Pourquoi les Japonais roulent à gauche ?

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Au pays du soleil levant, les Japonais roulent à gauche en voiture. C’est une différence déterminante par rapport à la majorité des autres pays du monde, France comprise. Environ 65 % des nations dans le monde ont décidé d’opter pour la droite quand seulement 35 % préfèrent la gauche. Le plus souvent, cela s’explique par la relation entre le pays et les Britanniques. Pourtant, le Japon n’a jamais fait partie de l’Empire britannique… comment interpréter le fait de conduire à gauche alors ?

Un héritage des samouraïs

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L’origine de la conduite à gauche trouverait son origine dans les samouraïs selon beaucoup de Japonais. En effet, ces guerriers fiers et dignes portaient leur épée sur le côté gauche. Le flanc gauche offrait la possibilité de dégainer plus adroitement et rapidement avec la main droite. Les Nippons étaient, pendant les siècles précédents, en majeure partie droitiers, comme c’est le cas encore aujourd’hui.

Puisque tout le monde arborait son katana à gauche, il aurait été bien embarrassant si l’ensemble des piétons avait marché à droite. Les épées se seraient ainsi entrechoquées. Les combattants de l’époque étaient très orgueilleux et l’honneur prédominait toutes les autres vertus. Un claquement de sabre aurait alors pu être interprété par une partie ou l’autre comme une agression ou une provocation ! Un sens de circulation à gauche permet de résoudre ce dilemme et de s’éviter bien des tracas.

C’est pourquoi les chefs de clan, les autorités féodales et l’ensemble des régulateurs urbains ont décidé d’instaurer un sens de la circulation à gauche. On imagine à peine le nombre de tracas que cet aménagement a permis d’éviter… Durant les premières décennies, le sens de la circulation était respecté uniquement par le bon sens. Puis, quelque temps après, on s’est mis à édifier des bordures le long de la route de façon à séparer clairement les deux voies. On préférait employer des solutions naturelles comme des arbres, des plantations ou des monticules de terre. Mais plus l’époque avançait, plus on avait recours à des constructions religieuses et en particulier shintoïstes ! Cela avait de quoi décourager les guerriers de se lancer dans un combat, surtout dans un environnement urbain où la population pouvait être affectée.

L'influence du Royaume-Uni

Contrairement à la plupart des pays occidentaux, le Japon a longtemps été un pays hermétiquement fermé avec l’extérieur. Les échanges étaient prohibés pendant plus de 200 ans. C’est ce que l’on appelle le Sakoku, durant l’époque d’Edo entre 1650 et 1842. Tout change alors avec l’ère Meiji, qui voit l’empereur retrouver ses pouvoirs au détriment du shogun. Entre 1868 et 1912, le pays du soleil levant entame une modernisation effrénée dans tous les secteurs : politique, militaire, diplomatique, littéraire et aménagement urbain. Le pays s’ouvre dès lors aux influences extérieures et notamment occidentales qui servent de modèle.

Tokyo entend bien rattraper son retard sur la France, le Royaume-Uni ou encore la Prusse. Dans le domaine juridique, le code napoléonien inspire une nouvelle constitution nipponne. Les armées sont formées par des officiers français. Mais dans le développement industriel et la réorganisation du territoire, c’est le Royaume-Uni qui offre de précieux conseils. L’Angleterre envoie du personnel qui se charge de réaliser une expertise technique et industrielle. Les Japonais apprennent vite et mettent à profit ces enseignements. Le domaine de l’automobile se développe fortement. L’influence britannique s’en retrouve immortalisée dans le décor, étant donné que les Anglais roulent à gauche. Les Japonais suivent.

Les Japonais marchent à gauche

Le sens de la circulation, au Japon, est très important. Les citoyens japonais ont pour idée que l’harmonie de la société prévaut sur les considérations personnelles. C’est pourquoi les piétons, comme les automobilistes, ont décidé de rouler à gauche. Chacun a intériorisé depuis le plus jeune âge que si tout le monde se résout à la même politique, alors il y a moins de problèmes. Certains guides touristiques vous parleront de ce phénomène en évoquant une circulation « à la japonaise ». Cette expression renvoie au fait que presque tout le monde se range du côté gauche dans une rue piétonne ! Le sens de la marche fait ainsi preuve d’une discipline de fer qui peut étonner les étrangers et notamment les Français…

Comme nous l’avons signifié plus haut, cette coutume est aujourd’hui devenue un réflexe dans le comportement civil des Japonais. Elle remonterait à l’époque des samouraïs qui, pour ne pas entrechoquer leur katana, se sont habitués à marcher à gauche. Au-delà des rues piétonnes et des routes traditionnelles que l’on arpente en voiture, l’escalator est aussi un endroit où l’on préfère le côté gauche. Ces escaliers mécaniques sont présents partout dans les grandes villes.

En France, il est de coutume de se rabattre sur la droite pour permettre aux personnes pressées de monter plus rapidement par la voie gauche. La situation est bien différente au pays du soleil levant. On reste à gauche en permanence et ceux qui veulent monter un peu plus vite passent alors par la droite. Cela déroute le moindre visiteur français qui met les pieds pour la première fois au Japon, mais on s’y fait au bout de quelques jours. Les escaliers sont aussi affectés par ce phénomène et on observe çà et là des flèches qui explicitent la direction à emprunter.

Il y a aussi quelques exceptions, comme dans tous les pays. Par exemple, à Osaka, on prend les escalators à droite. La situation est similaire dans tout le Kansai, une région qui ne fait jamais comme dans le reste du Japon… le plus simple reste de suivre les civils japonais qui ne se montrent jamais indisciplinés. Dans une rue piétonne par exemple, il est très rare de croiser des citoyens nippons qui marchent à droite. Cela peut arriver en fin de soirée ou très tôt le matin avec des personnes alcoolisées, mais cela tient de l’extraordinaire.

Pourquoi certains pays roulent à gauche ?

Selon les sources les plus sérieuses, il y aurait un tiers des pays dans le monde qui roulerait encore à gauche de la chaussée aujourd’hui. C’est le cas de l’Angleterre, Chypre, l’Australie, l’Indonésie, le Népal, le Japon, la Malaisie, l’Afrique du Sud, le Bangladesh, la Thaïlande, l’Ecosse, l’Inde, Hong Kong, l’Irlande ou le Sri Lanka. Comme au Japon, la plupart de ces États possédaient des chevaliers qui se croisaient, ici à cheval. Les combattants étaient majoritairement droitiers, donc ils portaient leur sabre du côté gauche. La circulation, en toute logique, se faisait à gauche pour éviter que les épées ne s’entrechoquent. C’est la même logique qui s’est appliquée au Japon afin de prévenir toute provocation à un duel singulier.

Entre 1919 et 1986, on comptabilise pas moins de 36 territoires qui sont passés de la circulation à gauche vers une circulation à droite.

L'influence de Napoléon

La différence entre les pays qui roulent à droite et ceux à gauche relèverait plutôt de l’époque de Napoléon. L’empereur français a mis au point une approche pour semer la zizanie dans les rangs ennemis. Avant 1802, les soldats attaquaient constamment en premier par la gauche puis après par la droite. Le stratège français a inversé cette technique et les résultats se sont vite montrés probants. Ensuite, il a imposé la circulation à droite dans toutes les régions qu’il avait conquises, c’est-à-dire dans une bonne partie de l’Europe.

Toujours avec Napoléon, une autre théorie repose sur le fait que ce dernier était un gaucher. Comme aujourd’hui, il y avait beaucoup plus de droitiers dans l’armée et dans les populations que de gauchers. Il mettait ainsi ses adversaires en difficulté, car il pouvait plus facilement les attaquer et donc optimiser ses chances de victoire. Quoi qu’il en soit, nous ne saurons jamais vraiment le fin mot de l’histoire, mais la plupart des analystes s’accordent pour dire que la conduite à droite de la plupart des pays dans le monde a été influencée par l’époque napoléonienne, le début du XIXe siècle.

Les calèches britanniques

Calèche britannique

Une autre hypothèse qui est avancée par certains auteurs s’attarde sur l’influence britannique. Comme nous pouvons le déterminer en analysant la liste des pays qui roulent encore à gauche aujourd’hui, la plupart sont d’anciennes colonies britanniques. Elles n’ont jamais été soumises à l’emprise des Français de Napoléon ou des autres pays occidentaux. Elles sont donc restées fidèles au système de la Grande-Bretagne. Les Anglais conduisaient traditionnellement à gauche en raison des calèches et des chevaux. Le dispositif permettait de protéger les passants ! En effet, le chauffeur de la calèche maniait le fouet de la main droite. On a ainsi pu éviter beaucoup d’incidents peu agréables pour les piétons…

La calèche est aussi responsable du placement du volant sur les véhicules. Ce moyen de locomotion s’est rapidement répandu à travers l’Europe et elle a été supplantée par la voiture qui a repris le même modèle. Le volant se positionnait alors à droite, avec une boîte de vitesse à gauche. L’Allemagne, qui souhaitait optimiser sa maniabilité, a quelque peu modifié cette disposition en positionnant la boîte de vitesse sur la droite. Il y a donc eu une différence de système entre l’Angleterre et les Allemands, véritable leader dans l’automobile. Les autres constructeurs ont plutôt choisi d’imiter ces derniers…

Les trains

Japon train

Avec la fin de l’ère Edo, puis le début de la période Meiji (1868-1912), la nation japonaise n’a plus eu besoin de sabreurs, mais d’un réseau ferroviaire. Le pays a commencé à étudier, entre le milieu et la fin du XIXe siècle, les moyens de mettre en place un réseau ferroviaire efficace pour transporter les produits et les passagers dans tout le pays. Alors que la France, les États-Unis et la Grande-Bretagne ont tous proposé leur aide pour ce projet, le Japon a décidé de suivre l’exemple de la Grande-Bretagne du fait de son amitié naissante avec ce pays.

Au Japon, en 1872, grâce à l’aide et aux conseils techniques des Britanniques, le système ferroviaire était opérationnel, avec notamment le conseil de tout faire à gauche. Aux alentours de 1900, les voitures ont commencé à apparaître. Un arrêté émis en 1902 par la police de Tokyo stipulait pour la première fois que les piétons devaient rester sur le côté gauche des routes. Puis, en 1924, la conduite à gauche est devenue une loi officielle.

Au lendemain de la défaite du Japon pendant la Seconde Guerre mondiale, Okinawa était sous le contrôle des États-Unis et la conduite à droite était obligatoire… Dans le même temps, il fallait bien évidemment rouler à gauche dans le reste du Japon. Ce casse-tête s’explique par la domination américaine sur l’île nipponne. Okinawa était alors devenue une propriété temporaire des États-Unis. Il y avait de nombreuses bases militaires, dont la plupart existent encore aujourd’hui.

Les Américains ne se sont pas cassés la tête et ont décidé d’appliquer leur propre loi. Tout le monde devait alors rouler à droite, américains comme japonais. On imagine facilement le désarroi de certains habitants locaux lorsqu’il était question de voyager au Japon. Cette situation perverse a duré jusqu’en 1972. C’est à cette date que la préfecture japonaise d’Okinawa a été officiellement rendue au Japon. Tous les chauffeurs ont dû modifier leurs habitudes en roulant sur le côté gauche du jour au lendemain.

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