Les habitants d’Okinawa sont majoritairement mécontents depuis 50 ans

Selon une enquête de Kyodo News réalisée samedi, 55 % des habitants de la préfecture d’Okinawa ne sont pas satisfaits du cours de l’histoire depuis que les États-Unis ont rendu l’île au Japon il y a un demi-siècle. Cette situation témoigne du fardeau que représente l’accueil de l’essentiel des forces américaines dans le pays.

Cette enquête a été menée auprès de 1 500 résidents âgés de 18 ans et plus dans tout Okinawa entre mars et avril.

Le mécontentement se poursuit

Ils sont 41 % à se dire « satisfaits » de l’histoire de la préfecture après leur rétrocession au Japon. Parmi eux, 31 % ont indiqué que leurs droits de l’homme avaient été protégés par la Constitution japonaise. En dépit de l’affinité de 76 % des personnes interrogées envers les États-Unis, 51 % ont déclaré ne pas faire confiance à l’armée américaine. Quant à l’économie locale, 93 % ont déclaré ressentir une disparité avec les autres préfectures. Pour garantir la poursuite du développement d’Okinawa, 48 % estiment que des efforts supplémentaires doivent être faits dans le domaine de l’éducation.

Les autorités japonaises et américaines insistent pour que la station aérienne du corps des Marines de Futenma, située dans une zone résidentielle de Ginowan, soit relocalisée dans la zone côtière moins peuplée de Henoko, à Nago. Cependant, le transfert est bloqué, car les habitants d’Okinawa sont divisés sur ce projet. Il ressort du sondage que 67 % des personnes interrogées ne soutiennent pas le plan. Parmi eux, 35 % ont demandé l’annulation du projet et la fermeture de la base aérienne.

Les résultats de l’enquête ont également fait apparaître que 85 % des personnes interrogées sont fières d’être d’Okinawa. À la question du sentiment d’appartenance, 70 % des personnes interrogées ont répondu qu’elles étaient plus conscientes d’être d’Okinawa que d’être japonaises.

Okinawa et la forte présence américaine

Tout au long du vingtième siècle, Okinawa a connu une histoire tumultueuse et son identité est demeurée fragmentée. Territoire japonais avant la Seconde Guerre mondiale, les habitants d’Okinawa n’ont jamais pleinement adopté la culture japonaise. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Okinawa a été l’un des principaux sites utilisés par l’armée américaine pour faire des incursions dans les îles du Japon continental. Après la conclusion de la bataille d’Okinawa en juin 1945, cette île était sous le contrôle de l’U.S. Navy.

Tout au long de la guerre, jusqu’à 160 000 citoyens d’Okinawa, jeunes et vieux, hommes et femmes, ont été sacrifiés par l’armée japonaise ou tués par le personnel militaire des États-Unis au motif qu’ils étaient des espions du côté japonais. La relation entre les Okinawans et l’armée américaine est donc devenue immédiatement incertaine et méfiante dans les années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale.

Au sortir de la guerre, ces rapports ont encore été détériorés par le fait que les militaires américains ont commencé à s’approprier les terres agricoles d’Okinawa pour y construire des bases navales et militaires (Bugni 1997). Les sentiments entre les militaires américains basés à Okinawa et les Okinawans locaux ont continué à être mauvais en raison de la présence militaire accrue sur l’île. Pour les États-Unis, Okinawa occupait une position stratégique.

Les États-Unis et le Japon ont conclu en 1969 un accord pour restituer l’île d’Okinawa à la souveraineté japonaise et en 1972, Okinawa a officiellement rejoint le Japon. Jusqu’en 1972, les habitants d’Okinawa souhaitaient revenir sous le contrôle du Japon, car l’économie japonaise connaissait un bon taux de croissance, surtout en comparaison avec l’économie d’Okinawa, qui avait stagné en raison de l’expansion des bases militaires américaines.

Les Japonais ont permis aux États-Unis de continuer à exercer leur importante présence militaire à Okinawa et les moyens de subsistance des Okinawans ne se sont pas améliorés de façon significative.

Si la préfecture représente environ 0,6 % de la superficie totale du Japon, elle abrite néanmoins 70 % de la superficie totale utilisée exclusivement par les installations militaires américaines au Japon, ce qui suscite des protestations constantes. Dans cette enquête, 58 % des répondants ont estimé que ces installations devaient être réduites de manière significative. 14 % d’entre eux ont jugé qu’elles devaient être totalement supprimées, tandis que 75 % étaient d’avis qu’une partie des bases américaines d’Okinawa devait être déplacée vers d’autres préfectures.

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