JO – Le Comité international olympique a organisé une réunion extraordinaire ce dimanche, pour engager des réflexions sur la manière dont les Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo doivent être organisés dans le contexte de la pandémie mondiale. Parmi les sujets abordés, on retrouve notamment la possibilité de reporter les événements, selon des sources proches.
Le CIO a examiné de nombreuses options concernant les JO qui dépendent de circonstances variables. L’objectif est de parvenir à une décision dans un délai d’environ un mois. Dans une déclaration publiée par le Comité olympique et paralympique américain, le CIO réunit des informations émanant des comités olympiques nationaux au sujet de l’impact de l’épidémie de coronavirus sur l’entraînement pour les Jeux de Tokyo. Il est prévu que les Jeux olympiques de cette année se tiendront du 24 juillet au 9 août, tandis que les Jeux paralympiques sont prévus du 25 août au 6 septembre.
Alors que beaucoup d’évènements ont déjà été annulés de force par crainte de la contagion, les Jeux olympiques ne sont pas chamboulés, pour le moment. Il faut dire que la situation du coronavirus est, au Japon, moins sérieuse en apparence que dans les pays voisins. À ce jour, le Japon compte plus de 1 700 personnes infectées par le virus de la pneumonie, dont près de 700 l’ont contracté à bord d’un bateau de croisière. Le Japon et le Comité international olympique (CIO) ont coordonné leurs efforts avec l’Organisation mondiale de la santé pour poursuivre les préparatifs des Jeux. En février, les organisateurs annonçaient la mise en place d’un groupe de travail pour faire face à l’épidémie.
Pour ce qui est des autorités locales, le 24 juillet, plusieurs milliers d’athlètes défileront comme prévu dans le stade national de Tokyo, à l’occasion de la cérémonie d’ouverture du plus grand événement sportif de la planète. Les organisateurs doivent affronter une violente série de critiques et de refus de la part des sportifs, des supporters et des représentants olympiques nationaux, qui appellent au report des compétitions.
Dans une déclaration faite vendredi 20 mars, le Comité national olympique norvégien est le premier à exprimer une préférence claire en faveur d’un report des Jeux olympiques, le temps de maîtriser la pandémie mondiale. De son côté, le Comité olympique brésilien a également soutenu, samedi, la proposition de reporter les Jeux jusqu’en 2021. Certains signes de pression sont apparus au Japon, avec un membre de son comité olympique qui s’est dit favorable au report.
Selon une enquête de Kyodo News, 69,9 % des Japonais ne croient pas que les Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo auront lieu cet été comme prévu, en raison de l’épidémie mondiale de ce nouveau coronavirus. Alors que l’opinion publique est divisée sur la réponse du gouvernement à la crise, le taux d’approbation du cabinet d’Abe est passé de 41 % en février à 49,7 %. Quelque 53,4 % des personnes qui ont déclaré approuver le choix du gouvernement ont répondu que ce choix était dû au fait que Abe n’avait « pas d’autre choix ». A l’international, et surtout en région asiatique, les critiques pleuvent sur la gestion de crise. La situation est notamment radicalement différente en Corée du Sud, qui a embrassé une approche bien différente. Alors qu’il n’y a que peu de dépistages au Japon, c’est devenu la norme chez le voisin.
Le président du Comité international olympique, Thomas Bach, a déclaré dans une interview jeudi 19 mars que les Jeux ne seraient pas supprimés. Tout en laissant entrevoir la possibilité de les reporter, il a indiqué qu’une décision ne devait pas être prise de sitôt. Il faudra certainement attendre plusieurs semaines encore avant d’avoir le mot final. « Personne aujourd’hui ne peut vous dire quelles seront les évolutions pour demain, dans un mois, voire dans plus de quatre mois« , a déclaré M. Bach, qui a ainsi justifié l’approche attentiste japonaise.
Rappelons que les Jeux olympiques modernes sont un phénomène télévisuel qui se chiffre à plusieurs milliards de dollars. Ils permettent à des dizaines de sponsors et de partenaires médiatiques d’investir, et à des millions de fans de se divertir. Pour la société japonaise, les infrastructures sont rénovées. En ce qui concerne les Jeux de Rio de 2016, le chiffre était de 5,7 milliards de dollars. Un report entraînerait donc des répercussions profondes sur le financement du sport à l’échelle mondiale. Le principal acteur dans le domaine des finances olympiques est le diffuseur américain NBC, lequel a déjà distribué 970 millions de dollars de publicité pour les jeux olympiques de Tokyo.
Dans un article datant du 7 mars, des journalistes ont calculé l’impact d’une annulation sur le produit intérieur brut (PIB) japonais. Selon eux, cela réduirait le PIB du Japon de 1,4%. Dans un rapport, SMBC Nikko Securities Inc. projette que ce spectacle sportif générera 670 milliards de yens (5,6 milliards d’euros) de demande chez les consommateurs et que son annulation amputera le PIB d’environ 7,8 billions de yens. Les revenus des entreprises locales chuteraient au minimum de 24,4 % en 2020 par rapport à l’année dernière.
Toutefois, les athlètes constituent le noyau fondamental des évènements. S’ils ne peuvent arriver en bonne condition physique, il semble que la meilleure décision soit d’annuler les Jeux.
Toutefois, un rapport prévoit un scénario dans lequel l’épidémie prend fin en avril et où les Jeux olympiques se déroulent comme prévu. Quant aux retombées du virus, elles se limiteraient à une chute de 0,9 % du PIB. Mais malgré cette perspective optimiste, coronavirus oblige, les revenus des entreprises diminueront probablement de 14,9 % du fait de la forte chute du secteur du tourisme, du ralentissement de la consommation intérieure et d’autres facteurs.
Ce 23 mars, Shinzo Abe a reconnu que les Jeux olympiques de Tokyo ne pourront se tenir dans les circonstances actuelles. De son côté, l’équipe canadienne n’enverra pas d’athlètes à Tokyo si les Jeux sont organisés cet été. Les Canadiens sont davantage connus pour leurs performances aux Jeux d’hiver. Néanmoins, ils avaient envoyé une délégation de plus de 300 athlètes aux Jeux olympiques d’été de 2016 à Rio de Janeiro, et avaient remporté 22 médailles, ce qui leur avait valu la 10e place au classement mondial cette année-là.