Le racisme, tenace au Japon : un policier pris en flagrant délit de contrôle au faciès

Alonzo O. est un jeune professeur d’anglais, citoyen japonais métis, qui a été interpellé dans la gare de Tokyo le 27 janvier dernier. Il a pu filmer l’incident dont il a été victime et qui met selon lui en lumière un « racisme poli », caractéristique et tenace de la société nipponne. Largement relayé sur les réseaux sociaux, au Japon comme ailleurs, il a pu relancer avec brio la discussion sur la thématique taboue et méconnue du racisme et de la xénophobie au Japon. On vous propose de revenir sur cette affaire à travers cet article, pour en comprendre les tenants et les aboutissants.

Japon racisme

Les préjugés racistes au Japon

Ces derniers mois, on constate au Japon l’émergence d’une conscience plus ouverte envers les ethnies et les différences au sein de l’archipel nippon. On avait déjà évoqué la publicité Nike qui mettait en avant les discriminations que subissaient fréquemment les métisses et les étrangers au Japon. Le succès retentissant de Naomi Osaka a également permis de démocratiser cette discussion et de l’amener dans l’opinion publique japonaise.

Alonzo O., le jeune professeur d’anglais métis, a enduré plusieurs contrôles policiers au cours de sa vie. Selon lui, chacun était motivé par sa couleur de peau, plutôt que sur un facteur aléatoire. Le 27 janvier dernier, il a décidé de réagir en dégainant son téléphone et en filmant la scène, pour raconter son vécu et son traitement. Pour lui, c’est motivé par des a priori racistes, il a tenu à témoigner.

Et lorsque l’on observe la séquence, le racisme et les préjugés sont flagrants. À la 13e seconde, la vidéo que vous pouvez retrouver ci-dessous, le policier affirme que selon son expérience, « les personnes avec des dreadlocks ont tendance à transporter des drogues ». Ce profilage racial est universellement considéré comme une discrimination dans le reste du monde dit « développé ».

Des conséquences pour tout le monde

Le jeune homme, métis, explique avoir fait les frais de ses préjugés racistes depuis sa naissance, et notamment à l’école. Entre brimades et remarques, il a constamment été sous des regards méfiants, distants de la part de ses camarades ou des adultes qu’il a rencontrés au sein de sa vie. Il précise que c’est un problème dont les Japonais n’ont pas conscience, et qui nuisent à l’intégration d’une bonne partie de la population japonaise.

Des propos confirmés par Terry Wright, un artiste activiste noir qui est au Japon depuis 10 ans. « Beaucoup de Japonais sont convaincus que le racisme n’existe pas dans ce pays. Mais c’est faux. Bien sûr, la situation n’est pas la même qu’aux États-Unis où une confrontation avec la police peut s’avérer mortelle, notamment pour les Noirs. Mais il y a une vraie peur, surtout pour les étrangers comme moi. Je ne l’ai pas filmé, mais des policiers ont déjà admis me contrôler uniquement en raison de ma couleur de peau. »

Tout cela se jugule avec la justice japonaise, qui est des plus inégales dans le monde. Si vous êtes arrêté, on rappelle que le taux de condamnation et de 99 %. Que ce soit de la prison ou l’expulsion, chacun est menacé de voir sa vie au Japon s’interrompre du jour au lendemain. Parfois, pour des motifs purement inventés, ou des idées reçues de la part des policiers. Les discriminations envers les étrangers sont bien illégales au Japon, mais aucune sanction n’est prévue dans la loi nipponne.

Si vous avez déjà recherché un appartement au Japon, vous vous êtes sûrement heurté au refus de nombreux propriétaires. L’absence de peine dans la constitution japonaise leur permet de refuser systématiquement les étrangers sans être inquiétés, ce qui serait catégoriquement tabou en France. Les raisons invoquées par les bailleurs sont habituellement la stabilité ou les problèmes de communication. Et dans les faits, ils existent dans certains cas. Toutefois, abstenons-nous de généraliser cette procédure qui s’applique même aux métis japonais, qui parlent donc parfaitement la langue et se revendiquent souvent de la même culture.

Source : Les Observateurs

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