Torii – Le portail traditionnel japonais

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Le Torii 鳥居 est une structure symbolique en forme de porte que l’on retrouve dans les sanctuaires japonais. Il est généralement peint en vermillon. Sa fonction est de marquer la transition entre le chemin banal et le lieu sacré.

La plus vieille preuve d’édification d’un torii date de la période Heian (794-1185). Un texte originaire de 922 les mentionne explicitement avec une description qui correspond. Le plus ancien torii en pierre qui existe a été construit au XIIe siècle, dans le sanctuaire Hachiman (préfecture de Yamagata). Le plus antique en bois encore sur pied remonte à 1535. On peut l’observer au Kubo Hachiman (préfecture de Yamanashi).

⛩️ Une structure atypique

Le torii est une porte prenant racine dans le sol. Il existe d’innombrables variantes. La plus fréquente est constituée de deux pylônes verticaux cylindriques coiffés d’une poutre rectangulaire transversale. Cette dernière déborde les poteaux de part et d’autre. On trouve aussi une seconde poutre transversale de plus modeste diamètre en dessous de la première.

La porte intervient comme un passage dans l’espace sacré d’un sanctuaire. Elle manifeste la délimitation entre un monde profane et le monde vénérable de la religion shintoïste. Les racines sont sujettes à controverse : certains considèrent que le torii est inspiré des portes traditionnelles en Mandchourie (Chine). D’autres imaginent que la structure est calquée sur le Torana indien. Il s’agit d’un portique qui précède le stupa.

Une autre version japonaise prend place en 712 avec la rédaction du Kojiki. C’est un recueil des mythes concernant la genèse de l’archipel nippon ainsi que des divinités locales. Il est écrit qu’Amaterasu, la déesse du soleil, s’est cloisonnée dans une caverne, car elle était fâchée contre son frère. En réaction, le monde a été baigné dans l’obscurité. Le chaos grandissait au fil des heures. Les kami (dieux) se sont réunis pour découvrir un moyen de faire sortir la déesse de sa grotte. Ils eurent l’idée d’installer des coqs sur un perchoir devant l’entrée de son antre. En japonais, on désigne les oiseaux avec « tori ». Certains pensent qu’il s’agit là de la véritable signification du nom du portail. Cela expliquerait pourquoi ils sont positionnés à l’entrée des lieux sacrés shintoïstes.

L’usage de porte symbolique est répandu en Asie. Des structures analogues peuvent être identifiées dans presque tous les pays du continent. En plus du torana indien, on peut mentionner le pailou chinois ou le hongsalmun coréen qui embrassent une allure comparable. Beaucoup de Japonais considèrent que l’étymologie officielle du mot torii est 通り入る tori-iru qui signifie « traverser et entrer ». On retrouve l’idée de transition entre deux mondes distinctifs.

Les torii sont souvent massés en deux grandes familles architecturales :

  • Famille Shinmei (Shime torii, Torii Shinmei, Ise torii, Kashima torii, Kasuga torii, Hachiman torii, Mihashira torii) ;
  • Famille Myōjin (Myōjin torii, Nakayama torii, Daiwa ou Inari torii , Ryōbu torii, Miwa torii, Usa torii, Nune torii, Sannō torii, Hizen torii).
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Famille Shinmei (Source : Wikipédia)
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Famille Myōjin (Source : Wikipédia)

🗻 Emplacement

La présence d’un torii à l’entrée d’un emplacement religieux est habituellement le moyen le plus commode de discerner les sanctuaires shinto. Les individus qui confondent les temples et les sanctuaires ne pourront (presque) plus se tromper ! Les cartes routières et les applications spécialisées dans la géolocalisation les identifient avec une icône.

En effet, il n’était pas rare de positionner un torii à l’entrée des temples bouddhistes dans le temps. Quelques modèles perdurent de nos jours : c’est le cas du Shitenno-ji à Osaka, fondé en 593. Il n’est pas anodin : c’est le plus ancien temple bouddhiste construit par l’état du pays.

Ces portes sont érigées près des lacs, dans la ville même, au bord de la mer, dans les forêts et bien sûr à côté des quelque 90 000 sanctuaires et temples shintoïstes visibles au Japon. On peut en trouver dans certains sites impériaux ou châteaux qui ont en général un sanctuaire quelque part en leur sein. La taille varie selon les endroits. Il existe quelque torii qui peuvent être disposés sur une table. L’industrie touristique a compris que le symbole plaisait aux étrangers et des millions de petits porte-clés en forme de torii sont commercialisés au Japon.

Le bouddhisme et le shintoïsme sont deux convictions religieuses qui cohabitent au Japon. Certains temples bouddhistes comportent un sanctuaire shintoïste dédié à leur kami (dieu) tutélaire que l’on nomme Chinjusha. Le torii marque alors l’emplacement du sanctuaire. Le meilleur exemple est certainement la divinité indienne Sarasvati qui réunit des éléments du shintoïsme et du bouddhisme. Les autels qui lui sont consacrés se trouvent à la fois dans certains temples et sanctuaires. Sa représentation est parfois surmontée d’un torii sur la tête !

Ces passages ont pour fonction de manifester l’entrée d’un espace sacré. Il n’est donc pas surprenant de les retrouver sur chaque route qui mène à un sanctuaire shinto. Il existe toutefois quelques exceptions. Le contraire est aussi vrai : il peut y avoir plusieurs torii sur le même itinéraire. Le Fushimi Inari-taisha à Kyoto est l’exemple le plus connu avec des milliers de torii différents.

Lorsque l’on traverse une porte de ce type, il est de coutume de marcher sur le côté. Certains Japonais estiment que l’espace central est réservé uniquement au passage des Kami. Avant de franchir la porte à la fois à l’entrée et à la sortie du sanctuaire, il est de coutume de s’incliner une fois. Lorsque vous sortez du sanctuaire, votre révérence est censée être orientée vers le sanctuaire plutôt que vers l’extérieur.

Vous verrez peut-être certains locaux éviter volontairement de s’engager dans un torii. Il y a de fortes chances pour que ces individus ne se sentent que trop impurs pour se permettre d’entrer dans l’espace sacré ! La croyance shintoïste veut aussi que lorsque l’on rentre par un torii, il faille nécessairement ressortir par le même portail (pour revenir dans le monde réel). Bien sûr, les Japonais ne sont pas autant rigides avec les étrangers qui peuvent commettre des erreurs par manque de connaissance. Certains feront le détour, car ils ne sont pas certains de repasser par le même endroit.

🌈 Couleurs

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Structure d'un torii (Source : Wikipédia)

Un certain nombre de torii ne sont pas peints. La plupart sont cependant en couleur vermillon. On utilise alors le noir pour certains éléments de la structure telle que les pieds nommés nemaki. La partie haute (le kasagi) est également peinte en noir. C’est une tradition qui a perduré dans la plupart des édifications de composition de ce type.

Toutefois, on observe une poignée de contre-exemples. Le Kamakura-gu de Kamakura dispose d’un torii blanc. Le blanc est considéré comme la couleur d’origine des portes qui étaient plus courantes que le rouge jusqu’à l’arrivée du bouddhisme au Japon. Il procure une impression de sacré et de pureté au spectateur. Certains pensent que le blanc éloigne les mauvais esprits. Lors du schisme forcé entre le bouddhisme et le shitoisme avec la restauration de Meiji, quelque sanctuaire ont repeint leur torii rouge avec du blanc. Ils sont beaucoup moins fréquents que la couleur vermillon.

Il existe environ 60 types de portail et les détails de chaque type sont souvent difficiles à reconnaître. Les couleurs sont également variées, bien que moins diverses : on peut trouver des portes bleus (sanctuaire Shoin), jaune-or (sanctuaire Akihasan Hongu Akiha) ou rose (parc Higashimokoto Shibazakura).

Ces monuments de passage étaient traditionnellement construits en bois ou en pierre. Cela influence les teintes finales. Bien plus de matériaux sont utilisés de nos jours. Le béton armé est de plus en plus présent. Il a le mérite de nécessiter moins d’entretiens et de pouvoir résister plus facilement aux catastrophes naturelles. Des modèles en cuivre ou en acier oxydable sont aussi visitables sur l’archipel.

Une conviction unique appelée Shinbutsu-Shugo (神仏習合) indique que les torii rouges représentent le syncrétisme du shintoïsme et du bouddhisme. Une fusion des deux croyances qui avaient autrefois une influence conséquente au Japon. Le rouge est considéré dans le bouddhisme comme une couleur qui incarne l’atmosphère sacrée ainsi que la force vitale. Le pourpre est censé éloigner les mauvais esprits et on le retrouve souvent dans les sanctuaires Inari (divinité de la récolte).

📝 Vocabulaire

Français Japonais Latin
Porte du sanctuaire 鳥居 torii
Shintoisme 神道 shintō
Bouddhisme 仏教 bukkyō
La religion 宗教 shūkyō
Spirituel スピリチュアル supirichuaru
Temple お寺 otera
Sanctuaire 神社 jinja
Porte du temple 山門 sanmon
Fontaine de purification 手水舎 chōzuya
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