Le Japon est le seul pays du monde à avoir été la cible de deux bombes atomiques, sur Hiroshima et Nagasaki. Les cicatrices sont toujours très profondes pour la population japonaise. Mais qu’en est-il du programme d’armement nucléaire, qui a bel et bien existé au Japon ? Quelle est la situation de l’armée nipponne en 2022, par rapport à ses alliés occidentaux et surtout américains ?
Le Japon, défenseur des sentiments antinucléaires
En raison des deux bombardements sur ses principales îles, le Japon est devenu l’un des pays les plus antinucléaires du monde, du moins en ce qui concerne les armes offensives. En effet, on peut lire dans la Constitution, rédigée après-guerre sous la houlette des États-Unis, qu’il est interdit de créer des forces militaires offensives. Plus de 20 ans après, en 1967, le Japon signe les Trois principes non nucléaires, qui l’engage à ne pas produire, posséder ou se doter d’armes nucléaires. Par conséquent, le Japon ne possède pas l’arme nucléaire, en 2022.
Ainsi, nous ne sommes pas dans le même cas de figure qu’un certain nombre de pays européens comme l’Allemagne, qui n’ont pas produit d’armes nucléaires, mais qui stockent sur leur sol des ogives américaines avec autorisation de les tirer. D’ailleurs, la position du Japon vis-à-vis de cette thématique a été relancée par l’ancien premier ministre Shinzo Abe, en 2022. Une partie des Japonais craint les offensives russes qui convoitent toujours certaines îles au nord du Japon. La Chine a poussé le pays du soleil levant à renforcer son arsenal militaire défensif et accroitre son budget de la Défense.
En 1940, tout était possible
Il n’a pas fallu attendre le double bombardement sur le sol du Japon pour que les autorités et l’armée nipponne se mettent en tête de produire des armements capables de rivaliser avec le projet Manhattan. En effet, dès l’automne 1940, l’armée impériale estime dans un rapport que la construction d’une bombe atomique est tout à fait faisable. Le projet est même confié à la Rikken, ou instituts de recherches physiques et chimiques. La marine japonaise a également travaillé pour créer sa propre superbombe, qui est connue sous le nom de F-Go.
Ce programme, initialement très ambitieux, a commencé dans la ville de Kyoto en 1942. Mais rapidement, le climat militaire s’assombrit pour l’armée impériale qui va enchaîner les défaites et la perte de territoires asiatiques face à l’avancée américaine. Ainsi, les ressources économiques et matérielles réclamées par les scientifiques pour mener à bien le projet nucléaire ne seront jamais données par les militaires. C’est pour cela qu’en 1945, à la fin de la guerre, l’effort japonais pour mettre au point une bombe atomique n’avait pas réalisé beaucoup de progrès.
Il est par ailleurs possible qu’au sein des forces de l’axe, une coopération étroite entre les puissances fût mise en place et ait pu donner au Japon un bond technologique lui permettant de rattraper son ennemi américain. En effet, en mai 1945, un sous-marin allemand, le U-234, se rend aux forces américaines. Il transportait quelque 560 kg d’oxydes d’uranium destinés à un programme atomique au Japon. Plus spécifiquement, l’oxyde contenait environ 3,5 kg d’isotopes U-235, ce qui représenterait un cinquième du total nécessaire pour fabriquer une bombe.
Est-ce que le Japon peut développer l'arme nucléaire ?
Le Japon est la troisième économie du monde. Surtout, elle dispose de nombreuses centrales nucléaires en fonctionnement sur son territoire. Par conséquent, le pays est tout à fait capable de construire des armes nucléaires à volonté. À partir de 1991, Tokyo s’est engagé à ne pas conserver le surplus de plutonium. Depuis 1994, la Commission japonaise de l’énergie atomique publie chaque année des inventaires du plutonium séparé. Avec 7 à 8 kg de plutonium, il est possible, en théorie, de fabriquer une bombe nucléaire similaire à celle qui a explosé à Nagasaki. En 1995, le stock de plutonium géré par le Japon était de 16,1 tonnes.
Les scientifiques du monde entier considèrent que le Japon n’aurait aucune difficulté matérielle ou technologique à fabriquer des armes nucléaires en un temps record. En effet, le pays possède ainsi des matières premières, la technologie et surtout les capitaux nécessaires au développement de ce type d’armes offensives. Il est estimé qu’un tel projet peut aboutir en moins de 12 mois.
L’occupation du Japon par l’Amérique (1945-1952)