Internet Explorer : 49 % des entreprises japonaises l’utilisent encore

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Microsoft a décidé d’interrompre le service du navigateur légendaire Internet Explorer. Le Japon est un pays souvent porté à la pointe de la technologie. Pourtant, le fonctionnement de la plupart des entreprises reste archaïque. Bon nombre d’entre elles ont traîné les pieds pour mettre à jour leur infrastructure numérique. C’est ainsi que près de la moitié des organisations nipponnes s’appuie sur le vieil explorateur Internet.

Un sentiment de panique généralisé

Ce sont principalement les agences gouvernementales, les institutions financières et les entreprises manufacturières qui sont concernées par l’exploitation de sites Web uniquement compatibles avec Internet Explorer. Le développeur de logiciel basé à Tokyo, Computer Engineering & Consulting, est inondé de demandes de consultation depuis quelques semaines. Un vent de panique souffle sur la moitié des compagnies.

D’après un rapport publié par le journal Nikkei Asia, la suppression d’Internet Explorer est programmée depuis longtemps au Japon. Cependant, la « prise de mesures » a été retardée de plusieurs fois. Une enquête menée par le fournisseur de ressources informatiques Keyman’s Net dresse un constat accablant : 49 % des personnes interrogées déclarent recourir au logiciel pour le travail.

On le manie quotidiennement pour la gestion des présences des employés, le règlement des dépenses, et surtout les outils internes des sociétés. Ce sont les anciens systèmes clients utilisés pour administrer les commandes qui forcent les entreprises à rester sur Internet Explorer. Le navigateur est maintenant dépassé. Même Microsoft l’a remplacé par Edge, basé sur le moteur graphique Chromium.

Les agences gouvernementales

Ce sont les organes gouvernementaux qui sont particulièrement lents à réagir. Par exemple, le site portail d’information sur les marchés publics et les appels d’offres s’est actualisé depuis jeudi : il est désormais conseillé de télécharger Google Chrome ou Microsoft Edge. La Japan Pension Service, elle, réclame de passer en mode Internet Explorer depuis Edge. Un certain nombre d’établissements nippons décrits encore Internet Explorer comme le seul navigateur recommandé.

Pour bien comprendre l’appauvrissement technologique des entreprises nipponnes, revenons à l’histoire du navigateur de Microsoft. Il est sorti en 1995. Il a éclipsé son concurrent Netscape pour devenir le principal outil pour surfer sur la toile. Il s’est adjugé une part de marché de 65 % en janvier 2009. Peu à peu, il a commencé à baisser à la fin des années 2000. Récemment, il n’était qu’à 1 %. Pourquoi ? Tout simplement, car Internet Explorer n’a pas suivi les normes internationales des technologies Web. Le JavaScript et divers langages de programmation nécessaires à la création de sites Internet interactifs n’étaient pas bien exécutés.

Depuis, il a été remplacé par des rivaux comme Google Chrome. D’autres ont réussi la transition à l’instar de Mozilla Firefox. Une statistique particulièrement accablante pour les sociétés japonaises est que plus d’1/5 des répondants n’a pas de plan pour déplacer leur entreprise vers d’autres explorateurs. Heureusement, le mode « Internet Explorer » de Microsoft Edge (le nouveau navigateur Internet) est pris en charge jusqu’à 2029 au moins. Il est ainsi possible de consulter les sites Web incompatibles avec les navigateurs modernes.

La procédure reste fastidieuse et non adéquate pour les clients. En plus de devoir se rendre dans des options spécifiques et avancées, ce mode n’est pas disponible pour tous les explorateurs populaires. Le Japon est contraint au progrès depuis quelques semaines. La marche est forcée pour des dizaines d’institutions gouvernementales.

Internet Explorer au Japon et l’archaïsme des sites Internet

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Si vous vous êtes déjà rendus sur des adresses Internet situées au Japon, vous avez peut-être constaté une présentation visuelle datée. Cela s’explique par l’utilisation massive d’Internet Explorer. L’explorateur de Microsoft n’est pas adapté à tous les langages de programmation contemporains. Pour ne pas faire apparaître de bogues, les webmestres limitent leurs créations.

La caractéristique va plus loin, selon un article posté sur Medium. Le Japon est une société vieillissante et de nombreux individus exploitent des P.C. plutôt vétustes. Les navigateurs tournent dans des versions anciennes. Les mises à jour ne sont pas régulièrement exécutées. Les personnes âgées qui n’ont pas grandi avec des ordinateurs sont récalcitrantes à mettre à jour leur système. La culture nipponne est averse au risque. Le changement peut être frustrant pour les internautes qui ont l’habitude d’effectuer les choses d’une certaine manière.

L’une des caractéristiques particulières sur les sites Web japonais est que l’ensemble des informations sont entassées dans chaque espace disponible. Ainsi, il n’est parfois pas nécessaire de faire défiler votre écran (sur la page d’accueil). Tout est concentré. C’est une conception qui plaît aux personnes âgées qui ont prospéré à l’ère prénumérique. Les machines avaient généralement une idéologie « un bouton, une fonction ». Cependant, ce n’est plus le standard du Web actuel.

L’héritage du Mobile Legacy n’est pas à sous-estimer. Le Japon employait sa version du Web mobile sur les téléphones à clapet bien avant l’arrivée de l’iPhone. Il y avait beaucoup plus d’utilisateurs sur ces petits écrans portables que sur les ordinateurs personnels. À l’époque, les moniteurs étaient réduits et l’approche des sites devait être imaginée pour entasser du contenu dans ce minuscule espace. Elle a continué d’influencer la façon dont les choses se passent aujourd’hui.

Les polices Web (font) manquaient d’exemples pour les langues non latines. Cela concerne le chinois, le coréen ou le japonais. Chaque police nécessite la conception individuelle de milliers de caractères. C’est une étape extrêmement coûteuse et fastidieuse. Intégrer une nouvelle famille de police prend aussi plus de temps à télécharger pour les internautes. C’est ainsi que pour ces quelques raisons, les créateurs ont tendance à utiliser des graphiques plutôt que du texte brut.

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