Dans un objectif de création de nouvelles sources d’organes destinés à la transplantation humaine, le Japon vient de donner le feu vert à un chercheur pour la création d’embryons animaux-humains. Dans le pays du soleil levant comme ailleurs, cette décision divise, notamment sur la question de l’éthique.
Un objectif clair
Commençons par évoquer les missions que ce genre d’initiatives souhaite viser. Premièrement, comme nous venons de vous le dire, la création d’embryons animaux-humains a toujours été perçue comme une alternative prometteuse à la pénurie mondiale de donneurs d’organes. De plus en plus, les stocks s’épuisent, et ne se renouvellent pas assez. Le Japon est affecté comme beaucoup de pays dans le monde, et cherche depuis plusieurs années des alternatives d’avenir.
Ainsi, le but est de sauver des milliers de patients, qui sont toujours en attente d’une greffe d’un organe, souvent vital. En pratiquant un système d’élevage d’animaux destinés à fournir des organes qui seraient, évidemment, en mesure d’être transplantés sur l’homme, les conséquences seraient bénéfiques et des greffes nouvelles seraient possibles. La situation est également problématique en France : en 2018, 25 000 personnes étaient en attente d’une greffe, et seulement 6000 l’ont reçue avant la fin de l’année. Aux États-Unis, c’est encore pire, avec 116 000 personnes en attente.
Des questions qui divisent
Bien évidemment, l’éthique est directement impactée par cette décision. Comme le rapporte Tetsuya Ishii, un chercheur en sciences politiques à l’université d’Hokkaïdo, “il faut procéder par étapes, avec prudence. Cela permettra de dialoguer avec le public qui se sent anxieux et plus préoccupé.”
Concrètement, la mesure entreprise par le gouvernement japonais est de fournir une aide à un scientifique, spécialisé dans les cellules souches. Ce chercheur aura donc la possibilité de créer des embryons d’animaux, qui contiennent des cellules humaines. Cela va également plus loin que ce simple concept, puisqu’il aura le droit d’effectuer des premières transplantations sur des animaux dits de substitution.
Pour la première fois, officiellement, nous allons donc voir la création d’embryons hybrides animal-humain. Cela permettra d’effectuer un diagnostic total des perspectives que ce champ de recherche peut fournir. Cette pratique était alors interdite au Japon, mais un décret datant d’il y a quelques semaines la rend désormais légale, pour quelques chercheurs.
Comment cela se déroulera ?
La première étape sera de cultiver des cellules humaines dans des embryons de souris et de rats. Par la suite, quand ces animaux arriveront à maturité, les scientifiques vont les transplanter dans des animaux de substitution. Tout cela aura évidemment pour but de créer des organes, de taille humaine, qui pourront être ensuite greffés chez un homme adulte.
Quand l’animal se développera et grandira, soit une affaire de quelques semaines ou quelques mois, les cellules humaines qui seront en lui se développeront comme chez un être humain. En effet, l’animal se servira des cellules humaines pour fabriquer un organe, qui aura donc des particularités humaines. Les deux premiers tests se dérouleront sur des rats et les souris, et s’ils sont concluants, le chercheur demandera l’aval du gouvernement japonais pour mettre en place des essais sur des porcs, encore plus proches de l’homme.
Pour le moment, il n’est pas facile de faire grandir des cellules humaines chez une autre espèce. Également, plusieurs chercheurs se montrent sceptiques sur le fait que la transplantation de cellules humaines chez un animal n’affectera qu’un organe ciblé. Selon eux, il faudra mener de larges campagnes pour déterminer avec une grande précision les effets secondaires que pourraient avoir ce genre de procédures.
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