’hui totalement isolé de ses enfants, âgés de 11 et de sept ans. Plus de 150 000 enfants seraient concernés, en 2020. Le Japon ne reconnaît toujours pas la garde alternée, un système considérablement répandu dans les sociétés occidentales.

Une affaire qui attire l’attention

Si le cas de Scott McIntyre n’est pas isolé, il permet d’attirer les projecteurs de la presse internationale. C’est pourtant un problème qui touche le monde entier, et notamment la France. L’année dernière, une délégation de pères français ayant été coupés, par leur ex-femme, de leurs enfants japonais, ont rencontré Emmanuel Macron afin de faire avancer cette affaire. Malgré tout, les officiels se heurtent à des procédures et des mœurs japonaises plus que restrictives.

Scott McIntyre est désormais libre. Pourtant, sa libération sous caution, vendredi dernier, n’a été obtenue qu’en plaidant coupable. Le système japonais est plus que jamais sous le feu des projecteurs, avec l’histoire de Carlos Ghosn. Là encore, les tords de la justice nippone se ravivent chez une multitude de parents ayant été coupés de leur fils. Le journaliste australien compte les jours, tristement : « cela fait désormais 238 jours que je n’ai pas entendu ou vu mes enfants ».

C’est tout le problème : au-delà même du fait de demander une garde alternée, le parent victime n’a aucun moyen de prendre contact avec sa famille. Pas de discussion par Skype, pas d’échange de messages textuels, encore moins de rencontre physique contrôlée. Lui multiplie les demandes à la police et aux avocats de sa femme, en instance de divorce. L’homme est pourtant très aimé de ses enfants, mais ces derniers n’ont aucun pouvoir. Et même lorsque le terrible typhon Hagibis a touché la zone de résidence de sa famille, il n’a pas pu avoir de nouvelles. C’est à cette occasion qu’il a essayé de pénétrer dans la demeure de ses enfants, à bout.

La femme a soumis aux avocats une demande de divorce, sous le motif de violences physiques de la part du père. L’homme a directement récusé ces charges, mais la présomption d’innocence n’existe que partiellement au Japon, voire pas du tout. Les procureurs ont alors mené l’enquête, mais les documents présentés par l’accusation ont été formellement rejetés. D’ailleurs, il a été arrêté plus d’un mois après son entrée illégale, et nous ne savons toujours pas pourquoi il a été détenu si longtemps.

Nous avions consacré un article à ce sujet, il y a quelque temps. Vous pouvez le lire en cliquant ici.

Source : The Guardian

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