Le Musée national de Tokyo (東京国立博物館, Tōkyō Kokuritsu Hakubutsukan) est le plus vaste des musées nationaux du Japon. C’est aussi le plus antique de ce type, créé en 1872 au sanctuaire Yushima Seido. Il a par la suite déménagé quelques années plus tard dans son emplacement actuel, dans le parc de Ueno. Il expose une des plus grandes et époustouflantes collections d’arts et d’éléments archéologiques nippons. On découvre plus de 110 000 objets individuels, dont près d’une centaine de trésors nationaux. C’est, selon nous, la galerie que vous devez visiter au Japon.
Histoire
Le musée national de Tokyo est le plus ancien musée national du Japon. Il s’agissait à l’origine d’une exposition Yushima Seido d’œuvres d’art impériales et de spécimens scientifiques organisée par le département des musées du ministère de l’Éducation, entre le 10 mars et le 30 avril 1872. À l’époque, nous sommes durant la 5e année de l’ère Meiji. Cette rétrospective de 1872 est en réalité une extension d’une précédente version, un an plus tôt à l’école Tokyo Kaisai (plus connu aujourd’hui comme l’université de Tokyo). L’objectif était de se préparer à l’Exposition universelle de Vienne en 1873.
C’est ainsi que les biens les plus déterminants de chaque province sont répertoriés. Des échantillons pour chaque cas sont recueillis. L’un doit être présenté à Vienne, quand l’autre subsistera dans un nouveau musée. En 1873, l’exposition universelle projette une collection impressionnante d’éléments régionaux nippons, dont un jardin japonais complet avec un sanctuaire, un modèle de l’ancienne pagode du temple impérial de Tokyo, une copie en papier mâché du bouddha de Kamakura, etc.
C’est le bureau de l’exposition japonais qui a orchestré les composantes détenues localement dans une galerie temporaire. Tout était accumulé à Uchiyamashita-chō, au sud-est du palais impérial, à compter de mars 1873. Quelques semaines plus tard, le 15 avril de la même année, il est ouvert au public pendant 3 mois et demi. Une présentation unique se déroule en 1874 en se concentrant sur les nouvelles technologies de médecine, de chimie et de physique. Le 30 mars 1875, la totalité du musée est léguée au ministère de l’Intérieur. Le site comprend alors 7 bâtiments. Des expositions récurrentes couvrent les antiquités japonaises, l’agriculture, les sciences naturelles, l’industrie du pays du soleil levant. Son rôle sera constamment décisif dans les foires nationales tenues dans le parc d’Ueno en 1877, 1881 ou 1890.
C’est finalement en 1873 que le parc d’Ueno est fondé. À cette époque, c’est le gouvernement métropolitain qui détient le terrain. La conception reprend les plans du Victoria & Albert Museum à Londres. De vastes transformations sont cependant considérées pour singulariser l’édifice. Les collections du musée sont subdivisées en 8 catégories : les beaux-arts, l’agriculture, la nature, le droit, l’éducation, l’histoire et l’industrie.
Le ministère japonais accorde l’ensemble de l’espace du parc au musée en janvier 1876. Il faudra 5 années supplémentaires pour que les constructions indispensables au fonctionnement définitif soient terminées. En 1881, le musée est cédé du ministère de l’Intérieur vers le ministère de l’Agriculture et du Commerce. Progressivement, un zoo est mis en place. L’empereur assistera à l’inauguration le 20 mars 1882. De même, l’anthologie Asakusa Bunko rejoint le département des livres. La bibliothèque est rouverte le 30 septembre 1882.
Le site sera par la suite accidenté par les catastrophes naturelles et les bombardements. Le grand tremblement de terre de Kanto en 1923 endommage une partie du Honkan original (poste de gouvernement qui fait office de bâtisse principale). C’est pour cela que de nombreux objets sont régulièrement transférés entre diverses positions géographiques japonaises. Les ingénieurs japonais tombent de haut : pendant la construction de l’édifice, tout a été mis en œuvre pour que l’immeuble soit au paroxysme de la stabilité. Cependant, lorsque les désastres ne l’épargnent pas, le style et l’architecture se muent en désillusion.
À l’occasion du mariage Hirohito en 1924, l’ensemble du parc, en incluant le musée et le zoo, sont restitués au gouvernement municipal de Tokyo. C’est à cette époque que les collections de sciences naturelles sont retirées du musée en 1925 et composent un établissement à part. Aujourd’hui, on peut le parcourir sous le nom de musée national des sciences. Un concours d’esthétique industrielle est lancé en 1931 pour succéder à l’ancien bâtiment. C’est ainsi que l’actuel Honkan est ouvert au public dès 1938.
Que visiter ?
Cet important complexe muséal abrite 6 édifices distincts. Chacun fait la stature d’un musée de taille moyenne. C’est pour cela que nous vous recommandons de passer de nombreuses heures, voire plusieurs journées pour visiter l’ensemble.
Le bâtiment principal Honkan (本館) a été ouvert en 1938. Il expose une grande variété d’œuvres d’art japonaises de l’Antiquité jusqu’au XIXe siècle. Il s’articule autour de 2 étages et un sous-sol avec une superficie totale de 21 500 m². Il est capable de résister au feu et aux divers séismes. L’édifice est désigné « bien culturel important du Japon en 2001 ». On peut y apprécier des statuts bouddhistes antiques, des parchemins authentiques, des céramiques merveilleusement conservées ou des cartes d’antan. La culture ancestrale japonaise n’est pas négligée : on y découvre des dizaines de costumes, des cuirasses, des armes de samouraïs, des masques de théâtre ainsi que des artefacts historiques.
À sa gauche, on peut visiter le Hyokeikan (表慶館). C’est le plus ancien bâtiment du sanctuaire. Il a été construit en 1909 pour célébrer le mariage de l’empereur Taisho. Il s’inscrit à merveille dans la thématique occidentale de la période Meiji. Le Japon s’inspirait librement des exemples européens et américains pour concevoir des compositions structurales. Il a été désigné « bien culturel important en 1978. Sa configuration vieillissante lui a fait subir une dizaine de rénovations au fil des années. Aujourd’hui, il est uniquement utilisé lors d’expositions temporaires.
Le Toyokan (東洋館) est le bâtiment qui se situe à la droite du Honkan. Il a été réalisé en 1968 par l’architecte japonais Taniguchi Yoshiro. Il se concentre sur des galeries d’art asiatique et des artefacts d’autres régions. Les visiteurs découvrent de magnifiques exemplaires d’objets inestimables en provenance de l’Asie du Sud-Est, de l’Asie centrale, de l’Inde ou même de l’Égypte. Les pays voisins qui ont depuis longuement influé le Japon dans tous les domaines comme la Chine ou la Corée sont largement représentés. Un théâtre existe dans son sous-sol. Le lieu a été rénové au début des années 2010 et a rouvert en janvier 2013. Il comporte 3 étages, mais utilise son sous-sol et un agencement en spirale de mezzanines et d’escaliers pour répartir sa collection sur 6 étages.
Le Horyuji Homotsukan (法隆寺宝物館) est aussi nommé la galerie des trésors de Horyuji. C’est le bâtiment le plus récent du musée. Il est largement apprécié des voyageurs, car il préserve une gamme d’éléments confessionnels composés de petits statuts complexes et d’images en relief de cuivre. Le style minimaliste est atypique et les reliquats religieux sont à découvrir. C’est une structure modeste de 2 niveaux qui abrite quelque 319 objets donnés à la maison impériale par le temple Horyu à Nara en 1878. L’édifice a ouvert en 1999.
Depuis quelques années, on peut aussi visiter le Heiseikan (平成館). C’est une petite bâtisse récente (1993) qui a été rajoutée pour commémorer le mariage du prince héritier. Elle accueille parfois des rétrospectives spéciales dans les 4 salles de son 2e étage à ne pas rater. Bien que plus modeste que ses édifices voisins, elle présente quelques brillantes œuvres sur les cultures japonaises anciennes. Le premier étage s’attarde sur l’archéologie nipponne. Un autre espace est destiné aux expositions temporaires. On peut se rendre dans un café, un salon, un auditorium, plusieurs pièces de conférence ou visiter la galerie des importants mécènes du musée.
Enfin, le Kuroda Kinenkan (黒田記念館, Mémorial de Kuroda) est une structure contemporaine située à l’extérieur du musée. Elle a été érigée grâce au don de Kuroda Seiki, un artiste japonais très réputé. Son père est estimé comme l’un des plus grands représentants de la peinture moderne de style occidental au pays du soleil levant. La collection présente 126 peintures à l’huile et 170 dessins. Des carnets de croquis, des lettres ont également été prodigués. Le bâtiment dispose d’une entrée gratuite et d’heures d’ouverture séparée (9 h 30 à 17 h). L’exposition du 2e étage se décompose en 4 salles distinctes et un café est accessible au premier et au second étage.
En périphérie du musée, le site offre de nombreux stands ambulants et des restaurants plus classiques pour s’alimenter à des prix abordables. La visite est recommandée à tous les touristes qui passent par la capitale. On regrettera cependant l’absence de transcription complète sur certaines œuvres (calligraphiques, par exemple). Bien sûr, il n’y a pas de traduction française et il faudra impérativement maîtriser la langue de Shakespeare. Les informations sont souvent minimalistes, en ne proposant que le nom de l’auteur, les matières utilisées ou l’époque de réalisation. Bien que l’on puisse profiter de sa visite sans aucune connaissance culturelle et historique nipponne, il est recommandé d’avoir quelques notions pour appréhender toutes les nuances.
Comment s’y rendre ?
Le musée national de Tokyo est facilement accessible. Il suffit de gagner le parc d’Ueno. Il se situe à 5 minutes à pied de la gare d’Ueno.
Informations pratiques
- Exposition permanente : 1000 yens
- Expositions spéciales : généralement 1000-1500 yens
Les expositions spéciales peuvent avoir des heures d’ouverture différentes. L’admission se termine 30 minutes avant la fermeture.