Chaque année, le gouvernement dévoile son rapport annuel sur les chiffres de violence, quelles que soit les catégories. Il est alors possible de passer en revue les violences domestiques, les maltraitances des enfants, les délits des personnes âgées, le taux de criminalité générale au Japon. Analysons ensemble l’édition de 2018, la première de l’ère Reiwa.
Le taux de criminalité : toujours le bon élève mondial
La tendance qui s’est dessinée au cours de la dernière décennie se poursuit, et en toute logique, le pays du soleil levant connait un taux de criminalité au plus bas depuis l’après-guerre. Concrètement, le nombre d’actes jugés criminels commis en 2018 est tombé à seulement 817 338. Cela représente une baisse consécutive pour la 16e année. Par rapport à 2002, cette statistique a diminué d’un quart.
En 2018, il y a eu environ 1,23 million d’infractions au Japon. Pour un pays comprenant plus de 120 millions de personnes, c’est un recensement assez fantastique. À noter que par « infraction », le rapport prend en compte la conduite imprudente, ou des délits très mineurs. Il faut remonter à 1989 pour retrouver les premières données de ce type. À l’époque, il y avait 1,67 million d’infractions, un chiffre qui a augmenté jusqu’en 2002, avec 2,79 millions. Cela coïncide aussi avec l’explosion démographique du Japon.
La criminalité baisse, mais d’autres statistiques sont inquiétantes
Il ne faut pas s’arrêter à cette conclusion encourageante. Malgré une diminution de la criminalité générale au Japon, d’autres paramètres doivent rentrer en compte dans une réflexion globale sur la sécurité d’un pays. Le géant asiatique a par exemple vu une augmentation constante de la violence domestique depuis 1999. Ce sont 8229 cas recensés en 2018, un chiffre 12 fois supérieur à celui de 1989.
Deuxième exemple concret, le problème de la maltraitance des enfants : depuis 2014, il est en constante hausse, et ce n’est que récemment que ce problème récurrent de la société nippone a été mis en avant par les médias. Suicides d’enfants, disparitions soudaines, prises d’otages par les parents, des décès très médiatisés ont fait la une des journaux. Les personnes qui ont été arrêtées par la police pour un cas de maltraitance d’enfants sont au nombre de 1149 en 2018, contre 242 en 1989.
Enfin, dernier exemple, les infractions sexuelles, surtout au travail. En 2018, 1307 affaires de cet ordre ont été signalées à la police, soit une hausse historique de 17,9 % par rapport à 2017. À cela fait écho une révision du Code pénal japonais datant de 2017, qui supprime désormais l’obligation pour la victime de déposer une plainte pénale, avant qu’une affaire puisse être poursuivie. Petit à petit, la société évolue et les victimes, timidement, peuvent chaque année se défendre davantage.
Des chiffres officiels, mais pas forcément réels
Qu’on ne se méprenne pas, ces chiffres sont d’origine gouvernementale, et ils sont les plus fiables que nous avons en notre possession. Les tendances sont donc bien réelles, mais les statistiques avancées semblent, en réalité, encore plus importantes. Ce sont les responsables de l’étude, eux-mêmes, qui ont avancé cette réflexion. Par exemple, dans le cadre d’une enquête sur 3500 personnes interrogées au hasard, 35 % avouaient avoir été agressées sexuellement au cours des cinq dernières années. Si ce chiffre est déjà plus qu’important, on note surtout que 80 % d’entre elles n’ont pas signalé ces crimes.
Ainsi, il y a une quantité astronomique de victimes, au Japon, qui n’osent pas encore porter ces affaires devant le tribunal. Une fracture évidente, qui perdure depuis des années, entre une victime et la justice, au Japon. Également, d’autres montants, gouvernementaux, démontrent que 21 556 personnes ont demandé une protection juridique en 2018, car elles soupçonnaient d’être harcelées.
Pour finir, même si le taux de visiteurs étrangers de résidents au Japon a constamment augmenté depuis 20 ans, les chiffres montrent que le nombre de crimes commis par ces derniers a culminé en 2005 avec 43 622 infractions, mais qu’il a chuté à 10 065 en 2018. Pour la majorité, c’est-à-dire 60 % de ces infractions, il s’agissait de vol.
Source : Livre blanc du Ministère de la Justice japonaise