Mais pourquoi le Japon n’a pas d’armée ? Vous l’avez surement entendu quelque part, l’ancienne superpuissance du XXe siècle ne possède pas de réelle force terrestre aujourd’hui. Les racines d’une telle situation se trouvent, comme souvent, dans l’histoire récente…
💥 La Seconde Guerre mondiale et ses conséquences
Si l’on veut comprendre pourquoi le Japon n’a pas (officellement) d’armée aujourd’hui, il faut regarder du côté de la Seconde Guerre mondiale.
La constitution du Japon interdit depuis 1947 la formation d’une force militaire traditionnelle. Depuis lors, le pays n’a maintenu qu’une force d’autodéfense (FJA), dont la mission a été de protéger le continent japonais. Même en respectant ces limites, la FJA a joué un rôle paramilitaire et logistique, en soutenant les troupes américaines basées au Japon en échange de promesses de protection. Selon certains experts, cette dynamique est en train de changer.
Cette Constitution a été rédigée en 1947 sous les ordres des forces américaines déployées pour occuper et reconstruire le Japon après la Seconde Guerre mondiale. Elle célébrait les objectifs de paix et de démocratie. Son article 9 interdit explicitement au pays du soleil levant de maintenir une armée ou d’utiliser la force au niveau international pour quelque raison que ce soit. Si vous vous demandez pourquoi le Japon n’a pas d’armée aujourd’hui, c’est pour cette raison.
ARTICLE 9.
- (1) Aspirant sincèrement à une paix internationale fondée sur la justice et l’ordre, le peuple japonais renonce à jamais à la guerre en tant que droit souverain de la nation et à la menace ou à l’usage de la force comme moyen de règlement des différends internationaux.
- (2) Afin d’atteindre l’objectif du paragraphe précédent, les forces terrestres, maritimes et aériennes, ainsi que les autres possibilités de guerre, ne seront jamais maintenues. Le droit de belligérance de l’État ne sera pas reconnu.
🎎 Les forces armées du Japon depuis 20 ans
Ces deux dernières décennies, certains arguments en faveur de la « remilitarisation » – ou de la « normalisation » militaire, comme l’appellent de nombreux partisans – ont gagné en importance. Après le 11 septembre, les forces des FJA ont été déployées à l’étranger pour la première fois (en Afghanistan et en Irak). Celles-ci ont presque exclusivement joué un rôle de soutien, mais leur déploiement est considéré comme le symbole d’un changement d’attitude ainsi que d’un défi à la constitution. Depuis, un certain ne comprennent pas pourquoi le Japon n’a pas d’armée comme le reste des puissances du G7.
Les militaires japonais n’ont cependant pas le droit d’être des attaquants solitaires. Les forces armées japonaises ne se contentent pas de respecter le droit international, elles s’abstiennent également d’utiliser des armes offensives comme les missiles balistiques à longue portée, les bombardiers et les porte-avions. Leurs effectifs sont assez limités. Quand elles exercent une puissance militaire, c’est de manière défensive et bilatérale (en coopération avec les États-Unis). Indépendamment de cela, alors que le Japon est entré dans l’ère Reiwa, le pays cherche à être un leader en matière de sécurité internationale et sa présence militaire actuelle continue d’être façonnée par son histoire.
En réponse aux menaces redoutées de la Chine et de la Corée du Nord, le Japon est soumis à une pression croissante pour modifier cette orientation et étendre ses opérations militaires, tant de la part des États-Unis que sur le plan intérieur. Aujourd’hui, l’interdiction est constitutionnelle. Voilà, maintenant, vous savez pourquoi le Japon n’a pas d’armée…
📈 Vers une évolution ?
Nous avons donc vu que d’un point de vue institutionnel, le Japon est l’un des seuls pays du monde à ne pas avoir le droit de posséder des armes offensives. Dans les faits, l’armée est belle est bien équipée avec des missiles longue portée, qui peuvent toucher d’autres pays voisins.
Au cours du XXIe siècle, les Forces japonaises d’autodéfense se sont impliquées dans plusieurs conflits où les Force de maintien de la paix des Nations unies opèrent. En Irak par exemple, un contingent japonais a été envoyé pour la première fois depuis plus de 50 ans, en 2004, afin de soutenir la coalition menée par les Américains. Officiellement, les troupes nippones étaient là dans une dimension humanitaire et de reconstruction du pays. Mais le symbole était fort !
Devant les menaces croissantes de ses voisins belliqueux (Corée du Nord, Chine, Russie), le Japon se militarise progressivement depuis une vingtaine d’année. En 2006, un véritable ministère de la Défense est créé (succédant à l’Agence de Défense). Des pactes de défense mutuelle sont signés, notamment avec l’Australie en 2007. Le nombre de militaires est revue à la hausse (240 000 hommes en 2006, 246 000 en 2015) tout comme le nombre de réservistes (50 000 en 2016).
Les FAJ possèdent 1595 avions et quelque 130 navires de guerre. Des commandes pour des aéronefs américains (F-35) sont régulièrement passées, alors qu’une bonne partie de l’arsenal de combat est désormais produite localement. Plus cher certes, mais cela permet de ne pas tout importer et de ne pas dépendre entièrement de ses voisins. En outre, le Japon dépend toujours énormément des Américains, qui l’englobent sous le parapluie nucléaire et qui ont signé un pacte d’alliances mutuelles.