Ce mardi 30 avril 2019, le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, a officiellement annoncé l’abdication de l’empereur Akihito. Très populaire ces dernières années, ce dernier a décidé de céder la place à son fils, à l’âge de 85 ans. Il a exprimé ne plus pouvoir tenir correctement sa place sous le poids des fonctions officielles. Ce mercredi 1er mai, son fils montera sur le trône.
Humaniser le rôle de l’empereur. C’est peut-être de cette façon que l’on pourrait résumer grossièrement toutes les réalisations d’Akihito sur son trône impérial. Avec son impératrice, Michiko, il a parfaitement assuré une transition dans un rôle d’empereur qui était, jadis, considéré comme un dieu vivant. Aujourd’hui, il n’y a plus aucun problème à ce qu’un empereur s’adresse à des membres vulnérables de la société, aux victimes de catastrophes naturelles ou aux pauvres. Quand il parle à ses sujets, il n’y a aucune honte à le regarder dans les yeux et à ce qu’il fasse de même. Moins de distance et une plus grande cohésion nationale, nous ne pourrons réellement mesurer l’impact d’Akihito uniquement dans plusieurs années.
Nous avions d’ailleurs rédigé un papier expliquant tout le rôle et les opinions qu’Akihito avait développées durant son long règne, depuis 1989. En encourageant le Japon à reconnaître son passé de guerre, et en ne pliant jamais aux nationalistes conservateurs qui vénèrent une tradition incarnée dans son rôle d’empereur, il a révolutionné sa fonction. Logiquement, son successeur Naruhito fera de même, et s’inscrira dans une nouvelle lignée d’empereurs pacifistes cherchant à faire respecter la constitution. Et ce n’est pas une mince affaire, quand on voit la tendance réformatrice et guerrière des nouveaux Premiers ministre.
L’abdication d’aujourd’hui a été marquée par une cérémonie télévisée de 10 minutes, qui s’est déroulée dans le palais impérial. L’empereur a fait ses dernières remarques à travers un discours hautement symbolique où il évoquait son rôle. C’est dans la salle du trône emblématique pour son plancher en bois extrêmement poli que s’est tenue la cérémonie. Dans la même pièce où l’empereur accueille le Premier ministre pour ses audiences. Le ton était solennel et l’atmosphère historique.
Deux rituels très protocolaires et relativement courts fermés au public, mais tout de même retransmis sur la chaîne publique NHK ont pu être observés par les Japonais. Mais si les principales cérémonies et l’abdication se dérouleront mardi et mercredi au palais impérial et à la télévision, l’ensemble du cérémonial s’étend sur plusieurs mois. Il a d’ailleurs commencé dès mars, quand Akihito a informé de son intention d’abdiquer à la déesse du soleil, Amaterasu. Son dernier discours en tant qu’empereur s’est donc déroulé ce mardi à 17 heures, 10h00 en France.
Le couronnement lui-même aura cependant lieu en octobre, en présence des 2600 invités japonais et étrangers. Plusieurs chefs d’État sont notamment attendus. Un mois plus tard, en novembre, le nouvel empereur prendra part à une cérémonie religieuse du culte shinto. Il devra notamment se présenter aux divinités, et plaider en faveur de la paix et d’abondantes récoltes. Au total, toutes ces cérémonies coûteront la bagatelle de 133 millions d’euros, ou 16,6 milliards de yens japonais. Plusieurs mesures avaient été prises pour limiter les coûts et le budget de tels événements, mais la facture est tout de même salée pour une partie de la population japonaise.
Au Japon, nous basculons donc dans l’ère Reiwa.