Malgré les objectifs que s’était fixés le gouvernement nippon, le niveau d’anglais de sa population continue de diminuer au fil des années. À l’heure de la mondialisation et du tourisme qui explose, cela représente un problème majeur pour le développement.
Un niveau gênant pour la troisième économie mondiale
C’est au sein d’une nouvelle enquête mondiale sur le niveau d’anglais des nations que nous apprenons celui du pays du soleil levant. Il apparait alors avec un résultat bien triste, surtout en comparaison de ses voisins asiatiques : la Chine ou encore la Corée du Sud semblent définitivement adopter l’anglais chez les couches les plus jeunes de la population.
Les deux voisins et concurrents historiques du Japon paraissent rattraper petit à petit les niveaux européens, notamment celui de la France. Il en ressort même que le niveau du Japon diminue au fil des années, ce qui a de quoi interroger les autorités.
Pour tirer ce genre de conclusion, c’est la société EF Education First qui gère un réseau d’écoles de langue dans plusieurs dizaines de pays, qui a soumis 2,3 millions de tests gratuits en ligne sur ses plateformes. À partir de ceux-ci, il est possible de déterminer un niveau global, et de le classer par nationalités. Le Japon obtient ainsi la note de 51,51/100, ce qui correspond à la 53e place mondiale. C’est derrière certains pays, plus en marge, comme l’Albanie ou encore le Guatemala. La Chine se situe à 53,44.
La France, avec ses 57,25 ; demeure un acteur majeur en matière de maîtrise de la langue de Shakespeare. Le Japon, lui, est cantonné à persister dans la catégorie des « pays à compétences faibles », rempli de régions en voie de développement.
Comment expliquer ce phénomène ?
Rappelons qu’il ne s’agit pas là d’un phénomène de stagnation, mais bien de détérioration. Le rapport tente néanmoins d’en expliquer les principales causes, avec en ligne de mire le faible investissement qui est réalisé dans les langues. Que ce soit l’école ou dans les entreprises du pays, très peu d’initiatives sont amorcées pour former, surtout à l’oral, les employés aux langues étrangères.
Au cours de ces 20 années passées, la mondialisation a surtout profité à la Chine, bien que la Corée du Sud apparaisse comme l’un des meilleurs élèves de cette dernière. Le Japon était alors en marge, avec une économie reposant essentiellement sur ses traités avec l’Amérique, très importateur et difficilement autonome. Si le soft-power nippon a séduit le monde entier, notamment avec l’industrie du manga, délicat pour le pays du soleil levant d’afficher des résultats linguistiques satisfaisants.
C’est là tout l’objectif de Shinzo Abe, le Premier ministre nippon, qui martèle depuis des années sa volonté de repositionner le Japon dans la mondialisation. Et pour que cela soit effectif, il faudrait revoir les manuels scolaires, et placer les langues, dont l’anglais, langue internationale, au centre des débats. Également, la pratique de l’oral doit se faire de manière plus régulière, afin de former dès le plus jeune âge à la communication. L’apprentissage reste, pour le moment, très théorique, et les élèves ne sont que très peu sollicités pour converser naturellement, ou écrire des textes sortant des sentiers déterminés.
Il se murmure qu’une réforme serait envisagée pour 2024, ce qui arriverait quatre ans après la tenue des Jeux olympiques de Tokyo. Même si les coutumes et les habitudes de consommation se formatent à la mondialisation, le Japon demeure un pays difficilement polyglotte, et cela ne semble pas voué au changement dans l’immédiat…