Le Japon connaît le taux de natalité le plus faible de son histoire : voici les principales raisons

L’année 2018 a confirmé une nouvelle fois que le Japon se dirige vers un avenir démographique incertain. En effet on estime le nombre de naissances à 921 000 enfants cette année. Ce nombre est passé sous le seuil des 1 million pour la première fois en 2016, pourtant, dans le même temps, certains parents ne peuvent toujours pas inscrire leurs enfants dans les garderies nippones. Explications. 

Depuis 2005, le pays du soleil levant compte plus de décès que de naissances annuellement et voit donc son taux de natalité diminuer considérablement, emportant garderies, écoles primaires ainsi que des collèges dans sa chute. En 15 ans, c’est en moyenne près de 500 écoles primaires et collèges qui ont fermés chaque année.

Le problème est pourtant connu depuis de nombreuses années, et quelques redressements sporadiques ont vu le jour ; mais n’ont pas réussi à inverser la balance. La première action du gouvernement ayant une réelle ampleur date de 1994, il s’agit de “Angel Plan”, consistant à apporter plus de soutien pour la garde d’enfants des parents qui travaillent. Faisons un bref retour en arrière, bien avant la rédaction du plan Angel, en 1979.

Le problème était déjà traité par le parti libéral démocrate, et selon de nombreuses études, il était possible de maintenir les impôts et les coûts de protection sociale japonaise assez bas, en profitant du fait que les femmes au foyer assument la garde des enfants ainsi que les soins des parents âgés. Ces études démontraient également que la création de toutes ces nouvelles infrastructures, permettant l’intégration des femmes dans la population active, mènerait le pays à la faillite. Grâce à l’élaboration de ce plan, les administrations nationales et locales ont poursuivis leurs efforts, mais, dans les grandes zones urbaines japonaises, il y a toujours autant d’enfants dans l’attente.

Logotype officiel du parti

Comment est-il possible que des enfants ne puissent pas être placés dans des garderies alors que le nombre de naissances diminue d’année en année ?

1 – La principale raison provient du marché du travail japonais, réellement instable, avec de plus en plus de femmes qui entrent sur ce dernier. Et ces femmes, suite à leur accouchement, continuent de travailler ou cherchent à travailler afin de subvenir aux besoins de l’enfant. Les Japonaises ont en général des enfants à un âge plutôt avancé, elles risquent donc, par la suite, d’avoir des difficultés pour réintégrer le marché du travail, n’étant plus aussi jeunes qu’auparavant. C’est pourquoi elles reprennent généralement le travail rapidement après avoir donné naissance, bien plus vite qu’en Occident. De nouvelles garderies ont été ouvertes dans certaines régions, mais elles se font vite submerger par la demande. Ce phénomène s’explique par le fait que savoir qu’une nouvelle garderie vient d’ouvrir ses portes, pousse les femmes à rechercher un emploi car elles savent qu’il y a un endroit où placer leurs enfants lorsqu’elles travaillent.

2 – Au Japon, on observe également une répartition inégale des emplois et des personnes, les jeunes quittent les zones rurales, les banlieues des grandes villes pour se rendre dans des centres-villes, plus pratiques. Tandis que la population japonaise diminue, celle des grandes régions métropolitaines augmente, notamment dans le centre de Tokyo, où l’on remarque une hausse considérable du nombre d’enfants malgré que le taux de fécondité soit le plus bas du pays. Au contraire, dans la région du Kansai, la population subit une telle augmentation que les constructions de copropriétés peinent à suivre. Si on ajoute à cela le coût élevé des terrains dans les zones métropolitaines, la construction de nouvelles installations de garderies devient quasiment impossible. Un manque de personnel qualifié à la garde des enfants se fait ressentir, principalement dans les régions centrales où les emplois disponibles pour les femmes sont nombreux.

3 – Les conditions de travail et les salaires sont également problématiques, car ils ne sont pas à la hauteur d’autres emplois disponibles pour les femmes. Des mesures ont donc été prises, les gouvernements administratifs des zones urbaines augmentent les salaires et tentent d’améliorer les conditions de travail dans les garderies publiques, mais cela cause de nouvelles inégalités sur la répartition de la population, les jeunes femmes ont donc tendances à préférer les centres métropolitains, surpeuplés, aux régions périphériques. Avec l’arrivée du “Angel Plan”, le fonctionnement des garderies s’adapte au milieu du travail. Auparavant, les garderies fermaient généralement à 17 heure et cela ne correspondaient pas aux parents, qui n’avaient d’autres choix que d’engager des baby-sitters ou de faire appel à leurs proches. Aux prémices des années 2000, des mesures spéciales ont donc été instaurées,  un allongement de la durée des crèches et de la prise en charge des enfants malades notamment. 

La population japonaise vieillit. La pyramide des âges présente ci-dessous l’illustre parfaitement. En 2018, si on prend une tranche d’âge de 30 ans, on remarque très clairement ce phénomène de vieillissement. Les moins de 30 ans sont nettement moins nombreux que les personnes de 30-60 ans, ils représentent 27,2 % de la population, contre 39 % pour les plus de 30 ans. On assiste à un non-renouvellement des générations causé par son faible taux de fécondité.

Pyramide des âges du Japon pour l’année 2018

Le taux de natalité du Japon diminue donc d’année en année, et le problème lié aux garderies n’est toujours pas résolu. Le gouvernement à pour ambition de fournir des services de garde gratuits dès 2019, cela pourrait stimuler la demande mais risque d’aggraver la situation. De plus, ces gardes non subventionnées et non réglementées pourraient exposer les enfants à des conditions dangereuses. Le pays est donc sur le point de se transformer en une société sans enfant et vieillissante, de par son faible taux de natalité, lui vouant un avenir des plus incertains. 

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