Yen - La monnaie japonaise
La monnaie japonaise est le yen (円, yen). Un yen correspond à 100 sen. Généralement, les sen ne sont cependant plus utilisés dans la vie quotidienne, sauf pour les cours de la bourse. Les factures sont disponibles en coupures de 1 000 yens, 2 000 yens (très rare), 5 000 yens et 10 000 yens. Quant aux pièces de monnaie, elles existent en coupures de 1 yen, 5 yens, 10 yens, 50 yens, 100 yens et 500 yens.
Le yen japonais est la troisième devise la plus échangée au monde et la devise la plus échangée en Asie. Du fait de ses taux d’intérêt relativement bas, le yen japonais est souvent utilisé dans les opérations de change avec le dollar australien et le dollar américain.
Le Yen vs l'Euro
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Il faut bien évidemment garder en tête que ces valeurs changent chaque jour suivant l’inflation du Japon et de la France, des cours monétaires en général et de la situation géopolitique dans le monde. En avril 2022, la guerre en Ukraine a fragilisé l’économie et l’inflation grimpe en flèche partout dans le monde.
Plus précisément, le yen a chuté à son plus bas niveau depuis près de 20 ans face au dollar américain. On observe un élargissement de l’écart en matière de politique monétaire entre la Banque du Japon et la réserve fédérale américaine. Il en va de même avec les instances européennes qui sont dans la lignée de celles de Washington.
Pour autant, il ne faut pas uniquement blâmer la situation géopolitique, qui, certes, n’aide pas. Si la devise japonaise a autant chuté, c’est essentiellement raison du Gouverneur de la Banque du Japon, Haruhiko Kuroda. Il poursuit depuis plusieurs semaines un assouplissement monétaire du yen.
Comme pour chaque économie, l’assouplissement rapide du yen a soulevé des inquiétudes quant à l’impact négatif qu’il aura sur la reprise économique du Japon, après la pandémie du coronavirus. Dans le même temps, il ne faut pas oublier que les prix des énergies ainsi que des matières premières augmentent en raison du conflit en Ukraine. Le Japon ne dispose que de rares ressources dans son sol et il doit importer la plupart de ses besoins.
La devise japonaise a glissé à environ 132,70 contre le dollar dans les échanges à Tokyo le 7 juin 2022. Cela correspond à son niveau le plus bas depuis avril 2002.
Il apparaît que l’écart grandissant entre la politique monétaire de la banque du Japon et celle de la Réserve fédérale américaine pénalise amplement le yen. D’un côté, le pays du soleil levant maintient une conjoncture financière de taux faibles. Il est présentement de 0,1 %. L’idée est d’inciter tout le monde à prêter et à investir davantage dans l’économie réelle. Tout le contraire des États-Unis. La banque centrale américaine a recours à une forte envolée d’un demi-point de ses taux directeurs pour la première fois depuis 2000 à compter de mai 2022. Elle a d’ailleurs annoncé qu’il était « très difficile d’envisager une pause ».
Dans le même temps, le Japon enregistre une hausse des tarifs de plus de 2,1 % en avril sur 365 jours. C’est un record national depuis 2015. C’est cependant moins que ce que l’on observe en Europe ou sur le continent américain. Pourtant, la flambée des cours de l’énergie et des matières premières pénalise d’ores et déjà les ménages japonais. Rappelons que le yen faible par rapport au dollar majore les coûts des importations réalisées. Les Nippons sont peu familiarisés aux hausses de prix. L’archipel est le théâtre d’une déflation depuis les années 1990.
L'histoire de la monnaie japonaise et du Yen
En 708, des pièces d’argent et de cuivre, appelées Wado Kaichin ou Wado Kaiho, ont commencé à être frappées au Japon. Elles imitaient les pièces chinoises, et lorsque le Japon n’a plus été en mesure de produire ses propres pièces, la monnaie chinoise a été importée dans le pays. Il faut toutefois noter que la frappe des pièces par l’État est rapidement interrompue. Entre le XIIe et le XVIIe siècle, le Japon ne compte que sur les pièces importées de Chine ou grossièrement imitées à l’échelle locale.
C’est également à ce moment-là, entre le XIe et le XIIe siècle, que nous notons l’utilisation massive de la monnaie marchande. Après avoir frappé un grand nombre de pièces de monnaie en cuivre au milieu du Xe siècle, la circulation de ces mêmes pièces a été rapidement suspendue. Pour les échanges quotidiens, les marchands se sont mis à troquer des vêtements, du riz, de la soie, du chanvre, autant de valeurs stables qui ont pu substituer aux pièces.
Malheureusement, comme on peut s’en douter, le fait de transporter du riz, de la soie ou des vêtements de chanvre n’est pas le plus pratique, surtout en comparaison d’une monnaie métallique. Pour cette raison, une grosse économie de crédit a émergé afin de réduire les coûts de transport et de manutention. Le fonctionnement était alors analogue à ce qui se faisait en Occident : des bureaux du gouvernement dans la capitale émettaient des ordres de paiement aux entrepôts de riz sous leur juridiction. Ainsi, ce sont ces documents officiels qui jouaient le rôle de carnet de chèques contemporains.
À partir du milieu du XIIe siècle, une très grosse quantité de pièces de cuivre chinois a commencé à affluer au Japon. Elles ont favorisé l’économie des produits de base et ont été largement diffusées au sein de la population, même dans les lieux les plus reculés. Pour cette raison, le gouvernement nippon a rapidement suspendu l’émission de pièces de monnaie jusqu’au XVIe siècle. Ainsi, la population n’avait accès qu’aux pièces de monnaie chinoise importées, que l’on nomme toraisen.
Mais on observait, au sein de toutes les couches sociales, une demande accrue de pièces métalliques. Pour cette raison, le Japon s’est mis à fabriquer des pièces nationales frappées en privé que l’on nomme shichusen. Le problème, c’est que le pays n’avait pas une grande expérience en la matière et il a rapidement été observé que la qualité de ces pièces différait selon le type.
Lors de la seconde moitié du XVIe siècle, l’importation massive des pièces de monnaie chinoise a commencé à s’interrompre. Pour s’adapter, le Japon a utilisé comme monnaie le riz, l’or et l’argent dans les échanges. Dans le même temps, la demande des pièces augmente constamment en raison du développement des transactions commerciales. Les grands unificateurs du Japon ont alors entrepris une vaste opération monétaire pour solidifier l’économie de l’archipel.
Oda Nobunaga a ainsi fixé les taux de change entre les pièces d’or, d’argent et de cuivre. De son côté, Toyotomi Hideyoshi a ordonné la frappe de pièces d’or et d’argent dans plusieurs endroits coordonnés du Japon, ce qui permettait une unification de la qualité et de la production. Enfin, le troisième grand unificateur du Japon, Tokugawa Ieyasu, a renforcé son contrôle sur les mines d’or et d’argent du Japon. De cette façon, il a largement sécurisé la technologie et les systèmes de frappe, et a pu émettre de grandes quantités de pièces d’argent et d’or Keicho en 1601.
Un système monétaire puissant était un moyen d’exercer un contrôle efficace sur l’ensemble de la nation. Pour cette raison, de nombreuses décisions ont été prises durant un court laps de temps, comme l’ordonnance interdisant la sélection de pièces (erizeni) par Nobunaga. Dans cette dernière, on retient surtout l’obligation d’utiliser des pièces d’or et d’argent pour les transactions de biens coûteux. L’ordonnance comporte également une fixation des taux de change par rapport aux pièces de cuivre. Rapidement, les pièces d’or acquièrent le statut de monnaie officielle.
Au XIXᵉ siècle, le dollar espagnol était utilisé au Japon, en même temps que les monnaies locales. Pour simplifier et centraliser les différentes pièces de monnaie utilisées à l’époque, le yen (qui signifie « cercle » ou « objet rond ») a été créé en 1871. Dans le cadre de la nouvelle loi sur la monnaie, un système monétaire similaire à celui de l’Europe, avec un système de compte décimal, a été mis en place.
Après la restauration de Meiji qui promet de grandement moderniser le Japon afin que ce dernier se conforme aux systèmes occidentaux, jugés beaucoup plus évolués et efficaces, la monnaie subit un traitement attentif de la part des autorités. Afin de mettre en place un système monétaire moderne, en 1871, le gouvernement japonais promulgue un traité modifiant les unités monétaires traditionnelles. C’est l’introduction des « ryo » « bu » et « shu » en « yen » « sen » et « rin ». 10 ans plus tard, en 1881, Masayoshi Matsukata devient ministre des Finances. Il fait pression pour créer une banque centrale, comme c’est le cas aux États-Unis. C’est chose faite en octobre 1882.
Le traité fondateur de 1871 établi le système de l’étalon-or. Il y a donc des indications officielles stipulant que 1,5 g d’or équivaut à 1 yen, et que 1 yen est égal à 100 sen ou 1000 rin. C’est également à cette époque que de nombreux papier-monnaie comme les billets sont émis par le gouvernement sous le nom de Dajokan-satsu et Meiji Tsuho-satsu. En revanche, s’ils ont officiellement une valeur établie que nous venons de voir ci-dessus, les échanges n’étaient pas aussi aisés qu’il n’y paraît.
Le Japon est un pays relativement pauvre en matières précieuses. Par conséquent, la nation manquait grandement d’or et d’argent et ne pouvait pas gaspiller ses stocks. Le gouvernement a décidé de ne pas rendre les billets (pourtant émis par sa propre autorité) échangeables contre des pièces d’or ou d’argent. Des décisions ultérieures viendront progressivement autoriser l’échange contre des pièces en argent, puis en or en 1897.
La monnaie en yen a fonctionné selon un étalon bimétallique d’or et d’argent jusqu’en 1897, date à laquelle elle a été laissée sous un seul étalon d’or. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le yen a perdu une grande partie de sa valeur et, en 1971, il a fixé le taux de change par rapport au dollar américain à un taux de 308 JPY pour 1 USD. Cela a duré jusqu’en 1973, date à laquelle il est passé à un taux de change flottant.
Quelques anecdotes sur la monnaie japonaise
- Une pièce de 1 yen pèse un gramme.
- L’image au verso du billet de 5 000 yens est le tableau « Les fleurs de Kakitsubata », de Ōgata Kōrin.
- Les plus grosses coupures de yens sont comptées par multiples de 10 000, alors que dans la plupart des pays occidentaux, elles sont comptées par milliers.
Bien que beaucoup d’entreprises et de transactions se fassent encore en espèces au Japon, le paiement électronique devient beaucoup plus populaire dans tout le pays à partir de septembre 2020. De nombreux grands magasins et chaînes de supermarchés acceptent les cartes de crédit et de débit. Par ailleurs, les commerces de proximité et autres entreprises commencent à accepter les paiements électroniques comme ApplePay, ainsi que plusieurs applications et services de paiement nationaux.