Nouvel An au Japon : comment ça se fête ?

Le Nouvel An (正月, shōgatsu) est une fête bien particulière au Japon. En effet, on considère habituellement qu’il s’agit de la plus importante de l’année. Cela s’illustre notamment par le fait que la plupart des entreprises ferment leurs portes du 1er au 3 janvier. Ce créneau de quelques jours devient un moment où les familles se réunissent pour passer du temps ensemble.

Les célébrations du Nouvel An japonais sont très différentes des célébrations occidentales typiques. Les festivités s’étendent donc jusqu’au 3 janvier, mais le Nouvel An au Japon est essentiellement une affaire de famille, calme et solennelle, ce qui est tout à fait approprié en ces temps de COVID.

La préparation du Nouvel An

Comment France ou ailleurs, le Nouvel An a, au Japon, une forte dimension festive. On se regroupe, on boit ensemble, on passe un bon moment et on compte les minutes qui viennent ponctuer l’année en cours. Cela dit, la fête n’est pas toujours marquée par des soirées bruyantes, des feux d’artifice ou des comptes à rebours, bien que l’on puisse en trouver. Dans la grande majorité des cas au Japon, il s’agit d’une fête familiale !

Mais il y a également une dimension symbolique : les années sont considérées comme complètement séparées entre elles. Chaque nouvelle année doit offrir un nouveau départ. Il est donc logique pour les Japonais, tous les devoirs sont censés être accomplis avant la fin de l’année.

Les décorations

Concernant les décorations, les portes d’entrée sont décorées avec des ornements faits de pain, de bambou ou encore de pruniers. Les maisons et les vêtements sont nettoyés avec soin. En vous promenant dans Tokyo, vous verrez peut-être des kadomatsu et des shimekazari orner des magasins, des hôtels et d’autres établissements. Ils ne sont pas uniquement destinés aux entreprises, ils sont également utilisés comme ornements domestiques.

Les autres articles porte-bonheur du Nouvel An sont le hagoita (une raquette en bois utilisée pour jouer à un jeu de badminton appelé hanetsuki, bien que les raquettes élaborées soient purement décoratives) pour frapper et chasser le mauvais sort, et le hamaya (une flèche qui détruit les mauvais esprits), qui est généralement vendu exclusivement dans les sanctuaires pendant les trois premiers jours du Nouvel An. Si vous recherchez un hagoita pour le Nouvel An, le temple Sensoji à Asakusa organise un marché annuel de hagoita, qui a lieu chaque année en décembre.

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Exemple de Kadomatsu / Crédits : Wikipédia

La nourriture

De nombreuses traditions japonaises du Nouvel An ont pour but d’apporter la bonne fortune. Rien d’étonnant donc à ce que certains plats soient désignés comme vecteurs de chance.

Les toshikoshi soba (littéralement « nouilles de sarrasin qui traversent l’année ») sont servies chaudes le soir du Nouvel An pour symboliser la fin des malheurs de l’année, ainsi que les souhaits de bonne chance et de longue vie.

Le Nouvel An est également caractérisé par la consommation d’ozoni (soupe salée à base de mochi) et d’osechi ryori (terme générique désignant les plats ou aliments traditionnellement consommés pendant le Nouvel An en raison de leur valeur symbolique).

Depuis peu, la coutume veut que l’on regarde l’émission musicale « kohaku uta gassen », un programme télévisé très populaire qui présente de nombreux chanteurs de J-pop et d’enka parmi les plus célèbres du Japon dans des performances spectaculaires.

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Toshikoshi Soba
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Ozoni / Crédits : Wikipédia

Célébrer la nouvelle année le 1er janvier au Japon

Plusieurs minutes avant le Nouvel An, certains temples font sonner une grande cloche 108 fois dans le cadre d’un rituel appelé joya no kane.

Pourquoi autant de fois ? Selon le bouddhisme, 108 est le nombre de désirs terrestres qui causent la souffrance des humains, et cette pratique nommée joya no kane est censée purifier l’esprit et l’âme des humains pour l’année à venir.

Visiter un sanctuaire ou un temple pendant le shogatsu (hatsumode) est une véritable tradition. Les plus populaires d’entre eux, comme le sanctuaire Meiji de Tokyo, attirent plusieurs millions de personnes pendant ces trois jours.

Autrefois, les gens se rendaient en masse au Palais impérial, dans le centre de Tokyo, pour voir l’empereur, l’impératrice et les autres membres de la monarchie apparaître sur un balcon et saluer la foule, mais cette tradition a été suspendue en raison de la pandémie.

Le 1er janvier est un jour particulièrement prometteur. On commence la journée en regardant le premier lever de soleil de la nouvelle année (hatsuhinode, 初日の出), et on pense traditionnellement qu’il est représentatif de toute l’année qui vient de commencer. Lorsqu’il apparait à l’horizon, beaucoup prononcent des vœux pour les jours à venir.

En conséquence, la journée est censée être pleine de joie et dépourvue de stress et de colère, tandis que tout doit être propre et qu’aucun travail ne doit être effectué.

Ci-dessous, vous pouvez voir comment la TV japonaise couvre le hatsuhinode (et voir le superbe soleil sur le Mont Fuji).

Pendant le shogatsu, plusieurs types de plats spéciaux sont servis. Citons notamment l’osechi ryori et l’otoso (vin de riz sucré).

Quelques jeux sont également traditionnellement pratiqués le jour du Nouvel An, mais leur popularité a diminué ces derniers temps. Le hanetsuki (badminton japonais), le takoage (cerf-volant) et le karuta (jeu de cartes) en font partie.

La Hakone Ekiden, un événement (du 2 au 3 janvier) annuel du Nouvel An incontournable pour de nombreux Japonais, est une course âprement disputée entre des athlètes représentant 20 universités de tout le pays. La compétition débute dans le quartier d’Otemachi, au centre de Tokyo, et une équipe de cinq coureurs relais parcourt 107,5 kilomètres jusqu’à la ville de Hakone, surplombée par le mont Fuji enneigé.

Les cartes postales du Nouvel An

À l’instar de la coutume occidentale d’envoyer des cartes de Noël, il existe au Japon une tradition d’envoi de cartes de vœux pour le Nouvel An, appelées nengajo (年賀状). Dans la mesure où elles sont aujourd’hui écrites sur des cartes postales, elles sont également appelées nenga-hagaki (年賀はがき), ou cartes postales du Nouvel An.

Cette coutume remonte au moins à l’ère Heian (794-1185), lorsque la noblesse a commencé à écrire des lettres de vœux aux personnes qui habitaient trop loin pour pouvoir se rencontrer en personne.

Quand la poste japonaise a suivi l’exemple de l’Europe et a créé les cartes postales en 1871, elles correspondaient parfaitement à ces vœux qui ne nécessitaient que d’écrire « Bonne année », son nom et une adresse. Le Japon a conservé cette tradition depuis lors, devenant ainsi l’une des célébrations du Nouvel An les plus courantes dans toute l’histoire du pays.

La pratique est même ritualisée puisque les facteurs, qu’ils soient à vélo, moto ou en voiture, démarrent ensemble leur journée ! Les livraisons sont prises très au sérieux. Voyez par vous-même avec la vidéo ci-dessous :

Bien sûr, le développement des services de messagerie électronique a contribué à une baisse continue du nombre de nengajo envoyés chaque année, mais on estime que la poste japonaise a distribué environ deux milliards de cartes de Nouvel An pour 2020. Autrement dit, une moyenne de 15 cartes par personne !

Le nombre de cartes postales nengajō émises par la Japan Post reste sur une tendance à la baisse. La quantité initiale d’émission de cartes postales du Nouvel An avec des numéros de loterie pour 2022 s’est établie à 1,82 milliard de cartes, soit une baisse de 6 % par rapport à l’année précédente.

Aller plus loin : Japan-GuideTokyo-CheapoDW.com

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