Le tatouage japonais : histoire, définition, prix…

Le lien entre le tatouage japonais et la considération de l’autre est très délicat. Si le pays est réputé pour être moins accueillant que beaucoup d’autres pour les visiteurs dont la peau est encrée, la situation est en train de changer ces dernières années.

Définition et histoire du tatouage japonais

En japonais, Irezumi (入れ墨, lit. « insérer de l’encre ») est le mot qui désigne le tatouage, et fait référence à un style japonais particulier, bien qu’il soit également utilisé comme terme général pour décrire un certain nombre de styles originaires du Japon, y compris les traditions de tatouage du peuple Ainu et du royaume Ryukyuan.

On estime que les tatouages au Japon sont antérieurs à la période Jomon (environ 10 000 ans avant J.-C.) où ils étaient utilisés à des fins spirituelles et décoratives. Un peu plus tard, au cours de la période Yayoi (300-300 après J.-C.), on observe que la plupart des étrangers qui arrivent au Japon, comme les Chinois ou les Ainus du nord du Japon, ont des tatouages. Ce constat se confirme davantage lorsque, durant la période Kofun (jusqu’à 600 de notre ère), les tatoos ont été employés pour distinguer les criminels violents.

La période Edo a été marquée par l’adoption de tatouages par des hors-la-loi et des gangs comme les Yakuza. Compte tenu de la souffrance et de la nature permanente des tatouages, les Yakuza les considéraient comme un symbole de courage et de loyauté.

Traditionnellement, l’irezumi se fait à la main avec un outil composé d’un manche en bois et d’une aiguille métallique reliés par un fil de soie. Le procédé exige également un type d’encre spécial, l’encre Nara, qui devient bleu-vert lorsqu’elle est sous la peau.

Irezumi is very beautiful, in a very "I'll-kick-your-ass-if-you-get-on-my-bad-side "kind of way - Enoshima

On a souvent tendance à croire à tort que le tatouage japonais incarne des liens avec les yakuza (la mafia nippone). C’est pourtant faux. À la différence de nombreux pays aujourd’hui, il est effectivement rare de voir des tatouages apparents au Japon. La plupart des Japonais amateurs de tatouages les recouvrent intégralement pour des raisons sociales et pour des raisons professionnelles. Il en va de même pour les membres des Yakuza, qui ont pour habitude de les cacher sous leurs vêtements.

Pour autant, cela ne veut pas dire que les Japonais n’aiment pas les tatouages ou n’en ont pas.

Les tatouages sont-ils interdits et illégaux au Japon ?

Pendant la période Edo, les souverains ont insisté pour que les tatoos soient prohibés. La raison principale en est l’association avec le conte de Suikoden. Dans ce récit, les héros sont les opprimés, des hommes tatoués qui défient le pouvoir en place, étouffant. Une idéologie qui ne convenait pas aux protagonistes de la dictature militaire qui régnait à l’époque d’Edo.

Au XIXe siècle, l’influence de la culture occidentale a été le prochain tournant important pour le tatouage au Japon. À une époque où d’autres régions d’Asie étaient en train de subir la colonisation, le gouvernement japonais de l’époque a interdit le tatouage. Il redoutait que cela ne donne à la nation l’impression d’être barbare ou arriérée par rapport à ses homologues occidentaux. D’ailleurs, les lois contre le tatouage à cette époque étaient apparemment beaucoup plus strictes dans les régions d’Hokkaido et d’Okinawa, des zones plus sensibles aux invasions. Elles étaient également des lieux où le tatouage féminin de style tribal était culturellement ancré.

Yakuza

La législation est restée en vigueur jusqu’en 1948. À cette date, les forces d’occupation américaines ont levé l’interdiction. Aujourd’hui, vous avez donc le droit de porter un tatouage au Japon. Malgré tout, il faut se préparer : il y a des endroits où l’on ne peut pas aller si l’on est tatoué. Peut-être avez-vous entendu dire que vous ne pouvez pas entrer dans un Onsen si vous avez de l’encre dans la peau. La plupart du temps, c’est vrai. Certains établissements vous autorisent à entrer et d’autres non, mais ils ont généralement des panneaux indiquant si les tatouages sont autorisés ou non.

Parmi les autres endroits où vous ne pouvez pas aller si vous avez des tatouages, il y a les piscines publiques et certains gymnases. Cela s’explique par le fait que tout le monde n’approuve pas les tatouages. Dans ce cas, il est possible de le dissimuler à travers vos vêtements, ou bien avec un petit patch spécial. Tout dépend de la taille de votre motif !

Le festival de tatouage de Sanja Matsuri à Tokyo

À Tokyo, chaque année, la troisième semaine de mai, se tient la Sanja Matsuri. Cette immense fête se déroule autour du temple le plus emblématique de la ville, le Sensoji. Elle est également l’une des plus grandes expositions de tatouages du pays. Bien sûr, depuis 2020 et la pandémie de coronavirus, cet événement a été tout simplement annulé. On attend une reprise pour l’année 2022, au mieux.

Tout au long des célébrations, les clients avec un tatouage brandissent fièrement leurs motifs traditionnels de style japonais. Ils occupent une importante partie du corps, depuis les épaules jusqu’aux chevilles et aux genoux. Contrairement aux tatouages généralement associés aux yakuza, cette exposition se veut une simple vitrine de la finesse artistique de ces créations complexes.

Les tatoueurs japonais n’ont plus besoin de licence médicale pour exercer

Comme dit en début d’article, les législations évoluent. Il en va de même pour les mentalités. Les tatoueurs japonais doivent encore aujourd’hui se soumettre à toute une série d’épreuves pour être autorisés à pratiquer, y compris l’obtention d’une licence médicale. En vertu d’une décision de la Cour suprême, les tatoueurs japonais ne seront plus tenus d’obtenir une licence médicale pour exercer.

Selon le Japan Times, la décision a été prise à la suite d’une longue affaire impliquant l’artiste Taiki Masuda, qui a été condamné à une amende de 150 000 yens en 2017 pour avoir tatoué trois clients sans licence médicale. La réglementation historique qui rejette les tatouages en tant que procédure médicale fera probablement plus de place aux futurs tatoueurs pour installer leurs pratiques au Japon. Mais surtout, ce règlement a le potentiel de faire évoluer les mentalités à l’égard des tatoueurs.

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Visiter le Japon avec un tatouage : nos conseils

  • Prévoyez de couvrir complètement les tatouages dans les piscines, les salles de sport et la plupart des parcs aquatiques et des plages
  • Les tatouages sont interdits dans les onsens (établissements de bains)
  • De nombreux ryokans (auberges japonaises) refusent les clients tatoués
  • Envisagez de dissimuler vos tatouages dans les temples ou les sites sacrés

Prix d’un tatouage japonais

Tout ce qui est plus petit qu’une carte postale sera souvent facturé pour couvrir l’ensemble du projet :

  • Pièce de 500 yens = 6 000-10 000 yens
  • 10 x 10 cm = 20 000 à 30 000 yens
  • Carte postale = 30 000 à 50 000 yens

Au-delà, vous serez facturé à l’heure, qui est généralement de 7 000 à 15 000 yens par heure. Le prix d’un tatouage en couleur de la taille d’un papier A4 est en moyenne de 80 000 yens, soit trois séances de trois heures sur une période de trois semaines.

Les prix proviennent du site japantravel.com et concernent surtout Tokyo et Osaka. En France comme au Japon, le tatouage n’est pas une activité très économe ! Il va sans dire que si vous demandez une tâche très spécifique, vous verrez encore plus, tout comme la quantité de travail à abattre.

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