Signification de Shonen, Seinen, Shojo

Shonen-Shojo-Seinen-Josei-Explication

Mais qu’est-ce qu’un shonen, seinen, shojo ? Les mangas ainsi que leurs adaptations en animes sont catégorisés en plusieurs genres. Ces mots japonais ont pour but de désigner des publics cibles en fonction de l’âge et du sexe du lecteur. Bien sûr, ces classifications ne vous engagent en rien à vous cantonner à une unique catégorie de mangas. Il est même recommandé, pour notre culture générale, de partir à la découverte de nouveaux genres !

Pour rappel, le manga est l’un des produits les plus vendus en France. Il concurrence de plus en plus la BD et figure désormais dans la majorité des places du top 50 des ventes françaises. En 2021, plus de 47 millions de tomes ont été vendus, un record historique qui représente le double de l’année 2020. On observe annuellement l’apparition de nombreuses maisons d’éditions et chacune classifie ses acquisitions en plusieurs genres, voire en sous-genres.

Le shonen

Astro Boy

Le genre shonen signifie littéralement « garçons et adolescents » en japonais. Le public cible est masculin et se situe entre 8 et 18 ans. C’est le genre le plus populaire parmi l’ensemble des catégories de mangas. Il a été popularisé par de célèbres œuvres comme Dragon Ball, Saint Seiya ou Olive et Tom.

En règle générale, la trame de ce type d’œuvres tourne autour de personnages principaux qui vont mettre en avant des valeurs universelles comme l’amitié, le goût de l’effort, le dépassement de soi ou l’esprit de groupe. Ils répondent habituellement à une menace avec force et abnégation. Les œuvres les plus connues et populaires sont Dragon Ball, Naruto, Demon Slayer, Bleach et One Piece. On peut aussi trouver des shonen plus matures, notamment en ce qui concerne l’expression graphique de certaines formes de violence comme L’Attaque des Titans ou Death Note.

Le shonen a souvent été maladroitement employé pour qualifier les œuvres dites « nekketsu ». Il s’agit d’un sous-genre qui tourne fréquemment autour des mêmes aspects : le héros est un jeune garçon orphelin, il a un objectif ou un rêve qui veut absolument réaliser peu importe les obstacles. Il a souvent accès à des pouvoirs ou à des capacités hors du commun qui se révèlent progressivement au fil de son aventure. Les premiers adversaires qu’ils rencontrent deviennent ses compagnons. À un certain moment de l’aventure, une ellipse temporelle s’effectue.

Le shojo

Fruits Basket Manga

Le genre shojo signifie littéralement bandes dessinées pour filles. Les œuvres de ce genre ciblent un public jeune (d’adolescentes) et féminin. Traditionnellement, les lectrices ont entre 8 et 18 ans. Bien sûr, il existe également un public masculin qui se montre particulièrement friand des histoires de romance.

Les œuvres s’inscrivant dans le genre shojo se démarquent par une plus grande profondeur psychologique dans les protagonistes, majoritairement féminins. C’est dans ce type d’œuvres que l’on va découvrir des histoires d’amour entre plusieurs personnages, une plus grande expression des sentiments intérieurs ou des questionnements autour de la condition de la femme.

Il n’est d’ailleurs pas surprenant que la majorité des mangakas de shojo soit des femmes. Les œuvres les plus connues sont Blue Spring Ride, Maid Sama, Orange, Fruits Basket ou encore Host Club – Le lycée de la séduction. On ne saurait que trop vous conseiller la lecture de Sawako et Nana, qui sont deux monuments du genre !

Le seinen

Berserk

Le seinen manga est en quelque sorte l’évolution naturelle du shonen. Le public cible est toujours un masculin, mais ce sont désormais les jeunes adultes qui sont en ligne de mire. Traditionnellement au Japon, on considère qu’une œuvre est « seinen » lorsqu’elle est prépubliée dans un magazine qui cible de jeunes adultes de sexe masculin. Ce n’est pas un genre à part entière.

L’idée du seinen est de reprendre les grands codes du shonen, mais de les traiter avec une vision beaucoup plus adulte et mature. L’expression de la violence ou de certains thèmes pour adultes (nudité, sexe, gore) est plus facilement diffusée. Cela se vérifie notamment dans des œuvres emblématiques comme Berserk, Tokyo Ghoul ou Gantz.

Parfois, c’est surtout la réflexion des protagonistes, la morale de l’histoire et les conflits intellectuels qui orientent une œuvre vers un public adulte. Parlons par exemple de 20th Century Boys, Monster ou Vagabond. Il y a de temps en temps moins d’action dynamique qu’un shonen, mais un seinen adore apporter davantage de profondeur au contexte, à l’imaginaire du lecteur et, occasionnellement, à ses dilemmes moraux.

Le josei

Paradise Kiss

Le josei manga est l’équivalent féminin du seinen manga. Le public est majoritairement féminin et adulte. Les thèmes abordés raisonnent avec des femmes déjà insérées dans la vie professionnelle, mariées et avec d’autres attentes. Tout comme le seinen avec le shonen, le josei manga reprend la majorité des thèmes et des forces du shojo.

On peut grossièrement diviser ce genre en plusieurs types. Premièrement, les drames placent fréquemment une femme au centre de l’intrigue et de nombreux thèmes de la société japonaise sont traités : adultère, mariage, beauté, amour, carrière, vieillesse… Le deuxième grand thème concerne les fantaisies romantiques, qui sont inspirées des shojos. On trouve ainsi des femmes qui rencontrent des princes charmants et vont les épouser. Il n’est pas rare que ce type d’histoire soit le théâtre de nombreux fantasmes du lectorat féminin, avec un certain nombre de scènes de sexe. En outre, des thématiques concernant la sexualité sont régulièrement abordées : homosexualité, transsexualité, pouvoirs magiques, réincarnation, fantôme, etc.

Les œuvres josei les plus populaires sont Usagi Drop, Paradise Kiss, Kagerou Daze ou encore Karneval. Cela ne représente qu’un fragment des nombreuses pépites que l’on peut lire et qui sont de plus en plus éditées en France. Des œuvres plus anciennes comme Kimi wa Pet (2000), Hachimitsu to Clover (2000) ou encore Nodame Cantabile (2001) restent des incontournables plébiscités au Japon comme dans le reste du monde.

Le problème de la classification japonaise

Des-mangas-au-Japon

Les quatre genres de mangas que nous avons abordés ci-dessus sont propres à une classification japonaise. Elle a été formulée pour correspondre avec un public asiatique bien différent de celui que nous avons en France. Les attentes ne sont pas les mêmes, les thématiques, la culture et les modes de fonctionnement non plus. Par conséquent, certains « réglages » ne peuvent se décalquer lors de l’importation et l’exportation de ces biens de consommation.

Pour cette raison, on note que la classification d’œuvre seinen ou shonen est parfois différente d’un pays européen à l’autre par rapport au Japon. Si vous consultez des sites anglophones par exemple, vous ne serez pas surpris de voir des œuvres comme Death Note ou l’Attaque des Titans être des shonen ou des seinen. Cette ambiguïté touche aussi les œuvres shojo et josei, destinées à un public féminin. En fait, il est complexe de catégoriser des œuvres qui reprennent tous les codes d’un genre tout en ajoutant une dimension mature. Quelle est la frontière, quelle est la limite entre les deux ?

C’est pour ce type de problématique qu’une classification trop intense des œuvres est et sera toujours sujette à débat. Il est parfois impossible de ranger une œuvre vaste de plusieurs dizaines de tomes dans une seule catégorie. Les thématiques déborderont toujours et il serait plus juste de diviser en deux les mangas : pour un public masculin ou féminin.

Si cela permettait de simplifier le processus de classification, tout comme le repérage chez les lecteurs, une problématique en découlerait : les sujets adultes. Certaines œuvres sont mises dans le genre adulte pour la seule raison que des scènes sexuelles, de nudités ou de violences visuelles sont dévoilées. Les jeux vidéo, de leur côté, ont opté pour des classifications par âge (Pegi 16, 18, etc.).

Des frontières poreuses

Plusieurs mangas

Maintenant que nous avons mis en lumière les lacunes de classification en France et au Japon, il est temps de répondre à une question essentielle : puis-je lire des œuvres destinées à un public féminin alors même que je suis un jeune homme. La réponse est logique, mais oui, bien entendu. C’est même conseillé ! Les œuvres de romances sont très riches et surtout, elles permettent une autre perspective lors de la lecture de votre volume. La narration, les plans de développement, les angles, tout est parfois anglé différement.

Que ce soit pour votre culture générale, pour changer vos habitudes, pour découvrir de nouveaux horizons ou pour combler certaines sensibilités, on ne saurait que trop vous recommander de lire des œuvres destinées à l’autre genre. Il semble que les filles aient, comme souvent, plus de facilités à lire des mangas dessinés pour des hommes que l’inverse.

Il serait également réducteur de qualifier des œuvres shonen à un simple développement d’un protagoniste jeune et incapable vers un héros des temps modernes. Tout comme il serait injuste de caractériser un shojo par une histoire d’amour typique au lycée. Les mangas se renouvellent sans cesse, que ce soit dans le style graphique ou la narration. Des dizaines d’œuvres sortent chaque année au Japon et il est impensable de trouver de l’ennui dans ces dernières. La nouvelle génération de mangaka a été berçé par les œuvres des années 90 et 2000, ce qui les pousse à aller plus loin en améliorant le concept, si ce n’est en le révolutionnant.

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