Une fois n’est pas coutume. Le Premier ministre, Shinzo Abe a réitéré son engagement, ce dimanche, dans la poursuite d’un amendement nouveau de la Constitution japonaise. Jusqu’alors pacifiste, le caractère de cette dernière pourrait radicalement changer en supprimant les articles garantissant une paix forcée. Voici l’essentiel du discours du Premier ministre japonais.
Un désir qui ne date pas d’hier
Premièrement, il faut d’abord rappeler que Shinzo Abe a basé une grande partie de sa politique sur cette mesure de réforme, qui est extrêmement populaire chez une partie de la population. Cela fait maintenant des décennies que lui et son parti se sont engagés dans le fantasme de la réforme constitutionnelle et aucun retour en arrière n’est envisageable. C’est donc tout naturellement qu’Abe a maintenu son désir de modifier la loi suprême et de clarifier le statut des forces d’autodéfense, afin de mettre fin au débat une bonne fois pour toute. Dans le même temps, le Parti libéral-démocrate au pouvoir, et donc celui d’Abe, s’est tenu à l’écart du sujet en raison de son impact politique majeur sur la société, qui pourrait troubler la série d’élections locales qui se tiendront en avril.
Le Premier ministre, lui, a déclaré : “Je suis déterminé à tout mettre en œuvre pour créer des conditions permettant au personnel des forces de d’autodéfense de s’acquitter de sa tâche avec fierté”. C’est durant une allocution prononcée lors de la cérémonie de remise de diplôme à l’Académie de la Défense nationale qu’Abe s’est exprimé de cette manière, montrant ainsi qu’il est toujours déterminé dans son combat constitutionnel, qui a pourtant subi plusieurs revers au cours des dernières années.
Quelques différences par rapport à l’année dernière
En revanche, s’il on est attentif, nous avons pu remarquer une différence majeure par rapport aux mêmes discours de l’année dernière. Il y a 1 an de cela, Abe n’avait cessé de mentionner la menace causée par les programmes nucléaires et antimissiles de la Corée du Nord. Aujourd’hui, il n’en a pas parlé, ce qui constitue un tournant majeur dans sa politique alors que le danger est toujours là. En coulisse, des sources proches du gouvernement ont laissé entendre que le Premier ministre japonais était disposé à rencontrer personnellement le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un dans l’espoir de faire avancer les choses sur le problème des ressortissants japonais enlevés dans les années 1970 et 1980.
Lors de la cérémonie tenue il y a un an, Shinzo Abe s’était attiré les foudres du régime nord-coréen en déclarant vouloir maintenir une ligne dure jusqu’à ce que Pyongyang abandonne enfin ses programmes de missile nucléaire et balistique. Aujourd’hui le Premier ministre japonais se contenter de réitérer sa détermination à renforcer la défense du pays contre les nouvelles menaces, mais il a simplement évoqué les cyberattaques. Moins guerrière, son allocution semble aller dans le sens d’un climat plus apaisé, mais il faut tout de même prendre des distances et nuancer ses propos quand on connaît un peu le personnage.