Matahara au Japon : quand les femmes enceintes se font harceler

Le terme « matahara » est la forme abrégée des mots anglais « maternity » et « harassment ». Il renvoie au traitement inéquitable des femmes : le harcèlement, tant physique que mental, dont sont victimes les femmes qui travaillent lorsqu’elles tombent enceintes ou accouchent.

Cela peut se traduire par la rupture de leur emploi, la suspension de leur contrat d’activité ou le fait de les obliger à quitter volontairement leur poste. Le matahara est, avec le harcèlement de pouvoir et le harcèlement sexuel, l’une des trois principales formes de persécution qui pèsent sur les femmes japonaises au travail.

Le matahara implique un « choix »

Pour les japonaises, le choix est souvent difficile : carrière ou famille ? Quand les femmes tentent de faire les deux, d’avoir un emploi et des enfants, elles se trouvent parfois confrontées à la colère et au harcèlement de leur employeur. Si le Japon est considéré comme un pays développé, il est cependant en retard en matière d’égalité des sexes. La société japonaise applique encore un système conservateur de partage des rôles entre hommes et femmes. Ces dernières sont censées être les seules à élever des enfants.

Le fait de se faire demander de quitter son emploi parce qu’on est enceinte est peut-être illégal, mais cela arrive. En fait, cela arrive très souvent. Une enquête du gouvernement a révélé que près de la moitié des femmes japonaises qui travaillent sur des contrats à court terme sont victimes de harcèlement après une grossesse ou un accouchement.

Face à cette discrimination généralisée, l’ancien Premier ministre, Shinzo Abe, a tenté vainement de renforcer la présence des femmes sur le marché du travail et de relancer la troisième économie mondiale. Selon les résultats, 48,7 % des femmes employées par des agences d’intérim auprès d’entreprises clientes ont été victimes d’abus : licenciement, rétrogradation, traitement inéquitable ou violence verbale. En outre, l’enquête conduite auprès de 3 500 femmes âgées de 24 à 44 ans a révélé que 21,8 % des employés à temps plein étaient victimes de mauvais traitements similaires.

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Un problème social

Plus généralement, selon les résultats d’une enquête publiée par la Confédération des syndicats japonais en 2015, une femme active sur cinq (20,9 %) au Japon a fait l’expérience du matahara. Autrement dit, c’est une situation que toute femme active est susceptible de vivre. On estime que 70 % des femmes quittent leur emploi après avoir eu leur premier enfant.

Comme dit précédemment, le matahara est associé à un risque de fausse couche et de naissance prématurée. Les conséquences de ce phénomène sont donc bien plus graves que celles du harcèlement sexuel, plus connu. Pour le moment, il n’existe cependant aucune définition légale du matahara.

Le site web de Matahara Net, un groupe de femmes qui militent pour mettre fin au harcèlement maternel, a publié de nombreux témoignages. Matahara Net a été créé à la fois pour soutenir les femmes qui ont subi ou pourraient subir du harcèlement maternel, et pour plaider en faveur de meilleures conditions de travail. L’auteure, Osakabe attribue à matahara deux raisons principales : premièrement, les rôles traditionnels des sexes qui ont divisé les attentes des femmes et des hommes, empêchant les femmes d’occuper des postes de travail. La seconde est les longues heures de travail, qui, statistiquement, entraînent une augmentation du harcèlement maternel en raison de la charge de travail exigeante pour le corps et l’esprit (Tsuchiya 2015).

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