Favoriser l’emploi de travailleurs étrangers sur le sol japonais pour répondre à la forte demande de main d’oeuvre ? C’est ce que le gouvernement de Shinzo Abe a décidé de mettre en oeuvre depuis le 2 novembre 2018. Le projet de loi vise à appliquer cette mesure jugée floue dès l’année prochaine sur l’ensemble du territoire. Les secteurs les plus concernés par cette mesure seront la restauration, le bâtiment, le soin aux personnes, ce genre de secteurs peu qualifiés qui nécessitent des bras que le Japon peine à fournir.
Les raisons de cette mesure
Le Japon a toujours hésité à admettre des étrangers. C’est l’un des pays les plus homogènes du monde riche: à peine 2% des résidents sont des étrangers, contre 4% en Corée du Sud et 16% en France. Les raisons de cette attitude vont de la crainte que des personnes extérieures créent de la criminalité et nuisent aux pratiques de la société, en passant par le fait que les résidents japonais ne seront pas en mesure de communiquer correctement avec eux. Mais la population du Japon est âgée et diminue chaque année. Afin de combler les pénuries de main-d’œuvre provoquées par la diminution de la population en âge de travailler, le gouvernement a pour politique de faire en sorte que davantage de femmes et de personnes âgées puissent travailler (hausse de l’âge de la retraite), et de plus utiliser l’intelligence artificielle. Il est devenu évident cependant que cela ne suffit pas; et les entreprises veulent également que les étrangers les aident à rester compétitives et à se mondialiser.
Un projet de loi qui divise
Le nombre de travailleurs étrangers a augmenté rapidement récemment pour atteindre 1,3 million, soit environ 2% de la population active. Bien que les visas qui permettent aux étrangers de s’installer au Japon soient en théorie principalement destinés à des travailleurs hautement qualifiés, en pratique, ceux qui ont moins de compétences peuvent être admis en tant qu’étudiants ou stagiaires ou en tant qu’immigrants d’origine japonaise.
Mais Shinzo Abe souhaite en recruter beaucoup plus. Même au sein du Parti libéral-démocrate (droite, celui de Shinzo Abe), des contestations se font entendre à propos de la nouvelle mesure. Les inquiétudes concernent le manque de précision du texte, jugé beaucoup trop flou sur son application ou sur les quotas de personnes devant être accueillies. Egalement, accueillir des étrangers en nombre sur le territoire nécessite des préparations su les infrastructures d’accueil et sur les dispositifs d’accompagnements.
Pour répondre à ces demandes, le gouvernement japonais prévoit de créer un nouveau statut de visa : actuellement, pour rentrer dans le territoire japonais, il faut avoir un certain nombre de qualifications validées. Ce visa modifié permettre de baisser ces obligations, et donc d’avoir des critères moins élevés. La durée du visa tournerait autour de 5 ans. Plus précisément, il y aura deux sous-catégories, et les personnes ayant des compétences plus élevés, et une meilleure maîtrise de la langue japonaise auront la possibilité de ramener leur famille, et même d’obtenir un visa permanent.
Dans un contexte de politique nationale où l’immigration est globalement mal perçue, surtout l’immigration asiatique, Shinzo Abe tente de rassurer ses partisans en expliquant que sa ligne politique restait inchangée. Le pays reste plutôt fermée et la population craint une arrivée massive de Chinois ou de Coréens.
Une co-existence
Plus qu’une intégration, c’est une véritable co existence qui est souhaitée par le gouvernement. « Il n’est pas admissible de forcer des étrangers à accepter les valeurs du pays », a-t-il affirmé. « Il est important de préparer un environnement permettant une coexistence dans le respect mutuel. »
Le gouvernement explique n’accepter que des travailleurs étrangers ayant déjà des compétences particulières qui peuvent servir à court terme pour répondre au besoin de main d’oeuvre vital du monde dans des secteurs en forte peine de vitesse.
Le taux de chômage était en septembre de 2,3 % de la population active, un de ses niveaux les plus bas en un quart de siècle. L’objectif de Shinzo Abe est de recruter 500 000 nouveaux travailleurs d’ici 2025 dans les secteurs de l’agriculture, de la construction, de l’hôtellerie, des soins infirmiers et de la construction navale. Le gouvernement envisage également d’élargir le champ d’application afin d’inclure d’autres fabricants, ainsi que les industries de la pêche et de la transformation des aliments, selon les sources.