Nyotaimori, ou l’art japonais de servir des sushis sur des femmes nues

Le « Nyotaimori » est la tradition japonaise qui consiste à manger des sushis sur le corps d’une femme nue et parfaitement immobile. La pratique a de quoi étonner, et nous allons tenter de vous en apprendre davantage au sein de cet article.

Une pratique ancienne, mais contestée

Si vous souhaitez déguster un rouleau de thon épicé accompagné de seins et d’une conversation gênante, ne cherchez pas plus loin que la pratique du nyotaimori. Contrairement à sa nature voyeuriste, manger des sushis sur le corps d’une femme nue est une tradition respectée dans la culture japonaise, qui remonte au début des années 1600. Du fait de son occidentalisation, elle est également devenue une tendance de plus en plus populaire pour les enterrements de vie de garçon et a suscité des critiques de la part de ceux qui qualifient l’événement d’objectivant, de dégradant et d’anti-féministe.

Elle est devenue populaire au cours de la période Edo (1603 – 1867). À cette époque, le pays était divisé en plusieurs États, les samouraïs défendant leurs régions respectives. A leur retour de bataille, les guerriers fêtaient leur victoire dans des maisons de geisha qui accueillaient des nyotaimoris. Ces soirées sushi étaient et sont toujours courantes dans les réseaux de crime organisé comme les yakuzas, l’équivalent japonais de la mafia sicilienne. Pour remettre les choses en perspective, cela reviendrait à voir des femmes nues portant des spaghettis et des boulettes de viande dans Le Parrain.

Dans le monde entier, la perception varie car plusieurs pays ont interdit cette pratique. Ainsi, en 2005, la Chine a interdit le nyotaimori sur des corps nus, le condamnant pour des raisons de santé publique et des questions morales. À Hong Kong, les organisateurs d’un événement sous forme de brunch avec des nyotaimori ont rencontré des réactions négatives du public et ont été accusés de sexisme sous couvert d’art, après quoi le nyotaimori a été annulé pour l’événement.

Pourquoi cette pratique du nyotaimori ?

Dans les temps passés comme aujourd’hui, son attrait visuel est considéré comme une forme d’art. Ses adeptes estiment que le mariage de la nourriture et de la sensualité renforce l’expérience culinaire globale en se régalant d’un être vivant, respirant et magnifique. Généralement, le mannequin reste immobile et ne parle pas aux invités. Elle sert d’assiette avec son corps nu. La version masculine du nyotaimori existe aussi. Les Japonais l’appellent nantaimori.

Concernant la nourriture et l’hygiène : les sushis sont placés sur des feuilles afin d’éviter tout contact direct entre la nourriture et la peau. Les modèles sont généralement recouverts de feuilles de bambou, de fleurs et même de film plastique pour servir de barrière entre la peau et le rouleau de peau de saumon. Les cuisiniers utilisent les parties plates du corps pour que les sushis ne roulent pas. Les clients mangent les sushis à l’aide de leurs baguettes. Il est strictement interdit de toucher le corps de la personne. Tout comportement irrespectueux entraîne l’expulsion du client du restaurant.

Pour se transformer en plateau de sushi vivant, la personne (généralement une femme) est entraînée à rester allongée pendant des heures sans bouger. Elle devra également être capable de supporter l’exposition prolongée à la nourriture froide. Avant son service de nyotaimori, la personne est censée avoir pris un bain à l’aide d’un savon spécial sans parfum, puis avoir terminé par un jet d’eau froide afin de refroidir quelque peu son corps pour les sushis. Selon les lois sanitaires en vigueur dans certaines régions du monde, une couche de plastique ou d’un autre matériau doit être placée entre le sushi et le corps de la femme ou de l’homme.

La pratique est souvent désignée sous le terme de « Naked Sushi » pour des raisons évidentes. Quelques restaurants occidentaux se servent du miroir de la tradition japonaise pour exporter la pratique, et la dégrader à souhait. Que ce soit pour des fêtes d’anniversaires ou pour des réunions entre collègues, les règles japonaises ne sont pas toujours respectées. Par exemple, certains établissements autorisent les personnes à manger directement la nourriture sur le téton du mannequin.

Il n’est pas surprenant d’apprendre que beaucoup de personnes ont été dégoutées par l’expérience. Dans le livre « A short Poetics of Cruel Food », le Professeur Jeremy Strong dépeint le Nyotaimori comme une discipline décadente, humiliante, objective et cruelle.

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