Chikan : les problèmes d’attouchement dans les transports japonais

Représentation d'une scène de chikan dans le métro japonais

Le chikan est un phénomène social qui affecte de nombreuses femmes au Japon. Il s’agit d’attouchements non sollicités, souvent commis dans les transports publics bondés. Malgré les efforts déployés par les autorités et la population pour lutter contre ce problème, le chikan demeure un sujet de préoccupation pour les femmes au Japon. Dans cet article, nous aborderons les causes et les conséquences du chikan, ainsi que les mesures mises en place pour protéger les victimes et prévenir ces actes.

Comprendre le phénomène du chikan

Chikan dans un anime

Le chikan désigne les attouchements non consentis commis sur des femmes, principalement dans les transports publics, comme les trains et les métros. Ces actes sont généralement perpétrés par des hommes qui profitent de la proximité et de l’anonymat offerts par les transports en commun bondés pour agresser sexuellement leurs victimes. Le chikan peut prendre différentes formes, allant des frôlements discrets aux attouchements plus explicites, et peut causer un grand traumatisme aux victimes.

Plusieurs facteurs contribuent à l’existence et à la persistance du chikan au Japon. Parmi ces facteurs, on peut citer :

  1. La surpopulation des transports en commun : Les trains et les métros japonais sont souvent bondés, surtout aux heures de pointe. Cette promiscuité facilite les attouchements non consentis et rend difficile l’identification des coupables.

  2. Le silence des victimes : De nombreuses victimes de chikan hésitent à dénoncer leur agresseur par peur du jugement, de la stigmatisation ou des représailles. Cette culture du silence empêche l’identification et la condamnation des coupables, et contribue à perpétuer le phénomène.

  3. Les stéréotypes et les normes culturelles : Au Japon, certaines normes culturelles et stéréotypes de genre peuvent encourager la perpétuation du chikan. Par exemple, la culture de la modestie et de la discrétion peut pousser les femmes à ne pas réagir face aux attouchements, tandis que certains hommes peuvent se sentir autorisés à commettre ces actes en raison de leur statut social.

Le chikan a des conséquences néfastes sur les victimes, mais aussi sur la société japonaise dans son ensemble. Les victimes peuvent éprouver des sentiments de honte, de colère et de dégoût, et développer des troubles psychologiques, comme l’anxiété, la dépression ou la phobie des transports en commun. Le chikan contribue également à perpétuer les inégalités de genre et à renforcer les stéréotypes sexistes, en instaurant un climat de peur et de méfiance entre les hommes et les femmes.

Les mesures prises pour lutter contre le chikan

Pour lutter contre le chikan, certaines compagnies de transports en commun au Japon ont mis en place des wagons réservés aux femmes, surtout aux heures de pointe. Ces wagons, clairement identifiés et séparés des autres, offrent un espace sécurisé aux femmes et permettent de réduire les risques d’attouchements. Cependant, cette mesure n’est pas sans controverses, certains la considérant comme une solution de facilité qui ne s’attaque pas aux causes profondes du chikan.

Les autorités japonaises et les organisations non gouvernementales mènent régulièrement des campagnes de sensibilisation pour lutter contre le chikan. Ces campagnes visent à informer le public sur la gravité des attouchements non consentis et à encourager les victimes à signaler les agressions. De plus, des affiches et des messages audio sont diffusés dans les transports en commun pour rappeler que le chikan est un délit et inciter les témoins à intervenir en cas d’agression.

Le chikan est un délit puni par la loi au Japon, et les agresseurs peuvent être condamnés à des peines de prison et à des amendes. Les forces de l’ordre mènent continuellement des opérations de surveillance et d’arrestation dans les transports en commun, et certaines gares ont même mis en place des « points de consultation » où les victimes peuvent signaler les agressions et recevoir un soutien. Cependant, malgré ces efforts, le nombre de chikans signalés reste élevé, et de nombreuses victimes hésitent encore à porter plainte.

En 2020, environ 1 900 arrestations ont été effectuées au Japon en vertu de l’ordonnance anti-nuisance concernant les actes de chikan. Ce nombre représente une diminution par rapport aux quelque 2 800 arrestations enregistrées l’année précédente. Cette tendance à la baisse des arrestations pourrait s’expliquer par la pandémie de coronavirus, ou une prise de conscience accrue du problème, des efforts de prévention et de répression plus efficaces, ou encore des changements dans les comportements des agresseurs et des victimes. Toutefois, il convient de rester prudent dans l’interprétation de ces chiffres, car le nombre d’arrestations ne reflète pas nécessairement l’ampleur réelle du phénomène, et de nombreux cas de chikan restent probablement non signalés.

Comment se protéger et réagir face au chikan

Femme qui se protege avec ses mains

Pour se protéger du chikan, il est important de rester vigilant et de prendre certaines précautions, comme éviter les endroits trop bondés dans les transports en commun, garder ses effets personnels près de soi et se tenir à distance des personnes suspectes. Si possible, privilégier les wagons réservés aux femmes ou voyager en groupe peut également aider à réduire les risques d’agression.

Si vous êtes victime de chikan, il est important de réagir rapidement et de façon assertive. Ne vous taisez pas et exprimez votre mécontentement à haute voix pour alerter les autres passagers et mettre l’agresseur en difficulté. Si possible, prenez une photo ou filmez l’agresseur et portez plainte auprès des autorités compétentes. N’hésitez pas à demander l’aide des autres passagers ou du personnel de la gare.

Les victimes de chikan peuvent bénéficier de soutien psychologique et juridique auprès d’organisations spécialisées et de centres d’aide aux victimes. Il est important de ne pas rester isolé et de parler de son expérience pour briser le silence qui entoure le chikan. En partageant votre vécu et en obtenant l’aide dont vous avez besoin, vous contribuez à lutter contre ce phénomène et à créer une prise de conscience collective sur les conséquences des attouchements non consentis.

Les initiatives technologiques pour lutter contre le chikan

Des applications mobiles ont été développées pour aider les victimes de chikan à signaler les agressions et à prévenir d’autres incidents. Ces applications permettent de signaler discrètement un acte de chikan aux autorités, d’envoyer une alerte géolocalisée à des proches ou encore d’identifier les zones à risque dans les transports en commun. Ces outils technologiques offrent un moyen supplémentaire de lutter contre le chikan en facilitant la communication entre les victimes, les témoins, les autorités et les proches.

Certaines innovations technologiques pourraient contribuer à la lutte contre le chikan dans les transports en commun. Par exemple, des caméras de surveillance et des capteurs de mouvement pourraient être installés dans les trains et les métros pour détecter et prévenir les agressions. De plus, des systèmes d’alerte pourraient être mis en place pour permettre aux passagers de signaler discrètement un incident en cours et de demander l’intervention du personnel ou des forces de l’ordre.

Le rôle des témoins et des passagers dans la lutte contre le chikan

Les témoins d’un chikan ont un rôle essentiel à jouer dans la lutte contre ce phénomène. En intervenant lors d’une agression, ils peuvent contribuer à protéger la victime et à dissuader l’agresseur de commettre d’autres actes similaires. De plus, les témoins peuvent apporter leur soutien à la victime en l’accompagnant pour signaler l’agression aux autorités, ou en témoignant lors d’une éventuelle procédure judiciaire.

Si vous êtes témoin d’un chikan, plusieurs actions sont possibles pour vous impliquer dans la lutte contre ce phénomène :

  1. Intervenir directement : Si vous vous sentez en sécurité, vous pouvez interpeller l’agresseur pour lui faire comprendre que son comportement est inacceptable et qu’il doit cesser immédiatement.
  2. Appeler à l’aide : Vous pouvez attirer l’attention des autres passagers en criant ou en signalant l’agression, pour créer un effet de groupe et inciter l’agresseur à arrêter.
  3. Soutenir la victime : Offrez votre soutien à la victime, que ce soit en l’écoutant, en la réconfortant ou en l’accompagnant pour signaler l’agression.

Changer les mentalités et prévenir le chikan

Pour prévenir le chikan et changer les mentalités, il est essentiel de sensibiliser les jeunes dès le plus jeune âge aux questions de respect, de consentement et d’égalité entre les sexes. Des programmes éducatifs et des ateliers peuvent être mis en place dans les écoles pour enseigner aux enfants et aux adolescents les comportements à adopter et à éviter, et pour les encourager à dénoncer les actes de chikan s’ils en sont témoins ou victimes.

Les campagnes de communication et les réseaux sociaux peuvent être utilisés pour diffuser des messages de prévention et de sensibilisation au chikan. En utilisant des hashtags, des vidéos et des témoignages, ces campagnes peuvent toucher un large public et inciter chacun à se mobiliser pour lutter contre ce phénomène. Les influenceurs et les célébrités peuvent également jouer un rôle en partageant leur expérience et en encourageant leurs abonnés à s’engager dans la lutte contre le chikan.

Les actions communautaires et les groupes de soutien peuvent aider à créer une prise de conscience collective sur le problème du chikan et à favoriser l’entraide et la solidarité entre les victimes. Des marches, des rassemblements et des ateliers peuvent être organisés pour réunir les personnes concernées et leur permettre d’échanger sur leurs expériences et de trouver du soutien. Ces initiatives permettent également de sensibiliser le grand public à l’importance de la lutte contre le chikan et de mettre en lumière les actions concrètes qui peuvent être entreprises pour prévenir et combattre ce phénomène.

Le chikan est un problème complexe et multifactoriel qui nécessite une approche globale et coordonnée pour être efficacement combattu. Les mesures prises par les autorités et les initiatives de sensibilisation sont importantes, mais il est également essentiel que chaque individu, en tant que passager, témoin ou victime, prenne part à cette lutte. En agissant ensemble et en abordant les causes profondes du chikan, nous pouvons espérer créer un environnement plus sûr et plus respectueux pour tous, tant dans les transports en commun que dans la société japonaise dans son ensemble.

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