Véritable fantasme pour des milliers d’étudiants, connaitre à l’avance des interrogations d’un test tient actuellement de l’ordre de l’impossible. Pourtant, une IA nippone exploitant un site Internet relatif à la préparation d’examens de qualification a réussi à prédire avec succès les questions qui sont tombées. De quoi alimenter la thèse de l’intelligence artificielle généralisée dans la vie de demain.
L’IA au service des élèves ?
Sight Visit inc. est une entreprise basée à Tokyo. Grâce à son programme d’IA, son algorithme était capable de prédire 57 des 95 interrogations de l’évaluation, soit environ 60 %. Ce dernier, non des moindres, était celui de l’examen des barreaux de l’État (expression désignant collectivement les avocats qui professent auprès d’un tribunal de grande instance), en mai 2019.
Ce type de diplôme s’appuie sur un formulaire à choix multiples, mais également sur des sections où il faut renseigner une description rigoureuse de ce qui est demandé. Cet examen préliminaire nécessite environ 60 % de bonnes réponses sur le QCM, ce que l’intelligence artificielle a réussi à effectuer en amont. Cela pose un véritable problème, dans le sens où les étudiants, qui auront peut-être prochainement la capacité d’anticiper avec précision 60 % des questions, pourront se préparer avec un simple devoir de mémorisation.
Dans les faits, ce n’est pas une nouveauté qu’une IA soit apte à prévoir, voire à prédire, en s’appuyant sur une base de données. Pourtant, jamais il n’a été possible d’entrevoir d’autres schémas que les statistiques, ou même des estimations de vente, de projection de stock. Généralement, cela permettait de détecter des tendances, des insights ou encore de quoi programmer certaines maintenances sur des activités bien précises. Surtout, cela concernait principalement des entreprises économiques, qui nécessitaient d’automatiser leur service de comptabilité.
Comment l’intelligence artificielle a procédé ?
Afin de parvenir à un tel résultat stupéfiant, les responsables ont fait « lire » et mémoriser à cette IA les manuels relatifs à l’examen en question. Également, des dictionnaires des termes juridiques, classifiés en plusieurs catégories de mots-clés, ont permis « d’alimenter » cette IA, nouveau cancre de la prédiction. Enfin, et peut-être le plus important, des annales reprenant les précédentes interrogations ont été décortiquées par l’algorithme d’apprentissage.
Sight Visit est donc un logiciel puissant, et pourtant à perfectionner. L’avocat de l’entreprise a déclaré que l’objectif était de mieux préparer les candidats, en leur faisant « économiser du temps » et du travail. Une manière détournée de percevoir l’IA comme une astuce secrète. Selon lui, les élèves passent beaucoup trop d’heures à apprendre pour l’examen spécifique, et devraient plutôt concentrer leur effort dans les études ultérieures.
Dans tous les cas, Sight Visit a prévu de se confronter au prochain test d’entrée à l’université, qui sera réalisé par le National Center for University Entrance Examinations en janvier 2020. Nous verrons donc, à cette occasion, si l’algorithme est toujours aussi compétitif, ou s’il rencontrera bien plus de difficultés. Pour les chercheurs, cela sonnera comme une véritable performance si plus de 50 % des questions sont prédites.
À lire également : Les enseignants du secondaire au Japon travaillent en moyenne 56 heures par semaine, plus que n’importe quel autre pays