En octobre 2009, il y a désormais 15 ans, beaucoup d’entre nous avons découvert l’anime Kimi ni Todoke, traduit en Sawako par chez nous. Ce shōjo a été très publié entre 2005 et 2017 dans le Bessatsu Margaret de l’éditeur Shueisha. En France, les tomes du manga sont arrivés chez la maison d’édition Kana à partir de janvier 2009. On doit cette œuvre à Karuho Shiina, une mangaka nipponne très impliquée. Son œuvre est rapidement appréciée au Japon, notamment par un public féminin. Très vite, un light novel est publié à partir du 1er août 2007, puis un anime de 25 épisodes est diffusé à partir du 6 octobre 2009 jusqu’au 30 mars 2010.
L’histoire, en substance, est très sobre : nous suivons la jeune Sawako, une lycéenne qui suscite auprès de ses camarades de classe de l’incompréhension en raison de son apparence. Elle fait très vite la rencontre de Kazehaya, un jeune homme fort charmant, beau gosse et très populaire. Le tandem ne va pas tarder à se prendre d’amitié (et plus si affinité). Nous suivons dès lors leur évolution enchantée tout au long des deux premières saisons. Seulement voilà, après la S2 diffusée du 11 janvier 2011 au 30 mars 2011, plus aucune nouvelle ! Il faudra finalement attendre septembre 2023 pour avoir l’annonce d’une suite par Netflix. Celle-ci promettait de développer la relation des principaux personnages et de conclure une aventure suivie par des millions de personnes, plus de 10 ans auparavant.
Le cadeau ultime pour les fans
Pour avoir suivi de près l’actualité du monde de l’animation et des studios depuis plus d’une décennie, il était réellement improbable de voir apparaître une suite pour l’anime Kimi ni Todoke. En effet, les audiences n’étaient pas clairement au rendez-vous pour la deuxième saison. Cela faisait plus d’une décennie que le dernier épisode avait été diffusé, et c’était un vrai risque que de sortir une troisième saison pour un anime qui n’était pas connu du grand public. Seulement voilà, Netflix a œuvré depuis désormais plus d’un an pour ce retour. D’abord en sortant une série avec des acteurs réels qui a certainement plutôt bien marché, comme pour prendre le pouls auprès des fans. De quoi encourager l’énorme plate-forme rouge à lancer la production d’une nouvelle saison pour la série animée. Celle-ci reprend le même studio d’animation que les deux premières fournées d’épisodes, les mêmes comédiens de doublage, et promet d’être fidèle au matériel d’origine. L’idée derrière ça, c’est d’offrir aux fans du monde entier une suite et une conclusion supposée à une histoire laissée en suspens il y a de nombreuses années. Et sur le papier, tout le monde est partant !
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le pari est franchement réussi. Netflix nous a même gâtés en nous proposant un format spécial de cinq épisodes de plus d’une heure, ce qui est assez original dans l’industrie. De plus, il y a des doublages dans beaucoup de langues différentes, et notamment le français et l’anglais. Ce n’était pas du tout une chose actée. Cela plaira certainement à un nouveau public qui rentrera dans l’univers de l’œuvre via cette nouvelle saison. La qualité de l’animation est toujours là, avec des graphismes un peu plus précis qu’à l’époque, passage à la haute définition oblige. Un vrai travail a été réalisé sur les animations faciales de Sawako et de ses compères, pour notre plus grand bonheur. On ne s’ennuie pas du tout pendant tous les épisodes, même lorsque l’on est face à un plan fixe : chaque personnage a ses propres mimiques, est dynamique et apporte une touche de comique sous plusieurs angles. On a par exemple Sawako, avec ses animations faciales et ses visages façon chibi, mais aussi Chizuru Yoshida ou Ayane Yano.
Le premier épisode ne fait d’ailleurs pas l’erreur de proposer un flash-back d’une trentaine de minutes sur les événements des deux premières saisons. Il y a çà et là quelques retours en arrière pour remémorer les événements, mais soyons francs : il s’agit bien d’une troisième saison à destination des fans de la première heure. Le rythme est assez soutenu dès les premiers instants et cela permet de ne pas subir de temps mort. Une stratégie appréciable qui est beaucoup moins axée sur l’accessibilité d’un nouveau public, mais qui saura tout de même profiter de ses forces pour séduire des spectateurs plus jeunes. La plate-forme Netflix se dit sans doute qu’après avoir consommé quelques épisodes de cette troisième saison, certains et certaines auront la curiosité d’aller découvrir son vaste prologue (d’une trentaine d’épisodes !).
Le développement des relations sentimentales
La troisième saison de Sawako a un objectif assumé : elle veut aller plus loin que les deux précédentes. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle s’en donne les moyens. Avec son format spécifique d’épisodes de plus d’une heure, elle prend le temps de développer les histoires sentimentales des trois filles principales. Le temps d’apparition est d’ailleurs savamment réglementé, si bien que les histoires ne se chevauchent pas tant, sauf à la fin, mais elles se succèdent. Le récit de Sawako et de Kazehaya reste le principal et c’est celui qui est le plus mis en avant. On apprécie également que les choses ne soient pas représentées sous la forme d’un long fleuve tranquille. Chacun des couples possède ses forces et ses faiblesses, et passe par des épreuves. On a par exemple le manque de confiance en soi de Kazehaya et Sawako, le trouble de l’amitié d’enfance romantique de Chizuru et Ryu, ou encore le manque d’estime et de confiance de Ayane.
Tout cela est fort bien amené, à travers plusieurs épisodes distincts. Le tout culminant à la fin, lors du repas de Noël, qui réunit tous les acteurs de la série, et qui nous promet un feu d’artifice grandiose. Là encore, ce n’est pas un long fleuve tranquille et nous avons droit à des histoires qui viennent pimenter les derniers instants. Mais tout cela a bien un but : nous tenir en haleine, et surtout faire triompher les couples d’une épreuve (différente selon les cas) et ainsi les solidifier. Les trois unions que nous avons admirées lors de cette S3 ne sont bien évidemment pas irrévocables. Ce sont de jeunes amourettes, qui en sont à leurs balbutiements. Cependant, le spectateur est témoin de ce qu’ils ont dû faire pour en arriver là. En ce sens, c’est une belle conclusion, mais qui ouvre tout de même la possibilité d’une suite et donc une quatrième saison si le succès est au rendez-vous. Rappelons d’ailleurs que la fête de Noël est traitée dans le chapitre 67 du manga, qui est lui-même inclus dans le 16e tome. Au total, il y a 30 volumes, il y a donc largement la place pour réaliser plusieurs saisons de suite…
Bon, pour conclure, cette troisième saison est un quasi-sans-faute. D’un côté, les réalisateurs, le studio d’animation, l’ensemble de l’équipe de productions a su capturer l’atmosphère et tout ce qui faisait le sel des deux premières saisons d’un shōjo désormais mythique. Ensuite, cette suite, bien que dévoilée en 2024, ne se perd pas dans les artifices contemporains de l’animation. Le design, les mimiques chibi, les doubleurs, la narration ou le déroulé des épisodes s’inscrivent dans la continuité des deux premières saisons. L’histoire est excellente, les intrigues sont bienvenues, les musiques sonnent juste et nous avons même le droit à un opening de qualité, tout comme plusieurs endings adaptés à la trame d’un épisode. Tout cet ensemble est de très bonne facture et nous replonge avec brio plus d’une décennie en arrière, sans pour autant paraître vieillot. Cette S3 de Sawako est une offrande magnifique aux amateurs et amatrices de mangas et d’animes en général. À quand la quatrième saison ?
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