Que ce soit dans les dramas, dans les animes ou lorsque vous vous rendez au Japon, on entend souvent l’expression « Itadakimasu » à table. Pourtant, les formules françaises comme « bon appétit », « bon courage » sont difficilement traduisibles en japonais. Dans cet article, retrouvez toutes les informations sur la formule de politesse itadakimasu ainsi que l’ensemble de ses significations.

🍜 Itadakimasu : qu'est-ce que c'est ?

Au Japon, on emploie la formule de politesse Itadakimasu (いただきます) à table, avant de se mettre à manger. La procédure est donc que similaire à notre « bon appétit » que nous utilisons en France.

Pourtant, les sens des deux ne sont pas les mêmes. En effet, même si l’on recourt à « Itadakimasu » au commencement du repas, souvent en joignant les mains, le sens de cette formule se rapproche davantage de : « merci pour ce repas ».

En fait, les Japonais emploient cette politesse pour offrir une réponse à ce que l’on reçoit. Les convives remercient en conséquence la personne qui a préparé les aliments, mais également (voir surtout) la nourriture en elle-même et de ce fait la nature. Cette notion de respect et de reconnaissance est typique de la culture nipponne.

De manière générale, l’expression Itadakimasu n’est pas systématiquement liée à la nourriture. Dans de rares cas, des citoyens peuvent l’utiliser à la piscine ou lorsque vous montez dans un avion. L’important ici est le concept de réception.

L’expression trouve son origine dans la croyance bouddhiste. On remercie pour la vie que l’on va recevoir lors d’un repas, par exemple. Cela ne vous empêche pas d’utiliser cette formule de politesse même si vous consommez un repas exclusivement végétarien. Les Japonais considèrent que l’on se nourrit de vivant. Si vous souhaitez employer bon appétit en japonais, l’expression « ii omeshi wo » convient davantage dans la plupart des situations.

Un bol de ramen
Un bol de ramen

🎎 Cela se dit toujours au Japon ?

On enseigne Itadakimasu à l’école comme à la maison au pays du soleil levant, et presque tous les Japonais le disent avant un repas. Une étude a montré que seuls 7 % des Japonais ne disent rien (dire itadakimasu et/ou joindre les mains) avant un repas.

Ainsi, une large majorité de personnes, à travers toutes les couches de la population, emploie cette expression. Si vous êtes de passage au Japon ou que vous comptez vous y installer durablement, nous vous encourageons vivement à prononcer cette formule de politesse avant chaque repas !

🍶 L'histoire de Itadakimasu

Le kanji de itadaku 頂 signifie sommet de la montagne. Sa signification originale est « mettre quelque chose sur la tête » ou « porter sur la tête », faisant allusion à l’aspect ascendant du motif de la montagne. Très rapidement, le terme a été associé à la réception de choses, notamment de nourriture.

La période Asuka a vu l’arrivée du bouddhisme au Japon, ce qui a entraîné une action d’élévation lorsqu’on reçoit des objets de la part de personnes de haut rang, ou lorsqu’on prend de la nourriture ou des boissons initialement offertes aux dieux (osagari お下がり さ ).

Il est donc tout naturel que itadaku, un verbe signifiant élever des choses au-dessus de sa tête, ait commencé à être utilisé comme une forme humble de mots signifiant « recevoir », comme morau 貰うもら et choudai suru 頂戴するちょうだい .

Néanmoins, il faudra attendre plusieurs siècles plus tard, en 1812, pour que l’itadakimasu du repas commence à prendre sa forme actuelle. On publia au Japon un livre intitulé Koukou Michibiki Gusa 孝行導草こうこうみちびきぐさ. Véritable guide d’étiquette pour la vie quotidienne, il comporte une phrase que les historiens considèrent comme l’origine de l’itadakimasu moderne de l’heure du repas :

箸はし 取らと ば、 天地あめつち 御代みよの 御恵みおんめぐ 、 主君しゅくんや 親おやの 御恩ごおんあぢわゑ

« Lorsque vous prenez les baguettes, vous devez remercier toute la nature et les êtres vivants, l’empereur et vos parents. »

Après la diffusion de ce livre, l’idée de remercier avant un repas a été répandue par le bouddhisme de la secte Jōdo-shinshū. Quoique les moines aient fait un bon travail de popularisation de cette habitude, toute la population du pays n’a pas reçu le mémo. Dans une étude réalisée en 1983, Isao Kumakura, historien japonais, a révélé que l' »itadakimasu » est resté une pratique régionale jusqu’au début du XXe siècle. Il a mené une enquête auprès de personnes nées à l’époque de Meiji et de Taisho dans tout le Japon et les a interrogées sur leurs habitudes de jeunesse. À en croire les résultats, tous ne disaient pas « itadakimasu » avant de manger. Mais quand cette phrase est-elle devenue une coutume nationale ?

Si on en croit un livre de Shoyo Yoshimura, cette coutume s’est répandue au début de l’ère Showa, lorsque l’éducation était régie par le Japon impérial. Avant de manger, les enseignants demandaient aux élèves de remercier tous les êtres vivants, l’empereur et leurs parents. Il leur fallait terminer leurs remerciements par « itadakimasu ». Cette obligation était appelée shokuji-kun 食事訓しょくじくん, de 食事しょくじ signifiant « repas » et 訓くん signifiant « leçon » ou « doctrine ».

🏮 Et à la fin du repas, on dit quoi ?

Si l’on remercie la personne ainsi que les aliments au début de repas avec l’expression Itadakimasu, il en existe une autre pour la fin du repas. Cette fois, elle trouve son équivalent dans la langue de Molière, puisque nous utilisons la formule « merci pour ce repas ». En japonais, on prononce « Gochisôsama deshita » (ご馳走様でした).

Là encore, il s’agit d’une marque de gratitude envers celui qui aura fait la cuisine. En ce qui concerne sa traduction littérale, l’expression renvoie aux va-et-vient en cuisine et aux efforts accomplis par le cuisinier. En français, cela pourrait donc se traduire par « merci de la peine que vous vous êtes donnée ». Si vous déjeunez au Japon, nous vous recommandons d’employer régulièrement ces formules envers votre hôte.

Dans un cadre plus informel, vous pourrez d’ailleurs réduire cette expression en Gochisôsama.

Que ce soit pour Itadakamisu ou Gochisôsama, les deux expressions datent des années 1940. Par la suite, elles se sont diffusées par le biais de l’école et de l’enseignement. Elles perdurent aujourd’hui et sont encore largement utilisées dans les ménages japonais. Auparavant, il n’y avait pas forcément d’équivalent lorsque l’on passait à table au Japon. Toutefois, dans certains ouvrages, on note que les invités joignaient déjà les mains, comme le veut la tradition bouddhiste.

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