La cérémonie du thé japonaise (茶道, sadō ou chadō, littéralement « la voie du thé » ou 茶の湯, chanoyu) est une tradition japonaise chargée d’histoire. C’est un art folklorique inspiré en partie par le bouddhisme zen. Le thé vert en poudre (抹茶, matcha) est préparé de manière codifiée par un personnel expérimenté. Il est ensuite servi à un petit groupe d’invités dans un cadre calme, similaire à une cérémonie officieuse.
Histoire
La consommation rituelle de thé est originaire de Chine. Il a été introduit au Japon au VIIIe siècle. Au début, il était consommé comme un breuvage médicinal, principalement par les prêtres et l’aristocratie. La cérémonie est pratiquée pour la première fois au Japon pendant la période de Kamakura (1192 – 1333) par des moines Zen. Ces derniers buvaient du thé pour rester éveillés pendant de longues séances de méditation. C’est aussi durant cette époque que la boisson gagne en popularité auprès des personnes de toutes les classes sociales.
Plus tard, la cérémonie de thé devient une partie importante du rituel Zen qui honore le premier patriarche Bodhidharma, ou Daruma en japonais. Au XVe siècle, la cérémonie se mue en un rendez-vous entre amis dans une atmosphère isolée pour consommer du thé et discuter des mérites esthétiques de la peinture, mais aussi de la calligraphie et des arrangements floraux. Ces derniers sont exposés dans le tokonoma (une alcôve à l’extrémité de la pièce). Les participants à cette réunion, qui se tient surtout en soirée, n’hésitent pas à étaler leurs savoirs sur le thé et à montrer leur vaisselle (surtout les bols) raffinée.
Sen Rikyu (ou Sen no Rikyu, 1522 – 1591) est sans aucun doute le représentant le plus célèbre de la cérémonie de thé. C’est un esthète à la cour du shogun Toyotomi Hideyoshi au XVIe siècle. Il a codifié la cérémonie dans un style connu sous le nom de wabi-cha (ce qui signifie « simplicité », « quiétude » et « absence d’ornement »). Il prône une sobriété austère et rustique. Sa vision de la cérémonie de thé jouit encore aujourd’hui d’une grande popularité au Japon. La plupart des maisons de thé actuelles (Omotesenke et Urasenka, par exemple) se sont développées à partir de ces enseignements. La préférence des maîtres du thé wabi pour les objets simples et apparemment rustiques à employer dans la cérémonie du thé a conduit à une production d’instruments dans ce style (raku ware).
À partir du XVIIe siècle Japon, on considère que la cérémonie du thé doit suivre 4 grands principes :
- l’harmonie (和, wa) entre les invités et les outils maniés ;
- le respect (敬, kei), entre les participants, mais aussi pour les ustensiles ;
- la propreté/pureté (清, sei), on se lave les mains et on se rince la bouche comme geste symbolique de purification avant d’entrer dans le cha-shitsu (maison de thé) ;
- la tranquillité (寂, jaku), elle se perçoit avec utilisation longue et attentionnée de chaque ustensile de la cérémonie du thé.
Procédures
Une cérémonie du thé complète et formelle est un événement de plusieurs heures qui commence par un repas kaiseki. Il est suivi par un bol de thé épais et se termine par un bol de thé fin. La majorité des cérémonies de thé actuelles sont toutefois bien plus courtes. Elles se limitent à la dégustation d’un bol de thé fin.
Le protocole d’une cérémonie du thé est très précis. Tout est codifié, même les mouvements exacts des mains. Les plus passionnés savent qu’ils sont légèrement différents d’une école à l’autre. La plupart des cas, les touristes ordinaires ne sont pas censés maîtriser les règles en détail, et les organisateurs ne seront pas sévères. Cependant, il convient de connaître les grandes lignes de cet office.
Il faut des décennies à l’hôte pour maîtriser l’art de servir du thé. Il doit pour cela étudier attentivement la philosophie, l’esthétique, l’art et même la calligraphie. Il va sans dire qu’il doit être un véritable expert pour préparer le breuvage de manière méticuleuse. On trouve encore quelques écoles qui forment la cérémonie de thé au Japon. Sinon, des cours expéditifs (de quelques heures) peuvent être dispensés contre une rémunération.
Déroulement
La cérémonie du thé japonais est une manière esthétique d’accueillir les hôtes. C’est aussi un processus spirituel dans lequel les participants se retirent du monde ordinaire pour se mettre en quête d’harmonie et de paix intérieure. Tout se fait selon un ordre établi. Elle se déroule habituellement dans une maison de thé (cha-shitsu) qui est idéalement une structure détachée de la maison principale. Dans les faits, il s’agit souvent d’une pièce spéciale de la maison. La pièce mesure en moyenne 3 m² ou moins. On trouve une alcôve appelée tokonoma à l’extrémité dans lequel est affiché un rouleau suspendu, un arrangement floral ou les 2.
La pièce doit également contenir une cheminée encastrée (ro) qui est utilisée pendant les mois d’hiver pour chauffer le bol à thé. En été, on emploie davantage un brasier portable. La cérémonie de thé consiste pour l’hôte à porter d’abord les ustensiles à thé dans la pièce, puis à offrir aux invités des sucreries spéciales. Elle est censée être mangée avant que le thé ne soit bu. Ensuite, on élabore et on sert du thé à base de feuilles de thé pulvérisées mélangées à de l’eau chaude.
Le thé qui est préparé est généralement fin et mousseux. Il a une saveur légèrement astringente. Parfois, on sert du thé lourd (koicha) qui a la particularité d’être beaucoup plus épais. Un repas souple peut être apporté avant le service des sucreries et du thé. Quoi qu’il en soit, le bol est placé sur le tatami devant vous. L’avant est toujours tourné en votre direction. Il faut le prendre avec votre main droite et le placer sur votre paume gauche. Puis, avec votre main droite, tournez-le d’environ 90° dans le sens des aiguilles d’une montre. Son devant ne doit plus faire face à vous. Enfin, buvez le thé en quelques gorgées et replacez-le sur le tatami. Une fois le thé consommé, il convient de vous incliner légèrement pour exprimer votre gratitude. Ensuite, les invités sont libres de se renseigner sur les divers outils, qui sont par la suite transportés hors de la salle une fois la cérémonie terminée.
La fin de la cérémonie de thé offre davantage de liberté. Les participants peuvent inspecter et apprécier la beauté du bol de thé, de bel ouvrage. On peut le soulever et le tourner pour l’observer sous tous les angles. Lorsque la cérémonie se conclut, vous devez tourner le bol de manière que la face avant soit tournée vers l’hôte. Celui-ci peut alors vous demander si vous souhaitez une autre tournée de thé. Si ce n’est pas le cas, alors la cérémonie est officiellement terminée. L’hôte entamera le dernier chapitre de sa partition : le lavage des ustensiles à thé et le rangement.
À savoir
La cérémonie de thé est une tradition japonaise qu’il faut honorer. Elle se fonde sur l’harmonie, le respect, la propreté et la tranquillité. Il va sans dire que vous devez impérativement vous montrer dignes d’une telle représentation et vous tenir à carreau. Cela commence par le code vestimentaire : évitez absolument la mode criarde et les parfums qui détournent l’attention de l’expérience du thé. Nous vous recommandons de porter des vêtements modestes, sobres (le noir et le blanc font très bien l’affaire) ou un kimono approprié. Évitez aussi les bijoux qui pourraient endommager l’équipement du thé (des bagues trop grosses, par exemple) et ne mettez surtout pas de parfum fort.
La ponctualité, très chère aux Japonais (et moins pour les Français, cela va sans dire) est une condition. Il faut veiller à arriver un peu en avance, en général entre 15 et 20 minutes. Cela vous permettra aussi d’engager la conversation avec d’autres touristes internationaux en anglais ou avec un interprète. Il n’y a généralement pas de contact avec l’hôte de la cérémonie avant que celle-ci ne soit entamée.
De belles céramiques à motifs saisonniers sont choisies à la main pour correspondre au caractère de chaque invité. Même les ustensiles sont disposés selon un angle qui permet de mieux les admirer du point de vue des participants. En échange de votre respect et de votre quiétude, les organisateurs font de même. C’est un véritable échange touchant qui est encore plus authentique en japonais. Tout est fait pour que chaque cérémonie soit une expérience unique. La combinaison des mêmes objets n’est jamais utilisée deux fois de suite.
Gardez votre calme. La cérémonie de thé se déroule dans un lieu traditionnel, une petite pièce qui est entourée d’un jardin. Il est délibérément gardé calme pour encourager un esprit calme. Des pierres de formes et de tailles différentes composent le chemin qui mène à la maison du thé. Une lanterne en pierre est placée près d’un bassin en pierre à proximité de l’entrée où les visiteurs se lavent les mains avant d’entrer dans le salon de thé. Il faut donc suivre la procédure indiquée (pour se laver les mains) et ne pas trop élever la voix (pour ne pas rompre la tranquillité).
La pièce où l’on assiste à la cérémonie de thé est constituée de tatamis. L’entrée des invités est parfois basse, ce qui signifie que certains auront à se pencher. C’est une conception assumée des Japonais qui estiment que cela symbolise l’humilité. Les éléments décoratifs du salon de thé comprennent une alcôve (tokonoma) où l’on peut observer un parchemin ou des fleurs de saison. Il ne faut les toucher sous aucun prétexte. Les photographies sont dans certains cas interdites, surtout avec le flash. N’hésitez pas à demander à votre guide ou interprète.
En revanche, ne faites pas de bavardages avec les personnes qui vous accompagnent ou les autres participants. La conversation doit être centrée sur la cérémonie en elle-même. Parler de la pluie et du beau temps serait considéré comme un manque de respect pour votre hôte.
Après être rentré dans la salle composée de tatamis, votre interlocuteur vous saluera. Le personnel entre dans la pièce et prend le siège plus proche de l’alcôve. Les autres organisateurs suivent en l’imitant. Les participants (public) s’assoient idéalement en position seiza (façon traditionnelle de s’asseoir sur ses genoux) sur le sol en tatamis. Une fois que tout le monde a pris place, il est de coutume de s’incliner une nouvelle fois avant d’observer les décorations qui ont été minutieusement sélectionnées pour l’occasion.
L’hôte prépare le thé devant les participants. Pour cela, il va utiliser et présenter le fouet à thé (chasen), le récipient associé (chashaku), le bol à thé, là c’est un bonbon, une bouilloire et le brasero (qui peut être portable). Gardez à l’esprit que tous les équipements de la pièce ont été soigneusement choisis en fonction des circonstances et de la place spécifique. Ils peuvent aussi dépendre de l’école affiliée. Les explications en anglais sont généralement données sur ce point précis, car rien n’est laissé au hasard.
Où puis-je participer à une cérémonie du thé ?
Maison de la culture du Japon
Maikya
Happo-en
Vocabulaire
Japonais | Transcription | Description |
---|---|---|
茶花 | chabana | "Fleurs de thé". 2 ou 3 fleurs et branches disposées naturellement. |
茶入れ | Chaire | Récipient à thé pour le koicha |
茶巾 | Chakin | Torchon en lin. |
茶筅 | Chasen | Fouet à thé. Il est fabriqué en bambou et utilisé pour préparer le thé de cérémonie ainsi que pour appliquer la "rosée" sur les compositions florales pour la cérémonie du thé. |
茶杓 | Chashaku | Cuillère à thé. Elle est sculptée dans du bambou et pliée par la chaleur. Elle est souvent fabriquée par des prêtres bouddhistes, ce qui lui confère une association particulière. |
茶室 | Chashitsu | Salon de thé traditionnel. |
茶碗 | Chawan | Bol à thé. Dans le domaine du thé, il s'agit du bol utilisé pour préparer et servir le thé cérémoniel. |
塵穴 | Chiriana | Trou de poussière. Il s'agit d'un trou en mortier ou en ciment placé dans une zone à la vue des invités et près de l'entrée du salon de thé. C'est un symbole de l'élimination de la poussière et du désordre du jardin, comme les invités se débarrassent de la poussière et du désordre du monde extérieur. |
手水鉢 | Chozubachi | Bassin en pierre pour se laver. Les chozubachi sont utilisés dans le cadre du tsukubai, ou "endroit où l'on doit se pencher". Il fait partie de la purification physique et spirituelle nécessaire pour participer à la cérémonie du thé. Dans le tsukubai, il est toujours placé bas, de sorte que l'on doit s'accroupir pour l'utiliser. |
中門 | Chūmon | Porte du milieu. Il s'agit de la porte centrale d'un jardin de thé. C'est le passage entre le jardin extérieur et le jardin de thé intérieur, et la porte symbolique entre le monde extérieur et le monde intérieur pur du thé. |
風呂 | Fūro | Brasero portable utilisé pendant la saison chaude, généralement de mai à octobre. C'est également le mot qui désigne le bain chaud traditionnel japonais. |
風炉釜 | Furokama | Le furo (brasero) et kama (bouilloire en fer) utilisés pour chauffer l'eau pour le thé. Il est utilisé pendant la saison chaude ; généralement de mai à octobre. |
柄杓 | Hishaku | Louche à eau en bambou. |
懐紙 | Kaishi | Serviettes en papier à usage multiple transportées dans le kimono. |
棗 | Natsume | Récipient fin pour le thé. |
扇子 | Sensu | Un éventail pliant, souvent finement sculpté et décoré. |