Le réchauffement climatique a joué un rôle majeur dans le typhon Hagibis

Le 19e typhon de l’année, qui a atteint le Japon la semaine dernière en gardant une bonne partie de sa puissance, a occasionné plusieurs dizaines de morts. Certains scientifiques tentent de décoder sa formation, son intensité et son itinéraire exact. Les premières conclusions interpellent, puisque les températures liées au changement climatique auraient été largement responsables de sa force.

Des températures inédites dans les eaux entourant le Japon

Si le rapport des scientifiques ne tranche pas, plusieurs hypothèses pourraient expliquer la puissance inédite de ce super cyclone. L’une très probable est celle qui consiste à considérer comme responsable les températures élevées de la surface de l’océan où le phénomène météorologique s’est constitué. Pour les chercheurs, il s’agit là d’une cause potentielle de cette force extraordinaire du typhon, puisque la chaleur a permis à cette tempête de se former bien plus rapidement, mais également de retenir son intensité, dans un second temps.

Nous l’avons vu, quand bien même si l’ouragan a été rétrogradé en catégorie quatre à l’approche du Japon, il n’a en rien perdu de sa puissance. Les dégâts ont été catastrophiques, et plusieurs dizaines de morts constituent un bilan bien plus lourd que prévu. Même pour un pays aussi tristement accoutumé aux phénomènes climatiques, induisant des logements et des fondations solides et préparées, le typhon a eu des conséquences exceptionnelles. Il a notamment apporté des précipitations records, en particulier sur la majeure partie de l’est de l’archipel.

Sa formation remonte au matin du 6 octobre, dans les eaux au large de l’ile Minamitori. Rappelons que les cyclones se constituent généralement quand la température à la surface de l’océan dépasse les 26 °C. Pour le professeur Kazuhisa Tsuboki, les chaleurs dans cette zone auraient excédé les 29°. Avec une pression centrale qui a chuté de 77 hPa en 24 heures, le phénomène « d’intensification rapide » s’est réalisé, et la grosse tempête s’est composée. C’est par ce même procédé que le célèbre typhon Kanogawa de 1958 est né. Également, celui d’un an plus tard, le cyclone Isewan, responsable de plus de 5000 morts.

Le deuxième impact des températures

Nous venons donc de constater le rôle des eaux chaudes dans la naissance d’un typhon. Mais le changement climatique, qui réchauffe considérablement les flots de la planète, aurait entrainé d’autres conséquences drastiques : en temps normal, quand un cyclone parcourt les océans, l’eau, plus froide au Nord, affaiblit progressivement ce phénomène météorologique. Cependant, la mer étant plus chaude à hauteur d’un ou 2° que la moyenne annuelle, l’ouragan Hagibis a pu garder la plus grosse partie de sa puissance dévastatrice.

Dans les faits, cela s’est produit jusqu’à la 25e latitude nord (l’ile Iwo Jima). Pour les Américains, le cyclone était alors encore au stade du « super typhon », désignant la classe la plus forte. Les scientifiques ne sont, pour le moment, pas catégoriques, et ils n’excluent en rien la piste de plusieurs hypothèses pour expliquer les raisons d’un tel phénomène historique. Cependant, il apparait clairement que le changement climatique, s’il n’est pas responsable entièrement de cette tragédie, a joué un rôle non négligeable dans sa continuité.

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