Les temples (寺, tera) constituent les lieux de culte du bouddhisme japonais. Toutes les municipalités japonaises ou presque possèdent au moins un temple. Dans les grands centres culturels comme Kyoto, il y en a plusieurs centaines ! Ils se différencient des sanctuaires shintoïstes (神社, jinja), qui sont des endroits de culte et les habitations des kami, les « dieux » shintoïstes.
Différences entre shintoïsme et bouddhisme
Le Japon compte deux grands systèmes de croyance : le shintoïsme et le bouddhisme.
Le Shintoïsme est né au Japon, tandis que le Bouddhisme a été importé de Chine et de Corée au cinquième siècle. Les deux systèmes, bien que semblables, se distinguent sur certains points de la pratique religieuse et du style architectural. Généralement, le shintoïsme est pratiqué dans les sanctuaires et le bouddhisme dans les temples, bien que, de manière confuse, les sanctuaires bouddhistes soient également nombreux.
Le terme sanctuaire, en japonais, a plusieurs traductions : Jinja 神社 (sanctuaire des dieux), Taisha 大 社 (grand sanctuaire), jingû 神宮 (palais des dieux) et Myojin 明 神 (dieu éclairé). Les Temples sont généralement suffixés par « tera », « dera » ou « ji ».
On entre généralement dans les sanctuaires par un torii 鳥 居 (porte), séparant le caractère sacré du sanctuaire de l’impureté du monde extérieur. Par contre, on entre dans les temples par une porte 門. Ainsi, la vue d’un torii est une bonne indication qu’un site est un sanctuaire et non un temple. Il est également courant de trouver un shimemawa, une corde tressée de riz et de paille, et des statues de renards, des chiens et des lions à l’entrée des sanctuaires shinto, tandis qu’une statue de Bouddha est un cadeau pour les temples bouddhistes.
Différences entre temple et sanctuaire au Japon
Les sanctuaires ont été construits pour soutenir la tradition religieuse shintoïste et sont caractérisés par une porte torii (première photo ci-dessous) à l’entrée. Au contraire, les temples servent la tradition religieuse bouddhiste et se caractérisent par une porte sanmon qui se trouve à l’entrée. (seconde photo)
Repérer un sanctuaire shintoïste d’un temple bouddhiste est donc simple : vous n’avez qu’à regarder l’entrée pour voir si vous y apercevez un torii.
Ce n’est pas tout : dans les temples, on retrouve un grand brûleur d’encens et plusieurs statues bouddhistes. Elles peuvent être rattachées à un cimetière ou non.
Au Japon, ces deux « religions » cohabitent. Un Japonais peut se considérer comme shintoïste et bouddhiste. Au départ, le bouddhisme a été amené de l’Inde en Chine, puis il a été introduit et s’est répandu dans tout le pays du Soleil levant pendant l’ère Heian. En revanche, le shintoïsme est né dans l’ancien Japon. La philosophie de ce courant spirituel est qu’il existe des milliers de dieux différents dans le monde, notamment des montagnes, des rivières, des pierres et des arbres. Selon les croyances, il y aurait huit millions de dieux au Japon.
Pour le Nouvel An, les temples et les sanctuaires sont visités séparément. Par contre, les mariages japonais traditionnels ont lieu dans des sanctuaires et les funérailles dans des temples. Cette relation de dogme dure au Japon depuis des siècles.
Les noms des édicules bouddhistes au Japon se terminent souvent par les suffixes -ji et -dera, tandis que -in fait généralement référence à un temple mineur.
La crise du temple japonais et du bouddhisme
Sur les 77 000 temples que compte le pays, 27 000 fermeront au cours des 25 prochaines années. Cette fermeture représente l’une des plus grandes crises existentielles que connaît le bouddhisme japonais depuis son introduction de la Corée au VIe siècle.
Les temples sont en déclin, tout comme des centaines de petites communautés qui ont traditionnellement contribué à financer leur temple local. Alors que presque 1,3 million de Japonais sont décédés l’année dernière, peu de proches ont les moyens de payer les millions de yens que coûtent des funérailles bouddhistes traditionnelles. Un nombre croissant d’entre eux optent pour des cérémonies laïques moins coûteuses, alors que les prêtres disent qu’ils se sentent obligés de réduire drastiquement les coûts pour offrir aux paroissiens décédés des adieux dignes de ce nom.
Dans son rapport publié l’année dernière, le Japan Policy Council a averti que si l’exode, en particulier celui des jeunes femmes, des zones rurales se poursuit au rythme actuel, près de la moitié des municipalités japonaises disparaîtront d’ici 2040, ainsi que leurs lieux de culte.
Comme il n’y aura plus de paroissiens pour payer leur entretien, les temples n’auront d’autre choix que de fermer définitivement leurs portes, selon Hidenori Ukai, journaliste et prêtre en chef adjoint du temple Shogakuji à Kyoto. Une enquête récente de l’Asahi Shimbun révèle que plus de 12 000 temples japonais n’ont pas de prêtre attitré. Egalement, le nombre de jeunes intéressés par la prêtrise ne cesse de diminuer.
Pour inverser ce déclin et remettre en cause l’image du « bouddhisme funéraire », quelques prêtres tentent d’ouvrir des cafés dans les temples, de favoriser les activités bénévoles et d’accueillir des productions musicales et théâtrales. Dans le bar Vowz à Tokyo, les prêtres dispensent des conseils spirituels en même temps que de l’alcool à leur jeune clientèle.
Cela dit, la crise que traverse le bouddhisme japonais n’est pas une simple question de démographie. Selon les sondages, les Japonais sont de plus en plus nombreux à considérer les religions organisées comme inaccessibles, insipides et – depuis l’attentat au gaz sarin perpétré en 1995 dans le métro de Tokyo par la secte apocalyptique Aum Supreme Truth – même dangereuses.
L’architecture d’un temple japonais
En règle générale, voici les structures que l’on trouve dans un temple japonais :
Une salle principale : Dans les grandes salles, on peut voir des objets de culte sacrés, comme des statues. Leur nom en japonais est kondo, hondo, butsuden, amidado ou hatto. On peut citer comme exemple la salle principale de Todaiji à Nara, très connue.
Une salle de lecture : c’est l’endroit où se tiennent les réunions et les conférences. Souvent, on y trouve aussi des objets de culte. On appelle les salles de conférence kodo en japonais.
Une pagode : c’est une structure qui a évolué à partir du stupa indien. Elle est habituellement accompagnée de trois (sanju no to) ou cinq (goju no to) histoires. On conserve en général les restes du Bouddha tels qu’une dent dans les pagodes.
Des portes : ce sont les portes d’entrée du temple. Habituellement, il existe un portail principal et quelquefois plusieurs autres portes le long de l’entrée principale du temple.
Une cloche : les cloches du temple retentissent 108 fois la veille du Nouvel An, conformément au concept bouddhiste des 108 désirs du monde.
Un cimetière : la plupart des cimetières au Japon sont bouddhistes et sont situés dans un temple. La plupart des Japonais se rendent sur les tombes de leurs ancêtres à plusieurs reprises au cours de l’année, particulièrement pendant la semaine de l’obon.
Le jardin d’un temple japonais
Les jardins japonais (日本庭園, nihon teien) sont des espaces traditionnels dont la conception respecte scrupuleusement l’esthétique et les idées philosophiques japonaises. On évite toute ornementation artificielle et on valorise le paysage naturel. En général, les jardiniers japonais ont recours à des plantes et à des matériaux usés et vieillis qui suggèrent un paysage ancien et lointain. La fragilité de l’existence et la progression inexorable du temps y sont exprimées.
Un grand nombre des plus beaux jardins japonais se trouvent à l’intérieur des temples. Comme Kyoto compte plus de 1 600 temples, il n’est pas surprenant qu’elle soit truffée de magnifiques jardins. Chaque type de jardin japonais est représenté à Kyoto : à commencer par les austères karesansui (« jardins zen ») pour finir par les flamboyants jardins de promenade des Shoguns et des Empereurs.
On peut distinguer deux types de jardins japonais : les jardins sacrés et les jardins séculiers.
En général, les jardins sacrés sont plus austères. Les cailloux et les graviers sont associés à des temples, des sanctuaires ou des palais dédiés à des entités spirituelles. On y trouve des lieux de médiation et de contemplation.
Quant aux jardins séculiers, la plupart d’entre eux ont été créés pour le divertissement et le plaisir. Ce sont souvent des espaces paysagers, agréables à regarder et à arpenter. Ils sont parsemés de collines (naturelles ou artificielles), d’étangs, de ruisseaux et de chutes d’eau.
Les roches, ou ishi, sont des éléments fondamentaux des jardins japonais. Elles symbolisent typiquement des montagnes, mais peuvent aussi représenter la figure de Bouddha, ou un geste de force et de puissance. Les entrées de nombreux jardins sont marquées par une grosse pierre, en signe de bienvenue.
Les meilleurs temples à Tokyo
Vous êtes à Tokyo et vous cherchez à visiter des temples et sanctuaires japonais ? Voici une liste des meilleurs temples, selon nous :
- Sanctuaire Meiji (Parc Yoyogi)
- Temple Sensoji (Asakusa)
- Sanctuaire Nezu (Parc Ueno)
- Temple Tennoji
- Temple Yushima Seido
- Fukagawa Fudoson
- Sanctuaire Yushima Tenmangu
- Sanctuaire de Yasukuni (dédié aux morts de guerre du Japon)
- Temple Zojoji
Les meilleurs temples à Kyoto
Si vous êtes de passage à Kyoto, nous vous conseillons de visiter :
- Le temple Nanzen-ji
- Le temple Tofuku-ji
- Le temple Honen-in
- Le temple Ginkaku-ji
- Le temple Daitoku-ji
- Le temple Kinkaku-ji
- Le temple Chion-in
Le célèbre « Pavillon d’or », Kinkaku-ji, est le monument le plus emblématique de Kyoto. Il se visite facilement, à condition de choisir un moment où la foule est moins dense.
La liste des trésors nationaux dans les temples au Japon est disponible ici.
Un temple japonais à Paris ?
Bien sûr, on ne trouve pas de temple ou sanctuaire japonais digne de ce nom à Paris. Mais quelques coins peuvent vous intéresser, notamment des jardins.
Au musée Guimet, on peut y visiter l’un des plus beaux jardins secrets de la capitale française. Les dimensions sont plutôt courtes, avec seulement 400 m². Cela dit, si le Japon vous manque, l’endroit est parfait. Nous vous recommandons de visiter le musée Guimet, qui abrite la plus grande collection d’arts d’Asie de Paris.
Au musée Albert-Kahn, on peut y voir l’œuvre de Fumiaki Takano, un paysagiste japonais. Le rapport avec le musée ? Le jardin est considéré comme une métaphore de la vie d’Albert-Kahn. Dans tous les cas, on n’y trouve désormais des cerisiers, des bambous, des galets ainsi que plusieurs éléments emblématiques des jardins japonais. Les poissons et carpes koi sont également rendez-vous.
À l’UNESCO, dans le septième arrondissement, on trouve un jardin japonais 2700 m². La visibilité fantastique, et vous ne manquerez pas d’être étonnés. On peut y observer un savant mélange de modernité et d’art traditionnel. Malheureusement, il y a beaucoup d’attente nous vous conseillons de réserver des horaires en semaine et assez tôt.