Vous le savez probablement, la population du Japon diminue chaque année. L’année dernière, elle a d’ailleurs chuté de près de 450 000 personnes, ce qui constitue un record. Depuis le début de la création des statistiques démographiques contemporaines dans l’archipel, en 1899, il n’y avait jamais eu si peu de bébés nés (921 000). 2017 avait établi un record, que 2018 vient d’écraser. Tout cela a des conséquences logiques sur les villes et les lieux d’habitation, et on apprend aujourd’hui que plus de 13 % des maisons Japon sont abandonnées.
Un triste record
Évidemment, le nombre de personnes décédées avait explosé durant la période de guerre, ce qui est logique. Mais en ce qui concerne toute la période d’après-guerre, qui se traduit par une prospérité croissante entrecoupée par des crises financières, le Japon est en train d’établir un triste record en matière de démographie. C’est une véritable crise que les dirigeants n’arrivent pas vraiment à enrayer. La tendance actuelle est que les naissances diminuent de plus en plus, et les décès augmentent régulièrement, le tout sur des décennies.
Comme nous vous l’avons dit plus haut, 13 % des maisons au Japon sont abandonnées, ce qui porte le total un record de 8,5 millions de domiciles au 1er octobre 2018. Par rapport à des statistiques il y a cinq ans, ce chiffre est en hausse de 260 000 habitations. Au total, les maisons abandonnées représentent 13,6 % des logements au Japon. Ce sont des statistiques officielles du gouvernement qui ont dévoilé ce chiffre alarmant. Certaines zones sont bien plus touchées que d’autres. Par exemple, Saitama, juste au nord de Tokyo, tout comme la région tropicale d’Okinawa, affichent tous deux une faible proportion de logements vacants. Mais en ce qui concerne d’autres régions comme les préfectures de Yamanashi et de Wakayama, le taux peut dépasser les 20 %. Imaginez-vous dans une région ou un logement sur cinq est totalement vide et inoccupé, laissé à l’abandon.
Il n’y a pas que les habitations, puisque plusieurs autres logements sont touchés par un effet domino. C’est le cas des écoles, où beaucoup sont abandonnées et le ministère japonais de l’éducation a du mal à trouver des solutions pour les utiliser. Certaines deviennent des bâtiments pour sécher la viande, ou encore desonsen (lieu de spa aux sources chaudes). Le nombre total de logements Japon a cependant augmenté de 1,8 millions cette année, pour atteindre la somme de 62,4 millions.
Aujourd’hui, le Japon cherche des moyens pour contrecarrer cette dynamique démographique catastrophique. Les frontières sont de plus en plus ouvertes aux étrangers, pour répondre à une pénurie croissante de main-d’œuvre. Mais tout cela soulève encore un autre problème : il n’y a pas assez d’éducateurs pour enseigner le japonais aux nouveaux venus, et certains dénoncent un traitement discriminatoire, notamment sur le point salarial.
Quelles sont les raisons de tels abandons ?
Il convient d’aller plus loin afin d’explorer les raisons d’un tel phénomène. Avoir plus d’une maison sur 10 abandonnée constitue un triste record dans un pays aussi développé et surtout si limité territorialement que l’archipel japonais. Premièrement, le gouvernement est également en cause. Les droits de succession sont très élevés au Japon, et si vous héritez par exemple d’une maison à Tokyo, cet impôt à lui seul vous conduira quasi systématiquement à la faillite. Cela favorise un marché de logements qui pourrissent de plus en plus, et des maisons qui ne trouvent pas de propriétaires.
Également, la société japonaise est telle qu’il existe des problèmes d’héritage non réglés chez les enfants, et ce de plus en plus fréquemment. Les conflits s’étendent sur plusieurs années pour savoir qui aura le bien hérité et la justice met du temps à trancher. De plus, les frais de démolition des maisons sont beaucoup trop onéreux, car souvent une démolition coûte plus que le prix du terrain obtenu. Ainsi, ce n’est pas une solution lucrative pour les propriétaires qui héritent d’un bien. Concernant les autres problèmes fiscaux, tant que la maison est là, même si les gens n’y vivent pas, les impôts sont relativement faibles. Mais pour ce qui est des terrains plats vacants où les gens ne vivent pas, les impôts peuvent être augmentés jusqu’à six fois. Il y a donc bien des raisons à ne pas démolir sa maison pour en faire un terrain.
Enfin, il ne faut pas se leurrer, mais la majorité de ces maisons et immeubles endommagés n’est plus habitable. La majorité des gens veulent emménager dans de nouvelles habitations modernes (qui leur reviendront bien souvent moins cher), et acheter un terrain avec une maison entraînera forcément des coûts supplémentaires, que ce soit lors de sa démolition ou lors de sa rénovation. Le gouvernement aurait certainement intérêt à mettre en place un programme de rachat ou d’incitation, ce qui couvrirait les coûts de rénovation. Dans le même temps, plusieurs populations nécessitent des logements et peinent à se faire accepter par les propriétaires : les condamnés nouvellement libérés, toute une population de retraités, les garderies mais également les refuges pour les sans-abri. Dans une zone géographique aussi étroite que le Japon où le terrain coûte des sommes astronomiques, s’occuper des logements abandonnés apparaît comme une solution de plus en plus vitale.
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