Le Japon n’est pas membre de l’OTAN. Le pays du soleil levant est un constituant du G7. Cependant, c’est le seul État de ce groupe à ne pas faire partie de la coalition militaire outre-Atlantique. Bien que cela s’explique pour plusieurs raisons, l’ambiguïté persiste. C’est l’un des pays les plus proches de l’alliance et des exercices sont régulièrement menés en pleine coopération.
Contexte historique de la relation entre le Japon et l'OTAN
L’histoire des relations entre le Japon et l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) a été profondément influencée par le contexte géopolitique mondial. Pour comprendre le présent, il est essentiel de regarder le passé et de voir comment ces deux entités sont passées d’une situation d’éloignement relatif à un engagement croissant.
Après la Seconde Guerre mondiale, le Japon a adopté une politique de pacifisme inscrite dans sa constitution, connue sous le nom d’article 9. Cela signifiait qu’il ne pouvait pas déclarer la guerre à d’autres pays et avait des limites strictes en matière de dépenses militaires. Pendant cette période, le Japon a préféré se concentrer sur sa croissance économique, alors que l’OTAN, créée en 1949, était principalement préoccupée par la dissuasion de l’Union soviétique en Europe.
Toutefois, avec la fin de la guerre froide et l’émergence de nouvelles menaces sécuritaires, le Japon a commencé à chercher des moyens de contribuer à la sécurité internationale tout en respectant les limites constitutionnelles de sa force militaire. L’OTAN, de son côté, a commencé à s’orienter vers des missions de maintien de la paix à l’échelle mondiale.
C’est dans ce contexte que le Japon a commencé à se rapprocher de l’OTAN dans les années 1990. En 1999, le Japon a signé l’Accord sur le statut des forces avec l’OTAN, facilitant le déploiement des forces japonaises d’autodéfense dans les opérations de maintien de la paix de l’OTAN. En 2001, le Japon a participé à l’opération de l’OTAN en Afghanistan, marquant une étape importante dans l’engagement du Japon à contribuer à la sécurité internationale.
La collaboration entre le Japon et l’OTAN s’est intensifiée dans les années 2000 avec l’émergence de nouvelles menaces sécuritaires comme la cybercriminalité et le terrorisme international. En 2010, le Japon et l’OTAN ont signé une déclaration conjointe pour renforcer leur coopération dans ces domaines.
Pourquoi le Japon n’est pas dans l’OTAN ?
L’OTAN est un acronyme signifiant Organisation du Traité de l’Atlantique Nord. C’est une organisation de traité pour les nations de la région de l’Atlantique Nord. Dans la mesure où le Japon est localisé au bord du Pacifique, il n’est pas éligible pour entrer dans cette organisation en raison de sa situation géographique.
Le Japon possède malgré tout une histoire diplomatique étroite avec l’OTAN. Le pays fait partie des « partenaires mondiaux ». Il se hisse au même rang que l’Australie, la République de Corée, la Nouvelle-Zélande, l’Afghanistan, le Pakistan, Mongolie, la Colombie ou encore l’Irak.
L’autre grande raison pour laquelle le Japon ne fait pas partie de l’alliance réside dans la constitution nipponne. Celle-ci, établie à la fin de la Seconde Guerre mondiale, mentionne que le Japon ne gardera pas de troupes armées. Le droit de légitime défense collective reste controversé et est sujet à des révisions par le parti au pouvoir.
En 2022, l’article 9 de la constitution japonaise stipule que le Japon ne peut pas maintenir de force militaire (« il ne sera jamais maintenu de forces terrestres, navales et aériennes, ou autre potentiel de guerre »). Il n’y a donc pas la possibilité de se déployer dans d’autres régions, sauf en cas de légitime défense. Cela va à l’encontre de l’OTAN, qui mise sur la coopération et l’interventionnisme des différents adhérents. Si un pays membre est attaqué, les voisins doivent s’unir pour riposter par le droit de l’autodéfense.
Les relations entre le Japon et l’OTAN
Bien que le pays du soleil levant ne soit pas membre de l’OTAN, des relations existent depuis le début des années 1990. Elles sont définies par l’IPCP (Individual Partnership and Cooperation Program). On découvre les principes de collaboration, et les secteurs de liaisons. L’ancien premier ministre Shinzo Abe a signé cet accord en 2014 (reconduit en 2020). Il promeut le dialogue politique, les échanges en matière de défense et une synergie pratique axée sur les disciplines prioritaires comme :
- la cyberdéfense ;
- la sécurité maritime ;
- le contrôle des armements ;
- la paix, la sécurité et les droits des femmes ;
- la sécurité humaine ;
- l’activité de diplomatie publique ;
- une coopération en matière de défense et de sécurité dans des domaines d’intérêt commun
- pour le Japon et l’OTAN.
Soucieux de se préserver face à la menace chinoise, sans oublier celle de la Corée du Nord, le Japon se rapproche progressivement des États-Unis. Le pays héberge déjà de nombreuses bases militaires américaines depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Surtout, le Premier ministre japonais Fumio Kishida va participer au sommet de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord à Madrid, le 29 et le 30 juin. L’annonce a été effectuée le 4 juin 2022. C’est le premier responsable japonais à y assister.
De quoi stimuler les rumeurs d’une coopération intensive avec les dirigeants américains et européens. Il semble que l’invasion russe de l’Ukraine et les mouvements hégémoniques de la Chine poussent le Japon à de plus en plus revoir sa posture antimilitariste. Des investissements pour souffrir de l’équipement supplémentaire (aviation, cybersécurité) doivent être réalisés dans les prochains mois.
La position de l'opinion publique japonaise vis-à-vis de l'OTAN
L’opinion publique japonaise à l’égard de l’OTAN est complexe et nuancée, et elle a évolué au fil du temps.
Un mélange de méfiance et de respect
Traditionnellement, de nombreux Japonais ont exprimé une certaine méfiance à l’égard de l’OTAN, perçue comme une extension de l’influence militaire et politique de l’Occident. Cette méfiance est alimentée en partie par des préoccupations concernant le respect de la constitution pacifiste du Japon, qui renonce à la guerre comme moyen de résoudre les conflits internationaux.
Cependant, il existe également un certain respect pour l’OTAN, qui est vue comme une force de stabilité et de sécurité internationale. Les initiatives de l’OTAN en matière de coopération en matière de sécurité, de gestion des crises et de lutte contre le terrorisme ont généralement été bien accueillies au Japon.
Une évolution vers une plus grande acceptation
Au fil du temps, l’opinion publique japonaise à l’égard de l’OTAN semble évoluer vers une plus grande acceptation. Cette évolution est en partie due à la perception croissante des menaces à la sécurité, comme la montée de la Chine et les ambitions nucléaires de la Corée du Nord. De plus, le Japon a progressivement étendu sa coopération avec l’OTAN, renforçant ainsi l’acceptation publique de l’organisation.
Des divisions persistantes
Malgré cette évolution, des divisions persistent dans l’opinion publique japonaise à l’égard de l’OTAN. Certains Japonais sont favorables à une coopération plus étroite avec l’OTAN, estimant que cela renforcera la sécurité et l’influence internationale du Japon. D’autres sont plus réticents, craignant que cela n’entraîne le Japon dans des conflits internationaux et n’érode son engagement envers le pacifisme.
Vers une acceptation prudente
En conclusion, l’opinion publique japonaise à l’égard de l’OTAN est marquée par un mélange de méfiance et de respect, avec une tendance à l’acceptation prudente. Le défi pour le gouvernement japonais et l’OTAN sera de naviguer dans ces sentiments complexes et parfois contradictoires alors qu’ils cherchent à renforcer leur relation à l’avenir.
Ouverture du premier bureau de l'OTAN en Asie
En mai 2023, l’OTAN a annoncé son intention d’ouvrir son premier bureau de liaison en Asie, à Tokyo, d’ici à 2024. Cette décision a été prise dans un contexte de guerre en Ukraine et de montée en puissance de la Chine, et vise à renforcer la coopération de l’Alliance avec les pays de la région indo-pacifique, notamment le Japon, la Corée du Sud et l’Australie. La décision d’ouvrir un bureau de liaison à Tokyo représente une étape majeure dans le rapprochement entre le Japon et l’OTAN, ce dernier considérant désormais le Japon comme un partenaire clé dans la région.
Cependant, cette décision a suscité l’opposition de la France, qui estime qu’elle risque d’agiter un « chiffon rouge » devant la Chine. Malgré cette opposition, le gouvernement japonais semble déterminé à poursuivre son rapprochement avec l’OTAN, notamment dans le domaine de la cybersécurité où le Japon, face à des menaces chinoises et russes croissantes, cherche à renforcer ses capacités.
Au-delà de la cybersécurité, le Japon et l’OTAN envisagent également de renforcer leur coopération dans le domaine de l’intelligence artificielle et des technologies quantiques. Ce renforcement de la coopération entre le Japon et l’OTAN s’inscrit dans un contexte plus large de renforcement des relations entre l’Alliance et les pays de la région indo-pacifique face à une menace chinoise croissante.
Cela étant dit, l’ouverture d’un bureau de l’OTAN à Tokyo présente des défis et des opportunités pour le Japon. D’une part, cela peut attirer l’ire de la Chine et potentiellement exacerber les tensions régionales. D’autre part, cela offre au Japon une occasion unique d’approfondir sa coopération avec l’OTAN et de renforcer ses capacités de défense.
En conclusion, malgré l’opposition de la France, l’ouverture d’un bureau de l’OTAN à Tokyo marque une étape importante dans le renforcement de la coopération entre le Japon et l’OTAN. Toutefois, les implications de cette décision pour la sécurité régionale et les relations entre le Japon et la Chine restent à voir. En 2023, le Japon est plus que jamais au centre des préoccupations stratégiques de l’OTAN et cette nouvelle dynamique pourrait redéfinir les contours de la sécurité en Asie-Pacifique.
Les défis et opportunités pour le Japon en relation avec l'OTAN
Le renforcement de la relation entre le Japon et l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) apporte à la fois des défis et des opportunités pour le pays.
Défis
L’un des principaux défis pour le Japon concerne sa constitution pacifiste, qui limite les activités militaires du pays à l’autodéfense. Alors que l’OTAN est principalement une alliance de défense collective, le Japon doit naviguer prudemment dans cette relation pour respecter sa constitution tout en contribuant à la sécurité internationale.
Un autre défi est la relation du Japon avec ses voisins, en particulier la Chine et la Russie. L’approfondissement des liens avec l’OTAN pourrait exacerber les tensions régionales, en particulier si ces pays perçoivent cette évolution comme une menace à leur sécurité.
De plus, il y a également des défis internes. Les efforts visant à renforcer la relation avec l’OTAN pourraient rencontrer une opposition domestique, notamment de la part de ceux qui craignent que le Japon ne soit entraîné dans des conflits internationaux.
Opportunités
Malgré ces défis, l’engagement accru du Japon envers l’OTAN offre également de nombreuses opportunités. En premier lieu, il permet au Japon de jouer un rôle plus actif sur la scène internationale. Cela pourrait accroître l’influence du Japon en matière de sécurité mondiale et renforcer sa position en tant que puissance mondiale.
Deuxièmement, la relation avec l’OTAN offre au Japon une plateforme pour renforcer sa coopération avec d’autres membres de l’OTAN en matière de sécurité et de défense. Cela pourrait inclure le partage de renseignements, la participation à des exercices militaires conjoints et l’engagement dans des efforts conjoints de recherche et développement.
Troisièmement, cette relation pourrait également contribuer à la sécurité nationale du Japon. En collaborant étroitement avec l’OTAN, le Japon pourrait renforcer sa défense contre les menaces potentielles, qu’il s’agisse de défis traditionnels, tels que les différends territoriaux, ou de nouvelles menaces, comme les cyberattaques.
Les contributions du Japon en marge de l’OTAN
Bien que le Japon ne soit pas à même de participer militairement à des opérations de l’OTAN, son rôle n’est parfois pas anodin. Le pays a fourni un appui à la force internationale d’assistance à la sécurité et des efforts de reconstruction et de développement en Afghanistan. Des conférences, comme celles de Tokyo en juillet 2012, ont été organisées. Des investissements sont entrepris, en particulier un budget de 5 milliards de dollars, sur une période de 5 ans entre 2009 et 2013.
Conformément à sa constitution et à l’idéologie dominante, le Japon encourage les activités pour désarmer, démobiliser et réinsérer les anciens combattants, notamment dans le cadre du programme afghan pour la réconciliation et la réintégration. Le pays du soleil levant a joué un rôle de stabilisation dans les Balkans dans les années 1990. De quoi seconder les opérations de soutien de la paix orchestrée par l’OTAN dans la même décennie.
Plus globalement, le Japon s’inscrit dans une politique de coopération élargie. L’État contribue généreusement à des projets de fonds d’affectation spéciale dans divers pays partenaires. De quoi améliorer la gestion des réserves et la sécurité physique des munitions en Afghanistan, au Tadjikistan, la destruction de stock dangereux de pesticides en République de Moldova. Des dépôts de charges ont été nettoyés en Géorgie, tout comme des terres contaminées en Azerbaïdjan.
Le Japon est fortement engagé dans le programme pour la science au service de la paix de la sécurité. La lutte contre le terrorisme et la détection et l’élimination des mines et des munitions non explosées font partie des sujets prioritaires. Les recherches sont en cours entre l’OTAN et le Japon pour faire progresser les procédures et les technologies à ce propos. La collaboration entre les scientifiques japonais et leurs équivalents occidentaux se reflète aussi dans le domaine de la cybersécurité. Un expert nippon travaille au centre d’excellence de l’OTAN pour la cyberdéfense coopérative en Estonie.
Enfin, pour la première fois en décembre 2020, le Japon participe à une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’OTAN. Il rejoint l’Australie, la Finlande, la République de Corée, la Nouvelle-Zélande, la Suède pour discuter de l’évolution de l’équilibre mondial des pouvoirs et de l’essor de la Chine. Il y a donc de nombreux échanges politiques, militaires et scientifiques entre l’OTAN et le Japon. Cela a été confirmé par une décision lors du sommet de l’OTAN à Bruxelles en juin 2021 : les alliés ont convenu d’intensifier le dialogue et la coopération pratique entre l’OTAN et les partenaires existants dans la région Asie-Pacifique, ce qui comprend l’archipel japonais.
Le rôle du Japon dans l'OTAN à l'avenir
Alors que le Japon continue à approfondir sa relation avec l’OTAN, on peut s’attendre à ce que le pays joue un rôle de plus en plus important au sein de l’organisation.
Un acteur clé dans la politique de l’OTAN en Asie
Le Japon est bien placé pour jouer un rôle central dans la politique de l’OTAN en Asie. Grâce à son emplacement stratégique, à son économie forte et à ses relations diplomatiques étendues, le Japon pourrait aider l’OTAN à renforcer sa présence et son influence en Asie. Cela pourrait inclure la facilitation du dialogue entre l’OTAN et d’autres pays asiatiques, l’organisation d’exercices militaires conjoints et la contribution à des initiatives de sécurité régionales.
Un partenaire en matière de sécurité
Le Japon pourrait également devenir un partenaire clé de l’OTAN en matière de sécurité. Cela pourrait inclure le partage de renseignements, la coopération en matière de cybersécurité et l’engagement dans des initiatives conjointes de recherche et développement en matière de défense. En outre, le Japon pourrait jouer un rôle dans la défense collective de l’OTAN, tout en respectant les restrictions imposées par sa constitution pacifiste.
Un promoteur de la paix et de la stabilité
Au-delà des questions de sécurité, le Japon pourrait également jouer un rôle important dans la promotion de la paix et de la stabilité à travers l’OTAN. Cela pourrait inclure la participation à des missions de maintien de la paix, l’engagement dans la diplomatie préventive et la contribution à la résolution des conflits. De plus, le Japon pourrait aider l’OTAN à aborder des questions plus larges, comme le changement climatique et le développement durable, qui ont des implications importantes pour la sécurité mondiale.
Un pont entre l’OTAN et l’Asie
Enfin, le Japon pourrait servir de pont entre l’OTAN et l’Asie. En tant que pays asiatique qui entretient des relations étroites avec l’OTAN, le Japon est en mesure de faciliter la compréhension mutuelle et la coopération entre l’OTAN et les pays asiatiques. Cela pourrait contribuer à atténuer les tensions régionales et à favoriser la paix et la stabilité en Asie et au-delà.
Situation en 2023
Le Premier ministre japonais Fumio Kishida a annoncé que le Japon n’avait pas l’intention de devenir membre de l’OTAN. Cependant, il a reconnu que l’alliance de sécurité prévoyait d’ouvrir un bureau de liaison au Japon. Cette déclaration fait suite à celle de l’ambassadeur japonais aux États-Unis qui a révélé plus tôt ce mois-ci que le pacte militaire dirigé par les États-Unis envisageait d’ouvrir un bureau à Tokyo. Ce serait le premier bureau de l’OTAN en Asie et faciliterait les consultations dans la région.
Kishida a fait cette déclaration lors d’une session parlementaire, ajoutant que son pays n’avait pas l’intention de rejoindre l’OTAN en tant qu’État membre ou semi-membre. Il a également affirmé n’être « pas au courant de toute décision prise » par l’OTAN concernant l’établissement de ce bureau.
Ces déclarations sont en accord avec la position traditionnelle du Japon, qui préfère maintenir une position indépendante et pacifique tout en collaborant étroitement avec des organisations comme l’OTAN. Le pays a déjà des relations étroites avec les États-Unis, notamment grâce à la présence de nombreuses bases militaires américaines sur son territoire. En parallèle, il poursuit une politique de coopération élargie avec divers pays partenaires à travers des projets de fonds d’affectation spéciale.
Le Japon a démontré à plusieurs reprises son engagement à contribuer à la paix et à la sécurité internationales, en respectant son idéologie dominante et en s’engageant dans des activités visant à désarmer et réintégrer les anciens combattants. Il a joué un rôle de stabilisation dans les Balkans dans les années 1990, et a contribué de manière significative à la reconstruction de l’Afghanistan après la guerre. Il reste à voir comment la situation évoluera et comment la relation entre le Japon et l’OTAN pourrait se développer à l’avenir.