Alors que le Premier ministre, Shinzo Abe, milite pour commencer l’année universitaire en septembre, il semble que le pays du soleil levant s’oriente vers une réouverture de certains établissements. L’annonce a été faite par le ministre Yasutoshi Nishimura, qui a toutefois nuancé en indiquant que cela nécessiterait des mesures « appropriées ».
Parc, musée, bibliothèque : la liste
Progressivement, au fil des prochaines semaines, le Japon va autoriser la réouverture de certains établissements. Cela concerne les bibliothèques, les musées, les parcs et d’autres « installations publiques ». Alors que l’on pourrait s’attendre à des cas spécifiques dans les zones les moins touchées, le ministre de la Revitalisation économique a expliqué que cette décision concernerait l’ensemble du territoire. Afin de garantir une sécurité au plus grand nombre, l’ensemble de ces installations publiques devront montrer des signes suffisants pour « empêcher » la propagation du coronavirus. Ce lundi, le gouvernement va publier un rapport spécifiant les mesures de sécurité à entreprendre, les établissements autorisés à la réouverture, comme le rapporte le quotidien Japan Today. Pour rappel, le Premier ministre Shinzo Abe va prolonger l’état d’urgence ce lundi 4 mai, probablement d’un mois.
Dans un premier temps, la réouverture concernera uniquement certaines préfectures. Nous pouvons citer Osaka, Hokkaido, Tokyo, Kyoto, Fukuoka ainsi que huit autres, triées sur le volet. La mesure ne manque pas de surprendre les Japonais, puisque ce sont, pour certaines d’entre elles, les zones les plus touchées par la pandémie de coronavirus au Japon. Pour soutenir les entreprises de taille moyenne en difficulté, et notamment dans les zones urbaines, le gouvernement réfléchit à plusieurs options. Il semble que certains fonds privés comme le Regional Economy Vitalization Corp soient utilisés à titre exceptionnel. Ce sont plusieurs centaines de millions de yens qui seront déployés afin de répondre au mieux à l’impact de la crise, qui semble partie pour durer au pays du soleil levant. Actuellement, une subvention de 8300 yens par employé est accordée quotidiennement aux entreprises. Elle pourrait faire l’objet d’une augmentation d’ici les prochaines semaines. C’est en tout cas une piste d’étude qui est envisagée par le gouvernement, selon Nishimura.
Enfin, d’ici les prochains jours, le gouvernement effectuera un point avec la presse sur les prochaines échéances à tenir, et les objectifs à accomplir. Selon le ministre, cela permettra aux Japonais de mieux cerner les conditions requises pour lever l’état d’urgence, qui se poursuivra jusqu’au mois de juin au minimum. Certaines entreprises ont dû fermer, et les Japonais sont cordialement invités à rester chez eux.
Les réactions sont divisées au Japon
Une première vague enthousiaste de Japonais et d’internautes a pris avec sérieux l’annonce du ministre japonais. Selon eux, il s’agit d’une « bonne nouvelle » qui coïnciderait avec « le faible taux de contamination » au Japon. Cependant, beaucoup ne comprennent tout simplement pas la politique du gouvernement. Alors que les gens sont cordialement invités à rester chez eux, voilà que plusieurs établissements rouvrent leurs portes. Le Japon est-il fermé ou ouvert ? Bref, les signaux confus émis par le gouvernement ne manquent pas d’exacerber une frange de la population. Pour beaucoup, il n’y a pas d’aplatissement significatif de la courbe de contamination, et notamment dans la capitale, Tokyo. Le 28 avril, 183 nouvelles contaminations ont été dénombrées, un chiffre qui est depuis remonté à 261 ce 2 mai 2020. Dans la capitale, une cinquantaine de personnes sont contaminées quotidiennement.
Dans le même temps, le Premier ministre Shinzo Abe envisage un prolongement de l’état d’urgence, à partir de ce lundi 4 mai. La décision a été prise en consultation avec des experts, qui recommandent une extension de l’état d’urgence. Ces derniers sont chargés d’évaluer la propagation des cas de contamination de coronavirus à travers le pays, et notamment la courbe. L’idée dominante du gouvernement semble être de vouloir limiter les flux de personnes d’une région à l’autre. Cependant, en prenant la décision de rouvrir quelques établissements publics comme les parcs (où de nombreux Japonais se massent régulièrement), difficile de respecter une distanciation sociale. Également, certains économistes ont expliqué que les pertes d’emplois doubleront.
Quoi qu’il en soit, d’après le ministre de la Revitalisation économique Yasutoshi Nishimura, deux facteurs guideront les prochaines mesures. D’une part, le nombre de contaminations, qui est déclaré quotidiennement. Puis, d’un autre côté, la situation des hôpitaux, qui est en passe de s’effondrer au Japon. Pour le moment, Tokyo est la zone la plus touchée du Japon, avec plus de 4500 contaminations. Ensuite, les régions de Hokkaido (800 cas) ou de Hyogo (655 cas) sont également affectées. Pour plus de 15 000 contaminations, le Japon recense un bilan de 470 morts.
L’impact du coronavirus sur les petites localités au Japon
Beaucoup moins médiatisées, les petites municipalités qui dépendent du tourisme et des festivals en été sont largement touchées par les annulations successives. C’est notamment le cas pour les petites villes et des villages culturels. À une échelle plus importante, le festival de Gion a été annulé pour la première fois en 58 ans à Kyoto. À Aomori, la fête locale (Nebuta) a été annulée pour la première fois en 62 ans. Enfin, à Kochi, le festival Yosakoi est supprimé, une première en 66 ans. Le maintien de ces événements à forte concentration ne pouvait être acté, dans un contexte où le coronavirus se propage à travers des porteurs sains.
Ces festivals, qui sont pourtant des célébrations remontant parfois à l’an 869 comme à Kyoto, rythment la vie des habitants et des touristes depuis des années. Les décisions sont déchirantes, mais largement acceptées par la population. Cependant, les petits commerces, comme les fleuristes, les bibliothécaires, les artificiers sont tout simplement à l’arrêt. Ce genre de grande fête attire plusieurs millions de personnes par an, sur une durée de quelques jours. Le fabricant de poudre à canon Gunsmith de Kunitomo Co (Kyoto) a vu ses recettes souffrir d’une « baisse importante ». Selon lui, l’impact économique du coronavirus sera plus important que ne le fut le tsunami de 2011.