Alors que le Premier ministre Shinzo Abe s’apprête à prolonger, lundi prochain, d’un mois l’état d’urgence sur l’ensemble du Japon, les premiers experts dressent un bilan assez maussade. Pour rappel, le premier volet doit se terminer le 6 mai.
Le Japon se prépare à poursuivre son état d’urgence
Cette semaine, Abe a annoncé au Parlement qu’il étudierait avec attention les nombreuses options qui s’offrent à lui, toujours en accord avec un groupe d’experts en la matière. Mais selon les dernières rumeurs, et tout logiquement, l’état d’urgence sera prolongé pour un mois, à compter de lundi prochain. Au pays du soleil levant, l’état d’urgence offre des droits spéciaux gouvernants locaux. Ils ont alors la capacité de dire aux gens de rester chez eux, sans toutefois l’ordonner, idem pour les entreprises. En raison de la constitution qui protège davantage les libertés individuelles, il leur est impossible de pénaliser des organismes ou des individus pour la non-conformité de leurs activités. À titre d’exemple, pour fermer des salons de pachinko, les autorités ont exercé une pression sociale, en listant publiquement les noms des organismes ouverts dans les journaux.
Rappelons que le Japon ne dépiste pas systématiquement ses citoyens, et que les cas de contamination sont loin d’être connus. Toutefois, Tokyo reste sur trois jours de baisse consécutive des cas, environ une cinquantaine par jour, contre plus de 100 la semaine dernière. Pour autant, la situation des campagnes et surtout des hôpitaux reste très précaire, et ne manquera pas de préoccuper les autorités. Selon la NHK, le Japon a enregistré plus de 14 000 cas confirmés de coronavirus, pour un total de 436 décès. Si les chiffres sont encore loin d’être ceux de l’Europe, attention à ne pas abaisser sa vigilance.
Les salariés seraient les premières victimes
Dans une nouvelle étude publiée sur le site JapanTimes, on apprend que la prolongation d’un mois de l’état d’urgence pourrait doubler le nombre de chômeurs, pour atteindre 778 000 individus. Les économistes s’affolent, et sont globalement contre cette mesure. Toutefois, les experts sanitaires sont catégoriques : une prolongation d’un mois de l’état d’urgence permettrait de réduire d’une part la consommation, et d’autre part les mouvements de la population. Il s’agit d’un facteur souvent déterminant dans la maîtrise d’une telle épidémie. Rappelons que pour le Japon, l’intérêt est encore plus important, de par l’âge médian plus avancé de sa population. Si les seniors venaient à être massivement touchés, le nombre de morts pourrait exploser en quelques semaines.
Selon l’économiste Toshihiro Nagahama, un peu moins de 400 000 personnes ont déjà perdu leur emploi, en raison du confinement et de l’état d’urgence. Mais tout comme les autres sociétés du monde entier, l’impact se mesure également sur l’économie du pays. Au Japon, elle ne se portait déjà pas très bien avant cette crise sanitaire. Si l’état d’urgence était prolongé d’un mois au Japon, il est estimé que la consommation privée baisserait de 13,9 millions de yens, qui va largement impacter le PIB du pays. Mais comme le notent d’autres économistes, cette période de récession ne sera pas permanente. Quand la situation retournera progressivement à la normale, on peut s’attendre à un boom économique. Néanmoins, il est certain qu’il faudra attendre des médicaments ou des vaccins pour le coronavirus afin de retourner à une situation ordinaire.