Le Japon a lentement assoupli ses restrictions frontalières liées au coronavirus ces derniers mois. En mars 2022, après presque deux ans de fermeture hermétique, le pays du soleil levant a recommencé à accueillir des étudiants, des universitaires ainsi que des hommes d’affaires. En avril, les parents proches ainsi que les parents des résidents étrangers ont été autorisés à entrer dans le pays. Mais quand est-ce que le pays va totalement rouvrir l’intégralité de ses frontières à l’ensemble des visiteurs étrangers, et surtout les touristes ?
La réouverture des frontières japonaises au tourisme
À l’heure où nous écrivons ces lignes, c’est-à-dire le 13 mai 2022, les frontières japonaises sont toujours fermées aux touristes. Ce terme englobe une large catégorie de personnes qui comprend des voyageurs de loisirs, des partenaires non mariés, des résidents du Japon ainsi que certains échanges culturels. Pour autant, le tourisme japonais n’a pas cessé : nous venons de rentrer de la Golden Week, une semaine de jours fériés où la majorité des Japonais s’absente pour aller courir le monde. De nombreuses personnes ont pris le train, l’avion ou encore des bus pour rendre visite à leurs proches et à leurs parents.
Le tourisme intérieur était donc en pleine ébullition. Il y avait des foules de gens dans les aéroports qui attendaient pour embarquer à bord d’un vol intérieur, mais également à destination de l’étranger. Nous savons qu’Hawaï a été particulièrement ciblée par une catégorie de résidents japonais. Les compagnies aériennes ont indiqué que les réservations du 29 avril au 8 mai ont été 1,7 fois plus élevées que l’année précédente pour les vols intérieurs. La statistique est 4,7 fois plus élevée pour les vols internationaux. Selon la société Japan Railway Companies, le nombre de passagers qui utilisaient les trains était 4 fois supérieur à celui de la Golden Week de 2021.
C’est la première semaine de vacances du genre depuis 2019 où la plupart des régions du Japon n’ont pas été soumises à l’état d’urgence. Ainsi, l’impression est que le tourisme intérieur se remet sur pied au Japon. Les chiffres ne sont évidemment pas autant élevés qu’avant la pandémie, mais cela semble prendre une direction qui rend les observateurs optimistes. Rappelons que le Japon est l’un des rares pays au monde à avoir une politique aussi stricte, qui empêche totalement le tourisme international. C’est d’ailleurs le seul membre du G7 qui a le droit de le faire. C’est tout le contraire du Royaume-Uni qui, par exemple, n’a plus aucune restriction pour les voyageurs internationaux.
Les chiffres du tourisme
Au-delà de ce que nous avons avancé ci-dessus, nous savons qu’il y avait 32 millions de voyageurs qui sont venus au Japon en 2019. En 2021, le chiffre a chuté logiquement à 250 000 voyageurs. Des quartiers comme Akihabara ou le Sensoji à Tokyo étaient bondés de touristes. Il en va de même pour les premières destinations touristiques comme Kyoto qui se sont rapidement désengorgées.
Les touristes internationaux représentent la principale cible pour de nombreuses entreprises japonaises. Mais il ne faut pas oublier que des catégories comme des partenaires amoureux, des petites amies, des membres de la famille élargie souhaitent aussi se rendre au Japon pour des raisons personnelles, en tant que touristes. Il est à préciser que les parents et les membres rapprochés de la famille peuvent venir au Japon s’ils obtiennent le bon visa. En ce qui concerne la famille élargie, ce n’est pas possible. Certains n’ont donc pas vu leur famille depuis plusieurs années, c’est-à-dire depuis le début de la pandémie.
Les coûts de l’interdiction du tourisme international sont très importants pour les entreprises japonaises. Cette interdiction a frappé le secteur de l’hôtellerie, les compagnies aériennes, mais également les restaurants. Ces industries qui misaient gros sur l’influence étrangère ont été durement touchées depuis le début de la pandémie. Selon un professeur de l’université du Kansai, la perte résultant du manque de visiteurs étrangers est chiffrée à environ 11 000 milliards de yens, pour la seule année de 2020. C’est énorme, surtout quand on le rapporte à l’économie du Japon qui était, en 2021, de 541 000 milliards de yens. Cela représente ainsi une perte de 2 % du PIB.
Peut-être avez-vous vu la situation désastreuse de la monnaie japonaise, le yen. On peut sans conteste avancer que sans les frontières hermétiquement closes, de nombreux touristes étrangers auraient certainement profité de la basse valeur du yen pour se rendre au Japon. Le pays ne peut donc même pas profiter de cette situation.
Vers une réouverture imminente du tourisme ?
À partir du début de mois de mai, nous avons vu des reportages dans divers médias japonais qui annonçaient que le gouvernement pourrait songer à expérimenter un tourisme international très limité dès la fin du mois. Cela marquerait le début de la réouverture au tourisme international pour le pays du soleil levant. Toutefois, il faut rappeler qu’il n’y a toujours pas eu d’annonce officielle. D’après Fuji News, il s’agira de petits voyages à forfait. Avec un guide, ce dernier deviendra le responsable du groupe. Quelqu’un sera donc toujours chargé de veiller sur les touristes internationaux entrants. On est de ce fait loin de la liberté du tourisme d’avant la pandémie.
L’un des indicateurs que les observateurs scrutent est le plafond d’entrée quotidienne au Japon. Il sera progressivement augmenté à 20 000 personnes par jour en juin. Avant la pandémie, il y avait environ 90 000 voyageurs entrants par jour. Ainsi, même en considérant la prochaine augmentation, cela sera encore bien loin du compte.
La culture du masque est également différente entre le Japon et le reste du monde. Alors que les mesures s’accumulent pour supprimer le masque dans les transports en commun et même dans les avions en Europe, le Japon est encore très attaché à cette protection supplémentaire. Il y a fort à parier pour que le gouvernement nippon demande expressément à l’intégralité des touristes de le porter en toutes circonstances, du moins dans un premier temps.
Il y a par ailleurs la possibilité qu’un autre variant se déclare dans les prochaines semaines. Nous avons eu le cas avec Omicron, alors même que le Japon avait commencé à alléger les restrictions aux frontières. La possibilité reste néanmoins plus faible qu’avant, parce que le Japon et d’autres pays ont été vaccinés. Il y a donc des moyens pour y faire face par rapport à il y a un ou deux ans.
Quoi qu’il en soit, il semble assez probable que le Japon ouvre ses frontières au tourisme sous une forme ou une autre à partir de juin 2022. Il faudra cependant surveiller une éventuelle augmentation catastrophique des cas liés au tourisme intérieur de la Golden Week. Les processus se dérouleront par phases. D’abord avec de petites quantités et des voyages à forfait. Les autorités surveilleront le nombre de cas au Japon et s’attacheront à vérifier s’il y a une causalité entre une éventuelle reconnaissance et la réintroduction des touristes. Il est probable qu’à l’automne ou à la fin de l’année 2022, on retrouve des conditions d’accès facilitées pour le pays du soleil levant. Mais s’il y a bien une chose que le Japon nous enseigne administrativement parlant, c’est la prudence.